Oeuvre littéraire certes, mais qui se rattache forcément au système lullien, à l'Art. Le Félix expose une hiérarchie de la bonté identifiée, comme l'action, à l'être. L'auteur veut démontrer comment la hiérarchie de toutes les choses manifeste son être dans l'action ordonnée la bonté. (...
La leçon que tout lecteur pet tirer du Félix est celle de l'action soumise à son principe dans l'ordre du réel. Le livre qu'on va lire est celui de l'action exemplaire qui se détache de la contemplation, comme le fruit mûr tombe de l'arbre.
À cela il n'y a rien d'étonnant quand on sait que le Félix n'a que l'apparence d'un roman. c'est en fait n pige tendu au lecteur pour prendre les rets de l'enseignement doctrinal ou métaphysique, enseignement qui est la base de l'Art et qui doit se projeter moralement sur la conscience de celui parcourt des yeux l'ouvrage.
Préface
Heur et malheur de l'Émerveillé
Si le voyage s'effectue bien hors de l'espace et du temps, si l'enseignement se fait avant tout au moyen d'exemples, cela n'exclut pas un réalisme appuyé. On peut même parler à ce propos de naturalisme avant la lettre. Il résulte d'une exploration des profondeurs de l'âme et de la société. (...))
Le Félix est en effet un roman de formation (Bildungs-roman. Son protagoniste vagabonde dans l'espace, parcourt des forêts, se réfugie dans des grottes, médite près des vaches, visite des châteaux, prie dans des ermitages, s'entretient avec des courtisanes, des veuves et des mendiants. Il traverse des épreuves et subit des tentations, mais nourrit toujours son esprit. On le suit dans son apprentissage progressif, dans les méandres de la pensée analogique. Sa formation spirituelle terminée, il trouve le repos dans une abbaye.; Après sa mort, un moine reprend sa mission et s'en va parcourir le monde en expliquant ses merveilles. Tel un phénix renaissant de ses cendres, "il y aura toujours un moine dans ce monastère chargé de cet office et qui aura nom Felix".
Préface
Heur et malheur de l'Émerveillé
Cet enseignement se dégage pue à peu de cette sorte d'encyclopédie explicative, miroir du monde matériel et humain et du milieu divin où l'homme de la fin du XIIIe siècle est plongé. Il embrasse tout l'univers médiéval. chaque livre fait l'objet d'un grand thème Dieu, anges, ciel, éléments, plantes, métaux, bêtes, homme, paradis, enfer. Leur succession suit l'ordre de la création Dieu crée les anges, puis les principes élémentaires dont tout le reste dérive, jusqu'à parvenir à l'autre bout de la chaîne, l'homme, dont le destin final est le paradis ou l'enfer. Et puisque l'homme est le sommet de la création, il est normal que ce sujet occupe plus de la moitié du roman.
Préface
Heur et malheur de l'Émerveillé
Felix ou le Livre des Merveilles a été écrit avec une intention didactique et morale. La trame, la caractérisation des personnages, les lieux, etc., ne sont l que pour rendre le message intérieur plus attractif et compréhensible. Il a été écrit à l'usage de lecteurs appartenant au monde chrétien afin de leur proposer ne réforme, intérieure et extérieure. Ce n'est donc pas une oeuvre apologétique. Cette réforme spirituelle implique des réformes sociales.
Préface
Heur et malheur de l'Émerveillé
Le protagoniste du récit, le jeune fils d'un vieil homme, triste et exilé, est envoyé en pérégrination par le monde pour évaluer toute la distance qu'il y a entre la doctrine reçue de son père et la réalité humaine. Félix est une conscience innocente, sensible, souvent douloureuse, qui évolue au milieu de l'iniquité. Son itinéraire est l'axe sur lequel vient se greffer ne série de contes exemplaires, base et illustration de son enseignement.
Préface
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