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EAN : 9782864249085
224 pages
Editions Métailié (19/09/2013)
3.36/5   18 notes
Résumé :
Après la mort de sa mère, Evangelina décide de quitter Rio pour les Etats-Unis, où elle est née 13 ans auparavant, et d'y retrouver son père. En compagnie de Fernando, l'ex-mari de sa mère, et d'un petit voisin salvadorien, Carlos, elle recueille les souvenirs des autres pour organiser sa propre histoire.

Au cours de ce voyage à travers le Colorado et le Nouveau-Mexique, en écoutant les récits de Fernando, elle prend conscience du passé du Brésil. >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Je n'ai pas vraiment été conquise par ce roman qui passe du coq à l'âne, d'un personnage à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre. Quelques passages intéressants sur la guérilla dans la forêt amazonienne. Une gamine de treize ans, à la mort de sa mère, quitte le Brésil pour le Colorado où elle rejoint celui qui l'a reconnu mais qui n'est pas son père biologique.
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Adriana Lisboa est née en 1970 à Rio de Janeiro où elle a passé la majorité de sa vie. Elle a vécu en France et partage aujourd'hui son temps entre le Brésil et les Etats-Unis. Après des études de musique et de littérature, elle devient enseignante puis auteur et traductrice. En 2001, elle publie Des roses rouge vif, roman salué par la critique qui l'élève au rang des auteurs les plus importants de la nouvelle génération littéraire brésilienne. Bleu corbeau vient d'être publié en France.
Après la mort de sa mère Suzana, Evangelina toute jeune fille de treize ans, décide de quitter Rio où elle vit chez Elisa la demi-soeur de sa mère, pour les États-Unis et d'y retrouver son père. En compagnie de Fernando, l'ex-mari de sa mère, et d'un petit voisin salvadorien, Carlos âgé de neuf ans, elle se lance dans une sorte de road movie entre le Colorado et le Nouveau Mexique. Voyage physique mais aussi dans le temps et la mémoire, puisque l'enfant découvrant le passé se construira pour affronter le futur.
Je n'en dis pas plus car toute la beauté du roman tient dans sa construction et son écriture. Construction faite d'ellipses et de non-dits avant que des révélations postérieures ne viennent éclairer le lecteur et le sortir petit à petit de son ignorance voulue par l'auteure. Ecriture ensuite, tout en délicatesse et maîtrise parfaite, un roman joliment écrit, sans excès d'émotions de quelque nature qu'elles soient.
Si les émotions sont bien là et le lecteur les ressentira, l'écrivain ne les transcrit pas noir sur blanc, c'est son talent et la grande réussite de ce livre. Car il est question ici d'un retour sur le passé et l'histoire récente du Brésil, du coup d'état militaire et de la guérilla révolutionnaire qui agitèrent le pays durant une vingtaine d'années entre 1964 et 1985, par le truchement de Fernando, acteur alors, de la lutte résistante ; mais aussi du présent avec cette enfant qui cherche à connaître son père et découvrira sa famille au travers des récits des uns et des autres. Adriana Lisboa nous épargne les larmes ou les scènes pénibles, tout n'est que suggéré et nous sommes assez adultes pour lire entre les lignes, mettre des images sur ce qui n'est pas expressément dit.
Evangelina est la narratrice, ce qui autorise l'écrivain à utiliser un ton léger fait d'humour doux et de fausse naïveté pour dire des choses graves. La petite s'interroge et pose des questions mais sans jamais insister, philosophe malgré son jeune âge, « Après tout, quand les gens ne me fournissaient pas les détails, j'avais le droit moral de me les fournir moi-même ». Evangelina n'a pas de préjugés, les gens sont ce qu'ils sont, d'où qu'ils viennent et elle les prend ainsi. Adriana Lisboa aborde aussi le sujet du déracinement et de l'émigration, Evangelina son héroïne a deux nationalités, parle anglais à l'école, portugais à la maison et espagnol avec les voisins, quant à Carlos le salvadorien, il peine à parler anglais.
Un très beau roman, tout en finesse et subtile écriture. Un de ces romans comme je les aime, où l'auteur ne cherche pas à éblouir son lecteur avec une histoire extraordinaire ou un style se vantant d'être innovant, un de ces livres qu'on referme en se disant, quel beau et bon moment de lecture.
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Quand on lit beaucoup, on apprécie un ton, un style différents. Est-ce pour cette raison que je fus conquise pour ce roman ?
Le scénario est simple. Evangelista, jeune fille de treize ans qui vient de perdre sa mère, Suzana, quitte le foyer de sa tante et le Brésil pour rejoindre dans le Colorado, Fernando, l'ex-mari de sa mère. Son objectif est de retrouver la trace de son géniteur.
La narratrice, Evangelista a aujourd'hui grandi mais elle raconte ces années d'adolescence en quête de ses racines.
La construction est étonnante. C'est un vrai puzzle qui mêle le récit de cette quête, le passé de Fernando et celui de sa mère que la jeune fille reconstitue grâce au souvenir des discussions avec sa mère ou au fil des confessions présentes de Fernando, mais aussi quelques bribes du futur puisque la narratrice est aujourd'hui adulte.
Avant de rencontrer Suzana, Fernando était un jeune communiste, engagé dans l'Académie militaire de Pékin dans les années 60 puis guerillero dans la forêt amazonienne. C'est l'occasion de revenir sur le passé du Brésil avec la dictature militaire, les tortures subies par les membres de la guerilla. Et c'est aussi une vision de l'exil puisque Fernando a dû quitter le Brésil, ce fut aussi le cas pour Suzana à une époque et c'est la vie de nombreux habitants sans papiers venus d'ici ou d'ailleurs comme le jeune et touchant Carlos, le petit voisin de Fernando.
L'attrait de ce récit réside dans un subtil dosage des choses, une façon d'amener une révélation puis de passer à l'évènement suivant et y revenir avec l'essentiel. La perception d'une adolescente donne à la fois de l'humour simple, de l'évidence et de la naïveté aux évènements. C'est une jeune fille qui découvre la poésie, la neige, la torture, le vieillissement, l'amour, les conditions des immigrés, la mort, la vie.
" Pourquoi les gens passaient ainsi de la vie d'une personne à celle d'une autre, changeaient de ville, changeaient de pays et gagnaient de nouvelles nationalités?"
" Je me demandai si l'espace qu'une personne occupe dans le monde lui survit."
L'émotion est présente, sans être lourde, dans chaque rencontre. Tous les personnages (sauf les militaires) sont aimables et bienveillants.
Fernando, au passé si complexe, est un être calme, vieillissant, un peu désabusé, content de pouvoir aider Vanja en mémoire de sa mère.
" Quand l'ennemi avance, on recule, et quand on doit reculer, on trébuche parfois sur soi-même."
Carlos, ce jeune immigré salvadorien, est touchant par sa naïveté d'enfant, sa volonté d'apprendre et son attachement à Vanja.
On rencontre aussi Florence, une grand-mère artiste perdue dans son monde lunaire,ou June et Isabel, deux anciennes amies de Suzana lors d'un voyage au Nouveau-Mexique.

