J'ai eu du mal à entrer dans cette lecture.
Le trait est but, rapide et vif, presque rageux, les décors anguleux, les nuances jouent de hachures et du rapport des deux couleurs de la bichromie, un noir et un ocre assez neutre. L'agressivité du trait rend parfois la lecture un peu hachée, il faut un certain temps pour que la lecture se fluidifie, mais cette dureté correspond au ton du récit, jouant sur les ambiguïtés et les non-dits.
Le personnage de Serpio reste longtemps énigmatique, mais les autres aussi, de quelque bord qu'ils soient, mais une fois qu'on se rend compte que cette confusion était nécessaire, cette lecture devient passionnante. À peu près tous les personnages jouent un jeu trouble, et tout l'intérêt de cette histoire se porte sur les zones d'ombres de chacun, ces caractères aux contours flous s'avèrent d'une grande richesse et ils donnent leur force et leur intensité au récit. Les différents milieux s'imbriquent les un les autres, les frontières sont floues, le flic est ripoux, le mafieux est un anarchiste infiltré, et des affaires d'états viennent s'imbriquer avec celles de la mafia. On est en1920 aux Etats-Unis, Serpio est d'ailleurs un ami de Mario Buda, acteur important dans ce récit. Ce Mario Buda est un personnage réel de l'Histoire, il est en rapport avec l'affaire Sacco et Vanzetti, et ouvertement reconnu comme impliqué dans l'attentat de Wall Street (9 septembre 1920), considéré comme l'inventeur de l'attentat à la voiture piégée. Dans cet imbroglio, on découvre les différents milieux italiens d'Amérique. le ton oscille entre le road movie, western moderne avec fuite dans l'Amérique profonde et les récits mafieux de l'époque de la prohibition. Boston, New-york sont les cadres de l'aventure, avec une expédition jusqu'au Mexique, il est question de vengeance, d'histoire de famille, d'idéaux politiques, tous ces éléments ne font pas forcément bon ménage, fusillades et passages à tabac s'enchaînent, et la fin est à la hauteur de la tension du récit.
Après avoir eu du mal à entrer dans cette histoire, je ferme ce livre totalement enthousiasmé, c'est vraiment une bonne surprise.
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Sur fond de bande dessinée historique, ce récit glissetrès vite dans un thriller violent, décryptant les codes de la mafia. Une réussite, malgré un titre un peu trop énigmatique.
Niveau lycée
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A travers cet ouvrage, les auteurs tirent les ficelles paradoxales d’une intrigue puissante (la loyauté vs la trahison, l’intégrité vs le dévoiement) et d’une palette émotionnelle qui accrochent directement le lecteur aux personnages. Sans tomber dans le manichéisme primaire et prévisible, The corner est un thriller politique sans concession au rythme soutenu et à la touche graphique singulière.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Efficace et élégant, The Corner a toutes les caractéristiques du thriller réussi, avec en plus une classe incroyable, une finesse dans le dessin et dans le façonnage des différents acteurs qui lui donnent un charme fou.
Lire la critique sur le site : BDGest
"(...) Celui qui me chasse poursuit une ombre, un concept, une pensée, et finit toujours les mains vides.
(...)"
Lorenzo PALLONI & Andrea SETTIMO, The Corner, 2014, Sarbacane (p. 41).
"Plus grand est le couteau, plus petit est l'homme"
Anonyme,
épigraphe à The Corner, de Lorenzo PALLONI & Andrea SETTIMO, 2014, Sarbacane.
Dans le 167e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Les derniers jours de Robert Johnson que l'on doit à Frantz Duchazeau et qui est édité chez Sarbacane. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l’album La forteresse volante que l’on doit à Lorenzo Palloni pour le scénario, Miguel Vila pour le dessin et qui est édité chez Sarbacane
- La sortie de l’album Yougo, un conscrit casque bleu que l’on doit à David Cénou et aux éditions La boite à bulles
- La sortie du quatrième tome de la série Wild West, un tome baptisé La boue et le sang que l’on doit au scénario de Thierry Gloris, au dessin de Jacques Lamontagne et qui est éditée chez Dupuis
- La sortie de l’album Le grand large que l’on doit à Jean Cremers et qui est édité chez Glénat
- La sortie de l’album Suzanne, album de Tom Humberstone consacré à la joueuse de tennis Suzanne Lenglen, un titre paru chez Ankama
- La sortie du troisième tome de l’intégrale Valentina l’on doit à Guido Crepax et aux éditions Dargaud
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