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La Trilogie noire tome 2 sur 3
EAN : 9782266202008
160 pages
Pocket (21/01/2010)
4.02/5   24 notes
Résumé :
Paris, la Petite Roquette... Dédé sort de taule. Ce n'est encore qu'un gamin, mais il n'espère déjà plus rien de la vie. Et puis, un soir, il la voit descendre un escalier. Elle, c'est Gina! Ils se reconnaissent et s'enlacent pour toujours. Ils savent pourtant ce que Dédé résume tristement: "quand t'as couché dehors, le ventre vide, le soleil luit pas du même éclat que pour les autres... "
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je ne me nomme pas Jean Patrick Manchette et ne connais presque rien au roman noir, mais la lecture de ce second tome de la trilogie noire de Léo Malet, et le constat qu'aucune critique babeliesque ne l'accompagne à ce jour me forcent à prendre la plume.
Lé Malet nous transporte dans un univers qui n'a -pour moi- de roman policier que le nom, prétexte à dénoncer la noirceur des bas-fonds d'un Paris Pigalle de 1926. Point de suspense : on sait d'avance que ses (anti-) héros vont sombrer, et, au contraire, cette chute inexorable semble ne jamais finir ; l'enquête policière ne fait que conclure l'affaire.
Vraiment, on est loin de Nestor Burma ; cette trilogie fait plus penser à l'Assommoir de Zola, L'insurgé de Jules Vallès, ou au Peuple de l'abîme de J. London. Engagé, N. Burma dénonce l'injustice et le désespoir d'un petit peuple qui, pour paraphraser la Genèse, "est né dans le cloaque et y retournera".
L'histoire: Dédé, qui s'était fait gauler un soir de beuverie en pleine rue par les cognes, sort de taule. Il cherche aussitôt à regagner une respectabilité en fraudant la sécurité sociale ... il va bientôt intégrer une jolie bande de zonards livrés à eux-mêmes, à peine sortis de l'enfance, qui survivent comme ils peuvent, s'amouracher de la jolie Gina, et sombrer avec eux dans d'inexorables turpitudes...
Les personnages sont touchants, l'écriture, alternant la langue du titi parisien et un imparfait du subjonctif parfait, précise et alerte. Il y a de la poésie dans cette trilogie, une poésie désabusée, cruelle, gueularde...
Une belle découverte pour moi, que je recommande.
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« le soleil n'est pas pour nous » est le second opus de ce qu'il est convenu d'appeler « La trilogie noire » de Léo Malet, l'auteur des Nestor Burma.

Mais cette trilogie n'en est pas une, du moins, pas écrite en tant que telle puisque les récits sont espacés de plusieurs années (surtout entre les deux premiers et le troisième) et n'utilisent pas les mêmes personnages.

Mais, après avoir lu le premier opus, « La vie est dégueulasse » et ne voulant pas rester sur un constat mitigé envers cet auteur que j'aime beaucoup pour ses romans autour de Nestor Burma, j'ai décidé d'enchaîner sur « le soleil n'est pas pour nous » et grand bien m'a pris.

Dans les années 1920, André Arnal, un gamin de 16 ans, vit dans la rue. Arrêté pour vagabondage, il est embastillé puis relâché au bout de quelques mois.

Dans un troquet, il croise un ouvrier qui va lui tendre la main, mais tu n'échappes jamais à la misère, car elle s'accroche à toi telle une ancre qui t'entraîne invariablement vers le fond. Pourtant, quand André va croiser la belle Gina, une jeune fille de son âge et de sa condition, il pense que tout peut changer... mais les miséreux sont fait pour demeurer dans la crasse et s'enfoncer dans l'obscurité, car le soleil n'est pas pour eux...

« le soleil n'est pas pour nous » en plus des qualités indéniables qui l'animent, est la preuve même de mon amer constat sur le premier opus de la trilogie, « La vie est dégueulasse ».

Car les deux romans sont très proches dans la conception, l'écriture, la narration et le sujet, mais tellement différents dans le plaisir de lecture, et ce, pour la raison principale que j'avais évoquée à cette première lecture : l'attachement au personnage narrateur.

Car ici aussi le récit est à la première personne et là également, le héros va commettre des actes répréhensibles, parfois odieux, mais pas pour les mêmes raisons, pas dans les mêmes circonstances.

