AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE206199_212
Denoël (30/11/-1)
3.46/5   14 notes
Résumé :
Ce journal qui se présente à la fois comme un récit et comme une chronique parisienne, a été écrit au cours des années 1947-1948, au retour à Paris de l'auteur, après 14 ans d'absence. "C'est la découverte d'une nouvelle France, d'un nouveau peuple français, c'est le portrait d'un moment de l'histoire de la nation française, qui coïncide avec un moment particulier de ma vie".
Que lire après Journal d'un étranger à ParisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ouvre les livres de Malaparte, ils sont excessifs, exceptionnels, anormaux, impérieux...Je vois quelque chose bouger , comme un panier plein de serpents. Les mots de Malaparte émeuvent. Il ressemble tellement à Caravage, quelqu'un qui voit les pieds sales de la Madone, de la boue, qui de l'obscène fait sortir le sacré.
Chez Malaparte, il y a toujours quelque chose de biblique. Il pourrait être le chroniqueur qui raconte le massacre de Jéricho, c'est l'hoplite qui traverse l'ossuaire hébreu avec Alexandre le Grand, c'est le satrape qui assiste à l'extermination de Sodome, l'architecte qui fait tomber Babel, le scribe qui tire au sort Babylone condamnée ou rachetée. « Ce mot sonnait encore comme un mot divin », écrit Malaparte à propos du mot sang. « J'étais fatigué, déçu, découragé… Tout le monde a fui le désespoir, le misérable et merveilleux désespoir de la guerre perdue, tout le monde a couru à la rencontre de l'espoir de la fin de la faim, la fin de la peur, la fin de la guerre, à la rencontre du misérable et merveilleux espoir de la guerre perdue. Tout le monde fuyait l'Italie, ils allaient rencontrer l'Italie ».
Malaparte nous dit l'éthymologie de kaputt qui vient de l'hébreu kopparoth, la victime. A la guerre, tout est victime ; la découverte de Malaparte, dans les entrailles de Naples, c'est la "souffrance sans désespoir, une souffrance illuminée par une grande, belle espérance, devant laquelle mon pauvre et petit désespoir n'était qu'un sentiment étroit dont j'avais honte".
Malaparte se saigne en écrivant, il se faufile dans les querelles de l'histoire. C'est insupportable - et nécessaire. Je crois que dans d'autres pays on en ferait un saint, l'hagiographie de la dissolution, serait la capitale du roman. 
Curzio Malaparte, c'est d'abord un constructeur de phrases, des phrases sensuelles, qui restent longtemps gravées dans l'imaginaire. Is se considérait comme un penseur - il était assez jaloux de la renommée de Gide, Sartre et Camus - ses propos sur les Français ("La France est le dernier foyer de l'intelligence"), sur le communisme, sur l'existence et sur les femmes, le rendent souvent confus, répétitif, banal, quand l'écriture d'une anecdote bizarre, d'un souvenir, d'une sensation s'appuie sur des phrases presque infaillibles.
