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EAN : 9782371000438
201 pages
NOUVEL ATTILA (12/01/2017)
  Existe en édition audio
3.96/5   615 notes
Résumé :
Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris.
À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets – donnés aux enfants de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan au profit du français qu’elle va tour à tour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (167) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 615 notes
Une petite fille de six ans vient s'installer en France avec son père et sa mère, après la révolution d'Iran. Une histoire déjà vue, oui. Mais pas comme ça.
L'on fait connaissance avec Maryam dans le ventre de sa mère, et aussitôt les bribes de vie s'égrènent, comme autant de perles fissurées par la souffrance de l'exil, et embellies par une touche de poésie.
Un récit où les contes côtoient les histoires du réel, où la langue maternelle peut devenir personnage, les mots et les rêves des objets. Pour un résultat qui est souvent le même, l'émotion est à fleur de peau. 

« Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. de belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu'il en sorte des fleurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam qui auraient dû être offertes et qui n'ont pas pu l'être. »

Maryam Madjidi laisse éclater ses talents de conteuse dans ce sublime livre de l'exil. J'ai adoré.
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Voici un récit original, sensible, autobiographique, où j'ai tout aimé, de l'arrivée de la petite fille de six ans en France, à le"Il était une fois" de la troisième partie de l'ouvrage, dans l'apaisement et la réconciliation ..
Roman , récit, Poésie, journal, l'auteur, une conteuse née, les "il était une fois"en témoignent nous parle des douleurs refoulées de l'EXIL.


La construction ni linéaire, ni chronologique ne gêne pas le lecteur, au contraire, cela ajoute de la légéreté et de l'authenticité .
Dans le ventre de sa mère, Maryam vit de front les troubles de la Révolution Iranienne ..


Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère, son père en exil à Paris .-Ses parents étaient militants communistes convaincus en Iran -La vie les épuisera !
Elle nous conte avec tendresse et humour, émotion contenue les premières années en France, où tout est rejet, désarroi, incompréhension, souffrance, douleur, solitude, effacement de sa langue, éloignement de sa famille, amour de sa grand- mère, aimante et attentive, qu'elle n'entend qu'au téléphone , inconsolable chagrin de la perte, sensation d'être de nulle part , visions d'ailleurs entre hallucinations et cauchemars.
Face à l'abandon d'identité, d'histoire, d'ancêtres, en France ne reste que le parcours du combattant au quotidien , aprés une enfance heureuse, brisée par un exil forcé!


Ses souvenirs jaillissent pêle -mêle - graves ou anecdotes légères;
Elle détaille en toute sincérité, honnêteté , la difficulté de l'intégration.
Elle vit comme du racisme la question de ses origines.
"Je ne suis pas un arbre, je n'ai pas de racines "..
Comment être Persane et Française ?
Un texte bouleversant , saisissant , à l'écriture délicieuse qui touche au coeur, que l'on va garder longtemps en soi, frais et infiniment poétique, tantôt percutant et vif , tantôt lyrique !
Un récit qui parle d'identité avec sincérité et pudeur , maîtrise, exacerbée, par les réalités du quotidien , de la double appartenance ; J'ai aimé les personnages, qui chacun à leur façon, m'ont bouleversée, le traitement subtil de la langue perdue, de la langue conquise, de la fidélité à soi - même et aux siens , notamment les hommes de sa famille à Téhéran, victimes de la répression, broyés, emprisonnés , les femmes iraniennes qui résistent et ce chauffeur qui récite des poèmes !! Un livre hommage à ses parents, pétri de lignes sensibles et libres , du désir d'avancer !
Un roman qui fait réfléchir en pointant l'angoisse de l'exilé,la complexité des sentiments, l'enfermement dans des préjugés simplistes et l'ignorance!

