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EAN : 9782353151950
280 pages
Balland (07/03/2013)
3.33/5   6 notes
Résumé :
Cayenne, Guyane. Un homme est retrouvé écrasé sur la route, recouvert partiellement d’un carton. Les circonstances de cet « accident » se révèlent opaques et conduisent les gendarmes à mener une enquête. Invraisemblances, faux témoignages, un passant suspect, une fiancée pour alibi. Les dépositions s’enchaînent, les amis de la victime défi lent au poste et racontent la dernière soirée qu’ils ont passée avec elle pour fêter son anniversaire, leur virée en boîte de n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je voudrais remercier Babelio et les éditions Balland pour ce livre reçu lors de la dernière opération Masse Critique.
« In nomine Fratris », c'est deux récits en un (et je devrais presque alors doublement remercier).
Dans le premier récit, le narrateur est le petit dernier d'une famille niçoise, composé de trois frères, et dont il vénère l'aîné Richard, protecteur, intrépide, rêveur, idéaliste. Ce dernier finira par claquer la porte du domicile familial pour partir sur les routes et vivre selon ses rêves et convictions.
Ce premier récit évolue au rythme des saisons et que grandit le narrateur, passant de l'enfance à l'âge adulte. Il commence par la naissance de ce petit frère et se poursuit en d'amusantes anecdotes, en chamailleries entre frères, comme il en existe presque partout. Peu à peu, le portrait de cette famille se peaufine, se fait plus net, plus attachant. On saisit, au fur et à mesure des souvenirs comme autant de photos d'un album de famille, les raisons de son attachement pour son frère aîné.
Le deuxième récit est la description d'une enquête de police concernant un homme retrouvé mort écrasé sur une route de Cayenne en avril 1975. Accident de la route ? Meurtre ?
Qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas là d'un roman policier, mais « seulement » de la retranscription de rapports d'auditions, de procès-verbaux de témoins, d'acteurs de ‘l'accident', de proches de la victime.

On passe d'un récit à l'autre, d'un style d'écriture à un autre : de la chaleur d'une famille simple, aux difficultés financières, avec ses joies et ses crises, à la froideur sèche des procès-verbaux de l'enquête sur cet homme qui nous est inconnu (mentionné comme « la victime », renforçant ainsi le caractère distant des auditions).
Si, au début, nous ne comprenons pas le lien entre ces deux histoires, tant elles semblent opposées, on sait qu'il est là ténu, se profilant au fil des pages jusqu'à se faire implacable et s'entremêler… (Je n'en dévoile pas plus).
Le rythme et le style de ces deux « histoires » font toute l'originalité du roman (très autobiographique) de Michel Malausséna (une note au début du roman explique au lecteur que ce sont des « textes authentiques tirés de documents originaux »).
Si j'ai (bien sûr) préféré l'histoire familiale, ces documents administratifs étaient nécessaires pour prendre toute la mesure de ces vies prises comme dans un étau par une justice -parfois- sans âme, inefficace et injuste. (Pardonnez-moi ce manque de vocabulaire mais le terme « injustice » est bien le seul qui me semble adéquat ici).
Au final, c'est un roman sur les défaillances de la justice, mais c'est surtout, entre souvenirs heureux ou plus sombres, un beau témoignage sur l'amour d'un frère, de parents, d'une famille et sur le courage et la ténacité à connaître la vérité, presque coûte que coûte.
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Derrière les faits divers exposés froidement dans les journaux, crime sordide ou accident tragique, on oublie souvent la douleur de la famille, on ne prête guère attention à ces gens ordinaires sur lesquels s'abattent un drame auquel ils n'étaient nullement préparés. On tourne la page en considérant les articles les plus intéressants. Et pourtant, derrière ces tragédies lointaines il y a des histoires faites d'âme et de chair nourries de souvenirs d'enfance, de promesses solennelles et de ce que la vie a été avec celui ou celle qui a disparu trop tôt.
Dans In nomine fratris c'est la disparition brutale d'un frère bienveillant et déterminé, aux convictions politiques affirmées et à la soif d'aventure chevillée au corps qui conduit le narrateur à s'exprimer.
Une masse informe allongée sur une route du bout du monde à Cayenne qui se retrouve écrasée en pleine nuit par une voiture comme si elle roulait sur un bout de carton, la cervelle éclatée, le corps non identifiable. Voilà ce que cette famille s'est pris en pleine figure en ce mois d'avril 1975. Une famille frappée par la douleur qui doit non seulement faire face à la brutalité de la mort, mais également à la sécheresse de la procédure d'enquête, la raideur des autorités, la lenteur et les tergiversations de la justice… si bien que flotte parfois un sentiment de vérité cachée ou de complot.
Comment affronter la violence de la réalité et adoucir le bouleversement né l'absence ? Pour le narrateur la solution est d'engager le récit sur le chemin des souvenirs et des réjouissances enfantines de cette famille unie de cinq personnes composée des parents et de trois garçons.

