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EAN : 9782021318371
Seuil (30/11/-1)
3.65/5   24 notes
Résumé :
Baer Crichton est un cul-terreux fruste et macho obsédé par le Bien et le Mal. Depuis que, gamin, son grand frère Larry a essayé de l’électrocuter, il reçoit une décharge chaque fois que quelqu’un lui ment. Ou alors il voit une lueur rouge dans les yeux du menteur.

Un don fort utile, mais est-ce suffisant maintenant qu’il faut venger Fred ? Le pitbull, son seul ami dans les bois de Caroline du Nord où il vit pas très loin des personnages de Ron Ras... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Babelio et aux éditions Seuil Cadre noir pour ce livre fruit d'une opération Masse critique particulière ♥

Au tout départ j'ai été un peu paumée, je n'arrivais pas à tout saisir, non seulement l'auteur faisait quelques aller-retour surprenants et déstabilisants dans l'histoire et puis dans mon exemplaire le nom du personnage sur la 4ème de couverture n'était pas le même que dans le livre ... Crichton... Creighton... Au départ j'ai donc du m'assurer qu'il s'agissait du même personnage. Non je n'étais pas saoule il y avait bien une coquille dans le potage....

Je me rends compte que sur le site de l'éditeur l'erreur a été corrigée, j'espère qu'ils ont pu rattraper l'affaire à l'impression des livres....

Rassurée quant à ma santé mentale j'ai pu continuer sereinement ma lecture. J'ai alors fait la connaissance de Baer Creigthon et de son chien ... Ou du moins ce qu'il en reste de ce brave toutou... En effet, celui-ci a été enlevé par des gens très mal attentionnés pour le faire combattre contre d'autres chiens pour de l'argent ...

Oui, Fred est le chien de compagnie et même le compagnon tout court de Baer. Il n'a dans sa vie pas grand chose à lui alors son chien, son Fred c'est presque tout.

Baer est un fameux bouilleur de cru, de celui qui fait des jaloux et exacerbe les convoitises et énerve ses concurrents.

Son chien, son alambic, son petit coin dans la nature voilà en résumé la vie de Baer, alors quand on touche à un de ses biens Baer va chercher vengeance. Il va n'avoir de cesse de se venger de ceux qui ont mis en péril la vie de Fred et même plus ...

Baer va se lancer à la recherche de ces hommes sans foi ni loi sans coeur et peu reluisants.

Sur son chemin il va retrouver les membres de sa famille : son frère Larry, sa belle soeur Ruth, sa nièce Maé ainsi que ses enfants.

Et pour ses femmes, les femmes de sa triste vie, Baer va se plier en 4. Il faut dire qu'il a profondément aimé Ruth avant que son frère ne lui la ravisse.... Il l'aime encore d'ailleurs sa Ruth. Pour le pire et le pire en quelque sorte...

Suivre Baer ne sera pas de tout repos croyez moi, mais on a bien envie tout comme lui d'assouvir cette vengeance en mémoire de Fred ! Et il en a de la ressource ce gars là !!!

Comme l'auteur le souligne dans une note à la fin du livre : "Tout combat individuel contre le mal est héroïque, car son issue n'est jamais garantie."

Il m'a bien plu ce Baer, même s'il est brut de décoffrage, j'ai bien ressenti chez lui un gros coeur tendre. Il m'a parfois fait penser à Mc Gyver dans ses installations de bric et de broc mais bien pensées.

Il est le roi des réparties savoureuses et des portraits tirés à la chevrotine ! Ça déchire grave et c'est caustique comme de la soude.

Une lecture que j'ai apprécié comme un petit verre de gnôle, ça vous arrache la gueule et ça nettoie en profondeur.

C'est sec avec un petit parfum de pommes ou de poires qui revient alors délicatement flatter votre palais.

A lire cul sec et sans modération si vous ne craignez pas les degrés d'alcool !
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Je remercie tout d'abord Babelio, sa Masse Critique Spéciale et les éditions du Seuil – Cadre noir pour l'envoi de ce roman!

