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EAN : 9782918767442
304 pages
Asphalte (04/09/2014)
3.6/5   34 notes
Résumé :
Rio de Janeiro, années 1920. Dans les ruelles et les bars de l’Estácio se croisent malfrats, immigrés et prostituées. C’est là aussi que s’encanaille la bohème de l’époque, ses poètes, ses musiciens et ses fils de bonne famille déchus. De ce creuset naîtra le plus brésilien des genres musicaux : la samba.
Ismael Silva sera l’un des artisans de cette révolution culturelle. Son ami Brancura, proxénète le plus redouté du quartier, rêve lui aussi d’écrire des sam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Rio de Janeiro, fin des années 20. Brancura est un malandro, un beau gosse, arnaqueur et proxénète. Bien sûr, il voudrait être honnête, travailler, épouser une vierge et écrire les meilleures sambas du pays, comme le fait déjà Silva dont une samba a été enregistrée par Alvès, la voix d'or du Brésil. Mais la Zone l'attire comme un aimant et ses bonnes résolutions fondent devant Valdirène, la plus belle prostituée du quartier qui rend fous tous les hommes qui la croisent. C'est souvent que Brancura doit sortir son coupe-chou pour éloigner les amoureux transis de la belle. Son rival, son ennemi même, c'est Sodré, un employé de banque, blanc, portugais, qui voudrait lui piquer sa belle et sa place dans la Zone. Valdirène les désire, les aime, les trahit, est incapable de les départager. Tout cela empêche Brancura de se donner entièrement à la musique comme le font Silva, Bide et tous les autres. Entre deux parties de bonneteau truquées, deux bagarres avec la police, deux tournées de cachaça, tous réinventent le rythme de Rio. Ils font fi des vieilles musiques, se fabriquent des percussions pour créer la samba d'avant-garde, sensuelle, troublante, entraînante.


Tel un ethnologue, Paulo LINS nous offre une plongée dans le creuset d'un quartier mal famé de Rio. Dans la Zone se côtoient malfrats, proxénètes, mafieux juifs, artisans, employés de banque, poètes et chanteurs en vogue, descendants d'esclaves ou de colons portugais, noirs et blancs. S'inspirant de la capoiera, des traditions du condamblé, puisant dans leur quotidien difficile les paroles de leurs chansons, ils innovent pour créer une samba capable de rameuter les foules lors de chaque fête. La police veille au grain. Les noirs ont interdiction de se rassembler, la samba est interdite aussi. Qu'à cela ne tienne ! Ils vont s'associer, se donner un statut en formant un ''bloco'' (association de quartier qui défile au carnaval) et faire naître les premières écoles de samba. Moyen d'intégration, la musique est aussi source de conflits. Apparaissent les premiers contentieux au sujet des droits d'auteurs, les rivalités entre ceux qui réussissent et les autres, les vols de musique.
Roman foisonnant, enfiévré et truculent, Depuis que la samba est samba est une fresque où bouillonnent le sang, le sperm, la sueur et la musique sous le soleil langoureux de la Cité Merveilleuse. Amours passionnelles, rivalités obsessionnelles, rythmes endiablés...un roman qui emporte le lecteur dans un monde inconnu et pittoresque. A découvrir.
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Quel voyage ! Quel plaisir !
Si vous rêvez de Rio, de son soleil, de ses plages au sable doré et surtout de sa musique, alors ouvre ce livre et laissez-vous guider. Vous ferez un voyage hors norme au début des années 1920, en compagnie de quelques personnages attachants et hauts en couleur, telle Valdirène la belle prostituée dont le coeur est partagé entre Brancura le noir et Sodré le blanc.
Le tout bien sûr rythmé par des airs de samba, la toute nouvelle musique inventée par Ismaël Silva qui est présent tout au long du livre.
L'amour, le sexe, la prostitution, l'alcool et… la samba. Quel cocktail enivrant !
Le langage est truculent, cru parfois, on est souvent à la limite de l'émotion.
Je referme ce livre avec le pincement au coeur que l'on éprouve à la fin des vacances.

