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EAN : 9782743615376
368 pages
Payot et Rivages (05/04/2006)
3.61/5   212 notes
Résumé :
Jenny a consacré sa vie à son mari, le naturaliste Wilkie Walker. Cette année-là, au début de l'hiver, Wilkie lui paraît distant et déprimé. Au désespoir, Jenny le persuade de faire un séjour à Key West, mais ni le soleil ni le paysage des tropiques ne réussissent à le dérider. Plus son mari se replie sur lui-même, plus Jenny s'implique dans la vie locale et s'intéresse aux séduisants personnages de l'île. Parmi eux Gerry, l'ex-poète beatnik, ou Lee, la propriétaire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai passé toute la journée d'hier à Key West et ça m'a fait un bien fou !
Il faut dire que j'étais confortablement installée sur mon lit, emmitouflée dans un gros pull, avec la pluie qui ruisselait sur les carreaux, alors quoi de mieux dans ces conditions que de passer une journée en Floride, sous le soleil, au milieu d'une végétation luxuriante, en compagnie d'une galerie de personnages attachants.
Alison Lurie sait rendre ses personnages sympathiques et on éprouve alors de la tendresse pour eux, malgré leurs failles et leurs défauts.
Un couple composé d'un illustre naturaliste tout juste retraité et de sa femme dévouée décident d'aller passer l'hiver au soleil, fuyant le froid mais aussi la déprime.
Ils vont donc louer une maison à Key West et alors que Wilkie Walker le naturaliste va s'assombrir au fil des jours, Jenny, son épouse va s'illuminer.
Key West est un endroit touristique et foisonnant, et on y fera la connaissance de toute une brochette de personnages aussi différents que révélateurs d'une époque et d'un certain milieu : il y a des homosexuels séropositifs ou en train de mourir de cette maladie qu'on appelle sida, qu'on ne connaît pas très bien et qui fait terriblement peur, des intellectuels dont la carrière est en déclin, des personnes âgées ayant encore toute leur tête mais dont le corps ne répond plus, des ambitieux pour qui le succès est le moteur de tout et aussi quelques personnes pour lesquelles le bonheur d'autrui passe avant le leur.
Tous semblent avoir perdu quelque chose : leur jeunesse, leur talent, leur amour ou leur envie de vivre, et tous semblent également fuir quelque chose, que ce soit la vieillesse, la maladie, l'oubli et la mort.
Ce roman est extrêmement bouleversant, le rythme y est lent, les personnages sont au fond aussi énervants qu'attendrissants, oeuvrant tous pour retrouver quelque chose d'eux.
J'ai beaucoup aimé relire ce roman quinze ans après ma première lecture, je l'ai d'ailleurs plus apprécié aujourd'hui, maintenant que j'ai moi-même un peu vieilli.
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Avec Un été à Key West, Alison Lurie part d'un argument ultra classique qu'on retrouve aussi bien au cinéma qu'en littérature : une femme totalement dévouée à son mari (obligations à respecter pour le conjoint : toujours beaucoup plus âgé et exerçant une profession dans un domaine suffisamment pointu que, hormis sa femme dévouée et aimante et deux ou trois collègues, personne ne cerne réellement...) mais qui ne s'en plaint pas au contraire, qui voit même défiler les années tout en se félicitant de sa dévotion, de son amour sans bornes et ne voulant surtout rien faire d'autre de sa vie que de servir de secrétaire/relectrice/documentaliste/bonniche pour monsieur. Bref, une femme qui a la tête sur les épaules, mais vraiment hein, genre le cou bien collé au buste à la cyanolit.
Alison Lurie choisit pour ce personnage de muse serviable et empressée une jolie femme qui ne laisse pas grand monde indifférent mais elle, va t'faire fiche, elle n'a bien sûr d'yeux que pour son universitaire homophobe de mari qui fait office d'autorité dans le domaine de la faune et de la flore.
Et puis un beau jour, après de nombreuses années de mariage heureux, une rencontre et hop, tout bascule.
La suite de l'aventure peut prendre différentes directions mais l'assise, elle, est immuable.

Bon là je vais un peu vite en besogne. Pour faire une rencontre, selon les codes établis, il faut nécessairement qu'un élément nouveau se présente dans la vie du couple. Ici Wilkie Walker, la sommité de mari, persuadé d'avoir un cancer en phase terminale se replie sur lui-même, devient atrabilaire et cruel, bref à la limite du supportable. Voyant ça, sa femme dévouée et aimante a l'heureuse idée de vacances à Key West qui devraient dérider un peu son naturaliste de mari.
C'est sur cette île paradisiaque qu'elle rencontre Lee Weiss, gironde propriétaire d'un gîte women only et que les deux femmes sont dans un même élan touchées par l'impitoyable flèche de Cupidon.

