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Critique de paroles


"Heureux qui, comme Léon, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !"

Un poème de Joachim du Bellay ?
Un conte des 1001 nuits ?
Encore mieux : 1001 contes jalonnent ce roman d'une rare densité. C'est que monsieur Amin Malouf est un conteur hors pair, un orfèvre en la matière.
La vie de son personnage est, déjà à lui seul, un livre d'Histoire, avant d'être un livre d'histoires. Amin Malouf a su truffer, relever, pimenter ce roman biographique et historique d'éléments anecdotiques qui en font toute sa saveur.

Tout commence en 1488, Léon s'appelait alors Hassan al Wazzan et venait de naître à Grenade. Ville qu'il n'arpentera pas longtemps car il devra fuir, ainsi que les autres musulmans, fuir pour échapper à la reddition de Boabdil, le dernier calife de Grenade. C'est l'époque de la Reconsquita. C'est à Fès que lui et les siens vont trouver refuge. C'est là aussi qu'il va connaître les attaques portugaises et castillanes contre le sultan. Plus tard, il découvrira Tombouctou (l'Empire Songhaï) et le terrible incendie qui la ravagea, le Caire et sa mise à sac par les Ottomans, Constantinople et enfin Rome détruite par les armées de Luther et de Charles Quint. Tous ses voyages, tous ses parcours sont jalonnés d'événements majeurs de l'Histoire. "Est ce le malheur qui m'appelle, ou bien est ce moi qui appelle le malheur ?".

Durant toute sa vie, il étudiera, observera ses contemporains, décrira les pays traversés, fera du négoce, sera riche ou pauvre, puissant ou misérable, ambassadeur ou esclave, musulman ou chrétien.
Il aura mille et une vie mais une seule ambition, celle de se mettre au service de la connaissance à une époque où celle-ci était bien limitée.
"Bien des hommes découvrent le vaste monde en cherchant seulement à faire fortune. Quant à toi mon fils, c'est en cherchant à connaître le monde que tu trébucheras sur un trésor."
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