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Clément Baude (Traducteur)
EAN : 9782070130283
446 pages
Gallimard (01/02/2011)
3.27/5   31 notes
Résumé :
Houston, 1981. Jay Porter, petit avocat noir, mène une vie sans relief avec sa femme enceinte. Malgré lui, il se retrouve confronté à son passé. Un soir, il entend une fusillade. Il sauve une femme blanche de la noyade et la laisse sur les marches du commissariat. Plus tard, il décide d’enquêter sur cette histoire et se retrouve plongé au milieu d’une affaire de corruption énorme.
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« Marée noire » est un roman lucide, douloureux et captivant. C'est un premier roman d'une auteure noire américaine née au début des années 70. Elle entraîne le lecteur dans la société américaine des années 80. Les années Reagan où le monde politique et économique s'acoquinent dans une stratégie pour la course à l'influence mondiale. Les hydrocarbures sont le nerf de la guerre contre les pays du golfe et l'organisation de l'OPEP. Dans ce roman se pose aussi la question des conditions sociales et économiques de la communauté noire. Cette position est incarnée par Jay Porter, avocat de droit civil, ancien étudiant activiste des droits civiques et bientôt père. Les évènements se déroulent à Houston, Texas, dont la maire Cynthia Maddox est une ancienne militante des droits civiques et ancienne copine de Jay. Houston est la patrie des grosses industries pétrolières qui voient d'un mauvais oeil la grève que préparent les dockers noirs. Ils sont frustrés des écarts de salaire et de l'absence de promotions hiérarchiques dont ils sont victimes.
Le roman s'ouvre sur la scène d'une croisière au clair de lune, dans le bayou. Jay pensait offrir à sa femme enceinte de huit mois une sortie nocturne romantique avec gâteau au chocolat, ballons de baudruche et musique. Rien de chic car les temps sont durs. le bateau longe une étendue mal éclairée vers l'ouest de la ville lorsqu'un cri et des coups de feu s'invitent à la fête. Jay fait arrêter le vieux rafiot et récupère une jeune femme blanche : Elise Linsey. Sur la terre ferme, Jay et sa femme déposent Elise devant le poste de police et filent chez eux. Et les ennuis commencent et vont crescendos. Jay est menacé, rossé par un homme conduisant une Ford LTD noire. Jay pourrait laisser tomber. La peur et l'humiliation se rappellent sans cesse à sa mémoire, le hantent. Son parcours d'étudiant militant est raconté et expliquent son comportement actuel. Dans un coin de sa tête, il sent encore l'étreinte du gouvernement sur lui.
Et pourtant, une force semble le porter, encouragé par sa femme Bernie, simple, sincère, à l'aise avec ses sentiments et un père qu'il n'a jamais connu, assassiné par des blancs avant sa naissance. La graine est semée. Il va se battre et vivre afin de pouvoir influer sur le devenir historique de sa communauté mais aussi de la société américaine.
Dans ce roman, Attica Locke dépeint le statut social et politique des Etats-Unis. Elle invite à réfléchir sur la nature humaine et sur ses désordres. Il est toujours tentant de penser qu'en France l'herbe est plus verte mais nous ne devons pas masquer malgré tout notre terrible et sinistre « héritage » esclavagiste et le communautarisme.
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Je termine à l'instant ce livre, et je reste sur une impression mitigée.

Comme indiqué par d'autres contributeurs, l'affirmation sur la 4ème de la couverture "l'arrivée fracassante d'un nouveau talent" semble exagérée.

L'histoire est assez intéressante, quelque chose qui pourrait se rapprocher d'autres ouvrages plus aboutis comme l'affaire pélican par exemple, c'est à dire une histoire bâtie autour du pétrole dans le sud des Etats Unis en même temps que la lente progression des droits des Noirs.

Jay Porter, au passé un peu lourd, est confronté à un problème complexe qui peut le mettre en danger ainsi que sa femme sur le point d'accoucher.

Le style assez direct est un peu déconcertant. Il n'est pas vraiment désagréable mais laisse une impression d'inachevé. Peut-être une traduction un peu bâclée, n'en voulons pas à l'auteur, ce ne serait pas la première fois.

En fait, sans malice, ou si peu, le plus intéressant est certainement la post-face où l'auteur nous explique le lien avec son histoire personnelle. Si on ne doit lire qu'un extrait, ce sont ces 4 pages !
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En 1981, à Houston, Jay Porter avocat noir, ancien militant radical en faveur des droits civiques, fête l'anniversaire de sa femme sur un bateau minable voguant sur le bayou Buffalo qui traverse la ville. le dîner en amoureux est interrompu par des coups de feu et l'apparition d'une femme apparemment poursuivie qui manque se noyer dans la rivière. Cet événement met en branle une mécanique impitoyable. Confronté à une histoire qu'il ne comprend pas, à la réminiscence de sa jeunesse militante et des souvenirs amers qui lui sont associés, au moment où les dockers noirs soutenus par son beau-père pasteur menacent de se mettre en grève, Jay se trouve happé dans cet engrenage.

