C'est de la côte qu'avaient surgi les premiers Caissie sortis d'exil, à la fin du XVIIIe siècle. Fatigué de traîner sa famille et son ménage depuis la Louisiane jusqu'à Memramcook, puis de Memramcook jusqu'à la Baie, Gélas Caissie s'était laissé choir sur le sable et y avait planté quatre piquets pour y supporter sa cabane. Petit à petit , sa descendance avait affermi les piquets et agrandi la cabane jusqu'à donner à l'habitation des premiers Caissie à peu près l'allure d'une maison.
Au pays des côtes, en ces années-là, passait parfois un étranger: un missionnaire, un quêteux, un vendeur de brosses ou de machines à coudre.Le petit Syrien surtout attirait le monde. Parce que lui, il vendait un peu de tout: du fil, des outils, du coton, du tiriac, de la poudre, des crayons et l'Almanach du Peuple. Il distribuait en plus des histoires , le petit Syrien, des histoires qu'il recueillait un peu partout dans ses voyages. Aussi les gens des côtes avaient-il toujours hâte de voir arriver son camion.