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EAN : 9782246052425
252 pages
Grasset (17/03/1999)
3.92/5   18 notes
Résumé :
Une tribu de femmes libres et même un peu folles, les Mercenaires, perturbe joyeusement la vie d'un petit port acadien dans les années trente, entretenant une guerre ouverte avec MacFarlane, marchand de bois, et Ma-Tante-la-Veuve, bigote régnant sur une triste clique. Le curé, lui, compte les points. Afin de prendre un avantage décisif, les Mercenaires frappent un grand coup en accueillant gratis les miséreux de la contrée vendus aux moins offrants. Et le charivari ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un roman des années 70, d'une autrice qui a redonné la fierté de leur langue aux Acadiens, comme Michel Tremblay avait fait pour les Québécois en osant mettre en scène le langage de la rue.

C'est une histoire qui présente« ces conteux, radoteux, discoureux, défricheteux-de-parenté… » qui mélangent le conte et la réalité.

C'est aussi un roman qui met en valeur des femmes fortes, des femmes libres qui habitent un lieu dit « les Cordes-de-bois » :
- la Piroune des années 1920, la première à raccourcir ses robes et à se faire couper les cheveux
- la tante Patience qui envoie des lettres humoristiques et des caricatures et des bandes dessinées.
- la Bessoune, fille de la Piroune, qui tient tête aussi bien au curé qu'au propriétaire de l'entreprise locale. Elle affronte même «Ma-Tante-la-Veuve », le pilier de la rigidité morale du coin.

Les mots que l'autrice met dans la bouche de ses personnages sonnent parfois bizarrement, on ne comprend pas tout de suite, mais les paragraphes suivants clarifient les expressions particulières sans qu'on ait besoin d'un lexique.

Une belle lecture, avec le charme de l'ailleurs et de l'autrefois, avec le petit goût des embruns salés des côtes acadiennes.
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Moins connu que "Pélagie-la-charette", premier prix Goncourt (1979) attribué à un écrivain non européen et qui racontait l'histoire d'une veuve, acadienne, qui décide, après avoir été déportée - comme beaucoup d'acadiens en 1775 et être devenue "esclave" en Géorgie (USA) - de retourner sur sa terre natale, le roman précédent de cette auteure hors norme "Les cordes de bois" est une ode magnifique à ce peuple de gens courageux, à leurs terres en bord de mer, au climat qui secoue et peut tuer, et à leur langage savoureux.

Premières phrases : " Si les filles du barbier savaient qu'elles furent à deux doigts de naître aux Cordes-de-Bois, au début du siècle, d'une garce appelée la Piroune, ou de la Bessoune, sa fille, elles chanteraient moins haut les vêpres. Et pourquoi pas ? Elles n'auraient pas pu naître aux Cordes-de-Bois, les filles du barbier, si le grand-père Guillaume, au lieu de s'en aller prendre femme à la Barre-de-Cocagne, avait louché du côté des Mercenaire, hein ?
Nous sommes tous, au pays, à deux doigts d'un mercenaire, d'un pirate, d'un matelot étranger échoué sur nos côtes un dimanche matin, entre la mer qui gagne et la mer qui perd. C'est si petit, le pays. Et des côtes, c'est si instable."

Dans ce roman passionnant, la narratrice, très intéressée à l'histoire des terres et des familles d'un village côtier du Nouveau Brunswick, essaie de " débrouiller les fils d'une histoire nouée par tant de mépris, haine, colère et chicanes épiques entre deux clans d'un même pays" depuis des générations...

Nous sommes dans les années 1930, et ce village acadien situé au bord de l'océan, est divisé en quartiers qui sont autant de clans : la Forge, les Cordes-de-Bois, le Pont... et habité de personnages hauts en couleur comme Ma-tante-la-Veuve, la Bessoune (des Cordes-de-Bois) qui fricotte avec les marins de passage, Pierre à Tom qui raconte quand il a envie et ce qu'il a envie, mais aussi Peigne, Zelica, Patience, Barbe-la-Défunte... Pas de nom de famille à l'époque : le fils de "Jérôme à Tilmon à Mélas à Jude", tout le monde sait de qui il s'agit...

Les Cordes-de-Bois, la butte qui domine le village et où habitent la famille Mercenaire, la Bessoune et sa mère la Piroune, abritent plutôt les clochards et les hors-la-loi ; c'est un lieu de fête et d'insouciance malgré la pauvreté qui y règne. La tribu de Ma-Tante-la-Veuve, les filles du barbier, sont plus aisées, mieux élevés, vont à la messe et représentent la bienpensance... et pourtant...

Comme dans tous les livres et pièces de théâtre d'Antonine Maillet, le thème des injustices sociales, des "bonnes gens" d'un côté et des "pauvres" de l'autre est fortement présent ; le curé, qui fait tonner son sermon depuis le haut de la chaire et son vicaire "de l'étoffe d'évêque" ne sont pas épargnés par l'esprit caustique de l'auteure ! Mais finalement, qui recupérera au marché de la paroisse, les vieux et les éclopés ?

L'écriture est sensationnelle, c'est le vocabulaire et l'humour qui font tout le sel de l'histoire ; quelques exemples ces ennemis qui se lancent des cailloux, s'appellent des noms, se grattent les nerfs... ; la Bessoune, et avant elle il y avait eu la Piroune, sa mère. Toutes de la race des crassoux, sargailloux et dévergondées... ; par rapport qu'ils étiont poursuivis dans les bois pis le long des côtes, ils aviont point le temps, nos aïeux, de ben équarrir leurs châssis de cabanes ni de planter ben droites leurs piquets de bouchures.

Une fresque constituée de plein d'histoires de vies pas faciles mais présentées de façon rigolote ; un excellent moment de lecture !
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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De la même façon que je l'ai signalé pour "La Sagouine" (voir article), la narration ne se fait pas dans un « français de France ». Ce roman est écrit dans la langue acadienne, la « langue des côtes".
Avec une joie de vivre et un rythme incroyables, Antonine Maillet apporte le témoignage d'un peuple au fort tempérament, fier de ses sorcières et de ses pirates, de ses vandales et de ses amazones, de ses origines et de ses légendes. Elle a su donner vie à cette matière "brassant le fictif et le vrai" (p 162).
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/11/15/antonine-maillet-les-cordes-de-bois/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C’est la forge qui dit ça, la forge qui s’est tout le temps complue à ce genre de ragots. Tellement qu’au pays on appelle ces commentaires des ragoûts de forge.

(Leméac, p.101)
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Elles ont pris tant soin des mœurs, des bienséances et de leurs robes amidonnées à l'empois de patates, ces pucelles, que tout le village s'est mis à leur exemple à ressembler à un catéchisme en image.
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… la Bessoune avait le génie dans le nez. Toute sa science de la nature et des hommes lui venait de son flair : le flair qui conduit tout droit la vie des narines aux poumons, au cœur et au cerveau.

(Leméac, p.107)
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Ce fut Patience, selon les racontars, qui fit son profit de l'escarmouche, Patience qui, à partir de ce jour-là, se lança dans la bande dessinée.

Page 117 de l'édition : Leméac du 3eme trimestre 1977
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Mais pour leur malheur, cet arrière-plan se trouvait en réalité l'arrière-cour de la Piroune qui en conçu comme qui dirait une arrière-pensée.
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