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EAN : 9782714455307
290 pages
Belfond (09/01/2014)
3.62/5   16 notes
Résumé :
Jeune libérienne de 23 ans, Jacqueline échoue sur l’île de Santorin, terriblement seule et affamée. Pour survivre, elle fait les poubelles et masse les touristes qui bronzent sur la plage pour quelques euros. Le danger est partout : dans les rondes de police, l’intérêt d’une bande de proxénètes pour une jolie fille, les hallucinations causées par la faim. Et il est aussi dans la voix de sa mère résonnant en permanence dans sa tête, qui lui tient compagnie dans sa so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un livre qui sort des sentiers battus pour raconter la terrible histoire de la guerre civile libérienne.
Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer en lisant le résumé de la quatrième de couverture, La mesure de la dérive ne se déroule pas au Libéria, mais sur l'île grecque de Santorin, où nous découvrons le quotidien de la jeune Jaqueline… Murée dans la solitude, elle vit – ou plutôt survit – avec les souvenirs de son passé, qui ont marqué à jamais son existence, essayant à tout prix de garder fierté et décence.
Au fil des pages, nous sommes entraînés dans les pensées de Jaqueline, qui tente de survivre comme elle le peut, sans aide, seule. Peu à peu, ses souvenirs se mêlent à la réalité, les réflexions terre-à-terre de sa vie de réfugiée laissent de la place à des scènes touchantes, qui susciteront forcément de la nostalgie, tant pour l'héroïne que pour le lecteur. Et les images reviennent, toujours les mêmes ; des voix surgissent, accompagnant la jeune fille dans ses combats quotidiens… à tel point que l'on se demande si c'est la réalité ou le fruit de son imagination.
Le récit est organisé comme un flot de pensées qu'il est impossible d'arrêter, véritable stream of consciousness qui nous fait découvrir peu à peu l'existence de Jaqueline. Nous découvrons des scènes « d'avant », et des scènes de « maintenant », mais que s'est-il passé entre temps ? Qu'est ce qui a transformé cette jeune fille appartenant à un milieu privilégié en une réfugiée obligée de se cacher des autorités et de dormir en pleine nature, avec à peine de quoi se nourrir ?
Tout au long du roman, des pistes sont suggérées, discrètement, au compte-gouttes, ce qui obligera les lecteurs curieux à lire de plus en plus vite pour découvrir le secret de Jaqueline et reconstituer les faits. Car ce qui lui est arrivé, elle a besoin de le partager, mais il faut trouver la bonne personne à qui le raconter.
Ce roman a été pour moi très dépaysant, non seulement parce qu'il fait allusion à des lieux qui me sont inconnus, mais aussi parce que c'est un genre que je n'ai pas l'habitude de lire. Pour cette raison, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'avais peur de trouver un roman aux scènes violentes et sanglantes, assorties de trop nombreux détails historiques, mais Alexander Maksik nous offre quelque chose de tout à fait différent : l'histoire d'une seule personne – pas forcément toujours du côté des « bons » – et de ses efforts pour continuer à vivre dans le présent malgré le passé. C'est un livre extrêmement profond qui, même s'il ne contient que peu de passages explicitement violents, nous touchera au plus profond de nous.
Malgré certaines longueurs au début, j'ai passé un très bon moment. Après coup, les quelques passages qui m'ont paru un peu répétitifs dans la première partie prennent leur sens et la structure quelque peu désordonnée illustre parfaitement le flot de pensées qui habitent l'esprit de l'héroïne. Les amateurs d'action et de détails historiques à n'en plus finir s'ennuieront sans doute un peu, mais les autres se laisseront sans aucun doute séduire par cette histoire triste et touchante, qui nous laisse avec une lueur d'espoir.
Je remercie Babelio pour l'organisation des Masses critiques, car je n'aurais sinon probablement pas découvert ce roman, et les éditions Belfond pour leur confiance.
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Tout d'abord merci à Babelio pour cette découverte grâce à Masse critique.
La mesure de la dérive est un roman haletant, que l'on ne peut quitter.

On suit le périple périlleux, à Santorin, et même à travers l'Europe, de Jacqueline, libérienne, ayant quitter brutalement son pays, en guerre civile;
La quête quotidienne d'eau, de nourriture, de repos, de calme, d'un abri est omniprésente car essentielle à la survie de l'héroïne, qui doit supporter, inventer, organiser, sans cesse pour ne pas s'effondrer ( au sens propre et figuré ), sa survie sans aucun moyen, ni recours et dont la construction du livre nous fait appréhender toute la nécessité, la difficulté et la cruauté.
Comment survivre à l'horreur et aux ravages de la guerre ?... Comment repartir à zéro dans un pays d'exil... sans rien, sans personne...
On admire l'instinct de survie, la façon de vouloir préserver à tout prix sa dignité, malgré la faim, la solitude, la peur, la folie qui la gagne... La description de la souffrance due à la faim m'a fait penser au " petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain" de Jacques Prévert dans Paroles.
A chaque page on sent la rage, le désespoir, la torture mentale qui la font se taire... Se taire jusqu'à la rencontre qui fera tout avouer.
Ce livre est une leçon de vie, hypnotique, qui au delà de l'histoire simple et singulière nous rappelle l'importance de notre relation aux autres et que rien n'est jamais définitif.
A lire bien sûr !

