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Raphaël Carrasco (Traducteur)Claire Decaëns (Traducteur)
EAN : 9782864320760
170 pages
Verdier (01/03/1990)
4.21/5   46 notes
Résumé :
Quatre jeunes gens traqués par la haine fratricide tâchent de survivre dans la montagne, cachés dans les cavernes et les bois. La guerre civile passe au fond de ce récit avec sa cohorte de détresse, de violence et de mort. Mais au fond seulement.
L’histoire de ces hommes, de ces animaux nocturnes et solitaires, est plutôt celle d’un mauvais rêve, celle d’un voyage intérieur vers les sources mêmes du lyrisme et de la transfiguration poétique du réel. Loin de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Lune de loups est un coup de coeur. Pourtant, au premier coup d'oeil, il ne semblait pas destiné à figurer parmi mes préférés. Une livre plutôt court, 187 pages dans la présente édition, qui traite de la Guerre civile espagnole. Eh oui, un autre. Il faut croire que cet épisode de l'histoire a marqué l'imaginaire des artistes de ce pays, beaucoup sont ceux qui l'ont revisité à travers la littérature. Toutefois, aussi important qu'il puisse être, il ne m'interpèle pas particulièrement.

Mais il y a quelque chose avec ce Lune de loups. Il faut dire d'emblée que son auteur, Julio Llamazarès, est également poète. Ça paraît, ça transpire à travers le roman. Non pas qu'on y chante les gestes héroïques, loin de là, mais ceux qui se sacrifient par conviction pour une cause perdue méritent quelques louanges.

Donc, on y retrouve quatre compagnons : Ramiro et son frère Juan, Guildo et Angel.

Première partie : 1937. La guerre tourne définitivement en faveur des franquistes et les derniers rebelles de Galicie doivent se réfugier dans les montagnes. Parfois, ils se risquent à descendre au village pour y trouver des vivres ou donner de leurs nouvelles aux membres de leurs familles. D'ailleurs, c'est ce qu'était parti faire Juan avant qu'on n'entende plus parler de lui… Il ne reste plus que Guildo, Ramiro et Angel.

Dans le même ordre d'idées, il ne plus que trois parties au roman. Vous devinez comment chacune se termine. Les années passent. 1939. 1943. Quiconque connaît un peu l'histoire de la Guerre civile espagnole sait comment tout ça s'est clos. Ainsi, le roman s'achève en 1946 sur un dernier soupir. Un rêve ?

Lune de loups est dur par moment mais pouvait-il en être autrement ? Ce n'est plus la guerre, c'est une sorte de guérilla. Une chasse à l'homme. Une traque. Un univers presque exclusivement masculin. Quelques unes, les mères, les soeurs et les épouses, elles sont bonnes à se morfondre et à pleurer. Les hommes, ces grands garçons, vivent de peu de nourriture, cachés dans la forêt, dans des grottes. La faim et le froid sont omniprésents. Ils vivent comme des bêtes. Comme des loups. D'ailleurs, on les entend quelque fois la nuit… Il faut rester alerte.

Et il y a pire : la solitude, le défaitisme, le désespoir. Mais, à travers ces moments pénibles, la dureté de leur existence, il en ressortait quelque chose de beau, l'amitié, la solidarité. Parce que ce n'est pas un récit de guerre. Il y a bien quelques escarmouches mais l'essentiel du roman réside ailleurs. Plus dans une sorte de voyage intérieur. Ces quatre hommes ne pouvaient compter que sur eux-mêmes et, heureusement, ils étaient là les uns pour les autres. Ils deviennent des frères. Une famille. Et les départs sont d'autant plus poignants.

La poésie, elle était là, dans l'émotion à l'état brut, dans des élans de sympathie et d'un vague espoir de meilleurs lendemains. Les états d'âme d'Angel et de ses compagnons, je les ressentais aussi. À cela s'ajoute la description de l'environnement, du paysage. Je ne fais pas référence à de jolies fleurs sous un arc-en-ciel, non, la nature aussi est mystérieuse et violente mais surtout omniprésente. Chaque feuille automnale qui tombe a son écho quelque part dans la forêt, pareillement pour le ruisseau et l'agneau qu'on entend de loin, surtout le sifflement d'une balle.