Nous sommes en Caroline du Nord, en pleine cambrousse. Pensez! Juste deux feux rouges dans le bled! Petite ville rurale, avec des autochtones pas vraiment en costards cravates. Au contraire, la flicaille est corrompue, les combats de chiens clandestins sont à la mode et la gnôle artisanale illégale inonde le marché local.
Et Baer Creigthon n'a pas son pareil pour faire chanter son alambic, là-bas, planqué dans les bois. C'est qu'il est atteint d'un don maléfique: il repère les menteurs aux travers de leurs ondes électriques. Alors c'est une bonne raison pour s'isoler dans la nature.
Jusqu'au jour où on s'attaque à son chien, son seul ami, Fred.
Et là, ça va faire mal.

Roman rural noir.
Totalement.
Un huis clos isolé du monde, à la mentalité frustre et aux méthodes expéditives. J'ai lu un règlement de comptes à OK Corral… mais en Caroline du Nord.
Le langage est aussi cru que les hommes sont bruts.
Les armes parlent aussi vite que l'alcool dévale les gosiers.
Il faut bien avouer que l'intellect ne vole pas très haut et que les préoccupations des uns et des autres restent très limitées et ne s'orientent pas vraiment vers la paix universelle!
Une parfaite illustration de la Loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent… et un peu plus si affinités!

L'action s'articule autour de Baer Creighton.
Baer n'est plus tout jeune. C'est un solitaire car les humains le déçoivent par tous leurs mensonges. Baer adore son chien, Fred. Ils vivent pépère dans la forêt, chichement malgré les profits de son trafic gentillet.
Mais un jour, on touche à son compagnon à quatre patounes, le laissant aux portes de la mort.
Baer va vouloir se venger et je le comprends ô combien! Sa vengeance se catalyse autour de la personne de Joe Stipe, le mafieux du coin qui aimerait avoir la mainmise sur l'ensemble du trafic d'alcool, dont la petite entreprise de Baer, et accessoirement organisateur des combats clandestins de chiens.

Baer est un personnage bourru mais avec le coeur tendre. Il pense toujours à son amour de jeunesse, Ruth. Il veille même sur sa fille. Ce sont d'ailleurs les seuls personnages féminins du roman noyées au milieu de cette bande de machos.
Il vit au contact de la nature, la vraie, l'intemporelle, au coin du feu, la douche dans l'eau glaciale de la rivière et le froid de la nuit.
Il bricole avec trois fois rien, Baer. J'ai bien aimé ses petits tuyaux (de cuivre!) pour une bonne distillation de derrière les fagots!
C'est un personnage attachant que j'ai aimé suivre dans l'élaboration de sa vengeance. Les thèmes de la solitude, de l'attachement à son animal m'ont beaucoup touchée. Et la vengeance qui suit, en réponse à la cruauté infligée à Fred, également. Je sais, c'est pô bien et l'escalade des coups donnés et reçus semble disproportionnée, mais reste compréhensible. Touche à un de mes animaux et la femme des cavernes qui sommeille sous le vernis social explose en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire! de plus, existe-t-il une réponse adaptée quand le mal est incarné par des brutes lobotomisées?

Le récit est cynique, teinté d'un humour cru et brut de décoffrage. le style de l'auteur est agréable malgré parfois quelques longueurs. Il le confie lui-même, il a écrit un roman moral pour prouver que face au mal, il ne faut jamais baisser les bras.
Et c'est à nous, lecteurs, peut-être, de nuancer la chose en se posant la question: est-ce que la fin justifie les moyens?

Je vais être honnête, j'étais assez dubitative avant de démarrer ma lecture car ce n'est pas franchement mon style livresque préféré. Je suis certaine qu'il ravira les fans du genre mais, au final, ce roman n'aura pas ébranler mon avis d'un iota, malgré le personnage de Baer que j'ai beaucoup aimé, mais . Bin oui, en plus, on s'en est pris à son chien et ça… fallait pas!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Après son premier roman « Une contrée paisible et froide », salué par la critique, Clayton Lindemuth nous revient avec un nouveau roman rural, aussi noir et rugueux.

Baer Crichton est un vieux garçon, fruste et macho, un « redneck » doté d'un grand sens moral. Il vit seul au milieu des bois, avec pour seule compagnie un pitbull du nom de Fred, avec qui il a de longues conversations muettes, pendant que son alambic distille la meilleure gnôle de tout le comté. La vente de cet alcool lui assure un revenu confortable qu'il transforme régulièrement en pièces d'or que tel un Leprechaun, il cache dans le creux d'un arbre.