Un ouvrage enchanteur comme les poèmes d'Omar-Khayyam ou un conte des mille et une nuits .....
Lu dans le cadre du prix historique Jeand'heurs , spécifique à mon département .
À lire et à relire !
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Marx et la poupée. Drôle de titre... qui évoque en deux mots clés, l'odyssée d'une famille iranienne, celle de Maryam Madjidi, fuyant le régime des ayatollahs et la féroce répression qui va s'abattre, à partir de 1980, sur les opposants, notamment les étudiants et les militants communistes, comme les parents de Maryam.
Rien que nous ne connaissions pas déjà sur tout ce qui touche à la torture, à l'emprisonnement arbitraire ou à la "police des moeurs" chargée de remettre dans le droit chemin de la charia celles et ceux qui la transgresse.
Ce qui m'a intéressée et touchée dans ce récit autobiographique, c'est plutôt la voix de la petite Maryam, arrachée à six ans à son univers. L'auteur nous fait partager dans une langue chargée d'émotion, tous les traumatismes qu'elle va devoir affronter depuis son départ d'Iran. Et ils sont nombreux : depuis la perte de ses jouets, en passant par la rupture du lien affectif très fort qui la reliait à sa grand-mère, c'est tout son monde de l'enfance qui s'écroule. Plus de maison, plus de famille, plus de repères autres que ceux qu'elle va découvrir dans ce nouveau pays qu'est la France et qui se réduisent à un studio de 15 mètres carrés à Paris, où elle va vivre avec ses deux parents aussi traumatisés qu'elle...
Elle évoque avec une force qui ne peut manquer de toucher celle ou celui qui lit son roman,le sentiment d'abandon absolu qu'elle va ressentir et sa détresse face à ses deux parents qui ne veulent pas voir ses dessins torturés d'enfant et restent sourds aux cauchemars qui la réveillent toutes les nuits. Reproches sous-jacents ? Sans doute... Mais surtout passages très émouvants évoquant la détresse d'une enfant perdue dans la douleur de l'exil.
Sa seule défense va être un repli sur elle-même qui va se traduire par un refus d'apprendre la langue française au grand désespoir de son entourage, un refus de la nourriture française et une phobie de la cantine scolaire où l'on essaie par tous les moyens de la forcer à s'alimenter. Fuir dans un monde imaginaire sera apparemment ce qui va la sauver. C'est du moins ainsi qu'elle nous présente son retour à la vie. D'où ses dialogues imaginaires avec sa grand-mère qui ponctuent le récit et surviennent toujours à un moment où elle est au bord du gouffre...
C'est d'ailleurs le deuxième point fort du roman que cette ouverture sur l'imaginaire. Maryam Madjidi alterne avec bonheur les épisodes de narration sous forme de carnets de bord et les passages qui relèvent du conte, de la parabole ou du poème. Un beau relais lorsqu'elle évoque des points trop douloureux comme par exemple, l'affrontement avec son père au sujet de l'apprentissage du français, puis de sa langue maternelle, le persan.
J'ai donc beaucoup aimé le regard de l'auteure sur l'exil vu par ses yeux de petite fille, puis d'adolescente et enfin de jeune femme. Parcours semé d'embuches mais qui a fait d'elle une femme engagée, ouverte aux autres et avide de découvertes et de nouveaux espaces.
Mes seules réserves sont au niveau du style. J'ai eu parfois l'impression que sa plume courait plus vite que ses idées et qu'elle se laissait aller à certaines facilités d'écriture... Mais c'est un premier roman et à ce titre il mérite indulgence et encouragements.
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Une belle réussite que ce premier roman, qui oscille entre souvenirs personnels, nostalgie des racines, difficulté à porter une double culture, volonté d'intégration et questionnement identitaire. Marx et la poupée de Maryam Madjidi m'a fait passer un bon moment de lecture. Je me suis laissé séduire facilement par la poésie de l'auteur, l'émotion qui émane de ses lettres persanes et finalement, la part de magie orientale qu'elle restitue dans son texte.
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En général, les romans qui tournent autour de l'exil m'attirent et avec celui-ci, je n'ai pas été déçue, bien au contraire.

