J'ai pris un plaisir immense à la lecture de ce livre. Après tout un chapitre où l'auteur nous conte de quelle manière et en quelles circonstances, l'homme a été amené à apprivoiser le chien (ou tout au moins la probabilité avec laquelle cela a pu se passer...), où il nous explique les différences zoologiques essentielles qui séparent le chien-loup et le chien-chacal et les différences de tempérament qui en résultent, on plonge, au fil d'anecdotes vécues, toutes plus étonnantes les unes que les autres et souvent émouvantes, dans le monde sauvage de nos compagnons les chats et les chiens (à noter que le chien se taille la meilleure part..)
Ensuite, on apprend mille choses sur leurs moeurs, sur les bonnes façons de les dresser, de les observer et d'en comprendre le langage expressif : assurance, agressivité, crainte, intimidation, défense... On y trouve aussi des conseils pour bien choisir son compagnon selon ce qu'on attend mais aussi selon qui nous sommes.... on y apprend à décoder toutes leurs ruses (s'il en est...) leurs mimiques, à comprendre leurs jeux... c'est bigrement intéressant.
Je n'ai pour ma part aucun animal domestique, bien que j'ai été élevée entourée d'animaux, et n'en ai jamais éprouvé le besoin, mais ce livre m'a profondément intéressée et émue au point qu'il m'a presque donné envie d'en adopter un.... il a même réussi parfois à me tirer quelques larmichettes d'émotion. Inutile de dire combien je le recommande à tous ceux qui aiment leurs compagnons les animaux, quels qu'ils soient... et à tout le monde en fait, tant il est profondément intéressant aussi que ce livre nous permet de prendre la mesure de notre humanité face à la condition incontestablement et éternellement sauvage de tous les chiens et tous les chats.
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"Tout ce que vous vouliez savoir sur les chiens sans avoir osé le leur demander..."
Le chien expliqué dans le détail, et surtout son fonctionnement, entre atavisme et acquis.
Des tas de recettes qui vous permettront d'éviter les frictions, surtout avec les chiens inconnus.
Notamment celles qui vous font cataloguer comme "ni proie ni ennemi", ce qui vous fait bien recevoir lors d'une première rencontre.
Le maître: "C'est pas croyable, vous le connaissez? Il n'est pas familier d'habitude.."
Vous: "Non, j'ai juste été poli avec lui, dans son langage."
Inversement, Lorenz vous apprend qu'il est inutile (et même nuisible) de frapper le chien qui a "fauté": pour lui un coup n'est pas une sanction.
Vous le rendrez craintif donc ingérable, c'est tout.
Par contre il percevra une morsure comme une affirmation de VOTRE autorité..
Alors si vous "pincez" (pas besoin d'arracher un bout de viande) votre chien rebelle, il vous considèrera immédiatement comme LE dominant.
Evidemment, l'honnêteté me force à prévenir que le poil de chien, ça a vraiment très mauvais goût...
C'est pourtant le plus efficace pour remettre les pendules à l'heure.
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livre magique d'un grand savant, ami des animaux, prix nobel de médecine 1973. Tout ce que l'on veut savoir sur le comportement, les réactions, les pourquoi et les comment de nos compagnons, on trouve ici la réponse, claire, précise, étonnante.
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La fidélité d'un chien est un don précieux, qui entraîne une responsabilité morale non moins contraignante que l'amitié d'un être humain. Le lien établi avec un chien fidèle est aussi durable que peut l'être un lien terrestre, et quiconque désire un chien doit se pénétrer de ce fait.
Deux animaux seulement ont pénétré dans la maison de l'homme autrement que comme des prisonniers, et ont été domestiqués par d'autres moyens que les travaux forcés : le chien et le chat. Ils ont en commun deux choses : ils appartiennent tous les deux à l'ordre des carnivores, et tous deux mettent au service de l'homme leur talent de chasseurs. A part cela, et surtout en ce qui concerne le style de leur association avec l'homme, ils sont comme le jour et la nuit. Il n'y a pas un animal domestique qui ait aussi radicalement changé son mode de vie, qui se soit fait aussi littéralement domestique, que le chien. Et il n'y a pas un animal qui, tout au long d'une association séculaire avec l'homme, ait changé si peu que l chat. Il n'est d'ailleurs pas exagéré de dire que le chat -à l'exception de quelques catégories de grand luxe : angoras, persans, siamois...- n'est pas en fait un animal domestique, mais une petite bête sauvage. Conservant toute son autonomie, il a choisi d'habiter les maisons des hommes et leurs dépendances pour la simple raison qu'on y trouve davantage de souris que partout ailleurs. Tout le charme du chien réside dans la profondeur de l'amitié, dans la force des liens moraux qu'il a développés avec l'homme. Mais la séduction du chat vient justement de ce qu'il n'a jamais formé de tels liens ; lorsqu'il chasse dans nos granges et nos greniers, il affirme la même indépendance jalouse que le tigre ou le léopard et il reste aussi mystérieux, aussi lointain au moment même où il se frotte gentiment contre les jambes de sa maîtresse, ou ronronne pieusement devant un feu de bois.
Un chien normal ne mordra jamais une femelle de son espèce. La chienne est absolument tabou et peut tout se permettre à l'égard du chien, du mordillement aux vraies morsures. Le chien ne dispose d'aucun moyen de représailles, à l'exception des gestes de déférence et du masque de politesse au moyen duquel il peut essayer de faire dévier l'attaque de la chienne vers le jeu. La dignité masculine interdit la seule alternative -la fuite- car les chiens se donnent toujours un mal fou pour sauver la face devant les chiennes.
On peut prendre pour critère de l'amitié la plus forte,entre deux hommes, la faculté de faire le plus grand sacrifice sans espoir de récompense. Nietzsche, qui, contrairement à beaucoup de gens, portait un masque de brutalité pour cacher une bonté véritable, a dit très joliment : « Que ton ambition soit d'aimer toujours plus que l'autre, de n'être jamais le second... »
La sujétion d'un chien à son maître a deux sources tout à fait distinctes Pour une large part elle est due à la survivance tout au long de la vie du chien, de ce lien qui unit le jeune chiot sauvage à sa mère, et qui, chez le chien domestique, entraîne parallèlement la conservation, toute sa vie durant, de caractères « juvéniles ». L'autre racine de la fidélité procède de la loyauté de clan, du lien qui unit le chien sauvage au chef de meute, et aussi de l'affection qui existe entre les membres de la meute, individuellement. Cette racine là est beaucoup plus profonde chez les chiens où l'hérédité loup l'emporte sur l'hérédité chacal, pour la raison évidente que la protection et la survie de la meute jouent un plus grand rôle chez les loups.
Remise du prix Nobel à K. Lorenz