Alternant discours tendre, nostalgique et compte rendus d'enquêtes arides, le narrateur redonne un sentiment d'humanité à un fait implacable, barbare et incompréhensible. En l'absence d'explications claires et tangibles les souvenirs affluent, les moments de complicité comme les conflits jaillissent de la mémoire, peut être pour se réapproprier d'une certaine manière la mort de ce grand frère qui a bouleversé le cours de sa vie et qui a été captée par la procédure judiciaire pendant de nombreuses années…

A coloration autobiographique, le récit réussit à éviter l'écueil du roman confession : avec une émotion discrète, Michel Malausséna marie le tragique et l'ordinaire sans tomber dans l'affectation. Il dessine joliment le portrait de cette famille qui a été privée d'un deuil traditionnel.
Sous forme de chapitres courts, brefs, presque abrupts, le récit s'ouvre lentement voire laborieusement. Mais l'auteur a finalement trouvé un rythme poétique singulier pour déployer cette histoire faite de larmes réprimées et de mots étouffés. C'est humainement juste.
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"In nomine fratris"

Un livre qui vous plaira immédiatement si vous êtes dans la douance: en effet, il va falloir s'y plonger en étant disposé à être à la fois au four et au moulin, et si la logique est respectée, là on devrait même dire : au moulin et au four.

Le moulin…
Dans ce moulin tourne la vie de la famille d'un artisan, ce moulin de la vie qui fait qu'une fratrie se crée, dont la hiérarchie s'établit petit à petit sous la forte personnalité d'un fils aîné "pas comme les autres" qui domine déjà ses deux frères par son intelligence, mais avec un charisme peu commun pour cet âge. le cadet est le narrateur de l'histoire, conforté par sa situation de favori de l'ainé, Richard. Coco le second, cesse vite de convoiter la place de l'ainé, trop fort pour lui, et cède, sensible à l'empathie réelle de cet ainé pour ses frères.
Mais petit à petit, la vie de cette famille s'étiole économiquement. le père se retrouve désoeuvré… Chapelier: un métier qui a perdu sa clientèle populaire… Grâce à Richard la fratrie est là, dans le dos du père pour que ça perdure. Et puis, un jour, pour une histoire de service militaire le père disjoncte parce que son fils a osé proférer:
- "Il faut être taré pour accepter ne serait que l'idée d'aller faire la guerre. "
Et Richard, le fils ainé part.

Le four…
Cayenne est loin d'être une ville polaire, en plein cagna c'est le four et pourtant…
Là, vous, l'auteur, vous n'en êtes plus un: vous collationnez les procès-verbaux, rapports d'autopsies, décisions de justice (pardonnez-moi le j minuscule, particulièrement Justifié ici), témoignages, témoignage rectifiés, re-rectifiés, procès-verbaux, procès-verbaux d'autopsie, re-procès-verbaux, re-procès-verbaux d'autopsie, tout ce galimatias judiciaire, ce froid glacial de son langage… et sous-jacent, à peine évoquée, cette "raison d'état" à la limite de la paranoïa, que l'on ne dévoile en Guyane que lorsque la réserve de rhum en a pris un coup: Guyane Française, département stratégique, avec son centre spatial, ce veau d'or qui est toujours debout, et qui doit le rester, coûte que coûte, seulement de tout ça, permettez-moi de vous appeler Michel, vous l'avez évoqué, mais pas de manière vraiment explicite puisque vous vous êtes restreint aux documents cités…
Retournons à nos moutons.
Le récit débute au moulin, puis passe au four, retourne au moulin, ceci quarante fois.
Et puis, page 151: Ground zero! Tout s'écroule: Richard est déclaré mort... Un dernier rapport et puis...

Année zéro

Jusque là, nous avons vécu l'histoire d'un champ de blé, montrant sa blondeur au soleil, mais petit à petit envahit par l'ivraie, discrètement, mais quand le lecteur tombe dans l' année zéro, tout à coup il le découvre gris. Désormais, cette ivraie restera présente jusqu'à la conclusion, heure pour heure, jour pour jour, an pour an. Gris comme le souvenir de Richard aussi, et même au delà…
C'est alors que le père de famille devenu presque inexistant, se plonge dans les documents, enrage, se réveille… mais ceci appartient au livre, il y a maintenant suffisamment de cartes abattues pour se faire une idée de ce roman.

