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Philippe Vigreux (Traducteur)
EAN : 9782253053958
600 pages
Le Livre de Poche (01/09/1990)
4.32/5   166 notes
Résumé :
Était-il en train de lui arriver ce qui arrivait aux autres pères en cette drôle d'époque ? Il entendait des choses abracadabrantes sur la « jeunesse d'aujourd'hui » : des élèves de collège prenaient l'habitude de fumer, d'autres bafouaient la dignité de leurs maîtres, d'autres encore se rebellaient contre leurs pères ! Oh ! bien sûr, son prestige à lui restait intact, mais... quel bilan tirer de cette longue vie de rigueur et de fermeté ? D'un côté Yasine qui sombr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Cinq années. Cinq années se sont passées après les événements relatés dans le tome précédent de cette Trilogie du Caire. Maintenant, malgré la mort du jeune et prometteur Fahmi, la famille Abd el-Gawwad s'est agrandie un peu : les soeurs Khadiga et Aïsha sont mariées et mères d'un ribambelle d'enfants. Mais on les voit peu, elles demeurent chez leurs maris. On se concentre sur les autres membres de la famille. le patriarche Ahmed commence à se faire un peu vieux, il n'est plus la figure imposante, autoritaire d'autrefois. Encore un peu, oui, mais pour des garçons de seize et vingt-huit ans… Parlons d'eux : Yasine continue à faire la fête, à se saouler et à chercher la compagnie des femmes. Un autre mariage raté le pousse dans les bras d'une prostituée, au grand dam de son père. Quant à Kamal, il est en pleine réflexion, il songe à sa future carrière. Il est intéressé par les lettres et l'enseignement mais aussi par la politique. Suivra-t-il le chemin tracé par son frère ? Et cette pauvre Amina qui se dépérit à vue d'oeil. Et avec eux, on retrouve quelques amsi et connaissances. Et toujours cette fabuleuse cité du Caire, avec ses ruelles étroites et ses impasses, ses demeures avec des jardins intérieurs, ses échoppes, ses maisons closes, ses places publiques où manifestent l'élite intellectuelle et la jeunesse égyptienne.

En d'autres mots, ce deuxième tome de la trilogie, le palais du désir, dresse un portrait intimiste de la désormais fameuse famille Abd el-Gawwad. Tout tourne autour d'elle. Les mariages, les relations entre les membres de la famille, les enfants et les petits-enfants. Bien sur, ils ne vivent pas en vase clos, quelques événements historiques qui ont eu lieu au milieu des années 1920 ont été abordés, effleurés. Il y est question de la fin du protectorat britannique, des changements de gouvernements en Égypte (entre autre, la déconfiture du parti Wafd), mais autant qu'on aurait pu l'espérer. C'est un peu comme si la famille écoutait ces grands événements à la radio, d'une oreille distraite, sans vraiment se sentir concernés. Pourquoi réfléchir à ces grands enjeux quand on peut rejoindre les amis au café ou organiser un mariage ? Un peu décevant…

