Tout comme
Frédéric Dard et son
San-Antonio,
Léo Malet et son Nestor Burma se sont avérés, pour moi, des valeurs sûres. Sûres, car, même dans les intrigues les moins intéressantes, le style suffit à me procurer un minimum de plaisir littéraire, ce qui n'est pas le cas de biens des romans actuels.
Ils sont rares, les auteurs qui parviennent à vous subjuguer par leur prose, surtout de nos jours.
Léo Malet en fait indéniablement partie (du moins dans le genre « policier » qui est le seul qui me donne envie de lire), au même titre qu'un
Frédéric Dard,
Daniel Pennac ou
Pierre Desproges dans son unique roman.
Il faut bien avouer que dans les polars à succès actuels, il est rare de s'arrêter sur le style de l'auteur ou sur ses personnages tant le premier est suffisamment plat pour ne pas exclure certains lecteurs et tant les seconds sont quasi interchangeables.
Heureusement, dans un jadis plus ou moins lointain ou bien en cherchant du côté des auteurs un peu plus obscurs, on peut dénicher de véritables plumes et se délecter de certaines tournures de phrases.
Ces auteurs vous offrent alors la certitude de toujours trouver quelque chose d'intéressant dans leur livre, même quand l'histoire ne vous passionne pas et que les personnages ne sont pas très attachants (ce qui n'est pas le cas des écrivains dont la plume n'est pas franchement identifiable).
Mais là,
Léo Malet nous offre non seulement un style, mais également un personnage très intéressant que ce Nestor Burma. Aussi, si l'histoire tient bien la route, c'est le jackpot assuré.
Et c'est le cas dans «
Fièvre au Marais ».
Alors que
Léo Malet nous fait montre de son talent dès les premiers paragraphes à travers certaines tournures, certaines phrases, et que le lecteur connaît le potentiel du personnage principal (à moins de découvrir Nestor Burma à travers ce roman), il a également l'intelligence, en quelques mots, de pardonner les agissements de son héros (il vole l'argent du mort) et de justifier le laxisme dont il fera montre tout au long de l'enquête pour rendre la justice à travers la simple évocation de cet ours en peluche trônant sur une étagère du prêteur sur gages (un homme capable de prendre en gages la peluche d'un enfant de pauvres est forcément un salaud).
S'en suivent alors les pérégrinations de Nestor Burma pour, à la fois, trouver un client afin d'être payé et de trouver le coupable, pour sa propre satisfaction sachant que tout tournera, Burma oblige, autour d'une jolie poupée.
Le premier titre de ce roman, « L'ours et la culotte » était bien plus évocateur que «
Fièvre au Marais », en reprenant les deux symboles de cette aventure (j'ai évoqué la peluche, je vous laisse découvrir le rôle de la culotte, cela pourrait vous surprendre).
Pour le reste, du Nestor Burma pur jus avec un personnage drôle et attachant, qui sait mettre l'éthique de côté quand il le faut, qui encaisse des gnons (c'est l'une de ses spécialités), et finit toujours par trouver le fin mot de l'histoire, ce qui mènera le lecteur au mot « Fin », de l'histoire.
Au final, quand l'histoire est bonne, sachant que le style de l'auteur et le personnage le sont toujours, alors, le lecteur est promis à un bon moment littéraire, c'est encore une fois le cas avec ce roman.