En réalité, c'était un mythomane, un menteur compulsif qui orne la vérité d'adjectifs, pas toujours pour le gain mais par nécessité effrénée. Quiconque a lu ses chefs-d'oeuvre sur la Seconde Guerre, Kaputt ou La Pelle , ne peut oublier la scène, aussi mémorable qu'improbable, des Napolitains affamés qui servent aux Américains une petite fille bouillie dans de la mayonnaise, avec une queue de poisson, prétendant que c'est une sirène; ou la scène de chevaux tombant dans un étang, dans le nord de l'Europe, et gelant, donnant aux visiteurs l'idée d'un carrousel glacé, glaçant...Il y a un passage dans le livre dans lequel un officier fasciste ouvre un pot plein d'huîtres décortiquées et déclare qu'il s'agit de 40 kilos d'yeux humains. Je ne dis pas que ces événements ne sont pas vrais, mais il est certain que Malaparte porte une attention particulière au monstrueux. Vraies ou non, ces scènes dépeignent parfaitement les horreurs de la guerre.
Après la guerre, Malaparte est à Paris : il s'attend à un accueil plus chaleureux que celui qu'il reçoit. Il parlait et écrivait en français. Il était sociable, il cultivait de nombreux amis parisiens, il était un coureur de jupons éffrené. Comme il ressort de son journal, plusieurs l'ont évité, le considérant comme un fasciste. A Paris, il se vante de son exil à Lipari, pendant cinq ans, pour avoir critiqué Hitler ; il avait été assigné à résidence dans sa luxueuse villa de Capri, dit-il, pour son antifascisme assidu. En fait, dans les derniers jours du régime, il a été emprisonné pour détournement indu de fonds publics à des fins privées. Il avait été membre du parti fasciste et partisan de Mussolini. Il a été placé en état d'arrestation pour avoir agressé verbalement Italo Balbo, pilote et héros. Malaparte avait écrit - du moins signé - un portrait hagiographique de Balbo.Malaparte était un homme complexe et agité : à la fin de sa vie, il était catholique fervent et membre du parti communiste.
En fait, il n'était pas à sa place, un expatrié. En France, il n'appartenait ni aux existentialistes ni aux communistes, les deux cabales fondamentales ; en Italie, il avait été éclipsé par Alberto Moravia. En Amérique, il fut dénoncé par une femme remarquable qui l'accusa d'être un menteur prédateur : « La vérité en lui est une minuscule molécule enfouie dans un gigantesque cocon de mensonges.
Car étant un anti-intellectuel, Malaparte était un homme d'une intelligence flamboyante. Il n'était pas provincial : il connaissait l'Europe de l'Est, la Russie, la Finlande, l'Espagne, la France ; il pouvait s'attacher à n'importe qui, n'importe qui aurait pu l'appeler Monsieur Caméléon. Comme l'a écrit son brillant biographe, Maurizio Serra, « le caméléon sait être un aristocrate avec des aristocrates, un diplomate avec des diplomates, un soldat avec des soldats ».
Dans ce livre, la perplexité prend le dessus.  Quand on lui demande sans cesse pourquoi il n'a pas abandonné Mussolini, il pousse są réponse jusqu'au grotesque « Je préfère les vrais collaborateurs aux faux résistants ». 
Aujourd'hui ses propos outranciers sont très en dessous de son talent, car la beauté de sa prose est aussi indiscutable que le charme de l'homme.
Son Journal d'un inconnu à Paris , publié en 1966 est maintenant introuvable en Italie. En France La table ronde l'a publié en 2018
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60
J'ai été surprise par la teneur de ce journal. Il y a beaucoup de considérations sur la France, les guerres, les écrivains, les artistes, les politiques, les étrangers… J'ai ressenti beaucoup de déception et négativité chez cet homme. Il retranscrit certaines de ces rencontres avec des personnalités du monde culturel. Il a des avis très tranchés et définitifs.

