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EAN : 9782330068981
585 pages
Actes Sud (05/10/2016)
4.03/5   44 notes
Résumé :
Une broche en argent, une paire de lunettes tordue, une vieille règle en bois et des bottines à l’élégance désuète – quatre objets d’un autre temps viennent faire irruption dans la vie désenchantée de Hanna. Ce sont les derniers témoins de la passion clandestine de deux amantes, Signe et Anna, un siècle plus tôt, à la veille du combat pour le droit de vote des femmes en Suède. Intriguée, Hanna remonte obstinément la piste de ces objets qui sont pour elle devenus tal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Comme pour la dentelle où les fuseaux s'entremêlent pour donner naissance à une pièce fine et délicate, le roman de Sara Lövestam exige un peu de temps de mise en place : exactement huit courts chapitres pour aligner les huit fuseaux essentiels au tissage de l'histoire.

Il faut donc accepter de prendre son temps, accepter de suivre patiemment quatre objets anciens, leur laisser le temps de se rejoindre et d'entrer en contact avec Hanna pour changer sa vie à jamais, lui donner envie de se redresser et de s'affirmer.

Hymne à la féminité, hommage à la mémoire des objets, à la transmission, En route vers toi est un livre délicat et poétique. L'auteure, sur fond de lutte pour le droit de vote des femmes en Suède au début du XXe siècle, nous livre une histoire tout en sensibilité et intelligence sur l'amour d'une femme pour une autre femme à une époque où c'était tout bonnement inconcevable.

De la fine dentelle suédoise. J'ai beaucoup aimé.
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Sara Lövestam a pris pour point de départ un fait de société notoire, le droit de vote octroyé aux femmes en Suède en 1921 (en France, nous devrons attendre 1944); y a adjoint le tabou absolu qui entoure l'homosexualité féminine au XIXe siècle; a dressé le portrait d'une femme du XXIe siècle tiraillée entre ce que la société attend d'elle et sa propre personnalité; et y a parsemé quelques miettes d'ésotérisme dans la capacité qu'a chacun de considérer les coïncidences qui apparaissent dans sa réalité, pour rédiger un roman passionnant.
En effet, il est difficile de lâcher ce récit de presque 600 pages tant l'intrigue captive. Celle-ci est scindée en deux univers. Tout d'abord celui de Signe, jeune institutrice du début du XIXe siècle, engagée dans la lutte pour l'obtention du droit de vote des femmes (et dans une moindre mesure, pour l'égalité des salaires entre les deux sexes) tout en rédigeant des poèmes d'une extrême sensibilité à l'intention de ses amours tenues secrètes. L'autre partie concerne Hanna, conseillère désabusée à l'Agence pour l'emploi, mal dans sa peau et en plein questionnement existentiel. Cette dernière va s'engager dans une quête qui se révèlera plus longue et plus formatrice que prévu, suite à l'apparition conjointe de quatre objets qui lui seront confiés en l'espace d'une seule journée et de manière incongrue: une paire de lunettes en métal, des bottines, une broche en argent et une règle de bois.
Autour d'elle vont se greffer des personnages parfois loufoques mais toujours attachants, désireux eux aussi remonter le fil du temps tout en regardant évoluer L Histoire depuis le fin fond de la campagne suédoises.
Les chapitres courts se terminent toujours sur une note de suspense, notamment parce que les rebondissements sont nombreux et imprévisibles!
Un véritable plaisir de lecture!
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Le combat pour le droit de vote des femmes en Suède est la toile de fond du roman En route vers toi. Nous y suivons deux héroïnes : Hanna, une jeune femme qui vit à notre époque, et Signe, une institutrice vivant en 1906. C'est par l'intermédiaire de quatre objets que nous faisons la connaissance de ces deux personnages : une broche, une paire de lunettes, une règle en bois et des bottines. Ces quatre objets ont appartenu à Signe, et bien des années plus tard, le hasard les réunit et les place entre les mains de Hanna.
De la lutte pour le droit de vote à l'affirmation de soi

