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EAN : 9782266336543
336 pages
Pocket (07/09/2023)
3.81/5   145 notes
Résumé :
Jamais Antoine n'aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l'adolescent sortait du lycée, s'apprêtant royalement à rater son bac. Kidnappé par papi à bord d'un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l'inconnu, privé de son iPhone. À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher.

S'il a conclu un marché avec son petit-fils, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 145 notes
Petit retour vers Sophie Loubière avec ce remarquable roman.
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L'auteure sort encore une fois des sentiers battus pour évoquer d'horribles événements s'étant produits à Villefranche-de-Rouergue au cours de la Seconde Guerre mondiale.
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Et je dois dire qu'elle le fait avec talent, naviguant entre passé et présent.
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Antoine n'est pas très assidu au lycée et suit ses études de loin, s'apprêtant à rater son Bac, et s'en fichant comme de l'an quarante.
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Par contre, les jeux vidéo et les réseaux sociaux sont toute sa vie, si l'on peut dire, au grand désespoir de sa mère. le père a baissé les bras depuis belle lurette.
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François, grand-père d'Antoine, informé de la situation, embarque son petit-fils dans un road trip qui les conduira jusqu'au village de son enfance.
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Les deux hommes vont apprendre à se connaître, eux qui ne se croisaient qu'aux grandes réunions de famille.
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Pour la première fois, François va raconter sa vie de gamin à Villefranche pendant l'occupation, puis ses voyages en tant que journaliste couvrant les grands conflits mondiaux.
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Il s'était promis de faire ce retour en arrière un jour, et au crépuscule de sa vie, c'est Antoine qui recevra ses confidences.
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Sophie Loubière nous offre un roman au style plus que remarquable, mais je dois vous avouer que j'ai mis du temps à me laisser embarquer et qu'arrivée à une cinquantaine de pages, j'étais sur le point de renoncer.
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Mais je me suis obstinée et bien m'en a pris, parce que c'est juste après que le récit m'a prise aux tripes.
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C'est donc très émue que j'ai tourné les pages jusqu'à la fin et je garderai un excellent souvenir de ce livre.
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Le seul bémol, c'est que contrairement à d'habitude, moi qui adore les plumes high level, j'ai été envahie par un trop-plein de style.
Pour une fois, j'aurais préféré un peu plus de simplicité.
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Je vous laisse vous faire votre propre avis, parce que ça reste un excellent livre malgré le petit bémol, si l'on peut dire, ressenti qui n'engage que moi.
Appréciation très personnelle. Beaucoup seront ravis de ces belles envolées.
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François Valent vieillit. C'est le combat contre la souche de son arbre qui le lui dit : son coeur ne supporte plus les efforts violents. En l'absence de sa femme Clémence, partie apprivoiser ses grandes douleurs à la cure thermale, il croise par hasard son ancienne bru, divorcée, pas très en forme. C'est son fils, Antoine, qui lui cause des soucis : ce dernier, adolescent dans toute sa splendeur, accro aux réseaux sociaux et à sa console de jeux, ne cesse de se disputer, aussi bien avec elle qu'avec son père quand il le voit. Il est d'ailleurs bien parti pour rater son bac, ses études, sa vie...
Pendant la seconde guerre mondiale, un narrateur décrit les évènements qui ont eu lieu dans le village de Villefranche-de-Rouergue, et qui ont conduit à un drame historique mais dont l'histoire a perdu le souvenir, et des drames bien plus personnels.
C'est vendredi soir, et François a sorti sa belle voiture de collection pour faire la sortie du lycée. Il propose un deal à Antoine, ce petit-fils qu'il ne côtoie plus : en échange d'un weekend en sa compagnie, sans communication avec l'extérieur, le jeune homme pourra choisir soit de travailler plus assidument pour obtenir son bac, soit d'être riche !

