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Viviane Mikhalkov (Traducteur)Stéphane Courtois (Préfacier, etc.)
EAN : 9782266165570
347 pages
Pocket (27/08/2007)
3.46/5   23 notes
Résumé :
Nina avait dix-neuf ans quand elle a été arrêtée par la police secrète de Staline. Peu après, elle était envoyée au Goulag en même temps que son père, sa mère et ses deux sœurs. chef d'accusation : complot contre la vie Staline. Pièces à conviction : trois cahiers retrouvés d'écolier griffonnés au jour le jour pendant quatre ans ses peines de cœur, le récit de ses chahuts de collégienne, ses inquiétudes d'adolescence, son amour de la littérature et de la poésie... M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'effondrement de l'Union Soviétique en 1991 a rendu possible l'accès à de nombreuses archives classées secrètes. Ce journal tenue par une simple écolière, Nina Lougovskaia est de ces documents. Exhumé par Irina Ossipova - historienne de l'association russe Memorial (merci à la préface) – il a été confisqué à la jeune fille lors d'une perquisition de l'appartement familial le 4 janvier 1937. Saisi en même temps que d'autres pièces à convictions, il est jugé antistalinien. La famille est alors déportée au Goulag, la Kolyma. le journal se composent de trois cahiers allant de 1932 à 1937. Deux fils rouges les traversent : l'aspect journal intime tenu par une adolescente, en proie aux affres psychologiques marquant habituellement cette période et l'aspect analyse de la société totalitaire dans laquelle elle vit.

Nina est écolière à Moscou ; issue de l'intelligentsia, elle est préoccupée par ses soucis quotidiens et son mal-être. Obnubilée comme elle le dit elle-même par les garçons – cet aspect est prépondérant dans le journal, par son handicap aussi – un strabisme léger mais qu'elle ne supporte pas, elle est d'un naturel pessimiste, prompt à l'auto-dénigrement et broie souvent du noir. Les rapports avec son père sont parfois un peu compliqués. Ancien nepman, militant socialiste-révolutionnaire plusieurs fois arrêté et interdit de séjour à Moscou, il n'est pas en odeur de sainteté auprès des autorités. Il est donc peu présent au moment de l'écriture du journal. Une autre inquiétude de Nina et qui revient assez souvent est liée à une certaine incertitude sur son avenir, dû en partie à la politique stalinienne d'orientation des étudiants.

L'autre aspect intéressant est celui de la lucidité de Nina sur la politique totalitaire de Staline et ses conséquences. Comme beaucoup d'enfants, elle a sûrement été influencée par les opinions et le vécu de ses parents, notamment de son père ainsi que par les conséquences sur sa famille : sa mère se retrouvant seule pour s'occuper de ses trois filles et le père étant obligé de venir les voir en cachette. Son esprit critique vis-à-vis du régime et surtout son naturel à le formuler, que ce soit à l'écrit ou dans ses régulières prises de bec avec ses soeurs démontrent qu'elle résiste à l'endoctrinement en vigueur à l'école. Bien que faisant partie de l'intelligentsia, elle n'est pas aveugle à ce qui se passe dans son pays. Elle n'hésite pas à critiquer le système scolaire dans lequel elle baigne et à cesser d'adhérer au mouvement des Pionniers ce qui envoyait habituellement un message assez négatif. A se gausser des discours officiels, des célébrations traditionnelles auxquelles il était sûrement de bon ton de participer et se montre très ironique sur la tendance du régime à exalter les succès et occulter les défaites qui pourraient ternir son image. Bien que n'ayant pas elle-même l'air de souffrir de la faim, elle s'indigne contre la pauvreté du peuple et la famine ainsi que du sort de l'Ukraine. Bref elle n'est pas dupe de la propagande. Tout ces passages critiques ont été soulignés par le NKVD lors de la confiscation du journal et servi de preuve à charge contre Nina. Ses réflexions sont faites en passant, selon les jours ou ce qu'elle a pu entendre et lire dans les journaux ; elles sont nourries par son quotidien et l'atmosphère générale. Les férus de cette période n'apprendront probablement rien de nouveau et n'auront pas de difficultés à lire entre les lignes mais pour ceux qui ne le sont pas comme moi, heureusement que la préface est là pour apporter quelques clarifications. Elles permettent de remettre en perspective le journal, certaines clés de compréhension n'y étant pas toujours perceptibles. Ce n'est pas une critique : beaucoup de faits étaient évidents pour Nina mais son journal était pour son usage personnel, elle n'avait donc pas besoin de les retranscrire.

C'est un livre que je suis contente d'avoir lu. Malgré le côté voyeur inhérent à la lecture de tout journal intime, il dresse le portrait d'une jeune fille que j'ai trouvé assez attachante, très portée sur l'auto-analyse. Il permet aussi de se faire une idée du quotidien sous ce régime, d'avoir une perspective interne. Ce témoignage vaut ce qu'il vaut, même si bien sûr il s'agit de celui d'une jeune fille de l'intelligentsia et non des couches pauvres au quotidien sûrement bien plus pénible que le sien. La dernière entrée du journal, datée du 3 janvier 1947 est parfaitement anodine. Il est glaçant de s'imaginer ce qui s'est passé le lendemain, la terreur et le désespoir qu'elle a dû ressentir à se voir arrêtée et déportée avec sa famille au Goulag. Un texte qui donne envie d'aller plus loin en lisant pourquoi pas un jour l'ouvrage cité dans la préface : « Récits de la Kolyma » de Varlam Chamalov.
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allons droit au but : je suis déçue par ce livre et ce à plusieurs titres.