On fait la connaissance de Maryam, in utero, alors que sa mère participe à une manifestation politique, et la manière dont cette est écrite est très belle, touche le lecteur, l'appâte même…

On va la suivre ainsi à plusieurs âges de la vie, notamment à six ans, lorsqu'il faut partir, car ses parents sont communistes (ils n'avaient pas rêver cette révolution-là !) et un premier traumatisme : elle doit distribuer tous ses jouets aux enfants du quartier, au nom de la non-propriété, ce qu'elle trouve très injuste ; elle envisage même de les enterrer sous un arbre dans le jardin, où ses parents ont mis tous leurs livres à l'abri en espérant les récupérer un jour…

Maryam raconte la révolution iranienne, la mise au pas par les autorités religieuses, les arrestations, les tortures, les droits qui partent en fumée, ses parents qui sont obligés de fuir alors que son oncle Saman est jeté en prison où il restera pendant huit années…

A noter un extrait très fort, où Saman lui raconte qu'il a partagé sa cellule avec un journaliste célèbre dans les milieux intellectuels lequel regardait un dessin animé pour enfant tous les jours assidûment car c'est sa femme qui faisait le doublage, seule manière de résister à l'incarcération.

Elle parle bien de sa première journée d'école en France, alors qu'elle ne parle pas le français et se sent différente voire exclue. Les senteurs, la cuisine de son pays natal lui manquent, la famille restée sur place aussi, notamment sa grand-mère qui l'accompagnera dans l'imaginaire tout au long de son enfance, puis son adolescence.

L'exil, la perte de la langue, de la culture sont une souffrance du quotidien, car pour bien apprendre le français, elle renonce à apprendre le persan, pour s'opposer aussi à son père, qui désire ne pas se couper de ses racines :

» Je suis pas un arbre, j'ai pas de racines. C'est votre langue, plus la mienne. »P143

J'ai beaucoup aimé la manière dont elle a conçu son récit, alternant les périodes de sa vie, on passe de l'enfance à l'âge adulte, pour revenir à l'enfance, on alterne aussi les lieux, tantôt en Iran, tantôt en France, mais on fait aussi des détours par la Chine et la Turquie notamment.

La perte d'un pays est une douleur, un écartèlement entre deux cultures, mais comment choisir sans se trahir ou trahir les autres, au nom d'une intégration réussie ?

A noter un très beau chapitre sur la langue perdue qui s'éteint peu à peu et finit par disparaître et mourir si on ne la parle plus, cette langue que la petite fille va enfouir au fond d'elle -même:

La langue perdait de sa vitalité et de sa force. Elle devenait de plus en plus fragile. Elle avait en elle la faiblesse des personnes malades qui doivent trouver un refuge pour se protéger du reste du monde. Chaque jour, elle reculait devant la puissance d'une rivale, une autre langue, celle-ci était la langue officielle de ce nouveau pays. » P 137

Qui dit exil sous-entend tentation du retour, parfois idéalisation du pays qu'on a perdu…