Là où le narrateur de « La vie est dégueulasse » sombrait dans la violence par envie, par lâcheté, par vice, celui de « le soleil n'est pas pour nous » le fait par désespoir, par réaction, par rage, par amour, par obligation.

Et, pourtant, chacun a son gimmick pour justifier ses actes ou sa situation, gimmick donnant à chaque fois le titre du récit. Pour le premier, la vie est dégueulasse... alors, dégueulassons tout. Pour le second, le soleil n'est pas pour les pauvres, alors, se battre pour s'en sortir, ne sert à rien.

Mais on ne peut pas lui reprocher d'avoir totalement baissé les bras, car André tente de s'en sortir, mais comme il en a déjà fait l'amer constat :

La misère, c'est indécrottable... C'est pas pour rien qu'on l'appelle la merde... Tu peux te laver, il t'en reste toujours une vague odeur ou des particules dans les ongles ou les plis de la peau... Pire qu'un vidangeur. Vacherie de sort ! Tu crois te sauver et tu t'accroches toujours à des points d'appui qui foirent et tu retombes plus empanissé qu'avant...

Cependant, l'amour partagé lui rend l'espoir, l'espoir d'un lendemain qui chante, de jours meilleurs, mais, à la place, il ne fait que creuser sa tombe plus et mieux, car même l'amour n'est pas suffisant pour faire poindre le soleil dans leur obscurité.

André Arnal, le narrateur de 16 ans, est donc un personnage attachant et émouvant qui, pas encore un homme, est déjà désabusé de la vie et qui, même quand il pense parvenir à s'en sortir, ne fait que sombrer encore plus.

Développée avec une plume sèche, de l'encre très noire, cette histoire tragique d'un jeune homme bien qui sombre, devient émouvante au possible. Et le lecteur assiste à cette descente progressive aux enfers. Pourtant, lui, André Arnal, celui qui sera annoncé comme un « jeune monstre » par les journaux, est loin de l'être abject décrit. Mais la vie est ainsi faite qu'à chaque fois qu'il remue pour tenter de s'en sortir, il s'enfonce encore plus.

Car les miséreux vivent dans la misère, côtoient d'autres miséreux qui eux-mêmes vivent dans la même misère et à force de ne voir que le noir autour de toi, tu finis par ne plus rien voir de bien. Parce que les autres personnages peuvent être venimeux, volontairement, involontairement, directement, indirectement. Parce que, après tout, « le soleil n'est pas pour eux ».

En tout cas, le soleil n'est pas pour André Arnal qui, malgré un bon fond, de la bonne volonté, assaillit par un certain fatalisme et de mauvaises rencontres, va finir de la plus mauvaise des manières, tant pour lui, qu'aux yeux de la société.

Léo Malet nous prend aux tripes avec ce roman sans concession d'une noirceur éprouvante, et démontre que l'attachement au personnage narrateur fait toute la différence et toute la force de « le soleil n'est pas pour nous » et toute la faiblesse de « La vie est dégueulasse ».

Mais surtout, Léo Malet nous prouve qu'il était un excellent écrivain, tant dans la légèreté que dans la noirceur et ce dès le début de sa carrière.

Une seule chose sera à reprocher dans ce roman, la vision de l'auteur des Arabes (du moins, à travers des deux personnages arabes du récit), une vision, certes, à remettre dans le contexte de l'époque, mais qui, malheureusement, entre en résonnance avec les propos tenus par l'écrivain bien des décennies plus tard, à une époque où SOS racisme existait déjà.

Mais, comme je dis toujours, est c'est même préférable dans certains cas, l'homme qui se cache derrière l'auteur m'importe peu, seuls ses textes m'intéressent.

Aussi, pour ne pas finir sur une fausse note, je dirais que « le soleil n'est pas pour nous » est un coup de poing dans le ventre sous forme d'amer constat sur la société et qui met à mal la théorie de l'ascenseur social, car, dans certaines strates de la société, l'ascenseur est toujours en panne.

