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EAN : 9782858021567
160 pages
Editions L'Harmattan (03/05/2000)
4.38/5   8 notes
Résumé :
Le roman d'Abdoulaye Mamani repose sur des faits historiques authentiques. Les exactions des officiers Voulet et Chanoine sont ainsi décrites par J. Ki-Zerbo dans son « Histoire de l'Afrique noire » : « …Ces officiers mégalomanes et désaxés semèrent leur route de massacres effroyables (…) Ils étaient pris de la folie des grandeurs et rêvaient d'installer un empire à eux dans le Soudan central. Mais ils seront exécutés à leur tour par leurs tirailleurs africains. » L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il est étrange que si un consensus absolu condamne de nos jours le colonialisme (que beaucoup confondent d'ailleurs avec l'esclavage), cette condamnation reste générale et vague et ne s'appuie pas sur les principaux responsables des horreurs commises.
Nous connaissons le nom de Stanley, nous ne connaissons pas le nom de Voulet, ni de Chanoine, militaires français nommés pour la Mission Afrique centrale depuis le Sénégal jusqu'au Tchad, en passant par le Niger. 
Contrairement à ce que l'on croie, la conférence de Berlin a dessiné au cordeau certaines frontières, celle partant des côtes principalement, mais pas toutes : les puissances occidentales ne connaissent pas l'intérieur de l'Afrique, et ne s'y intéressent pas.
Voulet, lui, qui caresse le rêve de se faire un empire, à l'instar du roi Léopold II de Belgique, doit pour cela repousser les tribus par les armes : au Nord, les Touaregs, au Sud, les Anglais de l'actuel Nigeria et, partout, les musulmans pacifistes, qui souvent acceptent sans lutter le pouvoir des « toubabous », et voient leurs villages brûler, leurs femmes violées, éventrées, les vieillards et les enfants massacrés.
Brutal, pensant que les nègres comme il dit sont des imbéciles, il s'oppose à ses supérieurs en continuant malgré leur ordre l'une des plus meurtrière action militaire de la colonisation française et qui n'a de mission que le nom.
Au cours de sa razzia, il recrute de force pour ce massacre des hommes valides, en les rendant responsables des exactions, vis-à-vis des villageois ébahis, vole des animaux pour le ravitaillement et des femmes pour la cuisine.
Et justement, lui ce fou furieux en roue libre qui se croit tout puissant et baignant dans le sang voit une femme – Une femme ! est-ce possible- s'opposer à lui.
La reine Sarraounia.
Un peu amazone, Sarraounia est une guerrière dont les fétiches sont redoutables, elle rameute sans le vouloir beaucoup de partisans à sa cause. Elle n'est pas musulmane, elle est belle, dit-on, elle n'a peur de rien. Elle possède les djinns.
Et rapidement, ces djins font peser la balance en sa faveur, surtout lorsqu'un sergent-intendant, s'étant affublé par bravade d'un masque, sent des milliers de pointes de feu lui labourer la chair : ce sont des fourmis carnassières attirées par le sang, mais avant de le constater, il se roule par terre en hurlant, il tombe presque mort et son agonie est longue. Tout le monde est convaincu que le blanc, là, a été marabouté.

Et donc plus personne ne veut suivre une expédition macabre.

L'interprète court prévenir  Voulet :
-Mon pitaine, mon pitaine ! Tirailleurs y en a mutination !

