Ce matin du 4 mai 1936, en arrivant à l'usine, se tient un comité d'accueil inhabituel... Les délégués syndicaux distribuent des tracts sur lesquels on peut lire : grève générale, usine occupée...
- La grève ? mais on [la gauche] a gagné les élections...
- Justement, les patrons, faut qu'ils casquent... On veut les congés payés, la semaine de 40 heures, des salaires décents et que Blum prenne le pouvoir tout de suite !
(p. 26)
Le départ du cargo marque la fin de mon apprentissage. Ma vie d'ouvrier s'ouvre devant moi jusqu'à me boucher l'horizon. Mais la soif de connaissance, l'amour de la lecture, de l'art, le plaisir de la nature, feront de moi un éternel apprenti.
[Bordeaux, mars 1935]
(...) chantiers maritimes du sud-ouest, rue Blanqui... Un comble : cette rue, haut lieu de l'exploitation des ouvriers, portait le nom de celui qui, le premier, avait lancé à la face des bourgeois : "Ni Dieu, ni maître."
(p. 5)
Nous avons gagné ! Léon Blum accède au pouvoir et impose la semaine de 40 heures avec deux jours de repos, et on parle de deux semaines de congés payés pour l'été prochain...
Apprenti n'est pas maître.
Quand on entend cent fois les mêmes histoires, on en rit, on se lasse et on ne fait plus attention, puis un jours on se rend compte qu'elles font partie de vous, qu'elles vous appartiennent un peu, mais qu'elles vous échappent indubitablement.
- C'est toujours aussi bruyant l'atelier ?
- Essayer donc de frapper avec un marteau sur de la ferraille sans faire de bruit !
Un ouvrier doit savoir rester à sa place, à condition que les patrons et leurs sbires restent à la leur.