étonnant de beauté! un pur joyau de la poésie française.
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Ce recueil est une merveille de poésie à la fois contemporaine et sensible, palpable, émaillée de trouvailles poétiques dans l'usage de la langue française !
Une véritable petite merveille !
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PLUS LUCIDE ? (Extrait 4)
quand un seul grain de blé définit une terre
quand un seul jet de sang élucide un mystère
quand une feuille seule en bruissant signe un arbre
quand d'un nuage seul un ciel désert se farde
quand d'un oiseau muet naît l'ordre du silence
quand un insecte crisse et vrille un chant immense
quand une braise attise un feu mourant de fleurs
quand une glaise accueille un caillou de lueur
quand une main réveille un destin de caresse
quand un regard endort le corps d'une tristesse
quand une neige habille un fil de graminée
alors, espère en toi l'impatience d'aimer.
p.10
Te souviens-tu de cet arc-en-ciel de septembre
sous lequel nous avons voulu dormir ensemble
pour protéger la forme de notre lointain
entre la pluie et le soleil d'un matin
entre la flamme au vent et le vent de la cendre
entre la mémoire et l'oubli de se perdre ?
Te souviens-tu de la rosée aux cils d'herbe
et de nos yeux brûlés par les astres éteints ?
Te souviens-tu que l'arc-en-ciel ne se possède
que de loin, et qu'il s'efface quand on l'atteint?
Les flacons d’alcool remplis d’yeux
Les flacons d’alcool remplis d’yeux s’alignaient
sur les rayons obscurs du laboratoire.
Institut des yeux, Los Angeles.
Les yeux dans l’oubli pur noyés
illuminaient les transparences
de leurs regards désespérés
par le spectacle de l’absence
Étaient-ils d’amant ou d’amante,
d’enfant, de vieux, d’adolescente
qu’avaient-ils cru de l’impossible
qu’avaient-ils vu des apparences ?
Et maintenant dans la science
à l’affût des orbites vides
étaient-ils le sable ou le crible
la passion ou l’indifférence
que sauraient-ils de l’invisible ?
Ténébreux, le trou du terrier dans la
neige. Furetons.
Richelieu.
Il court, il court le sang
perdu déjà perdant
et noir
Le chemin quel est-il ?
furet, garde un subtil
espoir
car l'espoir rien que lui
c'est le terrier qui fuit
le noir
vers tout ce que l'on sait
que l'on ne peut jamais
savoir
c'est le gibier dans l'ombre
et l'ombre qui féconde
au noir
le coup de feu du jour
avec la mort qui court
pour voir
p.26-27
Un grand toit luisant de grange au
milieu des champs déserts.
Richelieu.
Les deux versants
d'un même toit
l'un clair et chaud qu'on gravit, l'autre qu'on descend
ombreux et froid
le même sang
le même ciel
un corps léger qui monte et qui tombe pesant
torrentiel
ou qui distille
goutte après goutte
la très lente liqueur des présences subtiles
au fond de l'outre
le même épuisement du sang
la même chute sans absoute.
p.17
Léautaud parle de Maurice Barrès
Roger STEPHANE relate la découverte de
Paul LEAUTAUD dans le monde littéraire, après la Libération. Extrait des Entretiens radiophoniques avec
Robert MALLET sur des
photos de
LEAUTAUD; ce dernier y parle de
Maurice BARRES