On se rend compte très vite qu'il fait parti d'un ancien monde, il a traversé deux guerres mondiales avec tous les changements quel a société à connu. Les us et coutumes se sont énormément modifiés. Il y a des comparaisons sur les gens qui ont connu Paris avant la première guerre mondiale et ceux qui sont nés après.

Il y a des passages très intéressants sur son avis sur tel ou tel livre, auteur. Il n'hésite pas à commenter les avis des autres. Il analyse tout ce qu'il voit, lit, entend. Tout cela nous apporte une vision interne de ce monde culturel de l'époque. Beaucoup des gens cités sont très connus ce qui donne une image de la France artistique très productive, active. Cette effervescence d'après guerre.

Nous avons donc les journaux de 1947, 1948 et des non datés. La première édition de ce journal date de 1967. A l'intérieur de ses journaux il est fait référence aux périodes de 1914-1947. C'est une radiographie de la France et de l'Europe d'un homme cultivé.

Je n'ai pas trouvé Curzio Malaparte particulièrement sympathique, un peu trop imbu de sa personne. Un homme sûr de ses capacités et de sa valeur.

J'ai bien aimé les digressions lorsqu'il décrit quelqu'un ou un événement, il commence par nous parler du sjet puis son regard d'artiste part vers autre chose.

Curzio Malaparte a de grandes connaissances en géographie, histoire, littérature et peinture. Il a donc un regard particulier.

Dans ses retranscriptions de rencontres, on découvre qu'il a l'oeil sur tout, l'espace, les vêtements, les attitudes, les paroles et discussions des gens entre eux.

Lors de ses visites dans Paris, il a un oeil d'artiste. Il y est question de ce qui se voit ou qui est « refoulé », estompé, effacé voire caché.[...]
Lien : http://ramettes.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          10
Beaucoup de bavardages assommants. Quelques descriptions bien senties de certains lieux comme la place de la Concorde. M. se lance dans des envolées sur les caractéristiques des peuples dont se demande comment ils peuvent faire un tel bloc. Les « français », les « parisiens », cela n'a pas de sens ! Par ailleurs, il s'aime et s'admire beaucoup, passant d'un salon d'une noblesse à un autre. Camus l'aurait méchamment battu froid, je comprends Camus même si j'ai beaucoup aimé « Kaputt » dont de nombreux passages sont repris ici, en particulier celui, savoureus des démêlés de l'ambassadeur espagnol en Finlande, de Foxa, en 1942.
Ce livre est une déception.
Commenter  J’apprécie          00
Journal d'un retour, prose descriptive, d'un vrai talent pour l'anecdote et la provocation, d'un enchantement enfui pour un Paris qui, en 1947-1948, peine à se reconstruire et fanfaronne entre épuration, sensation de débâcle et fausse gloriole. Au gré d'une plume incisive, au tour classique, Curzio Malaparte se révèle un grand auteur, un moraliste ironique, un penseur sans système de la cruauté humai
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          30
Pour l'heure pas une critique mais un plaisir de suivre Malaparte dans le Paris de 1947
Lien : http://www.seriatimonline.com
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
Lexpress
30 juillet 2014
Tout est sublime chez ce Goya désespéré qui peignit le pathétique et le grotesque, la misère et la grandeur dans un même élan furieux.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C'est la première fois depuis quatorze ans que je dors en France. J'aime l'Italie, j'aime mon pays, je défendrai toujours leur parti, même si je sais qu'ils ont tort. C'est à la condition que je ne trahirai jamais mon pays, que je peux dire la vérité sur mon pays. (p.14 / Coll. La Petite Vermillon, mars 2014)
Commenter  J’apprécie          220
...à la situation actuelle de la culture française, qui, à mon avis, est en crise, puisqu'elle ne sait plus défendre les idées universelles qui sont à sa base, pour se rabattre sur des idées et des sujets qui ne sont pas des valeurs universelles.(Je dis) qu'elle est en passe de devenir une littérature - une culture, si l'on veut- de moeurs, et non d'idées. Qu'elle n'a plus une philosophie ni une vision françaises du monde. Qu'elle a trop bon goût, et que le goût a une importance secondaire dans l'art ,etc. C'est en cela que consiste pour moi la crise de la culture française.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Curzio Malaparte (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Curzio Malaparte
D'après un roman de Curzio Malaparte, voici une singulière histoire. En 1943, la guerre est perdue pour l'Italie. Les libérateurs américains débarquent, et les voleurs sillonnent la péninsule. Un soldat italien, Calusia, charge une énorme caisse sur le dos de son âne. Que contient cette caisse ? Mystère… Ce que l'on sait, c'est qu'il doit livrer la caisse à Naples puis rentrer chez lui, à Bergame.
autres livres classés : journalVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
825 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}