Cet affrontement qui réjouit tout le monde dont nous lecteurs vient sans doute d'une légende orale et pas d'un fait historique.
Peu importe, parce que Abdoulaye Mamani nous fait revivre cette année 1899 au Niger, avec, entre autres, de savoureux monologues du médecin Henric, qui se voit rentrer à Paris avec  sa Reine de Saba. « Et toc pour les petits malins accourus voir un petit laideron de cirque, une curieuse guenon stéatopyge à tête tondue tirée de sa brousse, africaine genre « ma doudou y a bon banania ». Les pimbêches salonardes de la haute, jalouses et humiliées, en feraient une crise quand elles verraient leurs honorables époux rêver debout sur les charmes et les qualités vraies ou supposées de ma trouvaille. »

On a reproché à Abdoulaye Mamani d'avoir transformé, à la fin de son roman, Sarraounia en une pacifiste qui accueillerait tous les opprimés quel que soit leur religion.
Écrit en 1980 par l'opposant politique qu'il est, et malgré les critiques qu'il a essuyées, son roman devient l'emblème de la résistance d'une femme. Il est très connu au Niger et même si l'existence de cette souveraine provient d'une fiction, le mythe devient réalité, d'abord pour rétablir la justice, pour nous donner de la femme nigérienne une image forte, et pour nous faire partager un excellent moment de lecture.
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Ce roman a connu un destin tout particulier, qui illustre bien l'influence que peut avoir la littérature sur l'imaginaire collectif, et même, dans ce cas, sur la mémoire historique.
Mais commençons par le roman en lui-même : Abdoulaye Mamani l'a écrit en 1980, d'après des sources orales.
Sarraounia veut dire « la reine » en langue haoussa. (Il s'agit d'un titre héréditaire qui se transmet depuis probablement le 17e siècle à celle qui devient la chef politique et religieuse du village animiste de Lougou, au Niger).
L'auteur raconte en fait l'histoire d'une reine particulière : Sarraounia Mangou, devenue mythique, celle qui a combattu la colonne militaire française menée par le capitaine Paul Voulet, le 16 avril 1899. La colonne Voulet-Chanoine avait pour mission d'asseoir l'autorité française du Sénégal jusqu'au Tchad, contre un trafiquant d'armes et d'esclaves menaçant ses intérêts, contre l'avancée vers l'ouest des britanniques, mais surtout contre la population africaine qui aurait des velléités de rébellion.
C'est cette histoire que raconte Abdoulaye Mamani : un épisode de la conquête coloniale, brutal, destructeur, raciste. le capitaine Voulet fut particulièrement meurtrier, pillant et rasant des dizaines de villages, allant bien au-delà de ce que l'armée coloniale attendait de lui (ce qui causa sa perte).

La légende orale qui s'est transmise jusqu'en 1980 (dans cette région du sud-ouest du Niger uniquement), et que reprend l'auteur, faisait de cette Sarraounia une résistante, qui a combattu les troupes coloniales, alors que les autres régions capitulaient rapidement, ou même collaboraient avec les colonisateurs (français ou anglais, selon les alliances).
Les archives de l'armée française, par contre, ne mentionnent à aucun moment le rôle d'une fougueuse femme chef de guerre, ayant rassemblé et pris la tête des guerriers Azna. Elles font bien état de combats violents à Lougou, le 16 avril 1899, et d'autres villages « hostiles ». Mais seul un document évoque une espèce de sorcière qui pensait que sa magie pourrait vaincre les fusils des soldats. Volonté délibérée de minimiser toute résistance africaine de la part des colonisateurs ? Qui plus est organisée par une femme ? Ou bien les officiers français n'ont-ils pas vu la même chose que les témoins africains ?
De ce mythe – répandu uniquement autour de ce village qui n'existe plus, les habitants s'étant installés ensuite à Dogondoutchi – Abdoulaye Mamani a fait la trame de son roman, mais en modifiant un peu la légende : il a fait de cette Sarraounia une guerrière redoutable, belle et sensuelle, l'affuble de deux amants, etc. (or, selon la légende, la reine n'est dotée que de pouvoirs magiques, et renonce aux plaisirs terrestres dès qu'elle devient Sarraounia).
De plus, à la fin du roman, A. Mamani fait dire à Sarraounia un discours social et politique, qui sera perçue comme le rêve utopique de l'auteur (opposant politique au Niger, et sortant de prison) d'un pays africain idéalisé, qui accueillerait toutes les minorités et tous les opprimés, quel que soit leur religion ou leurs croyances.
Du coup, certains vont reprocher à Mamani d'avoir falsifié la réalité. Ce à quoi Mamani répondra qu'il a écrit une histoire romancée, et non un livre d'Histoire. Pourtant, c'est son roman qui va bientôt tenir lieu de vérité historique !
Et c'est là que l'oeuvre de fiction ne dépasse pas seulement la réalité : elle devient la réalité. de mythe local, Sarraounia est devenue, par l'intermédiaire d'un roman, un événement historique officiel du Niger !
Ce roman connaît en effet un immense succès au Niger. La Sarraounia, qui était inconnue en dehors de sa région avant 1980, devient l'emblème de la résistance anti-coloniale et de l'honneur retrouvé dans tout le Niger, en Afrique de l'ouest, puis finalement au sein de tout le courant panafricaniste. Au Niger, elle fait son apparition dans les manuels scolaires du CM1, et au Lycée, comme symbole de la résistance africaine. On crée des chansons, des danses folkloriques reprennent son histoire... oui mais... l'histoire racontée par Mamani dans son roman ! (Cependant, de nos jours, le côté « guerrière » et « femme libre » racontée par Mamani s'est fortement atténué... ne subsiste souvent plus que le côté... folklorique !)