Depuis son enfance, il est porteur d'un don bien particulier : depuis que son frère Larry l'a électrocuté, il a acquis ce pouvoir mystérieux qui lui permet de discerner les menteurs, car leurs yeux émettent une lueur rouge et il ressent dans tout le corps des fourmillements électriques. « Que ce pouvoir soit une bénédiction ou une malédiction, je tâche de le noyer dans l'alcool. A force, j'y suis presque arrivé. »

Un jour une camionnette dépose devant son campement le corps de Fred, son pitbull. le chien est salement amoché, le poitrail déchiré et les yeux couverts de croûtes. Il s'avère que Fred a été enlevé et contraint de participer à un combat de chiens, livré en pâture à un adversaire beaucoup plus aguerri. Ces combats de chiens sont organisés toutes les semaines sous la houlette de Joe Stipe, un gros bonnet du coin.

« Une vingtaine d'enfoirés. L'un d'eux a kidnappé Fred.
Ça ne va pas lui porter chance.
Accroupi derrière un orme, je me tasse contre l'écorce lisse.
Il fait si sombre que je pourrais me redresser pour agiter mon zob sans qu'ils s'en aperçoivent. La petite arène est éclairée par une lampe à kérosène, sa lumière orange vacille dans le tourbillon des papillons de nuit ; tout autour, les fêtards rigolent, braillent, sifflent comme s'ils mataient des filles à poil. D'où je suis, pas moyen de distinguer les combattants qui s'étripent au milieu de l'arène, deux chiens élevés dans ce but ou peut-être volés à un gosse ; ou alors à un pauvre con comme moi. »

Baer n'entend pas laisser impuni cet acte de cruauté envers son ami Fred. Il va donc tâcher de retrouver celui qui l'a enlevé, et nul ne doute que sa vengeance sera terrible. « Oeil pour oeil, dent pour dent », la punition doit être à la mesure de l'offense.
Les solides raclées qu'il endure en se frottant aux sbires de Stipe, au lieu de le freiner, ne feront que le conforter dans son projet initial, et seul contre tous, il va rendre coup pour coup, jusqu'à accomplir sa vengeance ultime.

Baer est un personnage que son don a contribué à éloigner des autres. La sensation pesante de vivre dans un monde entouré de menteurs l'a conduit à choisir le mode de vie sauvage qui est le sien. Son code moral est très rigoureux, et il ne tolère pas l'injustice. Ses seuls élans de tendresse sont réservés à son chien Fred, à Ruth la femme qu'il a aimée jadis avant qu'elle ne choisisse son frère Larry, et à Mae, la fille de celle-ci, qui élève seule les trois enfants qu'elle a eus avec ce bon-à-rien de Cory Smylie, le fils du shériff.

Les personnages évoluent dans un milieu très fermé de petite ville de cambrousse, un univers particulièrement fruste, où malgré la poussée du monde moderne, les vieilles habitudes des « rednecks » locaux, telles l'alcool, les trafics, et les violences conjugales font toujours partie du quotidien.

« Nulle part dans cette société, sauf autour de l'arène de Stipe, les hommes ne pouvaient encore éprouver des sensations fortes. Rien d'autre ne remplissait leurs narines de l'âcre odeur du sang, plus rien ne satisfaisait leur soif innée de carnage. »

Comme le dit l'auteur, il écrit du noir, car le monde dans lequel il vit est un endroit sombre. Ses personnages sont « profondément imparfaits parce que, même pour les meilleurs d'entre nous, le bien doit être un sacré bagarreur de rue pour vaincre le mal qui est inhérent à notre nature. » le scénario est prenant et les personnages sont bien dessinés. Il n'est pas tendre avec eux, sauf pour les rares personnages féminins de l'histoire, et peut-être aussi pour Baer qui, même s'il commet des actes abominables, agit en réaction aux torts qui lui ont été causés, en quelque sorte pour rétablir un certain équilibre des choses.

L'écriture est très vivante et imagée, le langage parfois un peu cru, avec ça et là quelques touches d'humour. L'auteur alterne au fil des chapitres les points de vue de Baer et des autres protagonistes de l'histoire, les sbires de Stipe, son frère Larry et sa fille Mae.

Sur fond d'alcool, de violence et de mort, ce roman, bien que très rugueux, est aussi plein d'humanité, mais dans ce qu'elle a de plus brut, aux extrêmes du bien et du mal.

