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EAN : 9782743629748
300 pages
Payot et Rivages (04/02/2015)
3.43/5   43 notes
Résumé :
Fable imprégnée de légende, "Le Meilleur" est le récit d'une ascension fulgurante, celle de Roy Hobbs, joueur de baseball devenu un héros. Adulé de tous, Roy est un chevalier des temps modernes, qui utilise sa batte comme le roi Arthur maniait Excalibur. Mais la belle histoire menace de s'enrayer : les rêves recèlent toujours leur part d'ombre. Publié en 1952 aux États-Unis, "Le Meilleur" est un classique, "formidable allégorie du rêve américain" (Le Point). Il est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Des hommes plus grands que la vie

Un gamin se tient droit sur la pelouse d'un stade, une balle de baseball bien serrée dans la main comme si sa vie en dépendait ; à ses côtés, un adulte empoigne une batte qui a pour nom "Wonderboy", et qui est capable de scalper des balles. Qui sont cet homme et ce gamin ? Une seule et même personne, tour à tour lanceur et frappeur, rêveur et désabusé. Son nom ? Roy Hobbs. Malgré son âge, 35 ans, en voilà un qui est bien décidé à foutre un sacré swing au destin, lui qui depuis l'âge de 20 ans bouffe de la vache enragée.

Quand il entre dans l'équipe des New York Knights, rien ne va plus et les jeux semblent être faits. Pop Fisher, l'entraîneur, dézingue ses joueurs à coups de vociférations désespérées, mais rien n'y fait : les défaites s'enchaînent inlassablement. C'est à ce moment que Roy va saisir sa chance : celle de devenir le plus grand joueur de baseball de tous les temps, le "meilleur", en somme. Pour décrocher la lune il suffit de bien viser, et surtout de frapper fort : lui envoyer des boulets de canon jusqu'à ce qu'elle tombe d'elle-même comme un fruit bien mûr. Sa batte magique est là pour l'épauler.

D'abord goguenards, ses coéquipiers vont vite comprendre qu'ils n'ont pas affaire à un pied-tendre. le stade est sa prairie, la batte son tomahawk et les adversaires, des bisons auxquels il faut porter le coup de grâce. Alors tout s'accélère et les Knights n'en reviennent pas : le joueur prodige leur trace le chemin qui mène à la gloire. Les "chevaliers" new-yorkais vont partir à l'assaut d'une forteresse qui leur semble de moins en moins imprenable à mesure qu'ils s'en approchent, avec, à la tête de cette forêt d'hommes prêts à en découdre, Roy en Macduff flamboyant. Mais la médaille a toujours son revers…

Dans une prose poétique fabuleuse, Bernard Malamud nous conte une histoire palpitante, qui bat comme un tambour dans la poitrine du lecteur.

Comme le confie Iris à Roy (une femme dont il a fait la conquête) : « Sans héros, nous sommes des gens ordinaires, et nous ne connaissons pas nos possibilités. »

C'est peut-être bien cela qui nous manque aujourd'hui : des hommes plus grands que la vie.

