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Critique de paroles


Merci Hugo d'avoir mis en exergue la citation qui suit car elle me sert, aujourd'hui, d'ouverture pour annoncer ma petite participation à la découverte de l'essai d'Alain Mabanckou "Le sanglot de l'homme noir" :

L'esprit des Lumières de Tzvetan Todorov
...Tous les habitants du globe sont, d'emblée, des êtres humains. Ce que les hommes ont en commun est plus essentiel que ce qui les différencie. " Je suis nécessairement homme et je ne suis français que par hasard" déclare Montesquieu. Ceux qui se sentent imprégnés par l'esprit des lumières chérissent davantage leur appartenance au genre humain que celle à leur pays. Denis Diderot écrit à David Hume, le 22 février 1768 : mon cher David, vous êtes de toutes les nations et vous ne demanderez jamais au malheureux son extrait baptistaire. Je me flatte d'être comme vous, citoyen de la grande ville du monde.




Dès les premières pages, Alain Mabanckou s'adresse à son fils afin que celui-ci prenne conscience que son histoire est celle d'aujourd'hui et qu'elle se construit avec des actes d'aujourd'hui et non pas ceux du passé. Il refuse de s'appuyer, contrairement à la plupart de ses frères de couleur, sur les souffrances subies pour définir sa place au sein du territoire français.
"Mon cher petit la pire des intolérances est celle qui vient des êtres qui te ressemblent, ceux qui ont la même couleur de peau que toi. le fanatisme trouve son terrain d'expérience d'abord entre les hommes d'une même origine, avant de s'étendre peu à peu sur d'autres "races" avec une virulence alimentée par l'esprit de vengeance. Ils ont de ce fait, érigé une union fondée sur ce passé mythique au lieu de l'asseoir sur leurs préoccupations quotidiennes."

Autre constatation : Les Noirs de France ne se connaissent pas. Leur origine est diverse et variée. Leur venue en France provient de mobiles personnels et divers. Ils n'ont pas en commun l'histoire esclavagiste comme les Noirs d'Amérique. Leur seule ressemblance est la couleur de peau. Un Malien ne côtoie pas un Antillais. Leur culture est différente.
Pour Alain Mabanckou,"Le défi consiste plutôt à rapporter de nos différentes "appartenances" ce qui pourrait édifier positivement un destin commun et assumé" et non pas se focaliser sur les préjugés occidentaux.

Il exprime aussi l'idée que ce qui définit l'homme n'est pas le territoire. Ses parents étaient français (sans le savoir) puisqu'avant l'indépendance, le Congo était français. de même, il nous montre qu'un ressortissant français, s'il commet un acte répréhensible à l'étranger, c'est bien la France qui sera montrée du doigt, et ce quelque soit la couleur de peau de ce ressortissant. Et en ce qui concerne les jeux olympiques, par exemple, tous les Français s'enorgueillissent quand la médaille d'or revient à un Français, et ce quelque soit la couleur de peau de celui-ci. Alors franco-quelque chose ? Non, Français tout simplement. Une France blanche n'existe plus, que ça déplaise ou non à certains, c'est un fait, une évidence. Mais il faudrait bien que les esprits s'ouvrent et acceptent ce constat, et ce à tous les niveaux. Nos ancêtres les Gaulois ont vécu...

D'aucuns se sont penchés sur l'identité nationale et ont même créé un ministère ad hoc. Mais qui aujourd'hui est capable de faire le portrait-robot du Français ?
Identité nationale, immigration, ces débats existent bel et bien et réapparaissent régulièrement au moment des élections. Il faut s'attirer des voix !

Parmi les réflexions d'Alain Mabanckou, il est aussi celle des écrivains francophones. Faut-il se débarrasser de la langue française pour devenir écrivain africain ? Il semblerait que notre auteur juge ce fait d'acte fanatique. le discours sur l'Afrique ne peut pas être uniquement le reflet de celui qui vit sur le sol africain et s'exprime uniquement avec sa langue maternelle. L'Afrique est multiple et ne relève pas d'une conception unique bâtie sur la nostalgie des actes passés.

Voici quelques unes des réflexions d'Alain Mabanckou. Je n'ai pas développé toutes ses idées. Je vous laisse le soin de les découvrir et de vous forger votre propre regard. Toujours est-il qu'il nous interpelle sur la place des Noirs en France et qu'il le fait souvent en utilisant les rencontres qui l'ont marqué au cours de sa vie et qui lui ont servi à s'interroger et à se construire. Mais, une chose est sûre, c'est qu'Alain Mabanckou est bien un citoyen du monde.

"Définir l'homme par le sang, c'est privilégier une vision naturaliste au détriment d'une approche humaniste correspondant plus à l'évolution des sociétés actuelles, où l'identité est le résultat d'une diversité de cultures."



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