AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 159 notes
5
10 avis
4
25 avis
3
12 avis
2
6 avis
1
0 avis
An 12 av. J.-C.
Mont Circé, Latium.

Alors qu'un violent orage déchire la nuit, un cavalier pressé et inquiet éprouve le regret d'avoir accepté un rendez-vous…

Le lendemain, son fils et ses hommes retrouvent son cadavre alors que les cochons se repaissaient de ses entrailles… Marcus Aemilius Lepidus, le Grand Pontife, l'ami de César, le dernier rival d'Auguste n'est plus…

Critique :

Alix a vieilli ! L'éternel adolescent est devenu un homme mûr. La blondeur de ses cheveux a cédé la place à un blanc immaculé. Enak n'est plus, mais Alix assume l'éducation de son fils, Kephren, aux côtés de son fils (?) Titus. Un homme vient de réussir à rassembler tous les pouvoirs : Octave, le neveu et héritier de César. du coup, plus question de l'appeler Octave ! Inclinez-vous et appelez-le « Auguste ». Bien qu'il soit l'ami d'Octave, Alix ne sait s'il doit se réjouir que la vieille république romaine ait cédé la place à un homme qui concentre tous les pouvoirs.

Valérie Mangin nous propose un thriller antique où Alix tente de protéger son ami Octave, qu'il pense être la victime suivante, tout en ayant bien des soucis avec ses deux adolescents.

Le dessin de Thierry Demarez s'écarte de la ligne claire chère à Jacques Martin pour aboutir à un dessin plus réaliste mais plus statique. Petite exception, et peut-être hommage à Jacques Martin, la deuxième case de la dernière planche qui rappelle furieusement, une aventure dessinée par l'auteur original… Je vous laisse découvrir dans quel album ! … Comment ? … Qu'y a-t-il à gagner ? Heu… Mon estime, si ça vous dit !

La scénariste et le dessinateur créent une Rome qui m'a l'air des plus plausibles quant au mobilier, habitations, tenues… Mais je ne suis pas un expert.

Quant aux choix des couleurs adoptées par Thierry Demarez, je sens que cela va en faire jaser plus d'un… Mais pas moi ! … Pas cette fois-ci…
Commenter  J’apprécie          303
Belle idée, que de ramener Alix à cinquante ans... Très hiératique dans sa toge sénatoriale.
Le graphisme est beau, sans pompeux inutile, avec un scénario soigné.
Nouvelles série, nouveaux personnages et questionnements: Qu'est-devenu Enak, le fidèle compagnon d'Alix et quel complot menace Octave, l'ami devenu l' empereur Auguste?
Alix, cette fois, est accompagné de Kephren le fils d' Enak et Titus son fils à lui.
L' assurance est donnée, en tout cas, qu'avec ces nouvelles aventures de l'âge mûr Alix continue une voie brillante et pleine d'attrait pour le lecteur.
Longue vie au sénateur!
Commenter  J’apprécie          290
C'est un Alix à la fois vieilli et rajeuni que nous retrouvons ici pour notre plus grand plaisir : vieilli car le jeune homme d'antan est ici un sénateur mûr et respectable, et rajeuni car le graphisme, plus moderne, enlève ce qui était devenu un peu démodé, un graphisme trop précis et un peu enfantin pour une BD qui ne l'est pas du tout. Bref une version "relookée" qui me plaît bien et une intrigue intéressante bien qu'un peu simpliste (on est loin des histoires complexes de Jacques Martin) qui respecte la personnalité des personnages politiques ainsi que les us et coutumes de Rome. J'espère toutefois que les scénarios s'étofferont davantage par la suite.
Affaire à suivre....
Commenter  J’apprécie          250
​Quel plaisir de retrouver Alix après toutes ces années où je l'avais remisé dans les profondeurs de mes lectures d'enfance. Il a vieilli, comme chacun d'entre-nous et le jeune gaulois intrépide est désormais sénateur de Rome, porte le cheveux blanc et, avec élégance, la toge qui sied à son rang. Avec un graphisme de grande qualité qui n'est pas sans rappeler l'excellente série Muréna, les auteurs, Valérie Mangin et Thierry Demarez ont rompu avec les codes de la bande dessinée originale de Jacques Martin, faisant certainement hurler les puristes mais qui, à mon goût, ajoute une note de modernité qui ne nuit, en aucune façon, à une enquête prenante qui va entraîner Alix, son fils Titus et son fils adoptif Kephren, qui n'est autre que celui d'Enak disparu bien des années auparavant, dans une aventure qui pourrait causer la fin de l'empire romain.
Commenter  J’apprécie          244
Jacques Martin (1921 – 2010) avait créé le personnage d'Alix, ce jeune Gaulois devenu Romain ensuite. Il avait développé seul son histoire sur dix-neuf albums, continué sur dix autres avec des collaborateurs puis la vie de son héros lui avait survécu pour un total de trente-six albums plus bien d'autres, exploitant cette épopée.

