Un ouvrage agréable et dont la lecture fluide est un bon moment.
Reçu dans le cadre d'une masse critique, j'attendais de découvrir ce livre avec impatience.
Sur le plan esthétique, je n'ai pas été déçu, l'ouvrage est beau et agréable au toucher, les deux cartes couleur présentes dans les rabats étaient une belle surprise malgré leur simplicité, et l'ouvrage est solide et devrait endurer les épreuves du temps. Un bel effort éditorial d'autant plus apprécié que les éditions Armada ne sont pas forcément très connues et diffusées. Un (très) petite remarque négative cependant, tenant au choix du revêtement du livre, qui est très enclin aux "marques digitales".
Le contenu quant à lui est bien présenté et la plongée dans l'ambiance romaine est très bien réussie. La douzaine de nouvelles qui forment le fil de Semper Lupa s'inscrivent dans deux mille ans d'histoire et présentent des alternatives historiques assez intéressantes et lues très facilement. Leur brièveté cependant laisse un peu sur sa faim, même si elles sont bien construites et si leur forme varie suffisamment pour n'être jamais répétitives.
Meddy Ligner a une belle plume et sait immerger ses lecteurs dans ses histoires en peu de mots. Surtout, on sent le travail de recherches effectué en amont de l'écriture et savamment instillé dans le texte pour que l'on n'ait pas à s'inquiéter d'identifier les périodes auxquelles il est fait référence: on le comprend très vite, et le fait que l'on soit dans une série de petites uchronie fait glisser l'histoire sans anicroche. Il m'a quand même semblé que la magie s'essoufflait sur les trois dernières nouvelles, le contexte se prêtant beaucoup moins à la "romanité" des histoires. le dernier ensemble (Le Chant des Cycles) aurait peut être été plus percutant en tout début d'ouvrage plutôt qu'en toute fin, où il me semble vraiment hors-continuité.
Dans l'ensemble j'ai passé un très bon moment de lecture et je recommanderais sans souci ce petit ouvrage.
Je regrette néanmoins qu'il s'apparente autant à
Roma Aeterna de
Robert Silverberg. La contextualisation temporelle (à partir de la fondation légendaire de Rome) est identique dans les deux ouvrages, le nombre de textes est quasiment le même (10+1prologue chez Silverberg, contre 12 ici) et le fond, s'il est différent, traite les religions monothéistes de la même manière: en les évacuant définitivement.
L'ouvrage de
Meddy Ligner n'est pas du tout un copier-coller, malgré les similitudes et l'identité du sujet, ce qui ne gâche pas le plaisir de la lecture, mais frustre tout de même un peu à cause de la brièveté des textes qui composent Semper Lupa, certaines de ses nouvelles se terminant vraiment abruptement.