Premier roman d'Attica Locke Marée noire est un livre ambitieux tant au niveau de la construction complexe de son intrigue que de la reconstitution de deux époques (le début des années 80 et le boom pétrolier de Houston, les années 60-70 et le militantisme noir). Il est par ailleurs, comme l'indique l'auteur en conclusion, étroitement lié à sa propre histoire familiale. C'est en partie ce qui fait le charme de ce roman mais en marque aussi les limites.
De fait, investie dans son sujet, soucieuse d'expliciter les agissements d'un Jay qui apparait comme un double de son père, Attica Locke tend à négliger les explications qui seraient parfois nécessaires à une bonne compréhension de l'intrigue. Si l'on se laisse facilement embarquer dans l'histoire personnelle de Jay Porter, si l'on s'intéresse à ses cas de conscience, à ses renoncements mal assumés à cette forme de lâcheté compensée par un profond désir de justice et la honte même de cette lâcheté – ou plutôt de cette peur profondément ancrée – qui l'habite, on peine souvent à se retrouver dans ces questions de grève des dockers, de collusion entre politiques, magistrats et homme d'affaires qui, pourtant, auraient pu être une formidable trame à cette histoire.

Quelque peu dépassée par son sujet, Attica Locke offre un roman à moitié réussi – ou à moitié raté – avec des personnages complexes et bien campés, mais déroule avec peine son intrigue. Il reste au final quelques belles pages, des personnages ambigus comme on aimerait en voir plus souvent, mais aussi le sentiment d'être passé à côté de ce qui aurait pu être un excellent roman. On espère toutefois que l'on aura l'occasion de lire un autre livre, plus abouti, de cet auteur prometteur.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Houston 1981 : dans la ville pétrolière, un avocat noir, ancien activiste, essaie de s'en sortir...

Native de Houston, Attica Locke a publié ce premier roman à trente-cinq ans en 2009 (traduction française en 2012). Scénariste professionnelle à Los Angeles, elle réalise un roman largement honorable en tant que thriller policier, mais parvient surtout à captiver par la belle double plongée qu'elle exécute, dans les mouvements noirs des droits civiques à la fin ds années 60, au moment où se préparent la défaite et la radicalisation sans espoir, sous les assauts paranoïaques d'un FBI agissant à cette époque en véritable police politique, d'une part, et dans l'écheveau des liens et des compromissions intense qui lient les milieux d'affaires pétroliers internaitonaux et les patriciens texans qui, à l'instar des Bush, ont fait fortune dans le secteur, d'autre part...

A travers le personnage de Jay Porter, petit avocat noir tentant de faire son "trou" et de faire vivre son couple après un séjour de plusieurs années en prison en tant qu'activiste, la ville de Houston en 1981, son port, ses complexes pétrochimiques, ses dockers syndiqués essayant de résister aux pressions (comme un clin d'oeil à la deuxième saison de "The Wire"), son boom immobilier et sa maire, ancienne compagne de lutte de Jay, opportuniste en diable, dont on ne sait vraiment si, à l'époque des revendications musclées, elle a trahi ou non, tout ce décor assez rarement peint prend des couleurs singulières, à la fois attachantes et désespérantes.

Peut-être moins acéré que le très bon "Les péchés de nos pères" de Lewis Shiner, en ce qui concerne la mémoire et les traces contemporaines des luttes émancipatrices des Afro-Américains, "Marée noire", dans un cadre inhabituel, nous propose un fort bon moment de lecture.
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Il s'agit d'un premier roman roman très réussi qui nous fait voyager dans le Texas des années 1970-1980. Jay Porter est avocat à Houston, mais il ne faut pas s'imaginer un riche avocat qui brasse les dollars par millions. Il est au contraire un avocat noir qui tire le diable par la queue, il a un petit bureau dans un centre commercial et la majeure partie de sa clientèle n'est pas solvable ou du moins très pauvre. Pour l'anniversaire de sa femme il organise une petite croisière dans un bayou. Mais la malchance le poursuit, le diner romantique est interrompu par des coups de feu tirés sur la rive et une jeune femme blanche poursuivie se jette à l'eau. Jay plonge pour la sauver et la conduit devant le commissariat de la ville. le Klu Klux Klan n'est pas tout à fait mort, l'égalité entre Noirs et Blancs n'est pas encore une réalité, par conséquent il n'est pas prudent pour un Noir d'être vu en compagnie d'une Blanche victime d'une agression.

