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EAN : 9782207260036
112 pages
Denoël (31/01/2008)
3.8/5   5 notes
Résumé :
"Vous vous appelez Michelle Martin. Vous êtes détenue à la prison de Namur, en Belgique, depuis 1996. Condamnée à trente ans de réclusion criminelle. Cette année-là, les journaux et les télévisions d'Europe et peut-être d'au-delà ont rendu votre nom indissociable de celui de Marc Dutroux, alors votre mari".

Ainsi commence ce texte de Nicole Malinconi. Il a été inspiré à l'auteur par des rencontres régulières avec Michelle Martin en 2006 et 2097, dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Autant que je vous avertisse tout de suite : ce que vous allez lire est réel. Sordide. A vomir. Mais réel.
Dans les années 90, la Belgique a été secouée par « l'affaire Dutroux ».
Ce monstre a enlevé, séquestré, violé, tué des jeunes filles et des petites filles. Je ne vais pas revenir sur les faits, les mains m'en tremblent rien que d'avoir commencé cette chronique. Les 2 petites filles sont mortes dans des conditions atroces : elles sont mortes de faim, enfermées dans une cave minuscule et immonde, car leur tortionnaire était en prison pour d'autres faits. Mais sa femme – car le monstre a une femme et des enfants – n'a pas osé aller les nourrir. Elle dit n'avoir pas osé pousser la porte de la cave... « J'avais peur ; ce n'étaient pas des enfants, mais des bêtes féroces qui allaient surgir et me dévorer ».

Cette femme, c'est Michelle Martin. Elle a été condamnée à 30 ans de réclusion.

Voilà, c'est dit.
Nous sommes maintenant à la prison de Namur. Michelle Martin a demandé l'aide d'un écrivain, elle voudrait écrire un livre. Son livre. Mais qui ne parle pas de « l'affaire », elle juge en avoir assez dit, s'être assez expliquée là-dessus. Elle voudrait raconter sa vie et surtout les conditions de détention en prison.
C'est sans compter sur Nicole Malinconi, une auteure d'origine italienne mais vivant depuis toujours en Belgique. Celle-ci, à pas feutrés, avec une sorte de respect, oui, de respect humain, s'approche de Michelle Martin et lui parle, ou plutôt suscite sa parole : « Ecrire à partir de vos mots et des miens, des coïncidences, des désaccords, de l'insupportable de nos mots, dans la tentative d'approcher comme d'une vérité : de vous, mais aussi de moi qui écris cela ».
Et Michelle Martin se confie. Elle lui dit son enfance dévastée par une mère possessive à l'extrême, castratrice si je puis m'exprimer ainsi, après la mort du père aimé. Elle lui dit sa soumission totale, puis son envoûtement par un homme singulier, Marc Dutroux. de soumission à soumission, d'une prison à l'autre, elle se retrouve bernée de tous côtés, sans réactions, sans jugement moral. Elle a dressé un mur entre ce que son mari fait, qu'elle ne veut même pas savoir (« Je pensais que s'occuper de quelqu'un qui a été enlevé, séquestré, c'est se rendre complice de la séquestration ; je ne voulais pas être complice de cela »), et ce qu'elle est : une maman qui aime ses enfants, son chien et même sa mère. Ne dit-elle pas d'ailleurs cette phrase devant laquelle N. Malinconi reste totalement tétanisée : « Ma mère est morte sans que je sois là ; c'était terrible qu'elle meure seule, sans moi. Accompagner dans leur mort ceux qu'on aime, c'est une question de dignité ; savoir que quelqu'un que j'aime doit mourir seul est insupportable. Même mon chien. Mon chien, quand il est mort, je l'ai bercé. »
... !
Je n'ai pas de mot pour réagir. Juste une question, que l'auteure ressasse et ressasse : Comment est-ce possible ? « Comment une femme se laisse-t-elle envoûter par un homme, jusqu'à laisser mourir, jusqu'à cet abandon de la vie, jusqu'à l'oubli de la vie en elle ? »

Et puis, pas un regret. Pas une once de compassion. Juste une espèce de justification de sa conduite : elle est un être humain, une personne elle aussi, qui a souffert...
L'auteure a pu résister face à cet entretien qui a eu lieu périodiquement pendant un an, et a fini par construire son propre livre, à coups de phrases sèches en apparence, à la Marguerite Duras. Sèches en apparence, car elles font leur chemin encore bien après la lecture.

Nicole Malinconi : « Il n'y a peut-être rien à dire devant l'inconnu d'autrui, vous êtes en train de devenir mon autrui ».
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Courage, folie, curiosité, probablement tout ça et une envie de comprendre ont poussé Nicole Malinconi à rencontrer Michelle Martin, l'épouse et la complice de Marc Dutroux, emprisonnée à Namur, cette dernière ayant en tête d'écrire un livre.

Mais ce livre ne sera jamais écrit. Seul existera celui de Nicole Malinconi, Vous vous appelez Michelle Martin, qui relate ici les rencontres des deux femmes. Leurs conversations. Les questions auxquelles l'une tente d'échapper et les réponses que l'auteure n'aura jamais.

Un livre difficile parce qu'un sujet difficile. « Au fond, pourquoi écrire cela? Est-ce que je le sais? Est-ce que la raison peut même être posée, sans distinguer entre vous et moi? Je pense : ce qui s'est passé fait écrire, quoi qu'il arrive, parce qu'il y a une nécessité à écrire, comme intransigeante, comme imposée par le terrible de ce qui arrive, faisant que ce terrible sera dit, ne pourra plus passer inaperçu » affirme l'auteure en s'adressant à celle qui se veut une victime.

Mais ce n'est pas elle la victime, même si elle tente de le faire oublier à celle qui l'écoute en racontant son enfance malheureuse. Comme si toujours le pourquoi de ceci expliquait le cela. Et l'auteure ne se laisse pas prendre au jeu. Ce livre n'est pas un plaidoyer en faveur de Michelle Martin. Ce n'est qu'un constat, qu'une suite d'échanges d'où les remords sont absents, même si l'auteure a tenté à maintes reprises de sortir autre chose d'elle que des faits.

Un livre difficile, oui. À ne pas mettre entre toutes les mains, non plus. Mais dont je sors soulagée : il n'aidera pas à faire de Michelle Martin autre chose que ce qu'elle est, à savoir une coupable consentante.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'était le jour où ma fille est née, le 24 novembre. Il n'était pas là; j'ai accouché seule, à la maternité; il est arrivé le lendemain, disant qu'il avait à m'annoncer une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle, qu'il me laissait choisir celle que je voulais en premier.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'il avait tué Bernard (son complice lors des enlèvements de jeunes filles); la bonne nouvelle : il avait acheté un mobil-home.
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Videos de Nicole Malinconi (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicole Malinconi
Le mercredi 10 mars 2021, Nicole Malinconi se prêtait au jeu de la rencontre "en librairie" de façon virtuelle en dialoguant avec la libraire Maya Orianne, de la librairie "A livre ouvert" à Bruxelles. Elles y évoquent le récit de Nicole Malinconi paru aux Impressions Nouvelles en janvier 2021, "Ce qui reste".
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