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EAN : 9782070287901
Gallimard (07/12/1973)
4/5   2 notes
Résumé :
Issu esthétiquement du modernisme,dont toute sa vie il gardera l'empreinte, Antonio Machado représente l'un des plus grands noms de la générationde de 98 toute consacrée à une méditation passionnée sur l'essence spirituelle de l'Espagne, son visage de la terre et son devenir historique. L'homme espagnol, les hautes terres âpres et nues de Castille, la campagne andalouse, le passé glorieux de l'Espagne à l'horizon de sa décadence au début du siécle, tels sont les pri... >Voir plus
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
CLIX
CHANSONS

I

Près de la montagne fleurie,
bouillonne la vaste mer.
Le rayon de mes abeilles
a de petits grains de sel.

II

Près de l'eau noire.
Odeur de mer et de jasmins.
Nuit de Mẚlaga.

III

Le printemps est venu.
Comment… Nul ne l'a jamais su.

IV

Le printemps est venu.
Alléluias blancs
des buissons en fleurs !

V

Lune pleine, pleine lune,
si ronde, si joufflue
en cette nuit paisible
de mars, rayon de lumière
que tissent de blanches abeilles !

VI

Nuit de Castille !
La chanson se dit,
ou plutôt se tait.
Quand tout le monde dormira,
je me mettrai à ma fenêtre.

VII

Chante, chante en rythme clair,
l'amandier en branches vertes
et le double saule du fleuve ;

Chante sur le chêne-vert brun
la branche que coupe la hache
et la fleur que nul ne regarde.

Des poiriers du verger
La blanche fleur, la fleur
rose de l'abricotier.

Et cette odeur
qu'arrache le vent mouillé
aux fèves en fleurs.

VIII

La fontaine et les quatre
acacias en fleurs
de la petite place.
Le soleil ne brûle plus.
Après-midi de joie !
Chante, rossignol.
Il est l'heure même
de mon cœur.

IX

Blanche hostellerie,
cellule de voyageur,
avec mon ombre !

X

L'aqueduc romain
— chante une voix de ma terre —
et notre amour à tous les deux,
mignonne, ça c'est du sérieux !

XI

Les mots d'amour
supportent bien
leur petit brin
d'exagération.

XII

La grand-messe
à Saint-Dominique.
Ils avaient beau m'appeler
hérétique et franc-maçon,
quand je priais avec toi,
quelle dévotion !

XIII

C'est jour de fête
sur le pré vert
— fifres et tambourins —
Avec sa houlette fleurie
et ses galoches d'or
est venu le berger.

De la montagne suis descendu
rien que pour danser avec elle ;
au mont je m'en retournerai.

Parmi les arbres du verger
il est un rossignol caché ;
il chante de jour et de nuit,
il chante à la lune, au soleil.
Sa voix est rauque de chanter :
au verger viendra la fillette
et une rose cueillera.

Entre les chênes noirs
la fontaine de pierre
et la cruche de terre
qui jamais ne s'emplie.

Par la forêt de chênes,
avec la blanche lune,
elle s'en reviendra.

XIV

Avec toi à Valonsadère,
pour la fête de la Saint-Jean,
demain sur la vaste Pampa,
de l'autre côté de la mer.
Garde-moi fidélité,
demain je m'en reviendrai.

Bientôt le jour viendra
où j'habiterai la Pampa,
et mon cœur s'en retournera
vers les rives du haut Douro

XV

Tandis que vous dansez en ronde,
fillettes, fillettes, chantez :
Voici que les prés sont tout verts,
avril galant est arrivé.

Tout au bord, tout au bord du fleuve,
à travers la noire chênaie,
nous avons vu briller
ses sabots argentés.
Voici que les prés sont tout verts,
avril galant est arrivé.

p.265-266-267-268-269-270
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CLXXIII
CHANSON A GUIOMAR

I

Je ne savais pas
si c'était un citron jaune
que ta main tenait
ou le fil du jour clair
Guiomar, en pelote dorée.
Ta bouche me souriait.

J'ai demandé : Que m'offres-tu ?
Le fruit du temps choisi
de ta main parmi les fruits mûrs
de ton jardin ?

Le temps vain
d'une belle après-midi glacée ?
Une absence dorée, enchantée ?
Un reflet dans l'eau endormie ?
De montagne en montagne
la véritable aurore
illuminée ?
En ses troubles miroirs l'amour brise-t-il
le dévidoir de ses vieux crépuscules ?

II

En un jardin je t'ai rêvée
au-dessus, Guiomar, de la rivière,
jardin d'un temps fermé
par des grilles de fer glacé.

Un oiseau insolite chante
sur le micocoulier, tout doucement,
près de l'eau vive et sainte
toute soif et toute fontaine.

En ce jardin, Guiomar,
ce mutuel jardin qu'inventent
deux cœurs ensemble,
se fondent et se complètent,
nos heures. En une coupe limpide
— ensemble — nous pressons
les grappes d'un songe,
oubliant notre double histoire.

(L'un : Une femme et un homme,
pourtant gazelle et lion,
viennent boire tous deux.
L'autre : l'amour ne peut
être si bienheureux :
deux solitudes en une, pas même
celle d'un homme et d'une femme.)

*

Pour toi la mer essaie ses vagues et l'écume,
l'iris, sur la montagne, d'autres couleurs,
le faisan de l'aurore son chant et son plumage,
la chouette de Minerve des yeux plus grands.
Pour toi, ô Guiomar !...