On rencontre au passage des poètes iraniens, notamment mon préféré Omar Khayyâm, qui sera le sujet de son mémoire et dont elle nous livre des extraits.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, la poésie de l'écriture, les phrases parfois courtes, percutantes, et celles dont les mots s'étirent, s'enroulent dans la fluidité et la douceur; les talents de conteuse de Maryam Madjidi sont immenses et son Goncourt du premier roman bien mérité.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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critiques presse (5)
LeDevoir
17 décembre 2018
À travers une mosaïque de souvenirs aléatoires narrés par bribes, Maryam Madjidi raconte les paradoxes et la douleur de l’exil. En revisitant ses fantômes, l’écrivaine entame une réflexion précieuse sur l’accueil et l’ouverture à l’autre.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
06 mars 2018
Roman autobiographique, Marx et la poupée a remporté le prix Goncourt du premier roman en 2017. L'auteure explore les paradoxes de sa double identité et les difficultés de l'exil dans une langue touchante et envoûtante.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Actualitte
09 août 2017
Véritable plongée dans l’univers d’une enfant... Quand l’enfance rime avec l’engagement révolutionnaire des parents dans l’Iran de Khomeini, avec la peur de la répression, avec l’arrachement à la langue-mère, avec l’exil, avec la France, pays aux mœurs incompréhensibles...
Lire la critique sur le site : Actualitte
Lexpress
24 avril 2017
Maryam a choisi les fragments, refusant la narration au long cours, pour ne pas tricher, tout en s'inscrivant dans la tradition des contes qui s'enchaînent sans se suivre.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
27 février 2017
Un premier roman introspectif original.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (112) Voir plus Ajouter une citation
La petite fille de six ans et sa mère sont à la maison. La petite fille regarde sa mère, qui regarde par la fenêtre. La mère parle de moins en moins. Sa langue est réduite à la communication minimale, aux échanges utiles et vides du quotidien.
[....]
Déjà en Iran, les rêves de la mère disparaissaient peu à peu. En France, le peu qu'il restait tombait évanoui, un par un, sur la moquette de la chambre, juste en dessous de sa chaise.
Lambeaux de son exil forcé. Ses projets, ses ambitions, ces petits bouts de rien auxquels on tend et qui construisent une vie. Tout s'effritait et je te voyais t'effacer peu à peu, devenir de plus en plus floue, les traits de ton visage s'estompaient, ta voix devenait de moins en moins audible, tes gestes avaient la lenteur des personnages apparaissant dans les rêves, ni tout à fait réels, ni tout à fait des chimères.
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"Je déterre les morts en écrivant ..C'est donc ça mon écriture?Le travail d'un fossoyeur à l'envers. Moi aussi j'ai parfois la nausée, ça me prend à la gorge et au ventre.
Je me promène sur une plaine vaste et silencieuse qui ressemble au cimetière des maudits et je déterre des souvenirs, des anecdotes, des histoires douloureuses ou poignantes; ça pue parfois.L'odeur de la mort et du passé est tenace.Je me retrouve avec tous ces morts qui me fixent du regard et qui m'implorent de les raconter.
Ils vont me hanter comme mon père, qui se réveillait en sueur chaque nuit durant des années.Invisibles, ils suivent mes pas............parfois je me retourne brusquement dans la rue et je vois des bouches effacées! "
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Il était une fois les yeux de la mère

Elle passe des heures à regarder les yeux de sa mère.
Des yeux de sa mère sortent des mélodies muettes que la petite fille tente de transcrire sur des cahiers d'écoliers. Donner voix à tes yeux.
(...) Petite voleuse des bijoux de ton âme. Je préfèrerais te deviner,t'imaginer.
Je t'écris.
Je n'écris pas à "tu", à "toi", non, je devrais plutôt dire "J'écris toi".
Je barbouille ton visage de mes rêveries, je le mêle à mes mensonges, à tout ce qui me console, je plonge mes mains dans des pots de peinture à la recherche de tes yeux.
Je te trempe dans des liquides faits de fantasmes et d'angoisses et je te ressors de là, nettoyée, sublimée, transformée. Je voudrais te tirer à l'infini pour que tu ne meures jamais.
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La petite fille doit donner ses jouet aux gamins du quartier. Elle n'en a absolument aucune envie. Mais ses parents lui ont enseigné que la propriété est une vilaine chose. Ils ont lu ça dans un livre de Makarenko. Elle ne comprend pas ce que ça veut dire ce mot , "la propriété".
- Pourquoi je dois donner mes jouets ?
- Parce qu'on ne peut pas les emporter avec nous là-bas.
- Mais je veux pas.
-Ecoute, c'est beau de donner, tu comprends ?
- Non, je suis obligée de donner, c'est pas la même chose. Je veux pas ! (p. 20)
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Les Farmeh Commando sont des femmes qui s’attaquent à toute femme mal voilée ou habillée de manière provocante. De « manière provocante » veut dire dans l’intention de violer l’esprit pur et chaste de l’homme qui s’efforce de ne pas être tenté par ces créatures diaboliques mais qui a l’esprit tellement bien placé dans le cul et le sexe des femmes que le moindre poil féminin le fait sortir du droit chemin. P 69
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Videos de Maryam Madjidi (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maryam Madjidi
Quelques questions à l'occasion d'une rencontre sur un événement littéraire.
Ici, Maryam Madjidi sur le festival itinérant Au Fil des Ailes, dans le Grand Est, porté par Interbibly.
Merci à Emma Andrews pour le montage
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