Je vous recommande cette lecture que je classe en coup de coeur pour sa différence, sa construction certes un peu complexe mais maîtrisée, son émotion retenue.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Il semble qu'aujourd'hui tout roman digne de ce nom se doit d'être déstructuré, en pièces détachées, et que le lecteur se débrouille avec tout cela. La linéarité, une évolution chronologique toute simple ? Mais vous n'y pensez pas, enfin ! Bleu corbeau n'aurait pourtant pas pâti d'une construction moins fragmentée, bien au contraire, qui sait s'il n'y aurait pas acquis plus de force ? le livre d'Adriana Lisboa est une histoire classique d'initiation qui prend toute sa dimension dans la recherche d'un père et, surtout, dans l'évocation des années de dictature qu'a subi le Brésil, période bien plus mal connue qu'au Chili et en Argentine, mais pas moins sanglante. Factuel, Bleu corbeau l'est un peu mais l'intérêt du roman est plus dans le style de son auteure, flottant, moelleux et nostalgique. Avec des questionnements aigus sur le sort des exilés, aussi étrangers dans leur pays d'accueil qu'à la longue dans celui de leurs origines. Plus largement, Adriana Lisboa étend sa réflexion à tout être humain et à cette interrogation : mais quelle est donc notre place dans le monde ? Livre délicat et plein de nuances, Bleu corbeau, en dépit de la dislocation de ses intrigues, ne manque vraiment pas de séduction.
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Quel tempérament cette Evangelista ! Sa mère vient de mourir, elle vit chez sa tante mais a décidé de prendre sa vie en main. Elle veut retrouver, grâce à son père putatif -qu'elle n'a jamais vu, ne connait pas du tout- son géniteur. Un échange s'engage avec Fernando et la voici partie pour le rejoindre dans le Colorado. Elle n'a que treize ans !! « Ce n'était pas une aventure. Ce n'était pas des vacances, ni une diversion, ni un passe-temps, ni un changement d'air, je partais aux Etats-Unis pour habiter chez Fernando avec un objectif bien particulier en tête : chercher mon père ».
Ces deux là vont apprendre à se connaître. Fernando se dévoilera à la jeune adolescente comme il ne s'est jamais confié. Il déposera son fardeau à ses pieds. Elle découvrira l'homme qui a aimé sa mère et, à travers lui, l'histoire du Brésil.