Voici donc une drôle de quête à laquelle nous convie Sophie Loubière : partir sur les trace du passé d'un grand-père, comprendre ses choix et ses échecs, pour "sauver" un petit-fils. Ça, bien sûr, c'est là où le lecteur pense être convié. Mais A la mesure de nos silences comporte suffisamment de surprises pour dévier de cette ligne que l'on croit discerner dans les premières pages.
Pour moi, ce livre parle avant tout d'une rencontre entre deux individus d'une même famille, chacun persuadé de connaitre l'autre. D'un côté, un papi has been, ancien reporter de guerre, qui a couvert de sa présence les conflits du monde entier, au détriment de sa famille. de l'autre, un adolescent, un geek qui joue à la guerre, désabusé voire fainéant, qui ne veut rien faire de sa vie, obnubilé par ses équipements connectés.
Les apparences sont souvent trompeuses, et les motivations profondes aussi : est-ce vraiment son petit-fils que François va sauver en remontant à ses origines, à son histoire, aux évènements de Villefranche-de-Rouergue ?
J'ai aimé l'évocation d'un épisode de l'histoire qui m'était totalement inconnu, la pudeur avec laquelle l'auteur approche la honte et le remord de ceux qui y ont assisté (et le fait de découvrir pourquoi une avenue de Villefranche-de-Rouergue se nomme "avenue des Croates"). J'ai beaucoup aimé le rapprochement des deux protagonistes, leurs rapprochements mais aussi leurs éloignements, la passation de l'ancienne génération vers la nouvelle de son histoire, de ses erreurs, mais aussi de l'art de déguster un vin ou du plaisir de conduire une voiture de collection bien entretenue. J'ai aimé également la finesse d'évocation des univers de chacun des narrateurs de l'histoire, le passage d'un univers "d'jeuns" avec son langage, ses codes, et ses outils (connectés) à celui de l'homme au bout du chemin qui cultive son jardin mais reste sensible, toujours et aujourd'hui encore, à la détresse humaine. J'ai enfin aimé être surprise par le drame qui survient à la fin du livre, auquel je ne m'attendais certes pas !
Je suis en revanche moins sensible au "happy end" qui clôt l'ouvrage, et qui me parait étrangement factice après cette échappée belle improbable. Oui, s'inscrire dans une histoire familiale, lui donner du sens et une direction, c'est important. Et parfois, quand cette histoire nourrit la réalité d'un individu, elle peut avoir un impact sur sa vie. Mais Sophie Loubière traite bien trop finement et intelligemment ses personnages pour se permettre de tels raccourcis !
En bref, j'ai aimé ce livre, A la mesure de nos silences, dont le titre est sacrément bien choisi, pour son histoire, sa finesse d'analyse, l'écriture fluide qui s'adapte à chaque narrateur, et si j'ai moins aimé la fin, ce livre me donne envie de découvrir d'autres livres de cet auteure.
Je remercie Babelio et les Editions Fleuves de ce beau cadeau, et suis ravie à l'idée de rencontrer Sophie Loubière lundi !

PS : j'ai lu A la mesure de nos silences à l'occasion d'un déplacement dans le sud de la France, et c'est un formidable compagnon de voyage !
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Belle surprise que voilà. J'avais entendu parler de cette auteure sans jamais rien avoir lu. Elle a écrit principalement des polars mais aussi quelques romans de belles factures. Sans lire la quatrième de couverture, je me suis laissé happer par ce récit nostalgique et émouvant. Antoine, un adolescent, dans l'année du bac, ne va pas bien. Malmené par son ex-petite-amie qui profite des réseaux sociaux pour le harceler, bien accroché à son portable et à ses jeux vidéo, Antoine songe à quitter le lycée et à vivre sa propre vie sans passer par la case Bac. François, son grand-père, 82 ans, journaliste brillant qui a roulé sa bosse, veut à tout prix le remettre sur le bon chemin, le "kidnappe" et l'emmène à Villefranche-de-Rouergue dans l'Aveyron ou il a passé son enfance. Mais ce voyage dans la superbe Volvo cabriolet P1800, ne va pas être sans heurts entre les deux générations. Dès le début, François va passer un marché avec Antoine pour le convaincre de ne pas lâcher ses études. de ce périple, François aura besoin de raconter à son petit-fils, un épisode sanglant qui s'est passé pendant la seconde guerre mondiale et dont les remords et les regrets le taraude. de ce voyage initiatique, les deux héros, se révéleront et apprendront à se connaître vraiment.
Une belle découverte, une écriture remarquable où l'émotion et le besoin de se faire pardonner se côtoient immanquablement. Je ne peux que vous le conseiller.
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Trois destins, trois voix, une belle émotion.

Sophie Loubière nous conte une jolie et triste histoire entre passé et présent, entre différentes manières de percevoir le monde également.

Loin des ambiances de polar de certains de ses romans, l'auteure met en scène trois personnages très différents mais qu'un fil conducteur va rassembler.

Il y a d'abord ce rapprochement d'un grand-père au crépuscule de sa vie, et de son petit-fils adolescent. Une thématique déjà développée par d'autres mais qui, sous l'oeil de Sophie Loubière, prend un caractère à la fois universel et très personnel.

Il y a aussi ce retour vers un passé douloureux. Deuxième guerre mondiale et un drame dans le drame, dont on a peu parlé.

A la mesure de nos silences est un superbe et approprié titre de roman. Entre deux personnages plutôt taiseux, adolescent revêche et papy fatigué par le poids du passé, les silences sont autant de mots qui confrontent les générations. Deux personnages qui ne parlent pas pour ne rien dire et qui communiquent avec difficulté, alors qu'ils ont tant de choses à partager.

S'en suit un voyage initiatique sur les pas d'un passé pesant et douloureux ; un passé qui s'intercale dans ce récit au fil des chapitres.

La grande force du roman de Sophie Loubière est cette sensibilité et cette réserve derrière chaque mot et chaque émotion. On est loin de l'émotion surjouée de pacotille, l'auteure pose son récit et construit les relations naissantes avec une jolie délicatesse.