Dans tous les cas, le lecteur est tout de même ravi de retrouver la famille Abd el-Gawwad. Et la plume du grand auteur Naguib Mahfouz y est pour beaucoup. J'ai écrit en long et en large sur son style dans ma critique du tome précédent de cette trilogie, je ne me répéterai pas ici. Réalisme, attention aux détails, rigueur historique, etc. Ce que je peux ajouter, c'est que les personnages sont extrêment bien travaillés. On en sait peu mais suffisamment sur leurs caractéristisques physique, toutefois, leurs caractéristiques psychologiques et sociales, ainsi que leurs valeurs morales sont décrits avec soin, tellement qu'ils ont l'air réel. Ils sont complets. Et leur évolution psychologique est toute aussi intéressante. Tous les personnages principaux sont lancés sur une voie de laquelle il leur est difficile de s'en éloigner. Parfois, ils en deviennent un peu prévisibles (comme quand Yasine continue à autodétruire ses relations maritales) mais l'auteur s'arrange toujours pour nous réserver des surprises. Par exemple, à la fin du tome, je m'attendais à la mort d'un des personnages – question de finir sur une note dramatique, comme dans le tome précédent – eh bien, celui que je m'attendais à voir disparaître n'est pas celui qui est mort. Bref, une belle incursion dans l'intimité d'une famille égyptienne.
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Magnifique ! Autant j'avais peiné avec la densité du premier volume de la saga de la famille d'Abd el-Gawwad, père de famille conservateur et despotique dans l'intimité et par ailleurs joyeux viveur, autant j'ai dévoré ce volume où on voit les garçons devenus jeunes adultes (sauf Fahmi tué par les anglais à la fin du premier volume), en faire voir de toutes les couleurs à leur père et finalement le faire évoluer vers une plus grande humanité tout en le découvrant dans ses aspects d'homme joyeux et aimant la vie ; ce qui, loin de leur faire perdre le respect qu'ils en avaient, libère au contraire l'affection qu'ils ont pour lui. L'ombre de Fahmi plane également sur la famille, souvenir douloureux qui contribue chacun à évoluer tout en cherchant son chemin. Père et fils, chacun a ses secrets, notamment amoureux, à travers les affres de la passion qu'ils éprouvent tour à tour. Quant aux deux filles, Aisha et Khadiga, mariées et mères de famille, elles ont elles aussi leurs joies, leurs soucis et leurs problèmes, que Mahfouz nous décrit avec humour et humanité. Quasiment proustien, ce livre évoque les tourments du coeur et les vérités psychologique avec une acuité qui n'a d'égale que sa précision et sa véracité, sans oublier le fait que finalement, le personnage principal de cette trilogie, c'est le Temps.. Les personnages, toujours aussi attachants deviennent de plus en plus humains, proches de nous dans une civilisation qui s'ouvre à la modernité sans renier ses traditions. Il y a une scène mémorable entre le père et son fils Kamal où ce dernier essaie de défendre les idées de Darwin face à la tradition musulmane représentée par son père. Comme dit celui-ci, non seulement les anglais nous imposent leur politique, mais en plus ils nous font descendre du singe au lieu d'Adam, maudits soient-ils ! L'aspect historique et politique n'est du reste pas oublié et on voit peu à peu l'Egypte essayer de se dégager de la tutelle infernale des anglais, tandis que les jeunes partent vivre leur vie en Europe. Riche, foisonnante, concrète, admirablement écrite, l'oeuvre de Mahfouz est un beau témoignage, à la fois d'une humanité qui, dans son ambiguïté se cherche dans, par et quelquefois contre ses traditions, et d'un pays en quête de son identité. Oui, vraiment superbe.
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Nous continuons d'être entraînés dans les tourbillons de l'histoire égyptienne (1920-1927) à travers les joies et les drames de cette famille, dominée parAhmed el-Gawwad, négociant aisé, époux et père tout-puissant....
Du grand art, que du bonheur...
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          Voilà donc le second tome de la trilogie du Caire, qui fit connaitre Naguib Mahfouz, prix Nobel 1988, et, je dois le dire cela pèse un peu sur l'estomac.... Car, autant on peut éprouver de la sympathie pour les héros d'Alaa al-Aswany, autant ceux de Mahfouz nous deviennent vite insupportables. Comparaison idiote me direz vous, étant donné qu'entre les deux écrivains il y a quasiment deux générations d'écart, et qu'au moment de la parution de la trilogie, al-Aswany vagissait encore en ses langes... Ce qu'ils ont en commun, c'est cette ville du Caire écartelée entre deux aspirations, entre tradition et modernité, et où la religion est omniprésente, qu'on en soit écrasé, ou bien qu'on en piétine gaiement l'héritage. On ne peut donc nier une certaine filiation entre les deux grands écrivains égyptiens.