* d'un point de vue général j'ignore pourquoi dans les années 90 le KGB a mis fin au secret de ses archives. je suppute que c'est en rapport avec l'éclatement de l'URSS mais c'est une hypothèse que je ne suis pas parvenue à vérifier sur le net

par ailleurs d'où sortent ces extraits de lettres du père à la fin du livre?

qui a fait le choix de ces extraits là?

le prologue,du moins dans l'édition que j'ai empruntée ne constitue pas une présentation historique solide du contexte.

* on nous annonce un texte d'une "étonnante lucidité politique," traiter Staline de tous les noms ne constitue pas une "conscience politique precoce"( attention,en disant ça je ne prends pas fait et cause pour lui,loin s'en faut) et surtout, compte tenu du contexte familial,son père étant en redressement politique, si Nina avait vraiment réfléchi un peu, elle n'aurait pas laissé trainer son journal intime dans un tiroir lambda d'une commode après avoir autant denigré Staline.
Mais Nina n'a que 14-15 ans et c'est une ado, elle découvre la vie, l'amour,son corps,elle est auto centrée, exacerbée, une ado qui se cherche et ça occulte grandement le reste.

le reste, justement est,dans ce journal intime,très peu développé contrairement à ce qu'on tente de nous vendre. très peu de renseignements sur la vie sous Staline,on en apprend beaucoup plus par les notes du traducteur et par la dernière page du livre,extraite d'une lettre du père qui parle de cas de cannibalisme dûs à la famine...

*** j'ai aimé dans ce livre le journal d'une ado à l'ère stalinienne,qui me semble ressembler dans l'ensemble aux émois, tracas,joies et désespoirs des ados de maintenant,la politique y ayant certes une place vu le contexte mais minime.
ses derniers mots relatent la fête de fin d'année 36, elle sera arrêtée avec sa mère quelques jours plus tard et par la suite envoyée à la Kolyma pour se faire redresser.

Pour savoir ce qu'était la Kolyma,cf " le mégot" chanté par Montand et lire entre autre " récits de Kolyma" de Chalamov

* j'avoue que la comparaison entre ce journal et celui d'Anne Frank me met en rogne car ça m'apparaît davantage comme un fallacieux argument mercantile. Pour ce qui est du témoignage historique, hélas celui d'Anne Frank est nettement supérieur.
* je pense que majoritairement nous n'ignorons pas que sous Staline c'était endoctrinement,violences et absence totale de liberté d'expression ,de pensée et d'actions,qu'apprenons nous ici de plus ? moi, rien.


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Née le 25 décembre 1918 à Moscou, Nina Lougovskaïa a tenu un journal intime entre octobre 1932 et janvier 1937. Son père est un socialiste révolutionnaire inquiété par le régime de Staline. A partir de mars 1933 son passeport intérieur lui est retiré et il ne peut plus résider à Moscou ; en novembre 1935 il est arrêté ; le 4 janvier 1937 l'appartement familial est perquisitionné et le journal intime de Nina fait partie des objets confisqués à cette occasion. S'en suit l'arrestation de la mère et des trois filles et leur condamnation à cinq ans de goulag suivie de cinq ans d'assignation à résidence dans la Kolyma. Réhabilitée en 1963 pour "manque de preuves" Nina Lougovskaïa est devenue artiste peintre. Elle est morte en 1993. Son journal intime a été retrouvé après sa mort dans les archives du NKVD ouvertes au public après la chute de l'URSS. Il est un témoignage de la vie quotidienne d'une adolescente à Moscou, au milieu des années 30.

Tout d'abord, les préoccupations de Nina sont celles, intemporelles, de nombre d'adolescentes. Elle se trouve laide, voire repoussante et envie ses soeurs aînées et ses camarades de classe. Elles, sont si mignonnes, et bien dans leur peau, et à l'aise avec les garçons. Car Nina est obnubilée par les garçons. Tour à tour elle tombe amoureuse de plusieurs garçons de sa classe, elle a le béguin pour des étudiants, camarades de ses soeurs. Elle les observe, détaillant leurs attraits physiques et leur caractère. En classe elle fait circuler des petits mots en direction de ses amies pour échanger leurs opinions sur tel ou tel.

L'école est aussi un grand souci de Nina. Elle n'a pas de très bons résultats, est âgée de deux ans de plus que ses camarades et cherche un moyen d'en finir au plus vite avec sa scolarité secondaire. Elle alterne les périodes de découragement où elle cesse d'aller en cours et les périodes d'enthousiasme où elle décide de travailler d'arrache-pied (bien souvent, semble-t-il, cela ne dépasse pas ce stade de la décision).

Cet aspect du journal est intéressant car il montre une permanence des sentiments de l'adolescence. de plus Nina écrit plutôt bien. Cependant, au bout d'un moment, j'ai commencé à trouver que cela devenait répétitif et lassant.

L'aspect le plus intéressant du journal, c'est celui qui attiré l'oeil de la police politique : des passages entiers en ont été soulignés par un inspecteur du NKVD et ont servi de preuves confirmant les opinions contre-révolutionnaires de Nina. Quand elle écrit au sujet de Staline :
"J'ai rêvé à la façon dont je le tuerais, ce dictateur. Les promesses qu'il fait à la Russie, ce salaud, cette ordure, alors qu'il la mutile, ce vil Géorgien ! " On comprend qu'un régime totalitaire ne puisse pas laisser passer de tels propos. Mais est aussi retenu contre elle le fait qu'elle dise que, bien qu'ayant pitié d'eux, elle ne se sent aucun point commun avec le peuple et les masses ouvrières. Où les nombreux moments où elle pense plus ou moins sérieusement au suicide.

C'est au moment où le journal s'arrête, où sa vie va prendre un tour dramatique que j'aimerais le plus pouvoir suivre Nina dans sa déportation.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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