Qui peut troubler la tranquillité de votre confortable immeuble parisien?
Qui, à l'approche de l'hiver, squatte le hall propret en permanence ?qui? Un certain Martin, un SDF, curieux et arrogant interpellant chaque locataire: " il n'y a pas d'heure pour être à l'abri des apostrophes de Martin". le hall de l'immeuble est son nouveau domicile fixe, il y installe Martine sa copine tout aussi curieuse et arrogante. Martin boit,ricane, nargue, donne son avis, épie, se moque, philosophe....crache,brouille les pistes....Chaque locataire a bien sûr, mauvaise conscience dés qu'il prend l'ascenseur ou en sort.....Comme Martin et Martine sont pauvres, dénués de tout, mal en point, personne ne les provoque, on les craint et les supporte en silence...." Parce qu'un exclu ne pense qu'à exclure à son tour."
Comment aujourd'hui , en ces temps de solitude et d'individualisme pouvons - nous entendre la détresse de l'autre derrière notre barrière d'indifférence ?Par la solidarité? Par l'hostilité?
A quoi pensons -nous face à ces SDF? de quoi avons nous peur?
De notre propre déchéance?
C'est une fable féroce à l'ironie grinçante que déroule
Mathieu Lindon parce que , nous lecteurs, sommes complétement déstabilisés . Il décrit Martin et Martine parfois monstrueux d'arrogance, parfois lucides d'une maniére foudroyante et attachante. Des portraits sans pathos,ni pitié morbide, réalistes, sans concession. de même, avec les habitants de l'immeuble: Léa, la jolie aide soignante, Mr Caroulis, le grec qui a perdu l'usage de ses jambes, monsieur Martin, un riche noir qui a réussi et son épouse Adéle,madame Huris du conseil syndical, monsieur Huris, chômeur déprimé qui proméne son chien trois fois par jour,le jeune couple timide du quatrième et son bébé,un couple Balte fraîchement immigré, tous étranges dans leurs paradoxes aussi étranges que les SDF qui les remettent en question, les déstabilisent et les menacent....
Une fable farce oú la mauvaise foi régne en maitre....Quel parti prend l'auteur tantôt celui des uns, tantôt celui des autres....?
En fait: la radiographie cruelle d'un immeuble bourgeois qui nous met de maniére brutale face à nos préjugés, nos hypocrisies et nos mensonges!
Un propos nu, féroce, impitoyable qui interpelle !