AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253128335
320 pages
Le Livre de Poche (26/01/2011)
4.16/5   775 notes
Résumé :
Dès l'âge de 6 ans, Antoinette subit les viols de son père. Elle révèle l'indicible à sa mère, mais cela n'y fait rien, et des années de tortures sexuelles et mentales s'ensuivent. Enceinte de son père à 14 ans, elle dévoile à nouveau son secret. Il est incarcéré, mais Antoinette est rejetée par sa famille, ses professeurs et ses amis. Elle échappe de peu à la mort en tentant d'avorter.
Que lire après Ne le dis pas à mamanVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (150) Voir plus Ajouter une critique
4,16

sur 775 notes
5
63 avis
4
53 avis
3
19 avis
2
2 avis
1
0 avis
C'est avec émotion que je referme ce livre. Je ne comprendrai jamais comment un père peut abuser sexuellement de son enfant... et je ne comprendrai jamais comment une mère, au courant des agissements de son époux, laisse faire cette abomination...

Toni Maguire est au chevet de sa mère, Ruth, qui ne va pas tarder à rendre son dernier souffle. La petite Antoinette (le prénom de Toni) refait surface et les souvenirs - cauchemardesques - surgissent : les viols répétés du père, la vie en dents de scie de cette fillette, rejetée par tout le monde, d'abord parce qu'elle a une apparence physique prêtant aux moqueries (vêtements trop petits, hygiène douteuse...) et ensuite parce qu'elle est "celle qui a bien voulu faire ça avec son père", au point de tomber enceinte. Bien entendu, on ne la croit pas, elle n' a pas droit à la parole, y compris lorsque le père avoue. Quant à la mère (peut-on encore employer ce terme ?), elle est pathétique. Elle soutient son mari, l'admire même tout en ayant peur de ses réactions. Car le père a une double facette : de gentil, courtois, charmeur, il se transforme très vite en cet être diabolique qui fera subir les pires sévices à son enfant.

Toni vient chercher une chose en se rendant au chevet de Ruth : qu'elle avoue, qu'elle s'excuse, qu'elle lui demande pardon... Piètre consolation me direz-vous, mais ô combien utile pour qu'Antoinette retourne se cacher au fin fond de sa mémoire et que Toni puisse enfin de (re)construire.

Ce livre a certainement servi de thérapie à l'auteur. Il est important dans la mesure où il peut également aider d'autres personnes en leur montrant qu'elles ne sont pas coupables. Car c'est bien là le coeur du problème. Non seulement ces victimes sont souillées, sont brisées, mais encore on les accuse avec ces petites phrases assassines du type : "après tout, elle a bien dû l'aguicher". Je mettrais tout ce petit monde à l'ombre moi, et je mesure mes propos !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          10232
Tout a été dit déjà et pourtant vous commencez cet ouvrage ,ne le lâchez pas ,
Impossible : ————atterrée et révoltée , jusqu'à la fin ——-

Comment décrire les sentiments qui vous envahissent à la lecture de ce temoignage poignant, si douloureux , une autobiographie dont j'espère que l'auteur s'en est servie comme d’une thérapie ?

Comment décrire l'enfance de cette petite fille violée par son monstre de père, un tortionnaire abject pendant des années , dès l'age de six ans , battue, abusée , terrorisée , renvoyée de la maison, une enfance brisée à jamais , utilisée comme une marionnette docile entre les mains de ses parents ?

«  Non seulement je n'avais rien , mais « je n'étais rien », frappée , à être forcée de boire du whisky et à endurer de telles tortures mentales ».

Exclue par sa famille, ses grands- parents, oncles , tantes ....nous étions dans les années 50, il faut replacer cette histoire dans son contexte , n'est ce pas !

Pourquoi sa mère un être faible , par son silence distant, son déni, opaque , égoïste encourageait -elle la tyrannie?

Pourquoi se réfugiait - elle dans le déni ? « Elle était prête à tout sacrifier pour garder l'homme qu'elle avait épousé ... »

Comment vivre avec cette mère qui se voile la face devant l'horreur ?

