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Irène Petit (Éditeur scientifique)
EAN : 9782707134400
178 pages
La Découverte (01/03/2001)
4/5   21 notes
Résumé :
Cet essai est un classique du marxisme. Rosa Luxemburg (1871-1919), théoricienne et révolutionnaire allemande, prend vivement parti contre ce qu’on appelait alors le « révisionnisme », comme elle marquera plus tard son désaccord avec Lénine sur la question de l’organisation du parti. Eduard Bernstein incarne à ses yeux le courant opportuniste, qui cherche à donner une assise théorique au réformisme, qui défend l’idée que l’on peut améliorer la société par des modifi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Si ce livre, comme à moi, par hasard, tombe entre vos mains, la question posée par le titre – « Réforme sociale ou révolution ? » – vous semblera sans doute peu d'actualité. Si cependant, le néolibéralisme – c'est-à-dire la déréglementation des flux financiers, la privatisation des services publics, le creusement abjecte des inégalités sociales et le recul sans précédent des libertés ; si l'ordre politique et économique qui en découle, accepté indistinctement par les gouvernements de gauche et de droite et consacré par la maxime de Margaret Thatcher : « Il n'y a pas de solution de rechange », ne sont pas votre tasse de thé, vous aurez, peut-être, la curiosité de parcourir l'ouvrage de Rosa Luxemburg.


Les querelles politiques sont datées, les argumentations sont désuètes, cependant des questions non résolues demeurent : Faut-il se résoudre, par réalisme, au triomphe de la sociale démocratie ? Ou bien faut-il encore espérer en quelques « grands soirs » qui, de fond en comble, chambouleront le vieux monde (sic) ? Voilà en préface de « Réforme sociale ou révolution», n'en doutons pas, de manichéens raccourcis et des questions qui ne laissent pas la moindre place ni aux doutes, ni aux hésitations, ni même au simple raisonnement. On se demande si François L'Yvonnet, le stakhanoviste de la « préface-Wikipédia » tout azimut, a lu l'ouvrage dont il parle – le pire étant naturellement que l'on ne peut pas l'exclure – ou s'il ne fait que retourner à ce lieu commun de la réponse des demi-habiles à ceux qui tentent de faire de la politique pour de bon, c'est-à-dire à ceux qui essayent de modifier l'ordre des choses en ses structures capitalistes : la dénégation pure et simple, la dissuasion ferme de changer quoi que ce soit parce que le libéralisme est l'horizon indépassable. Si l'on suit donc François L'Yvonnet, c'est le très médiocre Eduard Bernstein qu'il eut fallu publier et non pas Rosa Luxemburg mais avec, alors que les arguments réformistes sont contredits par la plus élémentaire réalité, des risques réels de freiner un peu la carriole de la moralisation du capitalisme et, dans cette période incertaine, des possibilités aussi de ne pas se refaire à bon compte une virginité.