En 2012, a démarré une nouvelle série qui permet de retrouver Alix, vingt ans plus tard, un Alix devenu sénateur, à Rome : Alix Senator. Valérie Mangin, pour le scénario et Thierry Démarez, pour les dessins et la couleur ont donc blanchi les cheveux et quelque peu mûri le visage de notre héros pour lui faire vivre encore beaucoup d'aventures.
Les Aigles de sang débute donc en 12 avant JC, sur le Mont Circé, dans le Latium. Un orage, un cavalier, la foudre, une chute et Marcus Aemilius Lepidus, Grand Pontife, ami de César, dernier rival d'Auguste, à Rome, implore Jupiter mais…
Dans la capitale de l'Empire romain, Auguste a succédé à Jules César. Élu de Jupiter, il a le pouvoir absolu et cela ne plaît guère à Alix qui s'occupe de deux adolescents : Khephren (fils d'Enak) et son propre fils, Titus. C'est l'occasion de découvrir de belles images de Rome, ville sur laquelle planent des aigles. Menace ou protection ?
L'histoire est bien lancée. Les intrigues, les coups bas se succèdent. La mort rôde. On crucifie des esclaves et on expose leurs corps suppliciés. Les dessins sont fouillés, soignés, toujours classiques. Les couleurs sont délicates et agréables. Les expressions des visages sont bien marquées, éloquentes.
Le peuple est un peu négligé car tout se passe avec ceux qui luttent et se querellent pour le pouvoir. Superstitions, malédictions laissent le lecteur en suspens, en attendant la suite…


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          180
Alix était un héros jeune et fougueux, dans des récits d'aventures historiques, dans une série crée en 1948. Alix Senator reprend ce héros, vieilli, devenu sénateur, père d'un jeune homme qui doit avoir son âge au début de la série d'origine. Bonne idée de reprendre ce personnage plus de vingt ans après le dernier épisode. Mais je ne suis pas très emballé. le graphisme est trop réaliste, l'intention trop cinématographique, et les couleurs ternes et sans vie. Je trouve les pages tristounettes, elle n'attirent pas l'oeil, je préfère largement le style ligne claire de Jacques Martin. Pour le scénario non plus je ne m'y retrouve pas, le côté aventure de la série d'origine ne s'y retrouve pas, on navigue entre enquête policière un peu statique et intrigue de palais, ces intrigues nécessitent une connaissance des personnages de l'Histoire, j'y perds mes repères, je ne sais plus qui est qui, on dirait plutôt une suite de Cléopâtre de Mankiewicz que d'Alix de Jacques Martin. L'action se déroule trop rapidement, il a fallu mettre en place tous les personnages aux dépens de l'immersion dans leur vie, on ne s'y attache pas, l'accent est souligné sur la rigueur historique, mais est-ce ce qui compte le plus. Alix est vieux, il a les cheveux blancs, mais il n'a plus grand chose à voir avec mon Alix, celui que je suivais dans ses aventures dans les années 70. Cette nouvelle série ne m'inspire pas, je crois que je n'irai pas plus loin.
Commenter  J’apprécie          174
Une bonne idée de reprendre le célèbre personnage de Jacques Martin sans chercher à copier. Alix qui nous a fait découvrir l'Empire romain à l'adolescence, revient. Et comme nous, il a vieilli. Il a la cinquantaine et est devenu sénateur à Rome. César vient d'être assassiné, Auguste lui a succédé. Les circonstances sont troublantes, de nombreux morts lui ont ouvert une voie royale et Alix va mener l'enquête. Une enquête qui le conduira, assisté de ses fils Titus et Khephren (le fils d'Enak), sur la piste de l'énigmatique maître des oiseaux.