Finalement, le roman mérite vraiment d'être lu. Il est aujourd'hui assez difficile à trouver, mais je pense qu'il ne faut pas le rater (je l'ai moi-même emprunté à un copain, mais je sauterai dessus dès que je verrai un autre exemplaire !) Mamani, même s'il a pris quelques libertés avec la réalité, exprime un espoir profond qui sera celui de toute une génération d'intellectuels africains, chantres du panafricanisme : d'abord résister à la (néo-)colonisation, dépasser les clivages tribaux, ethniques, pour l'émergence d'une société africaine fraternelle, accueillante de tous les peuples qui la composent.
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Ce roman nous emmène dans l'est du Niger à la fin du XIXème siècle, lors de la conquête de ces territoires par les français, et plus particulièrement par une colonne de tirailleurs commandés par le capitaine Voulet qui devait rejoindre la mission Lamy au Tchad.
La colonne va se heurter à la ville de Loungou, où règne Sarraounia et où “les fétiches sont très puissants”.

C'est un roman étrange car l'ensemble de la narration converge vers cette confrontation de Sarraounia et de la colonne française et celle-ci ne nous est même pas contée.
Le roman est organisé en trois parties. le début du récit alterne des chapitres du point de vue de la colonne française où les tirailleurs et les porteurs parlent petit nègre, les blancs sont cruels, arrogants, racistes, violents… et d'autres du point de vue de la cour de Sarraounia, qui est organisée, éduquée et représente un modèle de courage et de noblesse. Ces chapitres sont rédigés dans une langue châtiée et marque des aspirations et sentiments élevées. Cette opposition montre bien la colonisation comme une tornade violente qui détruit tout sur son passage et non une oeuvre de civilisation, comme le disent les blancs de la colonne.

La deuxième partie fait intervenir les différentes tribus autour du royaume de Sarraounia, tous comprenant très bien ce qui se passe et choisissant ou non de prêter main forte à la reine magicienne, de combattre pour la dignité au lieu de se soumettre à l'humiliation. On retrouve les touaregs, foulanis, peuls, aznas, djembras… et l'auteur nous montre le morcellement des royaumes africains qui n'ont pas su dépasser leur inimitiés ancestrales pour combattre ensemble l'arrivée de ce nouveau fléau.

La troisième partie présente en fait une idée d'état idéal qui accueillerait tout le monde, sans distinction de langues ou d'ethnies, avec une liberté de cultes et une solidarité, à l'opposé du monde mis en place par le pouvoir colonial.