Comment deux personnes qui s'étaient tant aimées avaient pu à ce point ignorer l'enfant qu'elles avaient conçu ensemble ?

Ouvrant la voie à des années de délits sexuels et mentaux graves ..

Autant de questions qui nous sautent au visage à propos de ce témoignage cruel , précieux, douloureux, effarant et effrayant , qui fait venir les larmes aux yeux.....

Elle endurera ces tortures sexuelles et mentales en secret et ne pourra compter que sur elle ....

Dans un style clair et précis, sobre, sans voyeurisme ce récit autobiographique que j'ai failli abandonner lors de nombreux moments de lecture , on en a envie de crier «  Fuis » « , Fuis ».....

Et surtout comment refaire surface et Pardonner à son entourage ?

Une lecture éprouvante qui ne laisse pas le lecteur indemne !
Une impression nauséeuse , malsaine ....pénible ....
Commenter  J’apprécie          5819
Révoltant. Aucun autre mot ne me vient à l'esprit en refermant ce livre.
Ce roman, est à mon avis, plus qu'un témoignage, c'est un exutoire pour l'auteur.
Comment construire sa vie après une telle enfance ? Comment faire confiance, autant aux autres qu'en soi-même ?
Commenter  J’apprécie          621
Sordide, glauque, révoltant, terrible…….
C'est véritablement l'horreur qu'a vécue Toni Maguire.
Abus et violence du père, indifférence de la mère, rejet de la famille, mépris de la société, et malgré tout…l'amour pour sa mère qu'elle veille jusqu'à son dernier jour alors que tous ses souvenirs de cauchemar lui reviennent et qu'elle espère toujours une excuse ou une explication.
Et dire que chaque jour des enfants subissent pareille infamie.
Pourquoi lire ce genre de livre ?
Parce que je l'ai trouvé sur un vide grenier, mais ce n'est pas une excuse.
Pour ne pas ignorer que ça existe.
Pour permettre à des enfants abusés de ne pas ressentir la honte toute leur vie.
Pour rester vigilent.
Par compassion pour Toni Maguire et pour toutes les petites filles qui subissent cela.
Un livre refermé avec un sentiment d'écoeurement et de gâchis mais aussi d'impuissance.
Commenter  J’apprécie          523
J'ai longuement hésité à lire ce témoignage, ayant du mal avec le sujet (viol et inceste), la dernière fois que j'avais tenté une lecture sur ce thème j'avais abandonné en cours de route. Il s'agissait de "La proie" de Martine Ayotte, sur lequel j'avais quand même écrit un billet, surtout pour éviter sa lecture aux âmes sensibles tellement j'avais été choquée par les descriptions atroces et répétées des sévices subis par l'auteure. Je m'interrogeais sur l'utilité pour une victime de lire ce livre au risque d'être encore plus traumatisée.
Toni Maguire, même si elle a subi elle aussi ces horreurs, en parle avec beaucoup plus de pudeur, et à mon sens, elle a su exprimer toute la complexité des sentiments qui assaillent la victime de tels actes : pourquoi me fait-il cela, pourquoi ma mère m'en veut-elle au lieu de me défendre, pourquoi est-ce moi la coupable aux yeux du monde, dois-je pardonner, et à qui ?
Au chevet de sa mère mourante, toutes ces questions et ces doutes enfouis par Toni pour réussir à poursuivre sa vie vont soudain resurgir par la voix d'Antoinette, la fillette qu'elle était dans les années 50 en Irlande du Nord et en Angleterre. Antoinette veut des réponses, à défaut d'excuses qui ne viendront jamais. Les souvenirs déferlent, et Toni ne peut les contenir, c'est cet exutoire qui la conduira à écrire ce témoignage sur son calvaire.
La père abusif sera finalement condamné après avoir "malencontreusement" mis sa fille enceinte à l'âge de 14 ans, grossesse à laquelle sera mis fin par un avortement tardif qui manquera de lui coûter la vie...et la condamnera elle aussi, à ne pas avoir d'enfants par la suite.
Le récit prend place dans les années 50-60, et à cette époque il était encore plus difficile pour une victime d'inceste (ou de toute violence sexuelle d'ailleurs) de s'exprimer. En général, les proches "savaient", mais on préférait garder le couvercle bien fermé, surtout quand les faits se produisaient dans des familles de notables, où un scandale de ce type était inimaginable, on se disait que ça passerait, que la victime oublierait, ou que ma foi, si ça lui arrivait elle devait aussi y être pour quelque chose n'est-ce pas ? Et les mères ? Certaines, comme celle d'Antoinette, préféraient se raccrocher à l'image de l'homme dont elles étaient tombées amoureuses et ne pas admettre qu'il pouvait se livrer à de tels actes, donc même si les victimes parlaient, on niait leur parole, allant jusqu'à les forcer à se rétracter. D'autres se taisaient par peur de violences sur elles-mêmes, ou pour que le mari n'aille pas en prison, faisant perdre un revenu. Mais quelles que soient les raisons de leur silence, maintenant ou à l'époque, il n'est pas excusable à mes yeux : une mère a le devoir de défendre son enfant, et la société a le devoir d'écouter les victimes et de punir ou tout au moins éloigner et soigner leurs bourreaux.
Commenter  J’apprécie          357

Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Après le petit déjeuner, une infirmière me questionna sur mes antécédents médicaux et me pria de ne pas m'éloigner : un médecin allait venir me voir pour décider d'un traitement et me prescrire des médicaments, si nécessaire. Une heure plus tard, j'eus le premier entretien d'une longue série avec un psychiatre. Il prit beaucoup de notes pendant que je parlais et, alors que je commençais à me détendre, me posa une question qui allait compromettre nos relations ultérieures.

"Est-ce qu'il t'est arrivé d'apprécier les avances de ton père ?
- Jamais, répondis-je, mais il insista.
- Tu es une adolescente, tu as certainement déjà ressenti du désir ?"

A ce moment précis, je décrochai. Sa voix flottait dans l'air, je ne voulais plus que ses mots atteignent mon cerveau. Je ne lui dis pas que j'étais devenue une paria dans ma ville, que je me sentais rabaissée et inutile, que j'avais besoin de l'amour de ma mère ni que j'avais perdu tout espoir dans la vie. Je ne lui confiai pas non plus que tous les affronts et les rejets que j'avais subis m'avaient arraché des cris de douleur à l'intérieur. Que j'avais oublié les paroles du juge et fini par me voir à travers les yeux de mes accusateurs comme un être méprisable.
Commenter  J’apprécie          280
La mère que j'avais tant aimée était en train de mourir. Malgré tout le mal, toutes les choses qu'elle avait faites, j'étais triste qu'elle n'eût jamais été heureuse. Je pleurais la relation que j'avais toujours voulu vivre avec elle mais qui, à part dans ma plus tendre enfance, m'avait toujours été refusée.

"Oui, Papa, murmurai-je. Je ne lui dirai rien."
Pourtant, je le fis. J'avais confiance en l'amour de ma mère. Je l'aimais et elle m'aimait, je le savais. Elle lui dirait d'arrêter. Elle n'en fit rien.

Dans mon esprit, j'avais deux pères : le méchant et le gentil. Le premier me faisait très peur, le second était l'homme rieur et gai qu'aimait ma mère. Ce père-là, je ne le voyais que rarement mais je gardais toujours espoir.

Le secret que j'ai caché à mon père est celui que je me suis caché à moi-même. Ma mère savait. Notre petit jeu a commencé ce jour-là ; il s'appelait "notre secret" et mon père et moi allions y jouer pendant sept ans.

Tant que j'étais avec mes parents, mon malaise croissant n'avait pas eu l'occasion de s'exprimer, parce qu'ils parvenaient à contenir la pression. J'étais sous contrôle, mes émotions étaient niées et mon comportement programmé. Maintenant, ce garde-fou n'existait plus. Si vous élevez un animal dans la peur et que cette peur disparaît, il devient mauvais. Je n'avais pas été élevé dans l'affection et les compliments qui vous donnent confiance en l'avenir. Mes nuits étaient habitées de cauchemars et mes journées me dévastaient.