Michel, vous vous êtes lancé un sacré défi: faire côtoyer la vie d'une fratrie et de sa famille à Nice, des premiers souvenirs à l'âge d'homme, avec une dizaine de jours d'investigations policières à Cayenne pour aboutir à l'anéantissement de ce champ de blé, car comme le dit votre narrateur "Désormais le temps s'écoule à partie de l'année zéro, celle de la mort de mon frère" Mais, qu'il le veuille ou non, vous avez fait que ses souvenirs resurgissent à la surface de ses émotions, et parfois tournent au drame intérieur.
Vous n'avez pas non plus vraiment cherché à cacher l'identité de ce mort, on s'en doute rapidement, et il n'y a pas à vrai dire de suspens.
De la Guyane, il n'est question que de lieux existants, de personnes plausibles, en restant strictement dans le contenu des documents concernant la mort du frère du narrateur. Aux touristes littéraires, je dirais donc: passer votre chemin!

À Babelio, en particulier aux organisateurs de Masse critique, et aux éditions Ballaud, permettez moi de vous dire que grâce à vous, je me suis retrouvé pour un court instant en Guyane française, terre pleine d'ambiguïté, d'une richesse naturelle unique! Voulez-vous un exemple? En France métropolitaine, une centaine de poissons fréquentent nos eaux douces, en Guyane il y en a quatre fois plus! Un trésor souvent ignoré dans le giron des départements français. Je ne sais comment vous remercier de m'y être retrouvé ne serait-ce qu'un instant .

"et familiae"
Amen
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Au travers de ce roman,l'auteur nous conte l'histoire de son frère retrouvé mort écrasé sur une route de Cayenne.L'enquête de la gendarmerie ne va jamais aboutir malgré quelques invraisemblances.Alors va commencer la dure reconstruction d'une famille après une mort si brutale et une bataille acharnée pour découvrir la vérité.Les images du passé resurgissent sur ce frère facétieux dont les parents et l'auteur ne peuvent pas admettre la disparition.Un bon roman.
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J'ai été assez dérouté par le style parlé de cet auteur. Cela m'a pendant un temps un peu empêché de rentrer dans leur histoire.
Leur histoire, car il s'agit de l'histoire du narrateur et de son frère. Ce dernier disparait à l'âge adulte dans des circonstances tragiques et mystérieuses.
Le récit alterne souvenirs d'enfance, procès verbaux et enquête.
C'est enfin le récit de la souffrance d'une famille, qui perd un fils et un frère et se confronte à l'absurdité de la justice.
Je l'ai lu il y a un mois (j'ai mis beaucoup de temps à écrire ma critique -livre reçu dans le cadre de masse critique-, (sorry sorry) mais je me souviens très nettement de ce livre, ce qui le classe, selon mes critères ;-) dans les bonnes lectures !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il prend son élan et ,d'un shoot magnifiquement bien placé, fait riper l'embout caoutchouté d'une des cannes sur le gravier ,recule et examine le processus en marche.Privé de son support ,le corps soutenu se retrouve dans une position très incertaine pour un laps de temps infime , puis voit sa chute s’accélérer sensiblement sans que le vieux auquel il appartient ne comprenne quoi que ce soit à cette soudaine rétro-attraction...Il s'en est fallu de peu que le village ne se voit obligé de faire une croix sur l'apéro et ne s'en retourne en rang serré sous celle du transept ,prier le Seigneur de bien vouloir accueillir à déjeuner papy pauvre pécheur et tant qu'on y est ,pardonner à l'enfant dont l'innocence est l'essence même ,amen.
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[…]
Cette collaboration [avec son frère cadet, qui est le narrateur] lui ouvre des perspectives. Des envies de voyage lui trottent dans la tête. Une fois le client parti il m'en fait part.
- Plus tard, nous pourrons acheter des forêts au Brésil et vendre des arbres. Une entreprise de frères, qu'en penses-tu?
Je n'ai pas d'autre rêve! Même si je n'ai pas la moindre idée d'où se trouve le Brésil.
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Video de Michel Malausséna (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Malausséna
Interview de Michel Malaussena chez Guillaume Durand dans l'emission "Esprits Libres" diffusée sur France 2 le 9 février 2008 pour son livre "Les Animatueurs"
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