La langue de l'ensemble du roman est intéressante et portée par un regard très ironique. Les personnages sont cependant assez caricaturaux, ce qui permet de bien marquer les messages. Par exemple, à propos du médecin militaire qui peut dire dans la même phrase « du Martell trois étoiles sur les plaies de nègres » etl « il aime bien son travail de toubib pacificateur ».

L'originalité de la narration permet en fait de voir naître sous nos yeux la légende de la Sarraounia. Elle ne prend elle-même que très peu la parole et tous les faits sont racontés par des gens extérieurs. Dans cette légende de femme invincible une chose m'a étonnée : dans l'avant-propos l'auteur nous explique que suite à la défaite de la Sarraounia, les français de la colonne seront tués lors d'une mutinerie des tirailleurs et que ce fait a été mis au crédit de la puissance magique de la Sarraounia mais ce n'est pas du tout décrit dans le livre.

Ce roman est un condensé de condamnation du colonialisme avec sa violence, son hypocrisie et son racisme. Il rappelle par ailleurs que le monde africain a disparu lors de cette colonisation et propose un symbole du fantasme d'héroïsme, de liberté et de courage à travers la figure de Sarraounia qui met en place une société africaine utopique.
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Ce livre a un côté magique, il a des allures de fable, de légende, même s'il est basé sur des faits réels, ou tout du moins une histoire qui s'est transmise oralement pendant des décennies.
L'auteur nous narre un des nombreux épisodes tragiques de la colonisation. Nous sommes ici au Niger, au sein des troupes du capitaine Voulet, homme cruel et beaucoup trop zélé qui n'hésite pas à faire couler le sang sur son passage, même si cela va à l'encontre des ordres qu'il reçoit. Nous y voyons la soumission également d'Africains qui se sont retrouvés dans les troupes parfois par volonté mais plus souvent par contrainte. Nous découvrons les viols, les pillages, les meurtres, les incendies de lieux pacifiques. le racisme des Blancs est omniprésent, nous étouffant de plus en plus.
Et maintenant il faut absolument que je vous parle de Sarraounia, celle qui a donné le titre du livre, une femme forte, véritable guerrière prête à tout pour sauver les siens. Ces Francais ne s'attendaient absolument pas à éprouver une quelconque difficulté à la vaincre, mais ils auraient dû réfléchir à deux fois avant de passer par son village !
Cette femme est une magicienne aux nombreux pouvoirs et elle n'a peur de rien. Elle est l'image de celle qui a tenu tête aux colonisateurs, c'est une rebelle !
J'ai beaucoup aimé cette image de femme forte, mais j'aurais bien voulu que celle-ci soit plus détaillée,. J'aurais aimé passer plus de temps avec Sarraounia, mieux connaitre ses sentiments.
Certains dialogues m'ont un peu gênée, notamment ceux où des Africains parlent avec un accent retranscrit.
Et une dernière chose m'a aussi un peu bloquée : surtout ne lisez pas la présentation en début de livre, il vous annonce tout ce qui se passe dans la suite ! Cela a terni mon plaisir de savoir avant même de rentrer dans le récit comment cela se terminerait...
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Ce livre j'ai plongé dedans sans savoir à quoi m'attendre. Je ne savais rien du contexte et je l'ai donc lu comme un conte de griot. Bien sûr j'ai compris (et apprécié) que cela se basait sur des faits historiques mais j'ai tout de suite perçu ce qui transparait de la littérature sub-saharienne : ce mélange entre histoire et mythologie. C'est une littérature qui me touche et me fait voyager et je n'ai pas été déçue une fois de plus. Quel destin que celui de Sarraounia cette reine guerrière ! Les "blancs" sont tournés en ridicule, moqués et remis à leur place. Parfois quelques longueurs mais globalement une belle découverte. Et ensuite j'ai appris tout le mythe qui tourne autour de cette figure historique, les débats, les représentations modernes et j'ai encore plus aimé cette lecture.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