          Après nous être intéressés à Ahmed Abd el Gawwad, nous nous intéressons à ses fils -et dans le dernier volume, nous passerons aux petits-enfants. Quant à Ahmed, après avoir passé une période abstinente suivant la mort de son fils Fahmi, il a repris ses bonnes habitudes: il passe ses soirées à boire avec ses potes et des almées -musiciennes qui animent fêtes et mariages avec leur orchestre -et accessoirement, prostituées. Sa femme se réveille toujours à minuit pour l'attendre, le déchausser et l'aider à passer ses vêtements de nuit; mais elle a désormais le droit de sortir de la maison! dûment accompagnée et pour voir ses petits-enfants. Quel progrès.... Se doute t-elle que les soirées ne sont pas consacrées qu'aux parties de cartes? On ne le saura jamais. de toute façon, celui qu'elle n'appelle que "Maître" a tous les droits...

          le contexte historique est présent, mais discrètement; la population soutient le parti nationaliste Wafd et son leader Saad Zaghloul. Après l'indépendance concédée par les britanniques, Zaghloul devient le premier ministre du roi Fouad (le père du roi Farouk de triste mémoire...). On ne peut pas dire que la politique impacte réellement la vie de nos "héros"

          Les filles sont mariées; on s'intéresse donc aux deux fils restants. L'ainé, Yasine, vaguement employé dans un ministère, est un gros mou lubrique, qui va se retrouver à chevaucher la même croupe hautement lipidique d'une luthiste que son père. Celui-ci l'avait installée dans une belle villa au bord du Nil; Yasine, incapable de résister à... ce que vous pensez, l'épouse pour ses troisièmes noces....

          Kamal, étudiant à l'école normale (contrairement au voeu de son père: tous les étudiants souhaitant avoir une belle situation font du droit) est bigot jusqu'à l'extrême. Il est grand et maigre, très laid, avec une grosse tête et un gros nez. Il est bigot comme son père, l'hypocrisie en moins. Et le voilà confronté à l'autre monde. Car ses amis, ses trois meilleurs amis, appartiennent à cet autre monde. Kamal vit dans la vieille ville, tortueuse, médiévale, sous la loi religieuse. Dans cette vieille ville, Ahmed est un seigneur; il a des relations, il est respecté -mais enfin, ce n'est qu'un épicier alors que les parents de ses amis sont des haut fonctionnaires. Hussein vit dans une magnifique villa dans le quartier moderne. Et il a une soeur, Aïda, qui s'habille à l'occidentale, ne se couvre pas la tête, descend dans le jardin bavarder -horreur! avec les amis de son frère, et naturellement ce crétin de Kamal en tombe fou amoureux. Amour platonique et délirant. Il ne peut imaginer qu'Aïda ait un corps et des organes; non c'est un pur esprit. Quelle déception quand, à l'occasion d'un pique-nique aux Pyramides, Kamal découvre que ses amis ont apporté de la bière et des sandwiches au jambon....

          Après le mariage d'Aïda, le malheureux Kamal traverse une grosse crise. Il trouve qu'Allah, le clément, et miséricordieux n'a pas été avec lui très clément ni très miséricordieux. Pourquoi lui a t-il donné un gros nez? pourquoi, sous ce gros nez, lui a t-il mis la jolie Aïda pour mieux la lui retirer? Et puis, il découvre Darwin! L'évolution! Ecrit un article sur Darwin qui rend Ahmed fou de rage. Croire à ces bêtises! oser écrire sur ces bêtises, comme si elles méritaient qu'on s'y arrête. Entre Darwin et le Coran, pas de choix possible. Eh oui.... certains pensent encore de même un siècle plus tard. Bref, comme ses père et frère, Kamal va goûter à l'alcool, comme eux, en se cachant, mais contrairement à eux, en se sentant devenu presque athée....

          C'est long, parfois laborieux, et surtout, on a beaucoup de mal à supporter des personnages aussi faux qu'Ahmed. Certes, dans les sociétés occidentales, au début du siècle précédent, l'hypocrisie était de mise et combien de respectés bourgeois et pères de famille passaient leurs nuits avec des cocottes.... prêchant par ailleurs la vertu et la morale dans leur cercle familial. Oui, mais il ne passaient pas leur temps libre à faire des prières, ils ne mettaient pas dieu au début de chaque phrase. Cette civilisation du double langage, illustrée par le patriarche et ses amis, est incompréhensible et insupportable.... Nous allons voir ce qu'il en sera des petits enfants...
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Deuxième tome de cette trilogie égyptienne.