Nous suivons Signe de 1906 à 1921. C'est sa rencontre avec Anna, une suffragette, qui la pousse à rejoindre les femmes qui luttent pour obtenir le droit de vote. Au cours de ces années, l'institutrice évolue et s'affirme. Elle apprend à défendre ses idées, ce qui ne plait pas aux habitants de Tierp, petit village éloigné de la modernité de Stockholm. Parce qu'elle est une femme, Signe a un salaire inférieur à celui des instituteurs. C'est d'abord pour arrêter cette injustice que Signe s'engage, avant de s'intéresser au droit de vote. Mais ses convictions dérangent. L'arrivée d'Anna, une jeune femme venant d'une famille aisée de Stockholm, chamboule la vie de Signe.

Avec Anna, Signe ne va pas seulement apprendre à argumenter et défendre ses idées, mais aussi à accepter son homosexualité. Paradoxalement, les habitants de Tierp ne semblent pas se douter de la relation que vivent les deux jeunes femmes. Étant institutrice, Signe ne peut pas se marier et continuer d'exercer son métier (car l'institutrice doit être entièrement dévouée à l'instruction des enfants). Alors la voir passer son temps avec une femme est préférable que de la voir fréquenter un homme.

Aux côtés de Signe, on suit les femmes qui luttent pour le droit de vote et on s'indigne face aux remarques sexistes auxquelles elles doivent faire face. le chemin est long et difficile et on ne peut que les admirer pour leur ténacité. Les personnages féminins décrits par l'auteur sont hauts en couleurs et très attachants.
Enquêter sur une autre pour retrouver confiance en soi

A notre époque, Hanna bénéficie des droits acquis grâce au combat des femmes. Mais elle ne s'en rend pas compte car, ayant toujours vécu avec ces droits, elle ne réalise pas qu'elle en bénéficie grâce à un long combat. Hanna travaille dans un centre de recherche d'emploi, ne s'y plaît pas, et surtout : elle ne se plait pas à elle-même. Elle ne se respecte pas, et donc ne s'oppose pas au fait que les autres ne la respectent pas non plus. Sa mère est détestable. Quant à Johan, le compagnon d'Hanna, il ne cesse de se moquer d'elle. Leur couple ne fonctionne plus : ils ne se parlent plus, ne se regardent plus.

Quand Hanna se retrouve, par hasard, en possession des objets ayant appartenu à Signe, elle s'y intéresse pour mieux oublier sa propre vie. Lorsqu'elle porte les lunettes de Signe, Hanna retrouve confiance en elle et s'affirme. Elle embarque dans ses recherches un commissaire-priseur en fin de carrière et tous deux parcourent le pays pour retracer le parcours de Signe. Leur enquête a fait ressurgir en moi des souvenirs liés au travail de recherche que j'ai fait pour mon mémoire. Je me suis retrouvée en Hanna en lisant ses questionnements, sa joie de trouver des indices, son émotion lorsqu'elle découvre des lettres de Signe…

Hanna est un personnage lui aussi très attachant et dans lequel les jeunes femmes pourront facilement voir leur reflet : elle manque cruellement de confiance en elle, se trouve trop ceci, trop cela, pas assez comme-ça… le roman montre que quelle que soit l'époque, début XXe siècle ou XXIe siècle en l'occurrence, les femmes souffrent du poids des attentes de la société.

En cherchant à en savoir plus sur Signe, Hanna fait parallèlement le chemin vers la confiance en soi. C'est aussi un combat qu'elle mène, qui n'a peut-être pas la même ampleur que la lutte pour l'obtention de droits, mais qui est tout de même difficile et qui demande de se battre à chaque instant.