Les maîtres, c'étaient mes parents ; mon père me contrôlait par la menace et ma mère par la manipulation affective. La colère devint le principal sentiment qui coulait dans mes veines.

Ma mère par son silence encourageait sa tyrannie. Le visage suffisant de mon père m'inspire soudain une haine telle qu'elle me paralysa. Je me surpris à prier Dieu, auquel je ne croyais plus, pour qu'il meure.

Je me fis alors la promesse que je ne laisserais jamais à personne le contrôle de mes émotions. L'amour dont j'étais capable, je l'offrirais aux enfants que j'espérais avoir, et à mes animaux.

Le bébé devint soudain une personne réelle pour moi. L'appétit coupé, je restais dans mon lit à culpabiliser en pensant à mon petit garçon mort, avant de sombrer à nouveau dans un sommeil agité, où ressurgit mon rêve de chute interminable.

Je me sentais déchirée entre deux mondes : celui dans lequel Antoinette avait vécu et celui que j'avais recréé. Mais je n'avais plus le choix : il fallait que je mette un terme, de gré ou de force, au jeu que j'avais accepté, celui de "la petite fille d'une famille heureuse".

Mes souvenirs s'abattaient sur moi comme une vague enchaînée où je risquais de me noyer. Le masque derrière lequel j'avais caché l'enfant en moi venait de tomber ; je n'était plus la personne que j'avais tellement travaillé à devenir. En deux semaines passées à l'hospice, Toni, la femme pleine d'assurance, c'était peu à peu effacée derrière Antoinette, la marionnette.

Mon rêve de pouvoir vivre avec elle sans mon père s'était finalement réalisé ; mais j'avais compris depuis longtemps que notre vie à deux ne serait pas la source de bonheur que j'avais espérée.

"Je sais exactement ce que tu as subi, et je t'assure que rien de tout cela n'est de ta faute. Tu n'as pas à avoir honte." Je gardai soigneusement ses paroles dans un coin de mon coeur pour pouvoir y repenser le jour où j'en aurais besoin.
Commenter  J’apprécie          50
Vous pouvez construire une maison, bien peindre les murs et soigner la décoration intérieure. Vous pouvez en faire un symbole de réussite, comme je l'ai fait avec mon appartement de Londres, ou bien un havre de bonheur. Mais si vous n'avez pas pris soin de la bâtir sur un terrain stable et d'édifier de solides fondations, au fil des années, vous verrez des fissures.
Si aucune tempête ne vient menacer votre maison, elle pourra durer des années, mais si les conditions météo vous sont défavorables, s'il y a trop de pression, elle s'effondrera, parce que ce n'est rien d'autre qu'une maison mal construite.
Commenter  J’apprécie          320
- L'amour est une habitude à laquelle il est difficile de renoncer, dit-il doucement. Vous pouvez en parler à toutes les femmes qui s’obstinent à rester dans une relation malsaine alors qu'elle ne fonctionne plus depuis longtemps. les femmes qui en arrivent à trouver refuge hors de chez elles retournent très souvent avec leur compagnon violent. Pourquoi ? Parce qu'elles sont amoureuses non pas de l'homme qui leur à fait mal, mais de l'homme qu'elles ont cru épouser. Elles recherchent cette personne encore et toujours.
Commenter  J’apprécie          290
"Qui est le père ?" demanda-telle enfin d'une voix glaciale.
J'étais prête à mentir, même si je savais que ça ne servirait à rien . Mais ma mère ne m'en laissa pas le temps.
"Antoinette, dis-moi la vérité. Dis-le moi, je ne me mettrai pas en colère."
Nos yeux se croisèrent. Ma mère essayait de lire en moi.
"Papa", m'étranglai-je.
Elle me répondit: "Je sais."
Commenter  J’apprécie          192

Video de Toni Maguire (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Toni Maguire
Vidéo de Toni Maguire
autres livres classés : incesteVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (2232) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1686 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..