AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782842614386
190 pages
Le Serpent à plumes (02/09/2003)
3.21/5   84 notes
Résumé :
« Que les choses soient claires : je ne souhaite pas être plus grand que l’Angoualima, ni me greffer des petits doigts, je veux être apprécié en fonction du résultat de mon geste criminel. Ne pouvant égaler les prouesses du Grand Maître, j'aimerais au moins être considéré comme son fils spirituel. Pour cela, j'en suis conscient, je dois encore travailler : tuer Germaine ce 29 décembre, c'est-à-dire dans deux jours, n'est qu'une étape vers ce couronnement. »
<... >Voir plus
Que lire après African PsychoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 84 notes
5
0 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
1 avis

La police et la justice devraient remercier les assassins, dit le héros d'African psycho : c'est grâce à nous qu'ils trouvent du travail. « ils sont payés pour cela, c'est un peu grâce à des gens comme nous qu'ils gagnent leur vie. »
Il le répète tout au long du livre : pour s'instaurer assassin, il fait avoir des qualités supérieures aux êtres ordinaires.
Encore plus si on veut être reconnu comme tel.
Quelle humiliation ce serait qu'après enquêtes, recherches, spéculations, après tout ce temps passé à choisir une victime, et d'un, et de déterminer l'arme appropriée, et de deux*, après tout ce long travail, ce soit un autre à qui le crime est imputé ?

* pour donner une idée de la complication inutile : « il faut une autorisation pour posséder une arme ? Pourquoi pas pour les couteaux aussi ? Et nos ancêtres enregistraient-ils leurs sagaies empoisonnées ? .. Où va-t-on ? »


Rien n'est simple donc, d'autant que les rumeurs fausses courent, par exemple sur les têtes coupées alignées le long du fleuve par son idole le serial killer, et dénoncées comme une invention par certains citoyens qui ne voulaient pas payer d'impôt « sans que personne ne comprenne le lien qu'il y avait entre les impôts et les têtes des victimes ramassées sur la côte sauvage ».
De plus, comme tous les crimes sont imputés à cet Agoualima, il est devenu plus anodin de tuer et de voler, pas de risque de se faire prendre, ni vu, ni connu, je t'embrouille.
Alors, vu la situation dramatique, le préfet ouvre le CIA( Capture Immédiate d'Angoualima) que malheureusement il a dû fermer au bout d'une semaine : les dénonciations pullulent, les informations de celui qui avait vu quelqu'un qui avait vu quelqu'un qui avait vu ont formé une file d'attente de plusieurs jours.
Le maire du village, qui connaît personnellement le maire de Paris, et qui lui téléphone chaque jour, attend la visite de ce dernier d'un jour à l'autre.

Notre héros calcule l'heure la meilleure, la femme la plus appropriée, car certaines ne valent même pas la peine « je ne perdrais pas mon temps, dit-il, à les gratifier de la mort. Elles n'ont qu'à attendre de mourir à la suite d'une longue maladie, comme on dit à la radio »
Bien décidé, donc, sauf qu'une petite panne interlope, dommage, lui coupe ses effets, juste au moment où il s'apprête à violer et que sa « chose-là » refuse de se mettre au garde-à-vous, se rebelle et devient « molle comme une chenille de palmier batéké ».

Bref, rien ne marche, et lorsqu'un criminel reconnaît son crime, qu'il y a un témoin qui l'a vu de ses propres yeux vu…. Eh bien, non, ne croyez pas, ça ne suffit pas, on nous bassine encore avec le refrain sur la présomption d'innocence, le respect des libertés individuelles.

Où va-t-on ?

Je ne sais pas si American Psycho de Brett Easton Ellis écrit en 1991 est aussi drôle que la version congolaise de la Rue :Celui-qui-boit-de-l'eau-est-un–idiot. Monologuant /fantasmant sur ses futurs crimes, le héros de Mabanckou, loin du marketing new-yorkais et du monde de la finance, nous fait juste mourir de rire.
Commenter  J’apprécie          4815
Une version humoristique du mauvais vent des yankees qui a sévit à une certaine période la ville de Pointe-Noire. Certains noms des grandes figures de ces gangs ont fait parler d'eux par leurs actes criminels.
Dans African Psycho, Alain Mabankou nous peint le paysage d'un milieu sadique, cruel avec une légèreté qui rend la lecture plus facile, moins émotionnelle mais beaucoup captivante...
Sur ces faits criminels assez réels, l'auteur fait vivre un personnage beaucoup divergent, très controversé avec lui-même . En effet, Gregory veut devenir , se fait passer ou est simplement un criminel.... Il s'inspire de son maître déjà mort, le grand maître Angoualima vers qui il implore bénédiction et inspiration afin de devenir un grand criminel...
Commenter  J’apprécie          200

