Si la série Défis Fantastiques a été conçue comme un ensemble de livres jeux indépendants les uns des autres, on peut tout de même noter des liens évidents, volontaires, entre certains d'entre eux. Même région, personnage récurrent par exemple. Dans l'Île du roi lézard, c'est le héros que vous incarnez qui est commun à plusieurs livres. En effet, dès l'introduction, il est fait mention de votre précédente aventure dans le labyrinthe de la mort, ce livre précédant directement le Roi lézard dans les éditions françaises, lui même venant avant L'Épreuve des champions et Les sombres cohortes. Ces quatre livres sont donc liés indirectement par le héros que vous incarnez. Mais ce lien s'arrête là, si ce n'est que l'intrigue des Sombres cohortes reposent sur votre renommée de champion du Labyrinthe.
Je le disais plus haut, les livres de DF sont conçus pour être indépendants, mais il eut été fun de pouvoir relier ces livres entre eux, et pourquoi pas les jouer l'un derrière l'autre, en choisissant par exemple une option comme reprendre les valeurs de votre personnage de première aventure, ainsi que son équipement. L'objectif n'étant bien entendu pas de créer une série comme il en existe tant d'autres par ailleurs. Mais créer une exception à l'intérieur même des DF eût été cool. Je précise que d'autres livres de la série reprennent l'idée de la correspondance, mais ils se limitent généralement à deux livres, et je vous invite à découvrir lesquels. Petit indice, j'ai identifié 5 paires jusque là...
Mais revenons en au Roi lézard, dont je me souviens encore qu'il m'avait marqué dans mes jeunes années, comme étant l'un des meilleurs DF.
D'une part le pitch. Ici nul trésor, nulle quête, simplement des prisonniers à libérer d'un pénitencier en roue libre, et gouverné par un ancien gardien, un homme lézard auto proclamé Roi de l'île, qui, ne touchant plus son salaire de la part du prince Olaf, décide de prélever directement son tribut en esclaves sur le continent, qu'il fait travailler dans la mine pour en extraire l'or. C'est en rendant visite à un ancien ami, Mungo, que vous apprenez que son village est sous le joug du monarque infâme. Votre sang de justicier libérateur ne fait qu'un tour, et vous décidez de régler son compte au roi lézard.
D'emblée, vous êtes au faîte de l'histoire grâce à une longue introduction, qui vous présente les lieux, les protagonistes, les enjeux et l'intrigue. Très vite, vous êtes dans le feu de l'action puisque votre aventure débute au moment où vous débarquez sur l'île. L'histoire en elle même n'a rien d'extraordinaire, mais on sent le plaisir que son auteur, Ian Livingston, a eu à l'écrire. La densité est telle que vous n'aurez de cesse de vouloir la terminer, et vous n'aurez que peu de repos. Les affrontements y sont nombreux, j'en ai livré pas moins d'une vingtaine, pas très difficiles à quelques exceptions près. L'aventure n'est pas linéaire, c'est à dire que plusieurs chemins vous sont proposés pour parvenir à la fin et pas d'entourloupe à la con. J'entends par là que quel que soit le chemin que vous choisirez, aucun ne vous mènera à la mort au détour d'un paragraphe. Les seules occasions de mourir seront au combat, ou bien suite à des pertes d'endurance successives si vous n'êtes pas assez prudents. Votre progression ressemble beaucoup à ses jeux d'aventure qu'on trouvait sur PC à une époque, comme Myst par exemple. Tous les indices que vous récolterez vous serviront à un moment donné, tout comme les objets que vous trouverez, même ceux qui vous feront perdre de l'habileté, de l'endurance ou de la chance. Mais si vous ne possédez pas l'objet au moment opportun, une solution de secours vous sera toujours proposée, et c'est ce que j'ai apprécié dans ce livre.
À ce propos, je vous déconseille de commencer cette aventure avec des scores inférieurs à 10, chacune de vos valeurs étant régulièrement mises à l'épreuve. L'équilibre est plutôt bon entre vos pertes et vos gains, pour enfin parvenir au dénouement, dont vous ne pourrez vous en sortir que si vous possédez deux objets en particulier, indispensables, et une information essentielle. Inutile de vous présenter face au Roi lézard si vous ne possédez aucun des trois, ni même que l'un ou l'autre.
Pour le coup, vous n'êtes jamais coincé, et vous progressez tout le temps, ce qui rend ce jeu, finalement très accessible, mais également plutôt ( trop) facile ( ce qui explique le 4/5), puisque, ne vous sentant pas réellement souvent en danger, hors mis lors des combats. Attention quand même au Changeur de forme, au Cyclope ou au Crabe géant, entre autres, qui affichent des valeurs égales ou supérieures à 10.
Bref ces deux heures de jeu n'ont pas révolutionné ma vie, mais m'ont permis de renouer agréablement avec cette époque lointaine où je m'enfermais dans ma chambre avec un LDVELH, qui voulait dire "foutez moi la paix" et que je laissais mon imagination faire le reste.
Je finis avec un petit mot concernant les illustrations intérieures, qui sont vraiment très réussies, et qui correspondent aux événements marquants de votre aventure, et il y en a pléthore. Mention spéciale pour le Roi lézard himsel accompagné de son Lion noir, de la femme au togre à dents de sabre, du Diablotin, de l'Hydre à deux têtes, de l'Homme lézard à deux têtes, et du Cyclope. Elles sont signées Alan Langford.
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35 ans après sa sortie, L'île du roi lézard reste un très bon LDVELH. Bien écrit, bien illustré, riche, varié, constellé de bonnes idées, il propose une aventure solide dotée d'une très bonne ambiance. On regrettera juste que le niveau de difficulté.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Vous gravissez les marches quatre à quatre pour vous retrouver devant une porte en bois que vous entrouvrez en tournant lentement la poignée. Vous apercevez alors l'abominable Roi Lézard, debout sur les remparts, les jambes écartées, brandissant sous le ciel un poing menaçant tandis qu'il apostrophe ses troupes.
Interview de Ian Livingstone (en anglais)