Une fois l'étonnement passé (on cherche les traits du jeune Alix derrière ce faciès sérieux de couverture), on est agréablement surpris. Les aventures restent trépidantes et passionnantes et la fidélité historique est toujours bien au rendez-vous. La présence des fils d'Alix n'est pas sans rappeler la jeunesse et la fraîcheur des aventures originales et le duo fraternel formé par Alix et Enak. Serait-ce aussi une tentative de fédérer les générations autour de cette famille intemporelle ?
Quant aux illustrations, elles sont magnifiques. le trait réaliste de Thierry Démarez fait mouche et les décors n'ont rien à envier à l'original. Et c'est là, je pense la richesse de cet album. Les auteurs n'ont pas cherché à faire du Jacques Martin, ils ont gardé leur patte, leur talent propre.
Ils rendent, cependant, un formidable hommage au créateur et c'est merveilleux.

Lien : http://argali.eklablog.fr
Commenter  J’apprécie          150
Alix est devenu sénateur. Il a 50 ans, il veille sur son fils Titus et sur Kephren le fils d'Enak qu'il a adopté. Nous sommes en 12 avant Jésus-Christ. Auguste est empereur. Il n'y a plus de prêtre de Jupiter dans Rome, et le premier augure du temple de Jupiter apostrophe l'empereur qui a d'autres chats à fouetter.

L'empereur doit aussi faire face à deux assassinats, ceux de Marcus Aemilius Lepidus, grand pontife de Rome, et d'Agrippa, le gendre d'auguste. Selon Titus et Kephren, ce sont des aigles qui leur déchirent les entrailles, leurs serres armées d'ergots de métal, tranchants et coupants.

Alix est chargé par l'empereur de débrouiller cette intrigue, entre règlement de comptes et supersitions. Son enquête va le mener dans les coulisses des temples et du pouvoir. On complote à Rome, mais ce n'est pas nouveau, vu qu'Auguste faisait partie de ceux qui ont poignardé Jules César.

Reprendre un personnage comme Alix n'est pas chose aisée. Mangin et Démarez font un travail historique et graphique remarquable. En même temps, vieillier Alix et en faire un sénateur, c'est une idée particulièrement porteuse. Ils accomplissent un tour de force supplémentaire en connectant cette aventure à une aventure d'Alix quand la série était dessinée par Jacques Martin. La boucle est bouclée, avec brio.
Commenter  J’apprécie          130
Ce tome est le premier d'une série mettant en scène le personnage d'Alix, issu de la série de Jacques Martin, commencée avec Alix l'intrépide (1948/1949). Il est paru en 2012, écrit par Valérie Mangin, dessiné et mis en couleurs par Thierry Démarez, sous la direction artistique de Denis Bajram qui a également réalisé le logo et la maquette de la série.