Je me suis laissé porté par les mots de Julio Llamazarès (ah, comme je souhaite que mon espagnol soit suffisant pour les lire dans la langue originale !), par son histoire. Transporté ? Envouté ? Lune de loups est un roman que j'ai visiblement adoré et je le recommande vivement.
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Existe-t-il une terre capable de pardonner quand un pays a sombré dans la guerre civile ? C'est une question qui vient à l'esprit au fur et à mesure que les pages se tournent. C'est une question qu'Angel se pose après neuf ans de cavale.
1937, dans ce coin d'Espagne, il ne fait pas bon être « Républicain ». Angel, Ramiro, Gildo et Juan sont en fuite et trouvent refuge dans les montagnes qui bordent leur village.
« Lune de loups » est un récit séparé en quatre parties. 1937, 1939, 1943 et 1946. Quatre périodes comme quatre ruptures, quatre déchirures, quatre griffures de l'Homme à la vie.
Neufs ans de traque, neuf ans de chasse à l'homme menée par une guardia civil avide de sang, avide de « rouge ».
Neuf années de survie entre forêt, montagne et grotte, neuf années à l'affut, sans aucun espoir de reprendre, un jour, l'histoire là où ils l'ont laissé.
L'odeur de la peur se mélange avec celle de la haine chapitre après chapitre. Vengeance et trahison s'invitent aux réjouissances.
Au premier abord, ce n'est pas le type de bouquin que je suis tenté de lire mais babel et un billet d'isanne sont passés par là et sitôt apprécié, sitôt commandé. Momox a tardé un peu mais reçu hier et lu dans la foulée l'après midi. Vous l'aurez peut être compris, j'ai vraiment aimé.
Etant complètement inculte quant à la guerre d'Espagne, je serai bien incapable de dire si ce bouquin tient la route ou pas, s'il traite bien d'une situation ou pas.
Par contre je sais que l'écriture de Julio Llamazares me parle. On sent le poète chez l'auteur et le ressenti a été très fort chez moi. le froid humide des brumes du petit matin m'a transpercé, j'ai erré de ronces en rocailles, me suis heurté aux nuits sans lune. J'ai eu ce goût plus ou moins familier du mépris pour le pouvoir, pour l'autorité, j'ai ressenti cette répulsion pour la persécution, pour tant de choses… Qu'aurais je fais à la place d'Angel et de ses camarades? Je n'en sais rien.
Bref, Julio Llamazares par sa poésie et son parti pris vient de laisser une jolie empreinte dans ma semaine. Une trace qui ne restera pas sans suite car j'ai bien l'intention de continuer à faire connaissance avec l'oeuvre de l'auteur.
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Comment parler d'un livre qui m'a éblouie ? Comment restituer l'atmosphère de ce récit si beau et en même temps si terrifiant dans ce qu'il conte ?

La poésie habite chaque phrase, chaque mot choisi.
La nature - dont je me demande si elle n'est pas le personnage central autour duquel s'articule le livre - est présente dans chaque chapitre, chaque paragraphe accompagnant ces quatre hommes condamnés, par leurs choix d'idéaux, à la fuite et l'errance.
Pour autant, la montagne où ils espèrent trouver refuge et cachette, le ciel, les étoiles, la lune, le soleil, la pluie, la neige, le vent ne serviront pas toujours leur cause. Les éléments, comme les humains de ce roman, peuvent "faire" preuve de cruauté.

C'est un monde de désespoir, de solitude dans lequel ils avancent avec pour compagnes, la peur d'être découverts et la culpabilité d'exposer les êtres aimés à la violence du camp adverse.

