quelques nouvelles parlant de l'Algérie pendant la guerre et d'après guerre
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Ne mettez jamais sur une seule tête l’attente de toute une vie. La tête, on la perd si facilement, mais la déception après on la garde à jamais…
Nous aimons la vie… comme vous… comme tous les vivants de ce monde… Mais pas n’importe quelle vie.
Un maître d'école ayant demandé si les Algériens pouvaient être à la fois libres et organisés, le responsable répondit que la question était hors de sujet, hors de saison, hors de sens. Puis il se tourna vers la foule :
— Soyez vigilants ! Méfiez-vous des provocateurs ! Dépistez-les et dénoncez-les à l’Organisation ! Elle s’en occupera.
(La meute).
Et derrière la canonnade, j’entends les larmes des enfants, les cris des femmes, de tous ceux qui n’ont rien fait pour que les canons canonnent.
À quoi bon le lapsus de la colère ? Les choses sont comme elles sont, il est puéril de se blesser aux arêtes. Les arbres et les fleurs sont condamnés au même coin de terre ; quelquefois, comme ici,c’est une terre d’exil ; les bêtes, perverses ou pas, sont prisonnières de leurs barreaux et les hommes tournent dans les layons de leurs interdits. Tout le reste c’est de la dentelle.
Mouloud Mammeri - L'Algérie sous l'occupation coloniale