D'autre part, dans les remerciements Alexander Maksik fait référence à Liberia : An Uncivil War, film de Tim Hetherington, excellent photographe reporter, décédé en avril 2011, au cours d'un reportage en Lybie, également auteur d'un livre intitulé Long Story Bit by Bit : Liberia Retold... une pensée pour lui.
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Je tiens à vivement remercier Babelio qui, grâce à son opération Masse Critique, m'a permis de découvrir ce livre.
« La mesure de la dérive » est un livre fort, poignant et très prenant.
Sans ambages, nous faisons connaissance avec Jacqueline, jeune femme libérienne, seule, fuyant un pays en guerre et confrontée à un nouvel environnement, une nouvelle vie. Elle devra redoubler d'efforts pour trouver les ressources nécessaires pour survivre. Nous l'accompagnons jour après jour dans son combat pour appréhender « l'après ». Si nous savons qu'elle garde en elle de grandes souffrances, ces dernières elle ne les partagera avec quelqu'un, et donc avec nous, qu'à la toute fin du roman. Et c'est la claque. Car si on suppose que les événements ont été compliqués, on n'est loin de pouvoir imaginer ce qui lui est arrivé.
L'auteur a su faire transparaitre les sentiments complexes de cette jeune femme, les difficultés qu'elle a dû affronter et les horreurs qui ont marqué à jamais sa vie. L'histoire de cette jeune femme est bouleversante. le style d'écriture d'Alexander Maksik est vraiment travaillé et rend la lecture d'autant plus intrigante.
Je ne connaissais pas cet auteur et, au risque de me répéter, je remercie Babelio car cette lecture fut une belle découverte.
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Autant j'avais adoré 'Indigne' du même auteur, autant je n'ai pas du tout accroché à ce roman. On y retrouve son style et sa plume si agréable mais je n'ai pas réussi à me plonger dans l'histoire que j'ai trouvée ennuyeuse. J'ai mis énormément de temps à finir cet ouvrage et j'ai même été obligée de me forcer un peu... Outre la qualité d'écriture d'Alexander Maksik, rien ne m'a convaincue ici.
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Il ne s'agit pas de tourisme. Une histoire de migrants, d'exil. de ces naufragés qui s'échouent sur les îles de la Méditerranée?  Contraste entre  le paradis des vacanciers qu'est Santorin et la quête d'un refuge, de quelque chose à manger.

Les clichés véhiculés par la télévision cachent les destins individuels. Jacqueline est libérienne. Ni la pauvreté, ni l'espoir d'un avenir européen ne l'ont jetée sur la plage. Evacués, les préjugés! Jacqueline veut passer pour une étudiante américaine en vacances, et elle donne le change, réussit à cacher la faim, se trouve même un moyen de survie : masseuse sur la plage.

Le premier acte de sa tragédie, n'est pas l'exil. Son histoire est au Libéria. Oubliés, les clichés! Elle n'est pas une "pauvre" africaine lancée par la misère sur les routes...Au contraire, elle a vécu une enfance est une jeunesse dorée dans les arcanes du pouvoir, a étudié à Londres. Les difficultés du quotidiens n'effacent pas son passé dans le Libéria de Charles Taylor, guerre civile, enfants soldats et massacres....

C'est un sujet grave qui contraste avec le cadre solaire de l'île, la beauté des paysages, l'insouciance des vacanciers. J'aurais quand même voulu en apprendre un peu plus sur le Libéria.






Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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critiques presse (3)
Telerama
05 février 2014
Le parti pris du monologue intérieur confère une grande puissance d'évocation à ce livre hypnotique, qui jamais ne glisse vers la molle empathie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
27 janvier 2014
La véritable intrigue se situe ailleurs, dans une personnalité qui ne se déploie que progressivement, à travers une poésie solaire et magnétique.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LesEchos
08 janvier 2014
En questionnant les fondements de l’humanité, Maksik nous rend plus proches des faibles, des clandestins, des victimes. Il nous met en colère contre une société brutale et hypocrite, qui permet la barbarie et la torture.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« C'était l'avantage du désir. Canaliser l'esprit. Éliminer toute pensée extérieure. Plus le désir était grand, plus l'esprit s'allégeait. Elle aurait aimé vivre ainsi. Peut-être est-ce de cette manière qu'elle s'en sortirait. En vivant au gré de ses désirs. En ne désirant que ce qu'elle pouvait obtenir. »
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C'était sa colère qui la faisait tenir debout, sa colère qui écartait la nourriture de son esprit. Son esprit. Une chose qu'elle avait appris à mépriser, comme le goût poussiéreux qui flottait dans sa bouche.
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Interview d'Alexander Maksik (en anglais)
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