Dans le cercle des auteurs de noir rural, Clayton Lindemuth est en train de faire sa place au soleil, et je gage que ce roman rencontrera sans doute un beau succès, amplement mérité.

Merci à la Masse critique de Babelio et aux Éditions Seuil pour ce bon moment de lecture.
Éditions Seuil/Cadre Noir, 2017
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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Clayton Lindemuth, né à Royal Oak, Michigan, a grandi dans l'ouest rural de la Pennsylvanie. Après des études à l'Arizona State University, il s'est établi à Chesterfield, Missouri, où il travaille comme consultant financier et assureur. Quand il n'écrit pas, il s'entraîne pour le marathon ou fait de la menuiserie. En mémoire de Fred, son second roman traduit chez nous, vient de paraître.
Baer Creighton fabrique de la gnôle dans les bois de Caroline du Nord. Signes particuliers, il reçoit une décharge électrique et voit une lueur rouge dans les yeux de ceux qui lui mentent et tient des conversations avec son fidèle et seul ami le pitbull Fred. Quand son chien sera enlevé, livré à un combat de chiens clandestin et qu'on lui rendra dans un sale état proche de la mort, Baer va péter un câble et jurer de se venger.
Cambrousse, alambics clandestins, combats de chiens, rednecks, caïd local et shérif corrompu, voilà le décor de ce roman. Baer va se lancer dans une vendetta riche en suspects au départ et non moins pauvre en cadavres à l'arrivée. Sur sa liste, Joe Stipe l'organisateur des combats et sa bande de sbires mais il y a aussi Cory, une petite frappe accessoirement fils du shérif et père de trois enfants faits à Mae qu'il tabasse quand il n'a rien d'autre à faire, la fille de Ruth. Ruth que ce sont chipés l'un l'autre Baer et son frère Larry dans leur jeunesse, contentieux fatal depuis entre les frangins… Je pense que vous avez bien saisi le genre d'ouvrage.
Le sujet n'est donc pas particulièrement original et pour que le roman soit bon, il faut que l'écriture le soit. Ce n'est hélas pas le cas. le roman n'est pas mauvais au point que je vous le déconseille, n'exagérons pas non plus, mais il s'inscrit dans la liste trop longue à mon goût, des bouquins quelconques. Je n'ai lu que ce livre de Clayton Lindemuth, je ne peux pas en tirer une règle générale, mais il m'apparaît ici comme un écrivain trop « gentil » ce qui cadre mal avec son projet de roman noir. Un roman noir écrit d'un gris pâlichon. Quand je vois que certains le rapprochent d'écrivains comme Ron Rash ou Donald Ray Pollock, je ne trouve pas cela sympa pour eux !
Aucune subtilité dans ce texte, trop d'explications dans les actions qui deviennent du remplissage, psychologie au ras des pâquerettes alors qu'il y avait matière à se référer aux tragédies antiques (je ne vous ai pas tout dit dans le résumé) et plus banal, Abel et Caïn. Donc, un gentil roman, trop édulcoré à mon goût mais qui peut plaire aux âmes sensibles qui rechignent d'habitude devant ce type de bouquin.
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J'ai reçu ce livre via la Masse Critique Babelio que je remercie, ainsi que les éditions du Seuil pour leur envoi. J'ai découvert la plume de Clayton Lindemuth avec Une contrée paisible et froide, lui aussi gagné lors d'une Masse Critique Babelio et j'ai vraiment aimé la retrouver dans ce nouveau roman.

Baer est un drôle de vieux bonhomme. Solitaire (à cause de son don), bourru, cynique, dur en affaires et avec un langage de charretier. Mais il est aussi intelligent, fidèle et a le coeur sur la main. Oh, et il parle aux chiens ! Si si ! Il aime également à ce qu'on le laisse distiller clandestinement sa gnôle maison en paix, avec son chien Fred, et gare à celui qui viendrait le chatouiller de trop près. Parce qu'il est rancunier pépère, et pas qu'un peu !

C'est ce personnage, un peu aux allures d'anti-héros, qui occupe les 3/4 des points de vue narratifs. S'il parait rude au premier abord (enfin non, il est un peu rude, c'est un fait), j'ai appris à les apprécier au fil des pages, lui et sa façon crue et cynique de parler, et à l'accompagner lors de son plan de vengeance. Parce que c'est de cela qu'il s'agit : l'histoire de la vengeance d'un homme qui aime son chien.