J'avais prévenu, c'est du classique, sauf peut-être la relation saphique mais pour le reste, on est pile dans les clous.

De ce postulat, Alison Lurie tire une critique sociale de la bourgeoisie américaine qui malgré une douceur et une bienveillance de façade remue son petit monde, n'épargnant ni les mandarins nombrilistes ni les touristes qui ont souvent tendance à laisser leur cerveau à la maison avec les plantes vertes avant de vivre les grandes aventures qu'ils ont fantasmées pendant onze mois.
Malgré ça, sensation que parfois les personnages secondaires et leurs intrigues n'ont été développés que dans l'intention de donner de l'épaisseur à Jenny, la femme dévouée et aimante. Ce ne serait pas un reproche si cette formule fonctionnait, malheureusement à aucun moment je n'ai pu ressentir de l'intérêt ni éprouver le moindre attachement pour cette femme (dévouée et aimante) qui malgré les efforts de Lurie, demeure lisse, pâlotte et difficilement crédible dans sa dévotion comme dans son coup de foudre.

Du bon et du moins bon donc dans cet été à Key West, impossible sur cette base de se faire un avis sur cette auteure alors même si ce titre ne m'a pas convaincue, je suis bien décidée à retenter ma chance à la prochaine occasion.
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Key West, c'est cette île plein ouest au large de la Floride, où les Américains du nord du continent viennent se réchauffer ou passer les dernières années de leur vie. Jenny propose donc à son mari, Wilkie Walker, écrivain écologiste vieillissant et déprimé depuis quelques mois, d'y passer quelques semaines, dans le but de le dérider.
Toute une faune les attend là-bas: la vieille Molly, illustratrice atteinte d'arthrite, Lee, belle féministe aux épais cheveux noirs, Jacko, jeune homosexuel séropositif et sa douce mère, sa cousine Barbie niaise et maladroite et enfin sa tante arriviste et républicaine.
Mais rien ne soulage Wilkie Walker, de plus en plus distant avec sa femme; c'est qu'il cache un secret: il n'en a sans doute plus pour longtemps et cherche par tous les moyens à mourir dignement. Pour cela, une seule solution, le suicide, et vite.
Ces tentatives de suicide sont le moteur de l'histoire et Alison Lurie nous mène irrémédiablement de la peine éprouvée pour cet homme angoissé au rire sarcastique quand les tentatives échouent les unes après les autres. Je me suis surprise à penser au Coyote de Bip Bip et le Coyote qui multiplie les plans ingénieux sans jamais réussir.
Mais il y a aussi Jenny, épouse totalement dévouée à son mari, incomprise des autres femmes, enviée des autres écrivains mâles, qui, subissant la froideur de Wilkie, se tourne vers d'autres horizons et se découvre elle-même.
Je ne voudrais pas en dire trop sur ce récit où l'on suit tous les personnages et tous les points de vue tour-à-tour. J'ai été heureusement surprise par l'humour subtilement sarcastique qui se dégage petit-à-petit et qui m'a fait sourire pas mal de fois. Alison Lurie rend les personnages attachants en montrant leurs travers et leurs faiblesses et critique sans pitié le milieu des intellectuels.
J'ai dévoré la deuxième partie du livre, et je compte bientôt me jeter sur Liaisons Etrangères qui a obtenu le Prix Pulitzer. Il semblerait que je me suis dégottée une nouvelle romancière à mon goût!
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Je suis la seule Babeliote à me demander pourquoi Céline Schwaller-Balaÿ intitulé la version française de "The last Resort" d'Alison Lurie par "Un été à Key West", alors que le roman se passe... en hiver !

Willie vient de prendre sa retraite de professeur d'université à 70 ans, sa femme de 23 ans plus jeune n'a jamais eu de profession rémunérée, se contentant du rôle d'épouse dévouée, de mère attentive et de collaboratrice efficace et discrète pour son époux, un spécialiste de l'écologie aux idées terriblement conservatrices sur bien des sujets.

Mais Wilkie vit mal la dernière partie de sa vie. Il déprime malgré qu'il soit encore fort sollicité pour des colloques et des conférences et qu'il doit terminer un livre qu'il estime être son chef-d'oeuvre. Persuadé qu'il est atteint d'un cancer, il veut se suicider pour éviter une longue agonie et passer à la postérité dans les meilleures conditions.

Jenny persuade Wilkie de passer l'hiver à Key West, une île au sud de la Floride. Jenny ne tarde pas à se faire des amis dans la population bohème et homosexuelle, tandis que Wilkie cherche le plan parfait pour en finir en essayant que cela passe pour un accident...

Il y avait bien longtemps que je n'avais lu un roman d'Alison Lurie et celui-ci me donne envie d'en lire ou en re-lire d'autres.
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Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu Alison Lurie. Depuis « La vérité sur Lorin Jones », ce qui doit bien faire 25 ans ou plus. J'ai retrouvé intactes ses grandes qualités de romancière dans ce roman, paru en 1998.