Grégoire Nakobomayo veut assassiner quelqu'un pour se rapprocher de son idole, le plus célèbre serial killer de son quartier de celui-qui-boit-de-l-eau-est-un-idiot. Mais devenir un assassin, ça ne s'improvise pas.

Si le pitch parait bien sympa au premier abord, cette lecture fut pour moi bien laborieuse. Toute la première partie consacrée à la vision idéalisée de Angoualima, un serial killer qui s'est récemment suicidé et que le personnage principal du roman considère comme son Grand Maître s'apparente presque à ces légendes qui s'échangent au coin du feu, les soirs de pleine lune.
Dans la suite, quand notre héros commence à organiser son premier meurtre, il semble qu'il tombe dans une espèce de transe. Je ne suis pas parvenue à adhérer au style de l'auteur qui a réussi l'exploit de nous servir une phrase longue de presque 10 pages !

Bref, je suis passée à côté.
Commenter  J’apprécie          150
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en sortant ce livre qui traine depuis quelques années dans ma bibliothèque (comme American Psycho d'ailleurs).

Je suis un peu décontenancée par le texte, le roman auto-centré sur un personnage (voir 2 en comptant son idole criminelle) tourne très vite en rond (trop de "je, je, je". On reste dans le même quartier, le personnage est antisocial et légèrement psychopathe...
Le tout début sur son enfance était intéressant. Ensuite c'est une suite monotone de pensées et de désirs d'action qui n'aboutissent pas.
J'ai trouvé certains passages satiriques mais néanmoins je suis restée hermétique et cela ne m'a pas fait rire. Peut-être que ce roman parle plus aux personnes qui connaissent réellement la vie dans les pays d'Afrique noire ?

Un roman tout de même facile à lire par le style et la taille.
Commenter  J’apprécie          51
Je ne savais pas à quoi m'attendre en lisant le livre dont je vais vous parler. « La psychose » est rarement abordée en littérature Africaine c'est pourquoi le titre du livre à titiller ma curiosité. Pour la première fois, j'ai eu du mal à différencier l'auteur de son personnage qui raconte ici son histoire. Et j'avoue je me suis surprise à m'écrier « Il est complètement taré ce type » et je ne sais pas si je m'adressais à l'auteur ou à son personnage, c'est pour vous dire.

L'histoire suit un enfant de la rue devenue adulte. Pour survivre dans son environnement hostile, il a dû se battre, mais pas toujours de la bonne manière et bien souvent sans regret. Grégoire finit par conclure que le seul moyen de devenir « quelqu'un » c'était d'égaler son idole et grand maitre Angoualima qui n'est rien d'autre qu'un meurtrier et un violeur. Un être infâme dont il admire les exploits jusqu'à se faire passer pour lui. Grégoire voulait être comme son idole, susciter peur et admiration. Mais on constate au fil de l'histoire que c'est un gros loser ce qui rend le tout comique malgré la noirceur de l'histoire.

Dans ce livre, on retrouve les dérives de la jalousie, la frustration, et l'hypocrisie de la société ayant le gout du macabre : Les faits d'un tueur attirent davantage l'attention que des actions menées dans l'intérêt commun. Certains passages du récit étaient redondants, et parfois trop longs, mais j'ai bien ri à certains moments. Mais je ne le relirai pas deux fois .
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
D'ailleurs, il y a des périodes ou nous sommes traversés par une idée d'éternité. Nous nous disons que nous avons le temps de tout accomplir. Et puis le corbillard qui passe, la mort du voisin, le crime entendu à la radio ou lu dans le journal nous rappellent notre condition de passager sur terre ...
Commenter  J’apprécie          250
J'ai décidé de tuer Germaine le 29 décembre. J'y songe depuis des semaines parce que, quoi qu'on dise, tuer une personne nécessite une préparation à la fois psychologique et matérielle. Je crois à présent être dans cet état d'esprit même si je n'ai pas encore choisi le moyen avec lequel j'accomplirai mon acte. C'est désormais une question de détail. Je préfère sur ce point pratique me laisser une marge de manœuvre et ajouter ainsi une dose d'improvisation à mon projet.