La gamine passe d'une ville bruyante, bruissante, arborée, luxuriante, humide, colorée à Denver chaude et sèche en été, froide et ventée en hiver, avec peu de verdure, vide, terne.
Ce n'est pas un récit linéaire, il va au fil des pensées d'Evangelista, des « confessions » de Fernando. Jeune homme, il fut activiste, il a combattu au nom d'un idéal gauchiste qui a fait de nombreux morts au Brésil et qui est passé sous silence. Des pages dures, certainement encore plus dures pour les oreilles d'Evangelista.
Evangelista nous parle de filiation, du choix du sol, de l'exil choisi ou subi. Au contact de Fernand, ce père qu'elle s'est choisie et qui la sauve d'une certaine solitude, elle suit le parcours de sa mère jusqu'à retrouver sa grand-mère et… trouver son propre chemin.

Bleu corbeau est plein de la vitalité d'Evangelista. Adriana Lisboa d'une écriture délicate et fine transmet les émotions sans avoir à nous faire sortir les mouchoirs, ce que j'apprécie énormément. Elle sublime le quotidien de Fernando, Evangelista, Carlos. Pas de super-héros dans ce livre, tout est juste, justement écrit. Les personnages sont humains, pas geignards, ils essaient de vivre le mieux possible.

Un très bon roman fin, séduisant, fort bien écrit, comme je les aime.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Je suis allé habiter chez Elisa, la demi-sœur de ma mère. Elle, elle a compris. Elle a été la seule. Elisa me laissa maigrir autant que je voulais, dormir autant que je voulais et avoir des insomnies autant que je voulais. Elisa me laissa ne pas parler autant que je voulais. Et elle me laissa fêter l’anniversaire de mes treize ans avec nos voisins octogénaires, puis apporter une part de gâteau au mendiant de la rue Duvivier et à son chien. Je m’accroupis à côté d’eux et remarquai que le mendiant avait les yeux marrons, et le chien, les yeux verts, et que dans leurs yeux à tous les deux il y avait des choses que je n’avais jamais lues dans aucune encyclopédie.
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June prépara un dîner qui emplit la maison d'odeurs chaudes. Elle mit de la musique et accrocha dans l'air des agrafes invisibles qui nous rapprochaient, noeuds d'une trame de crochet sur la pointe de l'aiguille. Nous étions un monde de compatibilités, nous fraternisions, nous nous équivalions - et quand ce n'était pas le cas, nous nous compensions. Un don de June : soudain nous étions tous les quatre cette grande famille improbable, multinationale, pleine de langues différentes et d'accents différents dans les mêmes langues. Nos âges étaient en théorie assez incompatibles, nos préoccupations et occupations, idem, nos passés nous identifiaient comme des animaux d'espèces différentes, résultats de processus évolutifs distincts, et pourtant nous étions là.
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En quarante ans, des gamines appelées Evangelina viennent au monde. Grandissent face à la mer de Copacabana. Ne se méfient de presque rien. N’ont jamais vu d’éclipse. N’ont jamais assisté à un raz-de-marée, ni à un tremblement de terre, ni à un ouragan. Elles ne rêvent jamais d’Amazonies humides où un jour des guérilleros communistes se sont retranchés, mouillés, salis, amourachés, ont tiré, ont été touchés par des tirs, ont été faits prisonniers, ont subi des tortures et, une fois morts, ont été enterrés là, quelque part.
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Même si les Brésiliens se sont toujours très clairement positionnés dans cette histoire : halte-là, nous ne sommes pas des immigrants hispano-américains. D’ailleurs, vous n’avez qu’à regarder notre visage, nous sommes bien différents en terme de biotype et nous ne parlons pas espagnol, nous parlons portugais. POR. TU. GAIS. (A l’école, je devais remplir un papier en indiquant mon groupe ethnique. Les options étaient : CAUCASIEN. HISPANO-AMERICAIN. NATIF AMERICAIN. ASIATIQUE. AFRO-AMERICAIN. Et moi, j’étais où dans cette histoire ?)
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Il se passe un phénomène curieux quand on reste trop longtemps loin de chez soi. L’idée qu’on a de ce chez-soi –d’une ville ou d’un pays- se décolore comme une image en couleur exposée tous les jours au soleil. Mais on n’acquiert pas tout de suite une autre image pour la remplacer.
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Video de Adriana Lisboa (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adriana Lisboa
Adriana Lisboa - Bleu corbeau .Anne-Marie Métailié vous présente l'ouvrage d'Adriana Lisboa "Bleu corbeau". Parution le 19 septembre 2013 aux éditions Métailié. Rentrée littéraire 2013. Notes de Musique : "Um Rastro" by Emijota (http://freemusicarchive.org/music/Emijota/Voce_Pensa_Sub_-_Vol1/05_Emijota_-_Um_Rastro)
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