Rosa Luxemburg évidemment n'est pas contre la réforme sociale. Elle permet, à l'intérieur même du système existant, hors crise, d'améliorer (de maintenir) la situation des travailleurs et de faire progresser (de maintenir) la démocratie. Cependant, la réforme n'est qu'un facilitateur de la conquête du pouvoir politique véritable, pas une sorte de révolution diluée dans le temps. Il ne s'agit pas pour Luxemburg de replâtrer un régime inique pour tenter de le faire perdurer mais d'en changer radicalement. Il ne s'agit pas non plus pour les travailleurs de déléguer le pouvoir à tous ceux qui y sont destinés par leur naissance, leurs avoirs ou qui y sont appelés par leur compétence mais de se saisir des rênes. La lutte syndicale et parlementaire est donc conçue par la révolutionnaire allemande comme le moyen d'organiser et d'éduquer le peuple dans la perspective d'un authentique changement de pouvoir à son profit. Comme le montre que trop bien l'expérience de tant d'années de capitalisme finissant, une chaine infiniment longue, continue de réformettes, qui renvoie chacun à la très étriquée sphère privée, ne permet aucunement la répartition équitable des richesses, l'enrichissement de la vie, le partage du pouvoir, c'est même tout le contraire. Les résultats des politiques de maquignonnage incessantes sont toujours illusoires, temporaires et la déconfiture, par contre, toujours certaine. Les raisons des échecs répétés de ces politiques sont, pour la célèbre théoricienne marxiste, de nature systémique. Les contradictions du capitalisme ne peuvent être atténuées, elles doivent être portées à maturité et supprimées. Bourgeois et salariés, les classes sont irréconciliables. La bourgeoisie insatiable, qui possède les moyens de production, accapare la plus-value et défend bec et ongles ses seuls intérêts, n'est ni progressiste, ni morale, ni championne des libertés et surtout pas représentante de l'intérêt universellement humain. Les classes ne peuvent être fondues, sinon de manière incantatoire, en une seule énorme classe moyenne. Les crises économiques, seuls mécanismes d'adaptation du système, lui sont indispensables. Elles permettent la correction périodique des déséquilibres existants entre la capacité considérable de la production et l'étroitesse du marché ; entre la baisse des taux de profit et la nécessité d'investissements toujours renouvelés. le système doit être toujours considéré globalement et telle ou telle sous-partie en régime capitaliste ne peut malheureusement pas être isolée. Les tentatives tout à fait marginales et soporifiques de constituer des isolats dans un environnement capitaliste d'échanges et de concurrence exacerbée ; de modifier localement les modes de production et la répartition de la plus-value qui en dépend, dans un contexte de baisse tendancielle des taux de profit et de paupérisation, sont toujours, constate Rosa Luxemburg, vouées à l'échec organisationnel en interne et commercial en externe. Il n'y a aussi, par malheur, pas de force intrinsèque des idées de justice et les réformistes ignorants et sans « science » l'apprennent à leurs dépens. Ils se heurtent, sans que rien n'y fasse, toujours et éternellement, à la dure matérialité des faits. le développement ininterrompu de la démocratie est un doux mirage pour midinettes. L'interventionnisme, le militarisme, le recul des libertés, etc. sont dans l'histoire moderne monnaie courante. le renforcement de la démocratie dépend en effet du renforcement du mouvement populaire et pas l'inverse naturellement. le but poursuivi par Rosa Luxemburg avec son parti est l'effondrement du capitalisme, l'expropriation de la classe bourgeoise, la suppression du régime économique du salariat et donc le passage révolutionnaire à une autre société. La prise du pouvoir implique pour elle une situation économique et politique parvenue à un certain degré de maturité, une masse consciente et des luttes longues avec des avancées et des reculs. A aucun moment, il n'est question, n'en déplaise à François L'Yvonnet, de grand soir. Mais allez parler de matérialisme historique, de théorie de la valeur au préfacier de « L'Herne », autant apprendre la règle de trois à une théière.


En pleine crise de la finance libéralisée « le capital » de Karl Marx a fait un tabac. Les tenants de la titrisation et de la hiérarchisation des crédits, tentant de comprendre un peu quelque chose, ont participé très furtivement à ce succès. La prochaine crise s'annonce déjà, vous pouvez donc prendre un temps d'avance en lisant, en guise d'introduction et en attendant de vous mettre sous la dent quelque chose de plus roboratif, Rosa Luxemburg. « Réforme sociale ou révolution ? » a l'incontestable mérite de rappeler, en cette période de turbulence politique, quelques-uns des invariants du capitalisme et les voies qui en découlent de possibles modifications de l'ordre des choses en ses structures, celles de la finance, du commerce international ou de l'Europe … La politique, tous partis confondus, abandonnée aux illettrés des sciences humaines, consiste aujourd'hui à dissuader de faire quelque chose d'efficient, les élections étant un moment intensif de la dépolitisation qui ne laisse le choix que de l'extrême-droite ou du candidat qui fera nécessairement advenir l'extrême-droite.
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Réforme sociale ou révolution est un texte majeur écrit par Rosa Luxemburg. Ce texte est assez difficile a comprendre et à aborder, et j'avoue n'avoir pas réussi à tout comprendre. Cependant le message que veut faire passer Rosa Luxemburg est assez clair. le réformisme est voué à l'échec. Dans ce textes Rosa Luxemburg que les parti socialistes réformisme ou révisionnistes représenté à l'époque par Bernstein en Allemagne. le réformisme consiste à vouloir instauré le socialisme à travers des reformes, en gagnant des places dans les institutions gouvernemental. le révisionnisme consiste à un peu près la même choses, si ce n'est qu'il remet en cause certaines théories marxistes, disant que à force de crises régulières, le capitalisme est voué à s'effondrer, ces derniers considérant que le capitalisme n'est pas si mauvais, et qu'il peut permettre de réduire les inégalités.
Texte très intéressant.
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Au tournant du siècle dernier, en Allemagne, alors que la Révolution russe s'apprête à éclater, deux courants politiques s'affrontent au sein du mouvement socialiste. le premier dit "réformiste" est incarné par Eduard Bernstein. Il prône une adhésion au pouvoir établi et pense que l'on pourra améliorer la société en restant dans le cadre institutionnel du capitalisme. La société se transformera progressivement, sans à coup et sans grands dommages pour le peuple.
Le deuxième dit "orthodoxe" est représenté par Rosa Luxembourg. Elle soutient, au contraire, la Révolution. Pour elle, il n'y a pas d'autres voies d'accès au communisme : tout remettre en cause, tout "casser" pour tout reconstruire.
Rosa Luxembourg est tout à fait en phase avec Marx qui avait prédit l'effondrement du capitalisme par la révolution prolétarienne (ce capitalisme, avec ses contradictions et la paupérisation croissante du prolétariat). Ce prolétariat ne pouvait que se soulever contre un régime faisant la part belle aux classes aristocratique, dirigeante ; riches et oppressives.
Aujourd'hui, le débat est devenu désuet : le communisme a lui aussi montré ses limites et le capitalisme est redevenu roi.
Après la chute du régime castriste et la mort de Fidel Castro, il ne reste plus que la Corée du Nord, avec Kim Jong-un, pour rappeler que le communisme a vécu son heure de gloire une bonne partie du 20ème siècle. La chute du mur de Berlin a sonné le début de la fin.
Si vous êtes curieux de savoir ce qui se passe en Corée du Nord, un pays hermétiquement fermé à tout et tous. Je vous conseille de lire "Nouilles froides à Pyongyang" de Jean-Luc Coatalem. Pour rentrer dans le pays, l'auteur a trouvé un stratagème. Il s'est fait passer, pendant toute sa visite, pour un vrai-faux représentant d'une agence de voyage. Sur un ton décalé, Jean-Luc Coatalem nous livre un témoignage sur une dictature hors du temps et complètement opaque.

