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Critique de verobleue


« le passeur » de Loïs Lowry est un livre qui prenait la poussière sur l'étagère car je trouvais sa couverture peu attrayante. Quel dommage ! Ce livre est tout simplement une pépite !
Il a fait partie des lectures scolaires obligatoires de mon fiston. Il fait, apparemment, partie d'une trilogie comprenant également : "L'Elue" et "Messager". La facilité de lecture est déconcertante par rapport au message délivré. Étiqueté "livre de jeunesse", il s'adresse aux enfants (à partir de 10-12 ans) et aux adolescents mais parle, en fait, à tous. J'aime les dystopies : elles font prendre conscience de la chance que nous avons de vivre dans un monde comme le nôtre. Et elles sont utiles aux adolescents, sincèrement persuadés, qu'ils ne sont jamais assez libres dans ce même monde.
Ce roman d'anticipation présente une société imaginaire, futuriste où les individus sont formatés pour ne plus ressentir d'émotions et pour se comporter de façon préétablie. Dans ce monde, toutes les différences ont été abolies, non par respect ou par tolérance, mais pour les intérêts du système. Tout est réglé pour être parfait, chaque vie est régie par des lois que personne n'aurait l'idée de transgresser : ces règles fondamentales encadrent le quotidien, semblent parfaites car dans cette communauté, l'harmonie règne. Autant dans les cellules familiales constituées avec soin par le comité des sages que dans la société où tout le monde est content de son sort, pratique une activité qui lui convient. Une vie simple où chacun sait ce qu'il a à faire, où chacun a une utilité. Eliminés les douleurs et les conflits mais aussi, tant qu'à faire, les couleurs, les parents, les émotions, le choix....
Tous les habitants sont pris en charge. Des parents sont accouplés par affinités, les bébés nés par mères porteuses puis élevés en crèche jusqu'à l'âge d'un an, sont attribués à une cellule "familiale". Les personnes âgées, les nouveau-nés trop faibles sont "élargis" et rejoignent un monde meilleur, mieux adapté à leurs besoins, "L'Ailleurs".
Le lecteur découvre progressivement cette dictature par le point de vue de Jonas, un jeune garçon de 11 ans, qui vit avec ses parents et sa soeur de 7 ans, Lily. C'est un petit garçon alerte, vif, intelligent et qui possède un esprit un peu rebelle. le livre s'ouvre sur son appréhension de la cérémonie des 12 ans. Car douze cérémonies, une par an, rythment la vie des enfants : La douzième cérémonie est la plus importante car c'est au cours de celle-ci que l'enfant se voit attribuer son futur métier. Il est choisi d'avance par les membres du comité en fonction de la personnalité de l'enfant, de ses qualités, du nombre d'heures de bénévolat effectuées au sein des différents services.
Il y a un métier particulier, attribué à une unique personne dans la communauté, dont le but est de conserver la mémoire, le rappel de ce qui faisait le propre de l'homme avant le grand changement. Il se souvient de tout ce que la communauté a réussi à éliminer de la vie quotidienne. Il voit encore les couleurs, se rappelle l'époque où les animaux et les défauts existaient. Il se souvient de ce qu'était l'amour. Jonas, ce jour-là, devient le Dépositaire de la Mémoire, mémoire des temps anciens qui lui sera révélée par un Passeur...
Jonas reprend progressivement contact avec la réalité et son humanité. Son éveil se fait en parallèle avec celui du lecteur, ce qui donne beaucoup de force au récit. On constate dans ce roman que cette société future, pacifiée, débarrassée de la violence et de la compétition, aboutit à la négation de l'individu. Ce livre propose des solutions qui présentent, a priori, de très bons côtés avec l'aide aux personnes âgées, le développement du sens des responsabilités, le respect d'autrui, le contrôle de soi, les périodes d'essais professionnels permettant de comprendre les capacités, aptitudes et préférences de chaque enfant.
Le sujet est traité de façon intelligente et sensible, le lecteur entre peu à peu dans l'univers de Jonas. L'écriture est très agréable et fluide et j'ai eu du mal à lâcher le livre avant la fin.
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