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La samba est née au début du XXe siècle, dans les bidonvilles de Rio de Janeiro. Ce sont les anciens esclaves, enfin libérés, qui en trouvant du travail dans cette ville portuaire, ont amené leur sens du rythme et les percussions africaines. Depuis que la samba est samba raconte les années charnières, à la fin des années 20, où cette musique encore considérée comme celle du diable, s'est peu à peu imposée, avec de nouveaux instruments et des compositeurs de génie tel Ismael Silva, l'un des personnages clés du roman de Paulo Lins jusqu'à la création de la première école de samba du Brésil, quelques années avant qu'elle ne devienne la musique officielle du carnaval. Si la samba fait vibrer le texte du livre, elle sert aussi de bande originale à une plongée vertigineuse dans les quartiers populaires, pour ne pas dire les plus mal famés, de Rio. Une communauté hétéroclite où se côtoient trafiquants en tous genres, malandrins, souteneurs, artistes, fumeurs de cannabis et prostituées. L'une d'elle est le caractère le plus attachant du roman : flamboyante, sensuelle et ... amoureuse au grand coeur, suffisamment en tous cas pour y abriter deux hommes, mauvais garçons dont l'affrontement sentimental prend parfois un tour violent. L'écriture de Lins est très crue, sexuée et poétique. Elle décrit avec fièvre et passion le métissage qui fit et fait toujours la richesse du Brésil.
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Ils sont les descendants d'esclaves Africains, sont venus de la Province de Bahia pour s'installer dans les années 20 dans l'un des quartiers les plus chauds de Rio : l'Estacio. Ces gens, par leurs anciens rites, leur rythme dans la peau et aussi par leur musique ont révolutionné le monde artistique Carioca, Brésilien voir au delà.
La samba, pour ne citer que celle-là est née dans ce quartier de l'Estacio où se côtoient trafiquants, prostituées et leurs proxénètes.
Là-bas, en cette période, la loi sur le quartier est assurée par deux individus : Sodré, le Portugais et Brancura le Noir. Ces protecteurs, amis autrefois, sont aujourd'hui les pires ennemis surtout quand il s'agit de posséder la magnifique Valdirène, la plus belle prostituée de la « Zone ». Si Sodré sait gérer sa double vie de trafiquant et de bon citoyen Brésilien, Brancura est, par contre, souvent empêtré dans ses mauvaises combines. Sa seule issue de secours reste la samba.
Et, celle-ci est le lit même du livre de Paulo LINS, qui nous emmène dans un rythme ardent, fiévreux et carnavalesque. Son roman nous fait vivre un lieu et une vie où la communauté a une grande importance, où personne n'est laissé sur le côté sauf peut-être les autorités locales qui voient d'un sale oeil ces musiques et ces danses peu conformes aux usages.
Original et singulier que ce livre qui vous donne envie de taper du pied en permanence tellement la cadence est de mise.
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Le roman de Paulo lins se déroule dans le Rio des années 20, et plus précisément dans le quartier de l'Estàcio, où se croisent des malfrats, des proxénètes, des prostituées, des homosexuels, des immigrés .On y trouvent également des artistes, des musiciens susceptibles d'incarner la bohème locale. Ismael Silva est compositeur , il aspire à changer la musique, à l'adapter à la culture de tous les Brésiliens , autrement dit , d'incorporer dans la musique les traditions issus des origines indienne et africaine du Brésil .

Son ami , Brancura ,ambitionne d'écrire des sambas ; il apparaît très vite beaucoup plus doué pour le, proxénétisme, qu'il développe dans son quartier , en proie aux bagarres dans les bars, au trafic de drogue , aux descentes fréquentes de la police . Brancura a un rival, Sodré, fils d'immigré portugais ayant passablement bien réussi. Ils aiment la même femme, Valdirène, l'une des plus belles filles de l'Estàcio, prostituée de son état. Sodré est banc, Brancura est noir, descendant d'esclaves.

Il y a dans le roman toute une description du Rio populaire des années vingt, de ses endroits de perdition, de création, d'excès en tous genres .L'auteur y décrit l'addiction sexuelle qui semble avoir atteint beaucoup de personnages avec une grande truculence, un vocabulaire cru , direct , réaliste .Pourtant , le récit de Paul Lins éveille l'intérêt par l'éclairage qu'il apporte , à de très nombreuse reprises , sur le passé du Brésil , sa culture .Ainsi , sur la naissance de l'Umbanda, religion nouvelle d'origine indienne : « La charité … L'amour fraternel est notre devise, L'Evangile du Christ notre parole, et Jésus notre maître suprême .On ne fera rien payer .Cette religion s'appellera l'Umbanda .Umbanda !Un mot d'origine sanscrite qui signifie « Dieu à nos côtés « » ou « aux côtés de Dieu ».
L'influence de la culture de Salvador de Bahia est aussi soulignée .L'un des personnages du roman, Tante Almeida est imprégnée de ces composantes culturelles : « Tante Almeida était née dans l'état de Bahia en 1854. (…) On doit aux Bahianais le maxixe, le candomblé, la réinvention de la cuisine carioca. La culture était pour eux une soupape de sécurité après ces années d'esclavage. »

L'auteur met en évidence dans ce récit le lien entre la naissance de la samba, composante culturelle rappelant le caractère multiethnique de la nation brésilienne, il pointe à certains passages la différenciation de considération manifestée selon le degré de pigmentation de la peau de l'individu concerné .Les dernières lignes du roman sont très éloquentes à cet égard. Silva a réussi à composer, ses oeuvres sont jouées et de plus en plus populaires , elles vont être radiodiffusées : « La force du ventre engendrait des idées , des émotions, la naissance de tout ce qui est poésie et qui se créait ici-bas , pendant que la population rendait la danse plus sensuelle, transformait les mots dans la torpeur d'une musique créée à l'Estàcio pour réchauffer les corps .(…) le peuple noir de l'après-esclavage se servait de sa culture comme arme pour reconquérir sa dignité . »
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
La musique continuait, au rythme des batucadas et du lundu du terreiro cette fois. Après avoir mangé, tante Almeida s’adressa à Brancura.
"Chante-nous une de tes sambas modernes !"
Ses amis prirent leurs instruments et le malandro, empli d’amour – car la requête venait de tante Almeida – entonna :