Ce sont donc de beaux portraits de femmes que nous propose Sara Lövestam. On s'attache facilement à Signe et Hanna mais aussi aux personnages secondaires. J'ai aimé les suivre dans leurs cheminements et j'ai ressenti cette tristesse particulière qu'ont les lecteurs quand ils quittent les personnages et regrettent d'avoir lu leurs aventures trop vite et de voir arriver, déjà, le dernier mot.
Lien : https://vagueculturelle.word..
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Lorsqu'on se plonge dans En route vers toi, on ne peut que noter des similitudes frappantes avec Sarah Waters (jusque dans le prénom des deux autrices) : roman historique dont l'héroïne​​​​​​, une jeune institutrice découvre les amours lesbiens dans la Suède des années 1900 sur fond de lutte pour le droit e vote des femmes. Histoire et amours lesbiens, les marques de fabrique de Sarah Waters donc. Au premier regard, la différence n'est pas plus épaisse qu'un cheveu sur un oreiller de satin et pourtant les similitudes s'arrêtent là pour laisser place à des styles et des récits bien différents :

Dans l'écriture d'abord, Sarah Waters c'est cette lente mais délicieuse entrée dans l'intrigue, cette écriture qui flâne dans les détails pour vous emmener vers un dénouement inéluctable, souvent prévisible, mais qui pourtant, vous a tenu en haleine jusqu'au bout. Un brin plus érotique et un poil moins littéraire, Sara Lövestam est plus direct, plus incisive aussi. Elle vous surprendra et plusieurs fois. Nul besoin d'être sortie de la cuisse de Sherlock Holmes pour imaginer les risques que prennent deux femmes à s'aimer en 1900 et pourtant le danger ne viendra pas de là où on l'imagine et c'est plutôt rafraîchissant.

Dans le thème ensuite, Sarah Waters dépeint avec un souci de sociologue la société victorienne du début du siècle précédent. Ici, finalement, le droit de vote n'est à mon sens qu'un prétexte et ce sera mon seul regret d'ailleurs, que l'autrice n'ait pas un peu plus poussé la description des discours, des arguments, des difficultés qu'ont rencontré ces femmes qui se sont levées pour réclamer le droit d'être citoyenne.