Elle a eu la bonne idée de métamorphoser sa plume alternativement entre les trois personnages, nous plongeant dans la tête de chacun d'eux, avec leur propre langage et leurs propres ressentis. Cela nous donne des changements de tons franchement intéressants, entre une langue hachée et directe (comme peut être celle de la jeunesse d'aujourd'hui), une tonalité plus posée (d'un homme de 82 ans qui a beaucoup vécu) et la manière dont on pouvait s'exprimer il y a plusieurs décennies.

Une prose pleine de poésie pour un roman tendre, sincèrement touchant, poignant parfois, saisissant aussi. Une universalité qui touchera à coup sûr une part très personnelle de chacun, loin des sensations artificiellement exacerbées de pas mal de romans actuels.

Ce livre est sorti le lendemain du massacre terroriste du 07 janvier 2015. Il est aussi là pour nous rappeler toute la barbarie de notre passé, qu'il ne faut justement pas passer sous silence pour ne pas la laisser se reproduire.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Il suffit parfois d'être attiré par un titre et faire une bonne pioche !

Un road movie qui entraine François, octogénaire et Antoine, son petit fils , un ado accroc aux SMS, Facebook et jeux virtuels (vous voyez ce que je veux dire, vous en avez un à la maison ?) sur les routes vers Villefranche-de -Rouergue au volant d'une sublime Volvo des années soixante !

Scénario un peu classique et convenu qui m'a, au départ, je dois l'avouer, fait craindre de m'être fourvoyé entre un senior sentencieux et un gamin bougon .

Or, si François conduit Antoine dans la ville où il a vécu enfant pendant l'occupation, pour lui raconter un épisode dramatique qui va marquer sa vie, celui qui a le plus besoin de l'autre n'est pas celui qu'on imagine et on rentre petit à petit dans l' engrenage irraisonné de la fuite en avant de François pour un acte commis gamin sous l'emprise de la jalousie.

Culpabilité que l'adulte porte comme une croix, fuyant son pays et sa famille dans la peau d'un reporter de guerre toujours à l'affut d'un bon papier dans les coins les plus dangereux de la planète guettant la mort comme une rédemptrice .

Entre les chapitres, l'histoire racontée par François de son enfance pendant la guerre et qui aborde un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale: la rébellion en 1943 de jeunes musulmans croates enrôlés de force dans les troupes SS et qui s'est terminée dans le sang .

La honte et le remords poursuivent ce vieil homme si maladroit dans ses rapports avec ses propres enfants.

L'écriture est très sensible donnant un roman poignant sur la difficulté d'accepter ses fautes, de comprendre et de pardonner aussi aux autres.

Petit bémol sur la toute fin du roman ...
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Je n'étais pas seulement son ami, j'étais le prolongement de son ombre dans le lit du ruisseau où nous pêchions, le grain de sable dans ses cheveux mal peignés, l'épaule contre laquelle il s'appuyait par mollesse et provocation durant la messe, le complice consentant de ses tricheries et dont il recopiait les réponses dans son cahier d'école dès que nos professeurs tournaient le dos, l'oreiller étouffant ses sanglots lorsque son père le corrigeait de ses escapades nocturnes, usant la lanière d'une ceinture sur son dos. De ces instants où Jean abandonnait des larmes sur mon pull, je jouissais d'un bonheur coupable.
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Ce matin-là, comme une porte brusquement se ferme en pleine messe, le fracas des armes cogna le silence. Les détonations répercutées de ruelle en ruelle annonçaient bien plus qu’un chapitre sanglant à consigner dans les livres d’histoire. Elles faisaient tomber sur nous un rideau de ténèbres, transfigurant ce qui devait être une journée radieuse en un torrent colère. Là-bas, au creux de cette faille qui scinde la ville, là où le pont enjambe l’Aveyron, on abattait des hommes…
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- C'est la première fois que je te vois pleurer. Je ne pensais pas que tu avais vécu des trucs aussi durs.Pourquoi mon père ne m'en a jamais parlé ?
Le regard de François s'assombrit. La question pénétra en lui lentement, dans un silence presque parfait. Il perçut alors le vide en sa mémoire, et la charge impérissable du remords souleva sa poitrine.
-Parce qu'il l'ignore. Ce que je t'ai raconté de la révolte et de Jean, je ne l'ai dit à aucun de mes fils.
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François connaissait l'irréversible principe d'impertinence pour avoir vu défiler dans son bureau de jeunes stagiaire dissimulant mal l'indifférence avec laquelle ils considéraient leurs tuteurs, convaincus de mieux maîtiriser les outils, confondant efficacité et rapidité, incapables de questionner leurs propres aptitudes, leurs facultés d'implication et d'adaptation. Toute une génération de petits experts , tranchants, plus insupportables que les pontifes d'antan, privés d'un enseignement essentiel : le respect.
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Les détonations répercutées de ruelle en ruelle annonçait bien plus qu'un chapitre sanglant à consigner dans les livres d'histoire. Elles faisaient tomber sur nous un rideau de ténèbres, transfigurant ce qui devait être une journée radieuse en un torrent colère.
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