Cette force
Le soleil plâtre les murs. Frotte-les du doigt
pour recueillir sur tes paupières leur poussière
blanche. Le chant d’un coq raye l’air, et rappelle
la trahison. Couleur de cendre, les parois
d’une prison, où même la mort se révèle
vaine contre le goût du néant. Mais si ton
être entier s’abandonne à la nuit, c’est alors
que cette force empreint la terre où tu es né,
pour en faire une matière nouvelle dont
tu entends le cri de stupeur répondant à
l’appel venu d’un autre bord, et le hourra
du corps en plein vol, transmué en énergie.
Dans une autre ronde
Pour Simon et Adrien
Dans la maison, vide en ce jour, un poisson rouge
tourne sans fin autour de sa cloison de verre.
Rien n’y bouge à part lui, qui médite, et partage
l’âge de la terre, en sa solitude où bruit
le silence venu des constellations.
La nuit commence à se glisser par tous les mondes
où les arbres se rejoignent, les dauphins dansent
en liberté dans l’océan, les corps se fondent
l’un en l’autre, et les prisonniers tournent en rond
dans leur enfer. Les deux garçons qui sont rentrés
nourrissent le poisson. Ils attendent leur père.
Leur maman est devant eux, dans une autre ronde.
Dans le laboratoire de Poésie Pratique, Jean Mambrino