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EAN : 9782021033656
204 pages
Seuil (01/01/2011)
3.93/5   177 notes
Résumé :
Quatrième de couverture
Le destin de Dmitri Ress pourrait être mesuré en longues années de combats, de rêves et de souffrances. Ou bien à l’intensité de l’amour qu’il portait à une femme. Ou encore en blessures, d’âme et de corps, qu’il a reçues, happé par la violence de l’affrontement entre l’Occident et la Russie. Cette pesée du Bien et du Mal serait juste, s’il n’y avait pas, dans nos vies hâtives, des instants humbles et essentiels où surviennent les retr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Parallèlement au mépris des pompes du régime soviétique et des discours mensongers des apparatchiks et de l'intelligentsia soviétiques, un jeune orphelin découvre l'amour pur et lumineux. En vieillissant cet amour se transforme. Désormais seule sa joie de vivre compte pour ne pas être rattrapé par la morosité d'une idéologie pétrifiée. Puis se remémorant une jeune femme, un camarade infirme ou un opposant idéaliste (qui veut sauver l'humanité) — des brefs instants de pure grâce côtoyant parfois l'enfer — il reconnaît sa perception du monde moins égoïste mais plus encore désabusée sur les hommes.

Merveilleuse écriture de Makine qui nous explique que dans son pays l'histoire politique et l'amour des femmes sont indissociables.
Merci à lolokili pour cette magnifique lecture.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Dans un pays lointain coule un long fleuve, un fleuve qui se nomme Amour où les âmes suivent le flot tranquille du clapotis de l'eau. Parfois sereines, parfois rugueuses, ses eaux lèchent le rivage de l'Amour. Et l'Amour, je connais un gars qui en parle très bien. Pas moi, je te rassure. Dans un coin immensément loin de cette Sibérie, j'ai croisé ce gars aux yeux immensément clairs, Andreï Makine qui m'avait émerveillé lors d'une première rencontre, comme quand on croise le regard d'une femme sublime sur un quai de gare, transsibérien oblige... Je m'étais donc mis en condition, chapka et caleçon molletonné, vodka au frais, Tchaïkovski sur la platine.

Andreï Makine écrit des histoires d'amour qui se joue en un regard ou un silence. Elles sont certes brèves mais elles deviennent éternelles. du genre qu'on n'oublie pas dans une vie, même et surtout dans les putains de vie. A tout âge, aussi. Des bribes de souvenirs reviennent à la surface. Dans une chambre, à la terrasse d'un café, au pied d'une colline… Une rencontre d'un jour mais qui devient celle d'une vie. Une rencontre, un souvenir, vivre dans cette rencontre, mourir dans ce souvenir.

Je m'assois donc sur un banc, le regard posé sur ce lac où un cygne s'ébat dans la calmitude de cette fin de journée. le silence en impose, je l'écoute. le ciel pleure ses flocons de neige, les histoires d'amour sont souvent tristes. Je contemple le vide qui s'avance devant moi, le livre à la main. Des brèves histoires de vie, d'hommes et de femmes, de rêves aussi. Un livre sur les brèves amours éternelles. Chut. le silence enveloppe la tristesse de ce banc, de ce pauvre type assis sur ce banc, de ce cygne qui regarde un pauvre type assis sur un banc. le silence d'un amour, le fil d'un roman au fil des saisons. Insaisissable Amour.

Quelques fulgurances toujours aussi magiques sortent de la plume de l'auteur. C'est pour vivre ces moments-là que je poursuis mes lectures. L'Amour par procuration. Même si ses brèves sont trop brèves et que l'ivresse des grandes steppes ne m'a pas autant enivré que lorsque j'ai traversé l'archipel d'une autre rive le regard lumineux d'Andreï attire toujours mon regard de lecteur, du moins tant que la bouteille de vodka ne s'est pas totalement évaporée de la chaleur de deux corps nus dans la taïga.
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Bribes d'une vie.
Admirable « Livre des brèves amours éternelles » dont le narrateur compose une poignante symphonie intime, assemblage lumineux d'évanescents fragments de son existence.

Retours en arrière (flashback diraient judicieusement les angliches) grandioses ou minuscules, parfois absurdes, ces instants de grâce belle ou cruelle se cristallisent en huit récits indépendants, reliés néanmoins par le cheminement spirituel d'une seule et même âme qui a déjà tant vécu.

Cet éblouissant voyage dans sa mémoire prolonge ma découverte d'Andreï Makine amorcée dans L'archipel d'une autre vie. J'y ai retrouvé la superbe harmonie des phrases unissant l'austérité soviétique aux ors baroques d'une Histoire enfuie, paradoxe fascinant qui à nouveau m'a transportée.

Le Testament français patiente au sommet de ma pile, m'est avis que je ne vais pas longtemps lui résister.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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De brèves amours éternelles (un délicieux paradoxe qui s'explique très rapidement à la lecture du livre), la luminosité des paysages enneigés ou des villes sous le soleil estival, les idéaux amoureux et sociaux de l'enfance qui s'étiolent peu à peu à l'adolescence, des chapitres comme des courts récits ou des tableaux, l'histoire de l'URSS en parallèle de celle du narrateur et de ses amours ; ce livre d'Andreï Makine est tout cela à la fois et tellement plus aussi. Pour moi, il fut un émerveillement renouvelé à chaque chapitre, un éblouissement par le biais du regard amoureux du narrateur, une douce amertume quand vient le temps des désillusions adolescentes, une tristesse lancinante illuminée par de fugaces bonheurs aux visages féminins.

