Ces gens qui regardaient par le judas n’ouvraient jamais. Ils gardaient les yeux plantés sur moi jusqu’à ce que j’abdique. Ces gens qui regardaient par le judas avaient peur de quoi ? Ressentaient-ils le fait que je craignais qu’ils ouvrent ? Ces gens qui regardaient par le judas agissaient en bons Samaritains. Ils m’épargnaient un moment difficile à passer.
Être l’intrus, le mal venu, l’indésirable. Comme le vendeur d’assurances du lundi soir, qui appelle pendant le souper. Être Témoin de Jéhovah, c’est exactement cela. Un colporteur de la fin du monde. Chaque porte qui ouvrait annonçait la fin de mon monde. Je ne pouvais faire semblant. Je ne pouvais m’évader dans ma tête.
Survivre, pour moi, c’est être comme ce lionceau vu dans un documentaire animalier. Il est sérieusement blessé à une patte arrière. Sa famille, trop préoccupée par son estomac et son confort, l’abandonne. Mais lui, il est tenace. Il marche à trois pattes. Enfant, j’ai été interpellé par ce lionceau. Parce qu’il a eu le goût de vivre. Parce qu’il a trouvé la force de vivre. Je me suis reconnu en lui.
Ce jour-là, la dispute s’est arrêtée quand ton père a traité ta mère de pute. Il n’y avait pourtant pas femme plus discrète, sobre et fidèle qu’elle. Ton père avait du vocabulaire, mais il ne savait pas l’employer. Quand il la mitraillait d’insultes, ta mère avait droit aux pires mots du Robert. La guerre se jouait à sens unique, sans répliques maternelles. Le caractère de celle qui t’a mis au monde ne lui permettait pas de se défendre. Chez elle, tout sortait en larmes. En silence donc, elle pleurait.
Le diable est une carte toujours pertinente à jouer pour faire réfléchir une âme perdue ou l’enfant d’une mère en quête du bonheur absolu. Pour appuyer des versets bibliques à saveur apocalyptique, le Livre utilise des images saisissantes de Satan et de ses compagnons diaboliques.
Étant à la source du péché d’Adam et d’Ève, Satan se trouve partout où il y a le mal, peu importe la forme qu’il prend, du serpent au méchant garnement.
Nous vivions tous dans le mensonge, trop apeurés de savoir à qui ressemblait notre reflet dans le miroir. Le mensonge n’est pas un enseignement biblique, même si c’est le fondement des religions.
Documentaire "Au nom de Jéhovah" du 2 sept 2015, de Jean Sébastien Lozeau sur TVA.