« Les deux bouts de sa large ceinture alourdie d'une rangée de blancs cauris immaculés lui battent les mollets à la cadence de ses pas amples et réguliers. Ses grands pieds nus s'enfoncent profondément dans le sable chaud, soulevant une nuée d'insectes de toutes tailles et de toutes les couleurs.
Quand Baka apprit que des Blancs avaient envahi la terre des Noirs et qu'après avoir dévasté le pays des Djermas et mis à sac l'Arewa, ils se préparaient à marcher sur la terre des Aznas, il vendit précipitamment tout son stock de kolas et acheta un arc et un carquois bourré de flèches empoisonnées. Depuis, il marche, il marche jour et nuit pour arriver à temps à Lougou et avoir la joie et l'honneur de se battre aux côtés de la Sarraounia comme au bon vieux temps de leurs grandes amitiés. »
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« L'azawak est en effervescence. Un moutonnement de dunes rousses où naissent et meurent les mirages. Le lent roulement du vent de sable propage l'écho à l'infini. Chaque nouvelle galope, mille fois amplifiée par le téléphone targui. Sous une vaste tente de peaux de chèvres solidement fixée au sol par d'énormes clous de fer forgé, l'amenokal, guide incontesté des Aouellimidiens fiers et belliqueux, repose sur le flanc, langoureusement accoudé à la selle somptueuse de son méhari. Dans un geste d'une infinie douceur, il soulève son litham pour absorber une lampée sonore de thé vert à la menthe. Ce nectar, habituellement aussi doux que le miel, laisse aujourd'hui un goût amer qui râpe le palais et irrite la gorge. Il ne dissipe plus le tourment et l'angoisse. Une rumeur persistance court les dunes troublant la quiétude des 'hommes bleus'. Des hommes blancs, autres que leurs lointains cousins arabes sillonnent le pays des Noirs. Ils dévastent les hameaux et les villages, massacrent hommes et bêtes, tarissant ainsi leur principale source de ravitaillement. Ils marcheraient déjà sur la cité de la femme. »
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« Quand le père de la Sarraounia, qui fut son ami d'enfance, s'imposa aux Aznas par ses actions d'éclat contre les multiples rezzous touaregs venus du Nord, Dawa devint naturellement son confident, son guérisseur et son conseiller le plus écouté. Un soir de grande tornade, malgré toutes les vertus des herbes et la science de Dawa, la mère de Sarraounia, une belle et indomptable fille du kawar drainée par les vicissitudes de la guerre, mourut en couches laissant entre ses mains une minuscule enfant aux yeux de biche. »
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« Cette nuit-là une forte tempête de sable souffla sur le petit hameau où campaient les Blancs et leur horde de mercenaires. Les zébrures infernales des éclairs et les grondements assourdissants du tonnerre ébranlèrent le ciel et la terre. D'énormes branches de tamaris arrachées par le vent s'abattirent sur les tentes qui s'effondraient comme des ballons privés d'oxygène. Le sable et la poussière envahirent les cases et les tentes. Ils s'acharnèrent sur les hommes hébétés et impuissants devant les éléments déchaînés de la nature. Ils emplirent les bouches, les oreilles, les yeux et les nez. Hommes et bêtes étouffaient, éternuant, toussant et crachant une poussière âcre et nauséabonde. Dans une obsédante obscurité, les yeux, remplis de sable impalpable, larmoyaient à torrent. Des bourrasques successives arrachaient les turbans, les chéchias et les pagnes, exposant les têtes aux rafales d'une extrême violence. »
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« Malgré vos longs mois de colonie, vous ne savez pas encore que si ces gens nous respectent et nous obéissent au doigt et à l'œil, c'est parce qu'ils sont convaincus de notre supériorité morale et physique. Pour eux, nous sommes des petits dieux invulnérables. Nous n'avons peur de rien et rien ne nous atteint. Ils nous considèrent comme des êtres surnaturels, des êtres insensibles à la souffrance. »
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