Deixa essa mulher chorar
Deixa essa mulher chorar
Pra pagar o que me fez
Pra pagar o que me fez

Le rythme était vraiment différent – plus rapide, plus syncopé, le tambourin de Bide donnant à la samba un tempo endiablé à chaque reprise de refrain. Ils chantèrent ainsi pendant plus d’une heure. Chacun fit entendre aux autres un morceau de sa composition. Mais le public ne connaissait pas ces mélodies et beaucoup, une fois retombé l’enthousiasme initial, quittèrent discrètement la pièce.
Lorsque tante Almeida partit à son tour pour aller recueillir une vieille amie d’enfance, il ne resta plus que quelques personnes un peu éméchées en guise de public.
Blessés par ce mépris, les musiciens sortirent dans le jardin où se tenait une roda de pernada, au son du lundu. Brancura entra dans la ronde, mais personne n’osait vraiment lancer sa jambe de peur de faire mal à quelqu’un et de déplaire à tante Almeida.
Ils errèrent un moment sous la pluie fine, écrasés par le poids du désintérêt flagrant pour leur musique. Valdirène, elle, ne voulait pas partir, mais elle n’avait pas eu le courage de le dire en voyant la tristesse des artistes. Avaient-ils raison de vouloir changer le cours de la musique ? Leurs paroles étaient-elles vraiment au goût du public ? L’art ne devait-il pas suivre le sens de la vie ? Dans ce cas, pourquoi inventer quelque chose de nouveau ? Ne valait-il pas mieux jouer de vieux maxixes, dont le rythme était déjà connu de tous ? Il était peut-être plus sensé de faire entrer de l’argent puis penser ensuite à changer le cours de la musique.
Silva brisa le silence : "La seule chose qu’ils voulaient, c’était entendre ce qu’ils connaissaient déjà."
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Ils étaient en train d’écrire une page de l’Histoire. La samba venait de naître et avait une école, pour toujours. Une samba et une école pour lesquelles Bide avait inventé le surdo et modernisé le tambourin, transformant ainsi à jamais les percussions brésiliennes. Une samba et une école qui avaient donné l’idée à un vieux percussionniste du quartier, João Mina, de bricoler une cuica. Une samba et une école tellement innovantes qu’elles avaient modifié la façon de danser.
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À la hauteur du bar de l’Apollon, rue de l’Estácio, Sodré s’arrêta, recula de deux pas et se dissimula derrière un poteau en voyant Valdemar marcher dans sa direction. Puis Sodré s’éloigna en douce et tourna au coin de la rue sans être vu. Il se dépêcha de faire le tour du pâté de maisons pour surprendre son rival par-derrière.
Un matin désert dans le quartier des prostituées.
Son rival était noir, lui blanc. Il n’aurait donc aucun problème avec la police s’il le tuait, sans compter que Sodré était aussi fonctionnaire de la Banque du Brésil. C’était pour ces raisons qu’il s’était rallié à l’idée de Valdirène. Il n’avait jamais envisagé de tuer quelqu’un auparavant, pas même Brancura. C’était donc l’amour qui, principalement, le poussait à cet acte.
Il tuerait Valdemar au coupe-chou. Au besoin, il lui enverrait une décharge de plomb – il portait d’ailleurs un pistolet dans son dos, coincé dans la ceinture de son pantalon, afin de parer à toute éventualité. L’arme blanche avait sa préférence, elle attirait moins l’attention. Il voulait atteindre la jugulaire du premier coup, sans douleur. Il n’avait pas envie de s’y reprendre à plusieurs fois. Il ne supporterait pas d’avoir du sang sur les mains ou que sa victime mette trop de temps à mourir.
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- Le jour où tu ne fumeras plus d'herbe, la Terre cessera de tourner!
- J'ai arrêté! Cette merde me rendait tout mou, ma biroute ressemblait à un cou de poulet mort! Depuis que je ne fume plus, ma queue est superbe, dure comme un ergot de vieux coq
p63
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Certaines choses semblaient essentielles. Se rassembler pour chanter et danser, par exemple. Rien ne peut être méprisé dans l'art dès lors qu'il contient une once d'humanité. Tous ces musiciens se retrouvaient dans ces paroles et ces mélodies emportées par le cours de l'Histoire. Elle faisait renaître les désirs, accroissant la joie de se comprendre, de se rassembler, de se renforcer par la musique pour continuer à avancer après l'esclavage. p246
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Vidéo de Paulo Lins
Paulo Lins - Depuis que la samba est samba .Paulo Lins vous présente son ouvrage "Depuis que la samba est samba" aux éditions Asphalte. Traduit du portugais (Brésil) par Paula Salnot. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/lins-paulo-depuis-que-samba-est-samba-9782918767442.html Note de Musique : "Modern Jazz Samba" Kevin MacLeod (incompetech.com) www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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