Lorsque Joe Stipe, le caïd de la région qui a fait main basse sur presque tout même le shérif, s'en prend à Fred et le laisse pour mort (très mauvais plan !), Baer voit rouge (sans mauvais jeu de mots !). L'ennemi est plus fort, plus nombreux, mieux armé... Qu'à cela ne tienne, lui sera plus malin ! Et tous les coups sont permis. C'est là que l'engrenage infernal se met en route et c'est à qui pourrira le plus la vie de l'autre...

Une petite chose qui m'a amusée, c'est le temps. Pas la météo non, mais l'espace temps, la période où se déroule ce livre. Au début, vous m'auriez demandé, je vous aurais dit années 60, début des années 70. Pourquoi ? Parce que Baer vit tellement reclus et de manière, disons primitive, avec le strict minimum, qu'on a l'impression de faire un ban en arrière dans le temps. Pourtant, Mae suit des cours à l'université, par correspondance via Internet, il y a des téléphones portables... et Baer, au milieu de tout ça, qui distille sa gnôle clandestine en vivant en plein milieu des bois comme un ours (qu'il est un peu)... Joliment joué. ^^

A travers ce roman noir rural emprunt d'alcool, de mensonges et de vengeance, j'ai cru trouver quelques messages de l'auteur au lecteur.

Tout d'abord, il donne l'impression, au travers de Baer, de respecter et d'aimer les animaux. Il y dénonce la barbarie des combats de chiens, la façon dont ces "hommes" (je dirais plutôt ces monstres) se fournissent ainsi que tout le mal qu'ils font autour d'eux pour assouvir leur immonde passion pour la violence sans être capable eux-même de rentrer dans le ring. Pour moi, ce sont juste des lâches qui préfèrent faire souffrir les autres que de se défouler sur eux-même. Autant s'en prendre à plus faible et plus innocent que soit, c'est tellement plus facile !

On y trouve aussi la notion de vengeance. Dans quelle mesure a-t-on le droit de se venger ? Jusqu'où peut-on aller ? Si des personnes font le mal, a-t-on le droit de leur en faire ? A-t-on le droit de rendre soit-même la justice et, si oui, dans quelle mesure ? Je pense que tout est une question de moralité, mais pas mal de gens ne supportent pas ceux qui font du mal aux enfants et aux animaux et appliqueraient la maxime : "Oeil pour oeil, dent pour dent".

Il reste cependant un point qui m'a un peu gêné, c'est cette histoire de pouvoir de détecteur de mensonge rougeoyant et électrisant. Plusieurs fois, j'ai eu l'impression que c'était plus que ça, qu'il ne détectait pas que les mensonges, mais le mal, le mauvais côté des gens. Je n'ai malheureusement pas noté les passages en question et je vous avoue que j'ai la flemme de les chercher (je sais, c'est paaaaas bien !), mais cette impression perdure.

En résumé, j'ai vraiment aimé retrouver la plume de Clayton Lindemuth qui maîtrise décidément très bien le roman noir rural. Son écriture est toujours aussi agréable et percutante, à la fois touchante et brute, bourrée d'action. Un vrai plaisir à lire. Pour les amoureux/ses des animaux, je vous rassure : même si les combats de chien sont un point central du livre, vous n'y trouverez pas de détails gores et sanguinolents à souhait, mais plutôt, en dépit de la cruauté des autres, un attachement profond d'un homme à son chien. Un auteur et un livre que je vous conseille.