Non, je ne cherche pas la perfection, et loin de moi cette idée. En réalité, je n'aime pas prendre à la légère ce que j'entreprends, et ce n'est pas un meurtre qui me ferait changer ma façon de concevoir les choses...
Lorsque je lis les faits divers dans les quotidiens de notre ville, je constate qu'il n'y a pas de geste aussi simple que celui de mettre un terme à la vie de quelqu'un. Il suffit de se munir d'une arme quelle qu'elle soit, de tendre un guet-apens à la future victime et de passer enfin à l'acte. La police et la justice feront alors leur boulot en supputant sur les mobiles de l'auteur. Il arrive même que ces gardiens des lois attribuent du génie à un scélérat alors que son acte était d'une évidence mathématique et se serait passé de toute spéculation. Il faut bien qu'ils travaillent, les pauvres. Ils sont payés pour cela, et c'est un peu grâce à des gens comme nous qu'ils gagnent leur pain. Je me demande bien ce qu'ils diront de moi après que j'aurai commis mon crime. Le pire serait que ce forfait passe inaperçu. Il est clair que je n'envisage pas cette hypothèse humiliante. Sinon, à quoi m'auraient servi ces jours de réflexion pendant lesquels mes méninges s'emmêlaient à propos du choix de l'arme appropriée à ce crime à venir, au point que je m'étais presque retrouvé au bord d'une crise de nerfs ?
En fait, l'idéal pour moi serait de bénéficier d'une couverture médiatique aussi large que celle qu'aurait eue mon idole Angoualima, le plus célèbre des assassins de notre pays. De temps à autre, pour rendre grâce à son génie, pour le tenir au courant de mes actes ou rien que pour le plaisir de lui parler, je vais m'agenouiller devant sa tombe au cimetière des Morts-qui-n'ont-pas-droit-au-sommeil.
Commenter  J’apprécie          10
Je m’étais dit que, vers minuit ou une heure du matin, pour meubler les plages horaires creuses pendant lesquelles on sature les oreilles des auditeurs avec de la musique traditionnelle des Pygmées de l’ancien Oubangui-Chari, on aurait fini .
Commenter  J’apprécie          142
J’émets des doutes quant au théories qui prétendent expliquer le comportement des gens qui me ressemblent comme provenant d’un passé perturbé, d’une enfance corrompue. N’aurais-je donc aucune part de volonté dans ce que j’entreprends ? Toute ma vie a-t-elle été tracée d’avance, de sorte que je ne ferais que suivre un chemin indiqué par une force au-dessus de moi ? Laissez moi rire un moment !
Commenter  J’apprécie          30
Quelle mort ne voudrais-je pas subir moi-même, si tant est qu'il me soit donné d'en choisir une ?
C'est surtout parce que je ne peux pas donner de réponse à cette question que je me dis que, ce qu'il y a d'intéressant dans la mort, c'est que, excepté ceux qui se la donnent […], personne ne prévoit quelle sera la sienne. Et nous sommes convaincus que la mort de l'autre sera toujours plus cruelle que la nôtre.
Nous couvons l'idée que nous mourrons en pépères au cours d'un sommeil douceâtre, et que les anges nous porteront sur leurs ailes jusqu'aux portes du Paradis. D'ailleurs, il y a des périodes où nous sommes traversés par une idée d'éternité. La mort nous semble alors lointaine et étrangère. Nous nous disons que nous avons le temps de tout accomplir.
Et puis le corbillard qui passe, la mort du voisin, le crime entendu à la radio ou lu dans le journal nous rappellent notre condition de passager sur Terre...
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Alain Mabanckou (129) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Mabanckou
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Si je vous dit le Crédit a voyagé : à quel écrivain, qui connaissait bien l'Afrique, pensez-vous ? le voyage… au bout de la nuit… Mort… à crédit…
« Verre cassé », d'Alain Mabanckou, c'est à lire en poche chez Points Seuil.
autres livres classés : littérature africaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (226) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}