Cette affaire replonge Jay dans son passé de militant radical des droits civiques dans les années 1960 et 70, il a connu la prison et il a assisté à de nombreuses exactions policières, ce qui lui a laissé une peur panique de la police. Il faut dire qu'en ce temps là, le FBI fonctionnait comme une police politique et ses snippers n'hésitaient pas à régler les problèmes à leur manière. Jay se trouve plongé dans ces souvenirs et son passé nous est raconté par bribes tout au long du livre.

Dans le même temps, son beau-père, pasteur, lui demande de soutenir les dockers noirs syndiqués, et en particulier l'un d'eux qui a été passé à tabac. Une grève est à l'ordre du jour, mais la maire noire de la ville ainsi que les syndicats blancs veulent absolument l'éviter. Jay connaît bien la maire de Houston qui a aussi été une militante radicale des droits civiques, mais qui a peut être trahi la cause. Quant au syndicat, il n'est pas uni, c'est plutôt un instrument des Blancs pour asseoir leur domination et l'inégalité de fait qui règne entre les dockers.

Ce thriller passionnant conjugue deux histoires, celles des années 1960- 70, marquées par le boum pétrolier de la région et surtout par la lutte plus ou moins pacifique pour les droits civiques. Et au début des années 1980, les injustices sont toujours criantes, la grève des dockers perturbent gravement l'économie de la ville complètement dépendante du pétrole. Surtout Jay va mettre au jour un complot impliquant le principal groupe pétrolier de la région.

Ce livre est remarquable, surtout pour un premier roman, mais le lecteur est parfois un peu perdu. En voulant dresser un tableau exhaustif de la situation de ces vingt années de la vie du Texas, à force de détails, on a parfois l'impression de perdre le fil de l'histoire. Toutefois ces défauts de jeunesse n'enlève rien au plaisir de lire cet excellent thriller qui nous permet de visiter un aspects des Etats Unis que l'on ne connaît pas très bien.


Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des assassins et des violeurs dans les couloirs, des escrocs et des voleurs vont et viennent à l’intérieur du bâtiment ; il y a des menottes et des agents de police armés de pistolets. À lui seul le spectacle suffit à donner à chacun l’impression d’accomplir une tâche héroïque, ou du moins le plonge dans un état d’excitation surchauffée. Au tribunal civil, en revanche, il n’y a qu’un seul enjeu : l’argent. Ici, le bien et le mal, qui a fait quoi à qui, toutes ces questions sont débarrassées de leur charge morale et réduites à de simples équations chiffrées. Combien vaut votre souffrance ? Quel est le tarif en vigueur pour le malheur ? Si ni votre argent ni votre souffrance ne sont en jeu, alors vous aurez beaucoup de mal à vous enflammer pour les débats, qui n’attirent d’ailleurs pas grand monde.
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Il secoue lentement la tête. "Ils volent les gens, B. Les gens comme toi et moi. Les gens comme ton père, ta sœur, les petites dames de votre église, les travailleurs. On paye plus cher à la pompe, on paye plus cher nos vêtements, et nos chaussures, et la nourriture que les magasins vont chercher chez les fournisseurs avec ces énormes douze tonnes qui bouffent des litres et des litres. Cette histoire de pétrole a des répercussions partout. Ton blanc de poulet, tu l'achètes cinquante cents plus cher à cause de l'emballage en plastique, qui provient aussi du pétrole." Il regarde sa femme sous la lumière faible du plafonnier. "Il nous arnaquent par tous les moyens. Et personne ne m'obligera à fermer ma gueule."
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" J'en conclus que tu ne suis pas mon conseil, donc.
- C'est à dire ?
- J'ai comme le sentiment que tu n'as pas l'intention d'abandonner. "
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[...] Les éléments de cette histoire, les dernières vingt-quatre heures de sa vie s'étalent devant lui comme les morceaux hétéroclites de son téléphone cassé, des fragments qui ne collent pas ensemble, qui n'ont aucun sens : un homme qui lui remet des liasses de billets pour qu'il se taise au sujet d'un meurtre qu'il n'a pas vu. Il peut prendre le problème par m'importe quel bout, ça reste une sale affaire.
La grève fait la une du journal.
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Il pensait sincèrement qu’ils pouvaient changer les choses et il ne voyait pas pourquoi les Blancs ne devaient pas participer à leur effort. Après tout, c’étaient les Blancs qui avaient créé cette saloperie d’inégalité des races ; pourquoi ne pourraient-ils pas aider à réparer les dégâts ?
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