Petite biographie sur l'auteur de cet essai "Réforme sociale ou révolution ?" :
Rosa Luxembourg (1870 - 1919) est née en Pologne dans une famille de commerçants juifs aisés.Très tôt, elle s'engage dans la lutte politique. Elle prend la nationalité allemande en 1898. Son activité militante incessante, sur tous les fronts d'Europe (elle s'opposera à la Première Guerre mondiale), lui vaut plusieurs séjours en prison. le 5 janvier 1919, avec ses amis du mouvement spartakiste, elle tente de soulever Berlin. Rosa Luxembourg et un autre de ses camarades seront arrêtés et assassinés.
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Réforme sociale ou révolution ? est la première grande oeuvre de Rosa Luxemburg dans laquelle elle soutient les principes de la lutte révolutionnaire du prolétariat et défend les conclusions de Marx sur l'aggravation des contradictions du capitalisme qui provoqueront sa chute, et amèneront l'inévitable révolution socialiste.

Rosa Luxemburg démonte par ailleurs les affirmations de Berstein, qui appartient au courant opportuniste du marxisme,et qui cherche à défendre le réformisme. Elle combat l'idée selon laquelle le capitalisme pourrait devenir, pacifiquement et par un processus interne, un socialisme nouveau.

Même si ce texte est daté, il nous amène à réfléchir sur le système actuel de la social-démocratie, et ses capacités - réelles ou illusoires - à changer le système capitaliste.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Nous en revenons donc au principe de justice, à ce vieux cheval de bataille que, depuis des millénaires, chevauchent tous les réformateurs du monde entier, faute de plus sûrs moyens historiques de progrès, à cette Rossinante fourbue sur laquelle tous les Don Quichotte de l’histoire ont galopé vers la grande réforme du monde, pour revenir déconfits avec un œil au beurre noir ».
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La théorie de Bernstein croit au caractère socialiste de la lutte syndicale et parlementaire, à laquelle elle attribue une action socialisante progressive sur l'économie capitaliste. Mais cette action socialisante n'existe, nous l'avons montré, que dans l'imagination de Bernstein.
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"Rassembler la grande masse populaire autour d'objectifs situés au-delà de l'ordre établi ; allier la lutte quotidienne avec le projet grandiose d'une réforme du monde, tel est le problème posé au mouvement socialiste ; ce qui doit guider son évolution et sa progression, c'est le souci d'éviter deux écueils : il ne doit sacrifier ni son caractère de mouvement de masse, ni le but final ; il doit éviter à la fois de retomber à l'état de secte et de se transformer en un mouvement réformiste bourgeois ; il lui faut se garder à la fois de l'anarchisme et de l'opportunisme. L'arsenal théorique du marxisme nous offre sans doute depuis plus d'un demi-siècle des armes capables de parer à l'un ou l'autre de ces dangers opposés."
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