AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jean-Yves Masson (Éditeur scientifique)Antoine Fongaro (Traducteur)
EAN : 9782070313655
336 pages
Gallimard (13/05/2005)
4.12/5   13 notes
Résumé :
Ce volume reprend les six premiers recueils de poèmes publiés par Mario Luzi, de «La Barque» (1935) à «Honneur du vrai» (1957), dans la version définitive que l'auteur en a donnée en 1960. C'est par la volonté de l'auteur que ces six livres forment un tout, qui correspond à la première période de son œuvre : celle qui a fait de lui le chef de file de la génération de poètes nés autour de 1914 et qui ont assuré la relève de la génération d'Ungaretti et de Montale. >Voir plus
Que lire après Prémices du désert : Poésie 1932-1957Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Mario Luzi a été influencé par Montale et Ungaretti. Il est un grand admirateur de Mallarmé -encore un!

De là à le "classer" dans le mouvement de l'hermétisme, il n'y aurait qu'un pas ..mais si sa poésie, comme un papillon capricieux, ne se laisse pas capturer aisément, on peut l'apprivoiser et on sent tout de suite que cet immense poète a des choses à nous dire.

Alors on tend l'oreille, on s'accroche un peu - il y a de quoi être bouleversé:

"Je t'invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil;
toi qui souffres , toi seule peux me secourir
dans ce passage aveugle du temps
vers les temps, dans cet âpre voyage
de celui que je suis vers celui que je serai,
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans le sommeil.
Toi, adorée, qui souffres comme moi,
toi dont cela me donne le vertige de penser
que le temps, ce froid
parmi les astres et sur les tempes, et autre chose encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence dans mon ciel et la perte. "

Comment mieux dire la fragile parenthèse de la vie et de l'amour dans la vaste indifférence du temps, ce "froid parmi les astres et sur les tempes"?
Qui n'a pas éprouvé, quand il aime, le déchirement d'avoir en son ciel à la fois la présence et la perte de l'être aimé?

La poésie de Luzi est à la fois philosophique et charnelle, elle parle à l'esprit, elle rend plus intelligent et en même temps, elle bouleverse le coeur jusqu'aux larmes, comme quand il évoque le paysage de la vie, paisible et solaire , obstinément vivant malgré la mort qui guette:

"Là où l'ombre progresse et où cessent les routes
parmi les fleurs, me rappeler les mots
et les cris de l'homme est peut-être un leurre.
Mais toujours sous le ciel coutumier
je retrouve mes traces, mon soleil
et les arbres loin du temps
figés derrière les virages. Et toujours,
encore que me soit connu le doux secret,
sur la poussière paisible, au milieu des parterres,
je m'attarde, attendant que saille
du soleil un visage inexprimable."

Pas pressé de connaître "le doux secret", s' attarder obstinément " sous le ciel coutumier", "sur la poussière paisible"..

Quelle plus belle image avoir de notre musardise indolente et provisoire sur terre?

Pas fini d'en faire mon miel, de Mario Luzi...

Commenter  J’apprécie          190
Dans la lignée de la poésie hermétique dont il assurera la continuité, Mario Luzi nous offre des tableaux, comme des images en arrêt sur l'Italie. Je préfère les poèmes d'avant et pendant la guerre qui me semblent plus poignants. On sent tout le tragique et la précarité de l'existence et du monde qui nous entoure.
La nature et les choses semblent comme en suspens, en attente de quelque évènement.
Prendre son temps et ne pas hésiter à relire pour en savourer toute la subtilité.
Une poésie de l'instant.
La poésie comme je l'aime.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Je t’invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil ;
toi qui souffre, toi seul peut me secourir
dans ce passage aveugle du temps
au temps, dans cet âpre voyage
de ce que je suis à ce que je serai
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans un sommeil.
Toi, adorée, qui souffre comme moi,
qui me donne vertige à penser
que le temps, ce froid
entre les astres et sur les tempes et plus encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence de mon ciel et la perte.
Commenter  J’apprécie          230
Prémices du désert III


Chant

Où vas-tu, toi qui dans le vent aride cours
par une de ces rues sans saisons
derrière des murs lumineux de laquelle
un pas qui vient à retentir excite les chiens
et éveille l’écho ? Vus de la maison
d’où je te regarde, où le corps est vivant,
mouvement et quiétude se défont.

Je t’invoque pour la nuit
qui vient et pour le sommeil ;
toi qui souffres, toi seule peut me secourir
dans ce passage aveugle du temps
vers le temps, dans cet âpre voyage
de celui que je suis à celui que je serai,
vivant une vie dans la vie,
dormant un sommeil dans le sommeil.
Toi, adorée, qui souffres comme moi,
toi dont cela me donne le vertige de penser
que le temps, ce froid
parmi les astres et sur les tempes et autre chose encore, contient
la naissance, la maladie, la mort,
la présence de mon ciel et la perte.

p.225
Commenter  J’apprécie          110
Vague

C’est ici le combat de la mer avec elle-même,
elle se tord dans les criques livides,
s’arrache à sa continuité,
se soulève, frémit toute et retombe.
La mer, sais-tu, m’unit à son tourment,
la mer vient, prend la fuite, vient,
conjugue temps et espace dans cette voix
qui souffre et prie, brisée sur les écueils.
Commenter  J’apprécie          270
Je me trouve ici à l’âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
cette incertitude suspendue ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu ou ce qui me fût imposé,
tu entres dans mes pensées et tu en sors sauvé.
Tout ce qui doit encore être est toujours,
le fleuve s’écoule, la campagne se transforme,
il grêle, il pleut, des chiens aboient,
et la lune émerge, rien ne bouge,
rien de ce long sommeil aventureux.
Commenter  J’apprécie          190
Ville lombarde

Claire ville qui sombres dans un miroir,
cet au-delà de l'âme qui meurt,
dans chaque geste le glacial appareil
de tes murs l'enflamme, et tes canaux.

Et que reste-t-il d'autre, que la douleur
n'ait pas rendu parfait?Dans le reflet
des opales pesantes hésite la vieille
horreur de ma vie, à contrecœur

derrière d'éternels cristaux des yeux de mica
rayonnent une funèbre intégrité,
montant des sables livides et de l'ortie

la nuit exulte, érodée par la brise
vacillante une lune se dégage
des saules, et ton gel ne se brise pas.
Commenter  J’apprécie          132

Video de Mario Luzi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mario Luzi
Vidéo de Mario Luzi
Dans la catégorie : PoésieVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature italienne, roumaine et rhéto-romane>Poésie (54)
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (34) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}