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Citations sur Le testament français (226)

Désormais,nous parlions pour ne rien dire.Nous vîmes s'installer entre nous l'écran de ces mots lisses, de ces reflets sonores du quotidien, de ce liquide verbal dont on se sent obligé, on ne sait pourquoi, de remplir le silence.Avec stupeur,je découvrais que parler était, en fait,la meilleure façon de taire l'essentiel
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Je progressai lentement d'une épitaphe à l'autre : Capitaine aux dragons de l'impératrice. Général de division. Peintre d'Histoire, attaché aux armées françaises : Afrique, Italie, Syrie, Mexique. Intendant général. Président de section au Conseil d'Etat. Femme de lettres. Ancien grand référendaire du Sénat. Lieutenant au 224 d'Infanterie. Croix de Guerre avec Palmes. Mort pour la France… C'étaient les ombres d'un empire qui avait jadis resplendi aux quatre coins du monde… L'inscription la plus récente était également la plus brève : Françoise, 2 novembre 1952 – 10 mai 1969. Seize ans, toute autre parole aurait été de trop.
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Encore enfant, je devinais que ce sourire très singulier représentait pour chaque femme une étrange petite victoire. Oui, une éphémère revanche sur les espoirs déçus, sur la grossièreté des hommes, sur la rareté des choses belles et vraies dans ce monde. Si j'avais su le dire, à l'époque, j'aurais appelé cette façon de sourire "féminité"...
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C'était un pays (la France) livresque par essence, un pays composé de mots, dont les fleuves ruisselaient comme des strophes, dont les femmes pleuraient en alexandrins et les hommes s'affrontaient en sirvantès [...] La France se confondait pour nous avec sa littérature. Et la vraie littérature était cette magie dont un mot, une strophe, un verset nous transportaient dans un éternel instant de beauté.
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"Vous, les Français, vous vous battez pour l'argent. Et nous, les sujets de la reine, nous nous battons pour l'honneur !" Alors, du navire français, on entend parvenir avec une bouffée de vent salé cette exclamation joyeuse du capitaine : "Chacun se bat pour ce qu'il n'a pas, sir ! "
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Mais la vie ne se souciait pas de la cohérence du sujet. Elle déversait son contenu en désordre, pêle-mêle. Par sa maladresse, elle gâchait la pureté de notre compassion et compromettait notre juste colère. La vie était en fait un interminable brouillon où les évènements, mal disposés, empiétaient les uns sur les autres, où les personnages, trop nombreux, s'empêchaient de parler, de souffrir, d'être aimés ou haïs individuellement.
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C’est grâce à ces rêves, peut-être, que j’avais pu endurer et cette misère, et l’humiliation, souvent atroce, qui accompagne les premiers pas dans le monde où le livre, cet organe le plus vulnérable de notre être, devient marchandise. Une marchandise vendue à la criée, exposée sur les étals, bradée.
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"Tu te souviens, en automne, nous avons vu un vol d'oiseaux migrateurs ? — Oui, ils ont survolé la cour et puis ils ont disparu. — C'est ça, mais ils continuent à voler, quelque part, dans les pays lointains, seulement, nous, avec notre vue trop faible, nous ne pouvons pas les voir. Il en est de même pour ceux qui meurent..."
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Quelques jours plus tard, la vie se figea. Par une nuit limpide, le froid polaire descendit du ciel. Le monde se transforma en un cristal de glace où s’étaient incrustés les arbres hérissés de givre, les colonnes blanches et immobiles au-dessus des cheminées, la ligne argentée de la taïga à l’horizon, le soleil entouré d’un halo moiré. La voix humaine n’avait plus de portée, sa vapeur gelait sur les lèvres.
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Elle referma le "sac du Pont Neuf", le porta dans sa chambre, puis nous appela à table. Après un silence, elle se mit à parler d'une voix égale et calme, en français, bien que, pendant les repas (à cause des amis ou des voisins qui venaient souvent à l'improviste), nous parlions la plupart du temps en russe, elle nous raconta le défilé de la Grande Armée et l'histoire du petit caillou brun nommé "Verdun". Nous saisissions à peine le sens de son récit - c'est le ton qui nous subjugua. Notre grand-mère nous parlait comme à des adultes! Nous voyions seulement un bel officier moustachu se détacher de la colonne du défilé victorieux, venir vers une jeune femme serrée au milieu d'une foule enthousiaste et lui offrir un petit fragment de métal brun...
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