Cependant on lui pardonnera cette légèreté car le sujet il me semble, est ailleurs. En route vers toi parle de droit de vote et d'amour certes mais il parle aussi d'estime de soi et de la responsabilité que nous portons ou non dans ce que nous faisons de notre vie ou ce qu'elle a fait de nous. Sujet proche du Rubik's Cube intellectuel que le livre ne tranche pas mais qui est amené avec adresse au travers notamment du personnage d'Hanna, conseillère de l'agence pour l'emploi fortement antipathique si vous voulez mon avis, mais auquel on finit par s'attacher, un peu malgré soi , au grès de son évolution.
Il est aisé de faire naître sous sa plume le parfait salaud ou la fille de mère Thérèsa. Il est autrement plus complexe de créer une Hanna. Hanna n'est pas née en 1900 elle a peu ou prou la même date de naissance que vous et moi, et va se retrouver en possession de 4 objets qui vont la jeter sur les traces de Signe la jeune institutrice militante, la menant peu à peu vers une quête de soi plus que du passé. Car En route vers toi est aussi son histoire.
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Magnifique roman ! En route vers toi, c'est quinze ans de la vie de Signe, une institutrice suédoise du début du 20e siècle engagée pour l'égalité salariale puis pour le droit de vote des femmes. Ses combats vont lui permettre de vivre des passions amoureuses avec d'autres militantes. En parallèle, un siècle plus tard, Hannah, se retrouve, par hasard, le même jour, en possession de quatre objets ayant appartenu à Signe. Ces objets vont la conduire sur les traces de leur ancienne propriétaire tout en changeant sa vie, lui donnant plus d'assurance et lui permettant de s'interroger sur qui elle est vraiment tout au fond d'elle.
L'alternance de courts chapitres rend la lecture de ce très beau roman d'amour haletant. Sara Lövestam entretient parfaitement le désir d'aller plus loin dans l'histoire si bien qu'à la fin de chaque chapitre, on se dit : allez, encore un ! et ce jusqu'à des heures avancées de la nuit !
Bien que les constructions des deux romans soit très différentes, je n'ai pu m'empêcher de rapprocher cette histoire de Caresser le velours de Sarah Waters que j'avais tout autant adoré. Les émotions décrites par Sara Lövestam sont toujours justes et il est bien difficile de résister à l'empathie, de ne pas rentrer dans le roman. Et la dernière page achevée, on regrette de devoir quitter ces personnages qu'on a accompagnés, dont on a intégré le monde, dans lesquels on a mis un peu de nous pour les faire mieux vivre.
Je recommande sans aucune réserve ce livre fin, intelligent et émouvant. Ce que j'aime la littérature !
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critiques presse (2)
Actualitte
07 juillet 2017
Ce livre, on le boit. Les mots coulent, l’histoire avec eux et on bondit à chaque chapitre du début du XXe siècle au début du XXIe.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Actualitte
15 décembre 2016
Si le nouveau roman de l’écrivain suédois Sara Lövestam entre, par certains côtés, dans la catégorie des feel good books, si sa tonalité enchante et divertit aisément, il porte en lui également (c’est bien là son attrait), un intérêt et une finalité d’une autre envergure.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Le lendemain, il se rendit à Norrköping pour une mission honorifique. À soixante-seize ans, c’était encore un jeune homme et il comptait bien diriger les ventes jusqu’à ses quatre-vingt-dix ans au moins. Alors, il pourrait parfaitement participer à l’émission le tour des antiquaires, ce programme de cruches qui passait sur la chaîne nationale tv1. Lui, qui avait commencé dans les années 1950. Lui, le fameux commissaire-priseur de quatre-vingt-dix ans qui savait distinguer un authentique vase Ming d’un faux à deux mètres de distance. Non pas qu’il eût envie de se montrer avec ces crétins, il avait tout de même un peu de dignité. Mais si jamais on l’invitait, il y réfléchirait. Manœuvrant sa Renault d’une main ferme et habile, il eut à nouveau le sentiment de bien faire. C’était son cœur qui parlait, nul doute.
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Dans la vie, tout est lié par la supposition qu'elle est faite de coïncidences et par la conviction qu'elle ne l'est pas.
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La sensation des lunettes contre sa peau avait quelque chose de plus pur, comme quand on trouve un authentique Stig Lindberg dans une brocante, qu’on fait semblant de rien et qu’on ne le paie que vingt misérables couronnes. Comme quand on sait à la fois qu’une petite vie grandit dans le ventre de la femme qu’on aime et qu’on est le seul à être au courant. La légère pression des modestes lunettes sur sa poitrine lui donnait du cœur à l’ouvrage. Il faisait tournoyer son marteau avec le même entrain qu’à ses débuts, répétant les formules consacrées dans tous les sens jusqu’à ce que les prix montent en flèche.
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Je trouve rassurant qu’une maîtresse dont le rôle sur cette terre est d’instruire nos enfants possède malgré tout quelques notions, même défaillantes, du règlement scolaire et du vocabulaire suédois.
Signe s’abstint de préciser que ce n’était pas parce qu’on avait du vocabulaire qu’on devait considérer comme synonymes “fin de l’année scolaire” et “interrogation de fin d’année”. Pour se faciliter la vie, à terme, il lui fallait non pas avoir raison de ce vieux renard vindicatif, mais faire en sorte qu’il conserve sa bonne humeur.
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Son corps était en contact avec le sol, ses pensées pouvaient se déployer sans être enfermées ou contrariées, s’étirer vers le ciel et fleurir comme des pissenlits. À vingt-quatre ans, Signe débordait d’inspiration. Dans le ciel, les boules de laine se rapprochaient, évoluant dans un bleu qu’aucun peintre n’aurait pu imiter. “Les choses du monde, l’être au monde, se dit Signe, nous emplissent seulement quand nous sommes parvenus à nous libérer des prétentions que notre entourage fait peser sur nous.”
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