Ce sont des êtres cherchant toujours à disparaître qui ne vivent plus et qui tentent seulement de survivre.
Il y a des solidarités magnifiques et des trahisons destructrices et il y a le regard des mâtins qui gardent les troupeaux et dont les yeux disent toute la folie des hommes.
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Ce roman est celui de la traque acharnée et obsessionnelle de quatre hommes de 1937 à 1946 par la garde civile espagnole. Toute velléité de liberté doit être broyée, tout exemple de courage et de lutte anéanti.
Ces quatre hommes dont deux frères vont vivre le maquis dans le froid,la faim,la peur et la perte de tout ce qui leur est précieux. Il en ressort un désespoir profond aucunement synonyme de capitulation,qu'exalte à la perfection J. Llamazares.
Je n'adhère pas à la quatrième de couverture lorsqu'il est affirmé que " loin de nous enfermer dans la nuit sans issue d' un maquis condamné, le récit ouvre sur un autre monde..."
car j'ai ressenti un véritable désespoir et un enfermement de ces hommes, tout d'abord à l'écart des leurs,puis des Hommes jusqu'à la plus terrible des solitudes.
Là où je suis entièrement d'accord c'est sur leur transformation intérieure mais qui n'est pas synonyme d'épanouissement !
Ce que décrit puissamment l'auteur c'est la symbiose qui s'opère entre ces hommes et la nature sous la seule lumière à laquelle ils peuvent prétendre, celle de la lune, " le soleil des morts".
Je suis imprégnée de la beauté morale de ces hommes, leur combat pour la vie sans jamais renoncer à leurs principes de solidarité et de respect quelque soit l'issue de leur cavale,car ils sont lucides " - nous n'avons plus de possibilité de retour.
-Nous n'en avons jamais eu,me repont-il en regardant Gildo. Tu sais que nous n'en avons jamais eu."
L'écriture de J.Llamazares est d'une poésie puissante,la force envoûtante de l'univers qu'elle crée me rappelle celle de J.Gracq que j'ai découvert il y a très peu de temps.
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J'aime remonter dans mes souvenirs lorsque je lis, en ouvrant Lune de loups je me suis demandée quel a été le premier livre que j'ai lu sur la Guerre d'Espagne. Ce fut un roman de Michel del Castillo Tanguy vers 12/13 ans puis beaucoup plus tard vint Malraux (que je n'aime pas du tout, voilà c'est dit) puis bien sûr Hommage à la Catalogne d'Orwell
Le sujet est toujours d'un grand intérêt pour moi et j'ai poursuivi mes lectures au fil du temps avec Laurie Lee
Ils sont quatre frères de combat en 1937, la guerre est presque perdue pour les républicains, ils ont pris le maquis dans la cordillère Cantabrique. Ils se sont réfugiés dans la montagne où ils savent pouvoir trouver nourriture, appuis, et échapper aux franquistes qui n'osent pas s'aventurer aussi loin, aussi haut.
Ils veulent encore combattre à leur façon, Ramiro et son jeune frère Juan, Gildo et Angel le narrateur, ils reviennent chez eux, sur leurs terres, là où ils connaissent les sentiers, les fermes, les granges, les caches possibles.
Il faut inverser les habitudes " le jour nous dormîmes cachés dans les fourrés. Et au crépuscule, lorsque les ombres commencèrent à s'étendre sur le ciel, affamés et fourbus, nous reprîmes la route. "
Les grottes, les vieilles mines vont leur servir d'abris, ils échappent aux embuscades tendues dans les villages.
s sont devenus invisibles même pour leurs familles qui en subissent les conséquences. Tout est dur, trouver de la nourriture, de l'argent, des armes, petit à petit les villages ferment leurs portes. La peur s'est insinuée partout " terrorisés, partagés entre la compassion qui les incite à nous venir en aide et la peur, chaque jour plus grande, des représailles. "
La lutte se poursuit de saison en saison, d'année en année. Ils utilisent les éléments pour se soustraire à leurs poursuivants " le brouillard nous ensevelit dans un blanc mugissement "
Qui pourrait résister à six hivers dans le froid, aux alertes au moindre bruit suspect, à l'humidité des caches "La grotte, malgré les plaques de tôles que nous avons apportées de la vieille baraque pour en tapisser la voûte et les parois, est humide et glacée."
1937, 1939, 1943 : Combien de temps les hommes peuvent-ils tenir ?
Ne plus faire partie de la communauté est insupportable, les frères et soeurs se marient, des enfants naissent, des parents meurent, il faut être toujours loin, toujours invisibles.

Julio Llamazares réussi un récit où l'amitié, les convictions, le désespoir, la solitude, se donnent la main. le récit est sombre, dense, d'une grande simplicité, les mots sont rugueux, ils ont le parfum du maquis.
Certaines scènes vous resteront en mémoire longtemps.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quand on a oublié la couleur et le grain de la lumière, quand la lune se change en soleil et le soleil en souvenir, la vue se laisse plus guider par les odeurs que par les formes, les yeux obéissent au vent plutôt qu'à eux-mêmes.
Quand la nuit enveloppe tout, sans trêve et à jamais, pénétrant la terre et le ciel, débordant le coeur et le temps et la mémoire, seul l'instinct peut découvrir les chemins, traverser les ombres et les nommer, déchiffrer le langage des odeurs et des sons.
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Devant la porte de ma maison, sous les parapluies, les gens attendent la dernière sortie de mon père. Ils sont comme des ombres noires, gommées par la pluie et la distance à travers les jumelles. Des ombres lointaines, sûrement en train de commenter à voix basse ce que tout le village doit déjà savoir : que moi, hier au soir, je suis allé là-bas. Que moi, hier au soir, pendant qu’ils dormaient, tandis que le vent frappait sur leurs carreaux et que les chiens hurlaient dans leurs étables, pressentant l’arrivée de la mort, j’ai abandonné ma cachette dans les entrailles de la forêt, j’ai traversé les cercles concentriques de la nuit et de l’oubli, et, subitement, je me suis présenté dans ma maison afin de dire un dernier adieu à cet homme qui en sort à présent, sur les épaules de ses voisins, pour n’y jamais revenir.
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Il y a longtemps que les nuages ont crevé. A présent, une pluie mélancolique et douce frappe délicatement les feuilles de hêtres et le chiendent parsemé d'airelles ; dans leurs fruits rouges l'eau fait trembler ses froides transparences éphémères.
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Aujourd'hui, [le silence] est mon meilleur allié dans cette longue lutte contre la mort. Et, comme un chien, quand je rentre, il vient m'accueillir à l'entrée de la grotte.
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Ce qu'un homme seul, complètement seul, amèrement seul, est capable de demander et de désirer tout au long d'une nuit, Dieu lui-même ne parviendra jamais à le savoir.
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