Jenny et Wilkie Walker forment un de ces couples où un écrivain célèbre domine un conjoint tout à sa dévotion. Ici c'est Wilkie, un homme vieillissant, qui tient sa femme plus jeune Jenny sous sa coupe. Ils se sont aimés et pendant longtemps chacun a trouvé sa place dans ce mariage. Mais rien ne va plus pour Wilkie : sans en parler il est devenu gravement dépressif, suicidaire même. Jenny n'en peut plus de sa froideur et se sent coupable d'elle ne sait trop quoi. Elle le persuade d'aller passer l'hiver au large de la Floride, à Key West.

Beaucoup de personnages sont inclus dans la trame de ce roman intelligent, fin et caustique. Comme Alison Lurie laisse du temps au temps, aucun ne paraît caricatural. C'est bien connu, « tout le monde a ses raisons » et elle l'illustre particulièrement bien !

Le fond est souvent plus grave et subtil qu'il ne paraît. Ce roman qu'on ne quitte qu'à regrets offre, entre autres, matière à réflexions sur le vieillissement, la maladie, le saccage de la nature et les faux-semblants dont nous nous embarrassons trop souvent…
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Vous voyez, le problème, c'est que la plupart des gens ne peuvent pas admettre qu'ils ne veulent rien faire en vacances. C'est par ce que, selon le code moral auquel adhèrent la plupart des Américains, ne rien faire est un péché: le péché de la paresse. Mais dans une villégiature, les règles sont différentes. Aussi longtemps qu'il fait chaud et qu'il y a du soleil, surtout à proximité de l'eau, vous pouvez enlever la plupart de vos vêtements et rester couché des heures d'affilée, ça ne compte pas. (...) Alors naturellement, quand il y a des nuages, tout le monde se plaint.
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Jenny avait toujours trouvé qu'en général les femmes étaient plus belles que les hommes. La plupart des hommes, même les beaux comme Wilkie, avaient des poils peu soignés aux mauvais endroits – parfois même partout sur le dos –, une peau rêche, des mains calleuses, des pieds pâles et noueux, et des parties rouges pendantes inesthétiques qui auraient dû être conçues pour être plus discrètes. Les femmes étaient plus gracieuses, plus élégantes, faites plus délicatement.
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Souffrir d'une maladie chronique, songea Molly, c'était comme être envahi. Sa grand-mère, qui habitait le Michigan, parlait du jour où l'une de leurs vaches s'était sauvée et avait pénétré dans le salon, et du mal de chien qu'ils avaient eu à l'en faire sortir. C'était exactement ce à quoi ressemblait l'arthrite de Molly : c'était comme si une vieille grosse vache était entrée chez elle et refusait de partir. Elle restait là, prenait de la place dans sa vie et compliquait tout., meuglait très fort de temps en temps et laissait des bouses derrière elle ; tout ce que Molly pouvait faire, c'était la contourner lentement et s'en accommoder.
Quand les gens commençaient à remarquer la présence de la vache, ils exprimaient leur sympathie et leur inquiétude. Ils suggéraient des stratégies pour chasser l'animal du salon de Molly : des remèdes, des médecins et des procédés, certains traditionnels, d'autres New Age. Ils racontaient des anecdotes d'amis qui avaient réussi à chasser leur propre vache d'une façon ou d'une autre. Mais au bout d'un certain temps, leurs suggestions se trouvaient épuisées. Après quoi, ils feignaient généralement d'ignorer la présence de la vache et ils préféraient que Molly fît de même.
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Molly avait toujours trouvé ennuyeux de parler de sa vie. Après plus de quatre-vingt ans, elle ne comprenait toujours pas pourquoi les gens aimaient tant parler d'eux - insistaient même pour le faire - et tenaient tant à répéter des faits qu'ils savaient déjà. Parfois, elle se demandait s'ils ne doutaient pas de leur existence et ne cherchaient pas sans cesse à se la prouver.
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Il y avait toujours un conflit d'intérêts potentiel dans les oeuvres de bienfaisance, puisque leurs directeurs et employés dépendaient d'un approvisionnement continu en individus malheureux qu'ils étaient censés aider. Les organismes sociaux avaient besoin de clients; les dealers avaient besoin de drogués, et il en allait de même avec les entreprises spécialisées dans le sauvetage des animaux. Si les dauphins étaient interdits dans les aquariums commerciaux et si tous les filets de pêche devenaient biodégradables, la réserve qu'ils avaient visitée le matin même devrait fermer ses portes. En attendant, quand ils n'avaient pas suffisamment de créatures blessées, ces organismes avaient tendance à garder ceux qu'ils soignaient le plus longtemps possible, à s'y attacher et à les traiter comme des animaux domestiques.
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