Ce livre, si difficile à classer dans un genre (roman à épisodes, recueil de nouvelles, récit autobiographique, mémoires amoureuses ?), est également pour moi difficile à transmettre dans cet article tant j'en retiens des sensations et une lumière qui m'habitera encore longtemps plutôt que des faits à narrer. J'éprouve la « bienheureuse inaptitude à réduire » ce roman à lui-même. Je ne peux que vous le conseiller avec force et vous souhaiter autant de bonheur que moi à la lecture de ce chef-d'oeuvre.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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L'histoire de Dmitri Ress , chapitre après chapitre, est contée comme des «nouvelles» que l'on pourrait lire indépendamment si ce n'est qu'elles respectent l'ordre chronologique de la vie de Ress avec la politique de la Russie en toile de fond.
Je compare l'écriture de Andreï Makine à un poème symphonique et, comme un poème ou une musique aimés, je veux le lire et l'écouter encore et encore.
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Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s’usent pas, des attachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l’arbre meurt mais leurs entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre trajet de mortels. Leurs éblouissements surgissent dans des lieux souvent si humbles et éphémères que nous refusons de nous y attarder. Nous préférons bâtir nos rêves avec les blocs granitiques des décennies. Nous nous croyons destinés à une longévité de statues.
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Les papillons de nuit se jetaient sur toute source de lumière, se cognaient, se brûlaient, tombaient épuisés, reprenaient leurs forces, se précipitaient de nouveau vers l’incandescence. Devant l’absurdité de leur entêtement, il fallait imaginer un éros sublime dont l’intensité rendait dérisoire le risque de mourir.
Cette année-là, pendant le mois d’août, nous voyions une nuée d’insectes kamikazes cribler, chaque soir, les lumignons des restaurants et les réverbères. Et des foules de vacanciers qui, avec une obstination semblable, cherchaient la chaleur d’une étreinte, l’aveuglement d’une liaison.
La conscience d’en faire partie créait en nous un sentiment ambigu : la joie d’appartenir à une tribu bronzée, festive, avide d’amour et, en même temps, la déception de n’être qu’un jeune couple de plus, une union estivale, éphémère et fiévreuse, parmi tant d’autres dans cette station balnéaire de la mer Noire…
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Grâce à elle, je compris soudain ce que signifiait être amoureux : oublier sa vie précédente et n’exister que pour deviner la respiration de celle qu’on aime, le frémissement de ses cils, la douceur de son cou sous une écharpe grise. Mais surtout éprouver la bienheureuse inaptitude à réduire la femme à elle-même. Car elle était aussi cette abondance neigeuse qui nous entourait, et le poudroiement solaire suspendu entre les arbres, et cet instant tout entier où se laissait déjà pressentir le souffle timide du printemps. Elle était tout cela et chaque détail dans le tracé simple de sa silhouette portait le reflet de cette extension lumineuse.
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Me revint alors le souvenir du vieux couple sous un ciel d'orage, dans une petite station balnéaire de la mer Noire. Le vieux militaire de l'armée Blanche et sa femme. Qui plus que ces deux survivants de la Russie d'antan pouvait honnir le vieillard dans son fauteuil à bascule ? Qui plus qu'eux deux avait droit à une réparation de la part de l'Histoire ? Et pourtant j'étais absolument certain que jamais ils n'auraient saisi la poignée vengeresse. Car il n'y avait pas de haine dans leur coeur. Juste la luminosité des instants anciens que, durant la nuit d'orage, l'homme évoquait pour rasséréner sa compagne. « Tu te rappelles, disait-il réfugié sous la hutte des panneaux, le jour où je t'ai enfin retrouvée, en Crimée ? C'était l'hiver, une journée glaciale et pleine de soleil, nous mourions de faim... Et puis, dans un vignoble abandonné, tu as cueilli deux grappes de raisin, les dernières qui avaient échappé aux oiseaux et aux hommes, des grains desséchés mais divinement doux, on aurait dit des pépites de lumière. Nous les avons mangés et nous nous sommes remis à marcher...»
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Du fleuve parvenait le froissement sonore des glaces qui commençaient à fondre. Dans l'air planait, grisante, la senteur froide des eaux qui se libéraient, encore invisibles, sous les neiges. Le soleil m'éblouissait et, au début, je ne réussissais pas à fixer ce visage aimé qui me souriait, je clignais des yeux, devinant inconsciemment qu'il ne s'agissait pas seulement du soleil mais de l'incapacité pour un regard humain à percevoir, au-delà de l'harmonie des traits, cette beauté insaisissable qui se créait et se recréait à chaque instant.
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Videos de Andreï Makine (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Makine
Augustin Trapenard reçoit Andreï Makine, écrivain, académicien, pour "L'Ancien Calendrier d'un amour", édité chez Grasset. Ce titre énigmatique fait référence à une "parenthèse enchantée" pendant laquelle Valdas et sa bien aimée peuvent vivre "en dehors de la comédie humaine" entre l'ancien calendrier de la Russie et le nouveau.  En effet, le livre raconte l'histoire d'un jeune aristocrate russe embarqué dans le tourbillon de la révolution de 1917 qui finira sa vie en France. L'homme fera l'expérience de l'amour et ne cessera jamais d'oublier celle qu'il a aimé. Son histoire c'est aussi l'histoire d'un exil, un exil qui rappelle celui connu par l'auteur. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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