Au final, un roman, une oeuvre poignante, noire, pessimiste, fataliste, violente et très émouvante.
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Fatalitas ! répétait si ma mémoire est bonne Chéri-Bibi, ce terme prend tout son sens dans ce roman poignantde Léo Malet.
Quand tu est né dans la misère crasse, tu ne t'en sort pas, pas d'issues, ni le travail, ni l'amour ne te permettront de t'échapper. La soleil n'est pas pour ces "graines d'échafaud", si vieux à seize ans.
Malet, loin de Burma livre une oeuvre concise, qui ne retient pas ses coups au coeur
A redéouvrir..
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On est loin de Nestor Burma, ce n'est pas un polar mais plutôt un roman social. Noir c'est noir, effectivement, le soleil n'est pas pour notre héros...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quand je pense, a-t-il soupiré, qu'il existe un bled qui s'appelle Nice, où c'est plein de fleurs et de soleil.
- Du soleil tout le temps ?
- Même l'hiver.
- Sans blague ?
- Des fleurs, j'en vends, a fait Gina.
- Elles puent le moisi, a ricané son frère.
- C'est peut-être parce qu'elles ne poussent pas au soleil.
Il a craché :
- Qu'est ce que vous avez à vous emmouscailler avec le soleil ? On n'en a pas ici ? Tiens gaffe.
Il a désigné un rayon jaunâtre qui léchait timidement les docks de Bercy. J'ai secoué la tête.
- Tu appelles ça du soleil ?
- C'est peut-être la lune ?
- C'est aussi froid qu'elle en tous cas... je me demande si c'est vrai, ce qu'on apprend à l'école, qu'il n'y a qu'un seul soleil ? Ca ne m'étonnerait pas qu'il y en ait plusieurs...
- Le fait est qu'ici il est plutôt moche, a reconnu Gina.
- Ici, c'est un quartier de cloches, a dit Manuel. On ne nous abandonne que les restes. C'est un soleil qui s'est déjà usé ailleurs. Il a servi.
- Dans les beaux quartiers, peut-être, a hasardé Julien, ses yeux malheureux brillant de fièvre. Ils doivent avoir un soleil comme dans la ville que tu dis... Nice... dans ces coins là.
- Aux Champs-Elysées, oui.
Ils parlaient des Champs-Elysées comme d'une contrée lointaine. Gina a ricané.
- Aux Champs-Elysées ? Vous me faites rigoler, ils n'ont pas mieux que nous.
- Qu'est ce que tu en sais ?
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La misère, c’est indécrottable... C’est pas pour rien qu’on l’appelle la merde... Tu peux te laver, il t’en reste toujours une vague odeur ou des particules dans les ongles ou les plis de la peau... Pire qu’un vidangeur. Vacherie de sort ! Tu crois te sauver et tu t’accroches toujours à des points d’appui qui foirent et tu retombes plus empanissé qu’avant...
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"C'est là.
- C'est lia quoi ?"
Elle a désigné une poutre.
- "Qu'il s'est pendu.
- Qui ?
- Mon dab".
Elle s'est assise sur le plancher vermoulu, sans cesser de regarder la poutre. C'était un mélange curieux de fillette, de femme formée et d'animal.
"Je l'aimais bien, papa... C'est moi qui l'ai découvert.... Il tirait une langue comme ça... Il était encore chaud, dans son falzar tout mouillé...
- Pourquoi me racontes-tu ça ?
- Sais pas.... C'est à mon tour de ne pas savoir... Drôle de cadeau de noces, hein ?"
J'ai considéré la poutre jusqu'à ce que le pendu m'apparaisse, grimaçant et bénissant notre union du balancement de son corps.
"La misère ?
- Quelle autre cause ?...
- Oui, c'est vrai, Gina... Les pauvres n'ont pas d'autres raisons de se buter que la misère... Les autres motifs de suicide, c'est bon pour les riches... La jalousie... Les chagrins d'amour...
- Nous deux, peu-être, ça nous arrivera... Mais lui... et pourtant, il n'était pas feignant...
- Oh ! tu sais, feignant ou pas, quand on est voué à la poisse...
- Oui, sans doute... Pas moyen d'en sortir autrement... Il s'est pendu... Pas assez riche pour se supprimer au gaz..."
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- Non... C'est la mistoufle et l'avachissement et tout... Qu'est-ce que tu veux que je leur reproche ?... Ça nous dépasse, tout ça, Dédé... Pourquoi la misère se transmet-elle, comme un héritage, le plus sûr des héritages ?... Pourquoi ne peut-on jamais s'en sortir ?
- Tu as raison, Gina. Ça nous dépasse.
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- Eh bien, au revoir... et sans rancune si on ne se revoit pas.
- On se reverra. Ce n'est pas le clodo qui fuit le boulot, c'est le contraire.
- Possible.
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