On retrouve les membres de la famille,Le Caire et la politique en toile de fond. le patriarche vieillit et après une période d'abstinence suite au décès de son fils,il retourne aux plaisirs charnels, à l'alcool et à ses amis. Son fils ainé se vautre dans le sexe et l'alcool au point d'épouser à peu près n'importe qui. le plus jeune lui se consume pour un amour platonique et impossible

Dans ce tome, il est essentiellement question des hommes et de leurs désirs . Les femmes qui avaient leur place dans le premier sont vraiment en arrière.

Les changements sont là: désinvolture du fils aîné, défiance envers la religion du dernier même les filles sont loin de la soumission de leur mère, l'éducation rigoriste du père ne semble plus porter ses fruits

Lecture plaisante et intéressante car on y voit une Egypte où la religion est certes présente mais les arrangements encore plus... pour les hommes !

Un peu moins réussi que le premier sans doute parce qu'on tourne quand même beaucoup autour des histoires d'amour et de sexes de ces messieurs .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Citations et extraits (131) Voir plus Ajouter une citation
«Écoutez-les parler de la beauté! Que connaissent-ils de son essence? Ils ne se laissent séduire que par les couleurs : la blancheur de l'ivoire, l'or des lingots. Demandez-moi mon avis. Je ne vous parlerai pas de peau brune et éclatante, d'yeux noirs comme l'ébène, de silhouette élancée, d'élégance parisienne... Non! Toutes ces choses sont belles, certes, mais ce ne sont que des contours, des formes, des couleurs tributaires en fin de compte des sens et des normes! Non! La beauté, c'est au coeur un sursaut qui le blesse, un souffle luxuriant qui s'épanche dans l'âme, un amour éperdu qui la porte sur des vagues d'azur, jusqu'à lui faire embrasser les cieux purs... Parlez-moi donc de cela si vous en êtes capables!»
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«Les plus anciens vestiges laissés sur terre ou sous terre sont des édifices de culte, aujourd'hui encore on en rencontre partout! Quand l'homme va-t-il enfin devenir adulte et s'appuyer sur lui-même? Et cette voix tonnante qui arrive du fond de la mosquée pour rappeler aux croyants la fin du monde? Depuis quand le monde devrait-il avoir une fin? Et quoi de plus beau que de voir l'homme combattre les chimères et les vaincre! Mais quand s'achèvera donc la lutte et quand le combattant proclamera-t-il qu'il est heureux en disant : "Soudain le monde me semble étranger! Serait-il né d'hier?" Ces deux hommes, là, devant moi, sont mon père et mon frère. Pourquoi tous les gens ne seraient-ils pas, eux aussi, mes pères et mes frères? Et ce coeur que je porte en moi, comment a-t-il pu se complaire à m'en faire voir de toutes les couleurs? Je n'arrête pas de rencontrer des gens indésirables, alors pourquoi a-t-il fallu que la seule personne que j'aime parmi eux s'en aille à l'autre bout de la Terre?»
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Ce jour s'enfuit quotidiennement, mais ce qui s'y attache de souvenirs est planté en moi à jamais, bâtis autour d'un lieu, d'une date, de noms, d'amis, de discussions autour desquels le coeur caracole, enivré, au point qu'il s'imagine qu'ils sont toute la vie ; qu'il se demande, tout près d'en douter : l'essence de la vie est-elle extérieure à ces choses? Y a-t-il eu vraiment avant elles un temps où mon coeur n'a pas contenu l'amour? où mon âme n'a pas été habitée par cette figure divine? Sans doute le bonheur t'en ivre à ce point que tu pleures les rendez-vous manqués de ton passé stérile, que la douleur t'étreint au point de fondre dans le regret de cette paix qui t'a quitté!
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Pour moi, reprit Kamal, le désir charnel est un instinct bas. L'idée d'y succomber m'est insupportable! J'irai même jusqu'à dire qu'il n'a peut-être été créé en nous que pour mieux nous inspirer un sentiment de résistance, de sublimation, afin de nous élever dignement au rang de la véritable humanité. Car de deux choses l'une : soit je suis un être humain, soit je suis un animal!
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La fascination trompeuse du calendrier consiste à nous donner l'illusion que le souvenir peut nous revenir, même si rien ne revient!
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