III

Ton poète
pense à toi. Le lointain
jaune citron et violet,
et verte la campagne encore.
Tu viens avec moi, Guiomar ;
la montagne nous engloutit.
De chênaie en chênaie
le jour se fatigue.
Le train qui va dévorant
le jour, les rails. Les genêts
passent dans l'ombre ; l'or
du Guadarrama s'estompe.
Parce qu'une déesse et son amant
s'enfuient ensemble, haletante,
la pleine lune les poursuit.
Le train se cache et résonne
dans une montagne géante.
Champs dénudés et ciel très haut.
Derrière les monts de granit,
derrière les monts de basalte
la mer est là et l'infini.
Nous sommes ensemble et libres.
Dieu lui-même, comme dans la légende
roi cruel, chevaucherait-il
le plus beau coursier du vent,
en nous menaçant, méchamment
de sa vengeance,
quand même voudrait-il brider la pensée,
un libre amour, nul ne l'atteint.

*

Aujourd'hui je t'écris de ma cellule de voyageur,
à l'heure d'un rendez-vous imaginaire.
L'arc-en-ciel brise l'averse dans l'air
et la tristesse planétaire de la montagne.
Sur la vieille tour, le soleil et les cloches.
Oh ! soir vivant et calme
qui opposa au pantha rei son rien ne s'écoule,
soirée enfantine que ton poète aimait !
Oh ! jour adolescent
— yeux clairs et muscles bruns —
où tu rêvais d'Amour, auprès de la fontaine,
et de baiser tes lèvres et de serrer tes seins !
Tout devient transparent dans cette lumière d'avril :
tout dans l'aujourd'hui d'hier, l'Encore
que dans ses heures épanouies
chante et conte le temps,
se fond en une seule mélodie
qui est un cœur de soirs et d'aurores.
À toi, Guiomar, cette mienne nostalgie.

p.387-388-389-390
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XXXIV

Une aube de printemps m'a dit :
Dans ton cœur sombre j'ai fleuri
il y a longtemps, ô vieux pèlerin
qui ne coupe pas les fleurs du chemin.

Ton cœur d'ombre garde-t-il par hasard
le vieil arôme de mes lys anciens ?
Mes roses parfument-elles encor le front blanc
de la fée de ton rêve aux éclats de diamant ?

J'ai répondu au matin :
Mes rêves ne sont que cristal.
Je ne connais pas la fée de mes songes
et j'ignore si mon cœur est fleuri.

Mais si tu attends le pur matin
qui brisera le vase cristallin,
la fée peut-être te donnera tes roses,
mon cœur tes lys.

p.56
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CLVI
GALERIES

I

Dans l'azur un vol
d'oiseaux noirs
battant des ailes et criant
qui sur un peuplier transi
viennent sr poser.

…Sur le peuplier nu,
les graves corneilles,
muettes et tranquilles,
ainsi que notes froides et noires,
sur la portée de février.

II

La montagne bleue, la rivière,
les tiges de cuivre dressées
des fins peupliers,
et sur la colline le blanc de l'amandier,
oh ! neige en fleur et papillon sur l'arbre !
Avec l'arôme des fèves,
le vent s'élance
dans la solitude joyeuse des champs.

III

Une étincelle blanche
dans la nuée de plomb zigzague.
Les yeux effrayés de l'enfant,
et les sourcils froncés — le salon
est tout noir — de la mère !...
Oh ! fenêtre fermée devant l'orage !
Le vent de tourmente et la grêle
carillonnent sur le cristal.

IV

L'iris et le balcon. Les sept cordes
de la lyre au soleil vibrent en rêve.
Un tympanon d'enfant frappe sept coups
— eau et cristal —.
Des acacias et des chardonnerets.
Des cigognes sur les tours.
Sur la place,
la pluie a lavé le myrte poussiéreux.
Dans le vaste rectangle, qui a placé
ce groupe de vierges rieuses,
et là-haut, hosanna ! dans le nuage déchiré,
la palme d'or et l'azur serein ?

V

Entre des monts d'ocre rouge
et de gris rochers,
le train dévore son rail d'acier.
La rangée de fenêtres brillantes
a un double profil de camée,
sous la vitre d'argent, en reflet…
Qui a pincé le cœur du temps ?

VI

Qui, parmi ces rochers de cendre, a posé
pour le miel du songe,
ces genêts d'or
et ces fleurs bleues du romarin ?
Qui a peint ce mont violet,
et, dans le couchant, le safran du ciel ?
Le rucher, l'ermitage,
le ravin sur le fleuve, l'éternel
roulement de l'eau dans les rochers profonds,
et la blonde verdure des champs nouveaux,
et tout, jusqu'à la terre blanche et rose
au pied des amandiers !

VII

Dans le silence
continue de vibrer
la lyre pythagoricienne,
l'iris dans la lumière,
la lumière qui emplit mon stéréoscope vide.
Les cendres du feu héraclitéen
ont aveuglé mes yeux.
Le monde est, un instant,
transparent, vide, aveugle, muet.

p.256-257-258-259
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CXXXVI
PROVERBES ET CHANSONS
XVI

L'homme est par nature la bête paradoxale,
un animal absurde qui a besoin de logique.
De rien il a créé un monde et puis son œuvre terminée.
" Enfin je connais — se dit-il —, le secret ; tout est néant. "

p.205
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Vidéo de Antonio Machado
Antonio MACHADO – Une Vie, une Œuvre : 1875-1939 (France Culture, 1996) L’émission « Une vie, une œuvre », par Francesca Piolot et Courtois Legrain, diffusée le 4 avril 1996 sur France Culture. Présences : Georges Colomer, Jacques Issorel, Paul Combeau, Miguel Martinez, Bernard Sesé, Michel Hernandez, Antonio Soriano, les enfants de l'Ecole Jules Ferry à Collioure et la voix de Pauline Quintana.
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