© Thibault Marconnet
Le 7 août 2021
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Un auteur que j'ai découvert grâce a celle qui partage ma vie ...
Que dire sur ce superbe roman ?
Malamud c'est un régal des mots , avec des phrases qui emportent tout sur leur passage , un sens du détail incroyable ...
Sur le papier cette intrigue ne fait guère illusion , et pourtant ....
Le lecteur décolle et ne revient sur terre qu'au terme de cette immense variation sur le monde du sport , que Malamud porte au plus haut .
C'est simple , on cherche l'erreur dans cette partition qui est devenue culte au fil des ans .
Somptueux , magistral .
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Bon, je suis pour ma part passé un peu côté de ce livre.J'ai tenté par tous les moyens de comprendre ce qu'un de mes maitres littéraires, Don Delillo, pouvait lui trouver de si mémorable.
Déjà, le jeu de baseball en lui-même, peut-être à cause de la traduction entièrement française (je pense qu'on aurait pu simplement conserver les termes anglais, même si je comprend bien que la traduction a bénéficié du concours de la fédération française, et donc de termes francisés), lorsqu'on connait un peu ce jeu, sonne maladroit ou faux. Et pour ceux qui ne le connaissent pas, le lexique final est loin de donner toutes les clefs de compréhension du jeu. Vous aurez compris, je pense que le travail d'adaptation pourrait, d'une manière ou d'une autre, être bien meilleur.
Pour ce qui est des personnages et de l'intrigue, on est constamment à la recherche d'une volonté de moral, ou bien de son absence volontaire. Ce qui pourrait être une finesse de traitement, fini par apparaitre comme une tentative manquée de conclure... qu'il n'y a pas grand chose à conclure...
Comme dit précédemment dans les critiques, les personnages féminins sont plutôt ratés, manquent d'ambivalence et de profondeur, et on ne comprend pas bien où veut en venir le héros, et donc au final l'auteur.
On est parfois surpris par des facéties qui colorent un peu le récit (le prestidigitateur, le déguisement en serveur,etc.), mais sans qu'elles réussissent à développer la personnalité du héros, qui au final, apparait comme plutôt pas très fin...
Je verrai à me procurer l'Homme de Kiev, pour ne pas rester sur cette impression mitigée, un peu comme si David Lynch avait conseillé de regarder Donnie Darko...
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Je comprends les commentaires précédents. Pour ceux qui ne connaissent pas les règles et les subtilités du baseball, la description sur plusieurs pages du match constituant l'acmé du roman peut paraître longue et ennuyeuse ... et pourtant ... et pourtant, Malamud décrit avec un suspens à couper au couteau une rencontre décisive pour l'ensemble de l'intrigue du livre. La partie de baseball la plus importante de la carrière de cet ovni qu'est Roy Hobbs qui devient à 35 ans et en l'espace d'une seule et unique saison un héro national comme ont pu l'être Babe Ruth et Joe DiMaggio !
Malamud s'amuse avec la société américaine, avec l'American Way of Life et même avec 60 ans d'avance avec le Make America Great Again d'un certain Donald Trump. Mais c'est pour mieux dézinguer ce rêve américain, pour mieux critiquer cette organisation monopolistique du baseball américain et tout ce qui l'entoure (propriétaire véreux, entraineurs dépassés, parieurs sans scrupules).
Les femmes ont mauvaise presse dans ce roman (qui date des années 50 rappelons-le) puisqu'elles sont à l'origine de bien des mlaheurs de notre héro... mais sans elles, point d'histoire.
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Ce classique américain, sorti en 1952, n'est parvenu traduit en France qu'au XXIe siècle.
Le baseball, en toile de fond, pouvait-il faire craindre qu'il ne traverse pas indemne l'Atlantique ? Et ce héros hautain, avec sa soif de vaincre sans pareil, ne serait-il pas difficile à aimer ?
C'est vrai que le sujet est complexe : l'ambition démesurée, la niaque à tout casser. Mais, par-delà le sport, par-delà les amours contrariés, c'est l'histoire universelle d'un type brisé qui n'aura de cesse de prendre sa revanche sur la vie.
Et puis, comment a-t-on pu priver les non-anglophones de cette écriture aussi longtemps... Les phrases qui m'arrêtent et que je relis pour mon seul plaisir ; la sensation de me tenir aux côtés des personnages aussi. Tout est si réel, si visuel, si vrai.
De quoi me camper pour de bon dans ce roman, de le retrouver avec envie, de ne pas vouloir le lâcher.
Comme une balle rattrapée à la volée.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
24 octobre 2016
Entre ombres et fatalité, avec un sens aiguisé du récit, Bernard Malamud interroge les mirages de l’American Dream.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
09 mars 2015
Mais ce roman essentiellement tragique est drôle d'un bout à l'autre, semé de détails loufoques que Malamud semble voir couler de sa plume (...). On se croirait chez Chaplin…
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
28 janvier 2015
Il y a de la magie dans l'histoire de Roy Hobbs, dont la batte de bois blanc semble un avatar contemporain d'Excalibur, l'épée de la geste arthurienne ; il y a de la trivialité aussi, de la violence ; enfin, il y a énormément de dérision et d'ironie dans la façon dont le romancier s'attache à mettre à mal le rêve américain – de réussite, de prospérité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
– Vous m’aviez déjà vu jouer, avant l’autre soir ?
Elle fit non de la tête : « Une seule fois, et puis hier.
– Pourquoi vous étiez venue, la première fois ? »
Elle écrasa sa cigarette dans la terre. « Parce que j’ai horreur de voir les héros en échec. Ils sont déjà si peu nombreux. »
C’était dit d’un air sérieux, il sentit qu’elle était sincère.
« Sans héros, nous sommes des gens ordinaires, et nous ne connaissons pas nos possibilités.
– Vous voulez dire que les grands font les records, et que les petits essaient de les battre ?
– Oui, c’est leur rôle aux grands, d’être les meilleurs. Et nous, il faut que nous comprenions ce qu’ils représentent, et que nous prenions modèle sur eux. »