Un livre qui devrait également être lu par tous ceux qui pratiquent ces pratiques barbares : les chiens ne sont pas des objets qui combattent à votre guise ! Et puis méfiez-vous, peut-être avez-vous aussi un Baer Creighton dans votre entourage...
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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critiques presse (1)
LaPresse
27 juillet 2017
Clayton Lindemuth revient avec ce nouveau roman noir intitulé En mémoire de Fred, oeuvre qui prouve hors de tout doute que cet auteur s'inscrit dans la lignée des grands du genre «rural noir» comme Ron Rash ou Donald Ray Pollock.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Au fil du temps, tandis que les fermiers voisins labouraient leurs champs, j’avais effectué une dizaine de descentes dans la vieille ferme de Brown afin de m’y procurer des tuyaux de cuivre pour mon alambic, et aussi quelques bardeaux, ceux qui ne tenaient pas bien, au bord du toit. Je m’étais également emparé de la baignoire en fonte et l’avais transportée sur la brouette de Brown jusqu’au ruisseau qui coule au bas de mon campement. Puis j’avais trimballé assez de bois pour construire une plate-forme au-dessus de la rive boueuse et planter un piquet auquel fixer le petit miroir trouvé sur un mur de la ferme abandonnée. Chaque soir, avant de me coucher, je monte sur ma plate-forme et remplis la baignoire d’eau du ruisseau, en y ajoutant des pierres du foyer afin que le bain ne soit pas trop glacial.
Si je me suis permis de récupérer tout ça chez le fermier Brown, c’est parce qu’on avait été potes. Et puis merde, parce qu’il était mort.
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De mon point de vue, Cory Smylie est une fosse septique à face humaine. La seule bonne chose qui pourrait sortir de ce type un jour, c'est des pâquerettes - au cimetière. Quelqu'un qui traite un animal comme ça n'hésitera pas à en maltraiter d'autres.
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UN ADIEU

À quelques mètres du foyer, je plonge le fer de ma pelle dans le sol. C’est là que Fred reposera, au milieu de tout ce qu’il aimait. J’enfonce mon outil avec le pied, enlève une grosse motte noire par à-coups, puis je recommence et heurte une racine. La racine est coupée en quelques furieux coups de pelle mais je m’acharne.

Cette tâche brutale me soulage. Je dois quand même maîtriser ma colère et la faire travailler pour moi. Déjà, faut les empiler, ces pelletées, pas les balancer n’importe où.

Un mètre de long sur soixante centimètres de large et un mètre trente de profondeur. Une fois Fred enveloppé dans sa couverture de laine, je descends au fond de la fosse avec lui, j’embrasse sa truffe froide en le serrant contre moi comme si ça pouvait le faire revenir à la vie. Il y a un cri dans ma tête mais ma gorge est silencieuse – de la rage dans mes yeux, mais ils restent fermés. Tandis que mes mouvements sont calmes et lents, mon âme exécute une danse guerrière.

Adieu, beau gosse, je t’aime.
Fred ne répond pas.




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LETTRE D’AMOUR


Ruth,

Je ne dis plus « Chère Ruth » mais le sujet a déjà été traité, alors je n’ai pas besoin d’y revenir. Ça fait si longtemps que je t’ai pas rappelé pourquoi je t’écris, putain, je me suis dit que je devrais peut-être te rafraîchir la mémoire, histoire que tu me sortes de la tête pendant un petit moment.

Au moins, Fred va mieux. Il n’a pas retrouvé l’envie de bouger mais il recommence à bouffer et à chier, c’est déjà les deux tiers d’une vie de chien.
Tu sais que je repère infailliblement les menteurs. Eh bien, je me rappelle quand on était ensemble, je me disais que t’étais la seule personne au monde qui ne mentait jamais. Même bourrée !

Putain, ça marche pas terrible, cette lettre, sachant qu’il n’y aura pas de réponse. Tu sais où j’habite. Si tu passes dans le coin, donne un coup de klaxon.

Baer

(...)

Ruth et moi, on baisait à faire rougir un lièvre de Californie et c’était pratiquement notre unique sujet de conversation. On était jeunes. Avant qu’elle me serve son colossal mensonge, j’étais convaincu qu’elle était la seule au monde qui n’aurait jamais de lueur rouge dans les yeux, la seule avec qui je ne risquais pas de me prendre une décharge électrique. J’ai passé ces trente dernières années à nier l’évidence pour ne pas avoir à admettre que tout le monde ment, sans exception. Tout le monde.



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Il fait si sombre que je pourrais me redresser pour agiter mon zob sans qu’ils s’en aperçoivent. La petite arène est éclairée par une lampe à kérosène, sa lumière orange vacille dans le tourbillon des papillons de nuit ; tout autour, les fêtards rigolent, braillent, sifflent comme s’ils mataient des filles à poil. D’où je suis, pas moyen de distinguer les combattants qui s’étripent au milieu de l’arène, deux chiens élevés dans ce but ou peut-être volés à un gosse ; ou alors à un pauvre con comme moi.
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