(p. 212-213)
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Quand l’aube culbuta la nuit, une rafale de pluie l’aveugla – non, la vitre était fermée, mais les gouttes obliques lui donnèrent soif, et de cette soif naquit la faim. Il tendit la main vers le filet pour y prendre son caleçon. Il fallait qu’il arrive le premier au wagon-restaurant, histoire de limiter la portée de ses bourdes car il doutait fort que Sam soit levé pour lui indiquer quoi commander et comment se tenir. Il retira son sweat-shirt gris et baissa le caleçon de coton blanc qu’il portait en guise de pyjama au cas où surviendrait un accident qui ne lui laisserait pas le temps de s’habiller. Il passa sa chemise en se contorsionnant, voulut enfiler le pantalon de son beau costume, courbé en deux pour le remonter, mais il avait fourré les deux pieds dans la même jambe, et ses acrobaties ne le menèrent nulle part. Il s’inquiéta de se retrouver ainsi bloqué dans une camisole de force sur sa couchette avec une marge de manœuvre aussi réduite ; il risquait de faire craquer son pantalon, ou d’être obligé d’appuyer sur le bouton pour appeler le porteur, ce qu’il redoutait. À force de se tortiller, il finit par attraper le bas de la jambe et tira dessus. Il libéra ses pieds avec un soupir de soulagement, glissant cette fois le bon dans la bonne jambe. Il s’assit alors, fixa ses chaussettes, noua ses lacets, passa une cravate et parvint même à endosser une veste : lorsqu’il écarta les rideaux, prêt à sortir, il était habillé de pied en cap.
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Il fit demi-tour et plongea sous l’eau noire. Il faisait de plus en plus sombre et de plus en plus froid à mesure qu’il descendait. Bientôt il fut dans les ténèbres, sans que sa main ne rencontre encore le fond. Malgré l’engourdissement qui gagnait ses bras et ses jambes, il continuait à descendre, empli d’appréhensions réfrigérantes et d’idées bizarres.
Iris n’en croyait pas ses yeux. Elle s’était dit qu’il allait remonter tout de suite et bientôt elle prit peur. Elle eut beau regarder partout, il ne faisait pas surface. Un sentiment d’abandon la saisit.

(p. 221)
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Il avait la sensation de courir depuis des siècles et la forêt obscure passa devant lui en un éclair flou ; comme il ralentissait, chaque arbre noir fut suivi d’un blanc, et puis tous les arbres furent auréolés d’une lumière sombre, jusqu’à ce que la lune traversant les feuillages éclaire les bois. Le garçon en surgit avec son chien, et dans son cœur, Roy lui chuchota un message confidentiel : Fais bien attention en traversant la route, petit, mais c’était trop tard ; l’enfant gisait, brisé, en sang, dans une flaque de lumière, sans personne pour s’occuper de lui ni même dire une prière sur sa jeunesse perdue.

(p. 177)
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Toujours la forêt leur faisait cortège ; elle escaladait les collines comme une armée, elle les dégringolait comme une cascade. A l'approche du train, les arbres s'entrouvraient, et il voyait sous leur voûte le seul espace qui lui soit devenu familier au fil de ses errances : un monde vert, transpercé d'une lumière surnaturelle et de cris d'oiseaux étranges, étouffés par un silence lui assurant une intimité si parfait qu'il n'avait plus honte de ses pensées les plus secrètes, et que le pouls turbulent de ses ambitions s'apaisait.
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"Quand je parle du dernier juif d'Europe, je parle de l'imaginaire juif. ll y a beaucoup de juifs en France aujourd'hui mais pas un seul ne raconte sa légende à venir comme une légende européenne."
« Je ne me doutais pas que l'histoire de mon père me mènerait à faire équipe avec Ionas, un vampire centenaire et amoureux, Rebecka, sa copine psy divorcée d'un fantôme, et une rabbine. Mais quand c'est arrivé, j'ai trouvé ça normal. Presque. Ces pages racontent aussi comment mon père a tenté de ne plus être juif, et comment, avec tout ce que l'on me mettait sur le dos, j'ai eu le sentiment d'être le dernier juif d'Europe. »
Joann Sfar ressuscite le fantastique et l'humour désespérés de Kafka ou de Malamud dans cette fable où les monstres offrent un miroir hyperréaliste à la singerie moderne.
https://www.albin-michel.fr/ouvrages/le-dernier-juif-deurope-9782226438744
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