En l'an 12 avant Jésus Christ, au mont Circé dans le Latium, un cavalier avance à bride abattu pour se rendre à un rendez-vous sous une pluie battante. Il chute de cheval et est attaqué par un rapace. le lendemain, un groupe de cavaliers partis à sa recherche découvre le cadavre de Marcus Aemilius Lepidus, l'ami de César, le dernier rival d'Auguste. Quelques jours après, le 6 mars, au Capitole, le premier augure procède à la cérémonie de bénédiction de Caius Octavius (-63 à 14) accédant ainsi au grand pontificat, ce qui fait de lui l'empereur ; il succède ainsi à Jules César. Il est acclamé par la foule, alors que les aigles de Rome tournoient au-dessus de la ville. Sa femme Livie exulte. Alix Graccus échange quelques mots avec Marcus Vipsanius Agrippa (-63 à 12) sur une telle concentration des pouvoirs en une personne. Au sortir du Capitole, le premier augure demande à Auguste de nommer quelqu'un au sacerdoce de Flamen Dialis, le prêtre de Jupiter. Auguste lui répond de venir le voir plus tard au Palatin pour en discuter.

Quinze jours plus tard, le 23 mars -12, Titus (le fils d'Alix) et Khephren (le fils d'Enak) galopent derrière Agrippa qui mène la chasse avec ses chiens pour tuer un cerf, en Campanie (région d'Italie méridionale). Ayant blessé l'animal, il leur montre comment le mettre à mort. Il va ensuite se baigner dans le fleuve à proximité. Les deux adolescents se montrent réticents à le suivre, trouvant l'eau trop froide. Alors qu'ils font des ricochets, ils entendent des hurlements poussés par Agrippa. Ils se mettent à l'eau et le rejoignent, mais trop tard. Ils retrouvent son corps encore chaud, en train d'être fouaillé par les serres d'un aigle. Averti de la mort d'Argippa, Auguste convoque Alix chez lui, en présence de son épouse Livie. Il lui demande d'aller enquêter en Campanie, sous couvert de rapatrier le corps d'Agrippa pour qu'il bénéficie de funérailles à la hauteur de son rang.

Le lecteur est susceptible de s'intéresser à cette série dérivée pour différentes raisons : une nostalgie pour le personnage d'Alix dont il a lu les aventures dans les BD de Jacques Martin pendant sa jeunesse, un goût pour les aventures se déroulant à l'antiquité romaine, le souhait de suivre un auteur qu'il aime bien (Mangin, Démarez, ou les 2) dans une nouvelle série. Dans le premier cas, il a le choix de retrouver son personnage dans la suite de ses aventures de jeunesse, la série ayant repris avec d'autres équipes créatives à partir de Alix, tome 29 : le testament de César (2010, par Marco Venanzi), ou de souhaiter découvrir ce qu'il est advenu de sa vie par la suite (il peut aussi faire les 2). Il découvre alors Alix une vingtaine d'années plus tard, alors qu'il est sénateur à Rome. La scénariste établit le lien avec la série originelle, bien sûr avec le personnage principal qui est le même, mais aussi en évoquant Enak et mettant en scène le fils d'Alix et celui d'Enak. Thierry Démarez effectue également un hommage à Jacques Martin avec une case dessinée à sa manière dans la dernière page du récit, quand Alix est reconnu comme un protégé de Jupiter, reprenant une scène apparaissant dans Alix, tome 8 : le Tombeau étrusque (1967/1968). Valérie Mangin prend grand soin que ce premier tome soit également intelligible pour un lecteur n'ayant jamais entendu parler d'Alix, n'ayant jamais ouvert un des tomes de la série initiale.

À l'évidence, cette série se déroule à Rome, pendant la période antique. En mettant une telle série en production, les responsables éditoriaux ont bien évidemment capitalisé sur la renommée de la série initiale de Jacques Martin, mais aussi peut-être été inspirés par le succès de la séries Murena de Philippe Delaby & Jean Dufaux. La période retenue n'est pas la même puisque Murena débute en 54 après JC sous le règne de Néron, alors que celle-ci débute en -12, avec l'avènement d'Auguste au pouvoir. Ils confient la série à Valérie Mangin, scénariste confirmée qui s'attache à respecter la véracité historique dans sa reconstitution. le lecteur peut tester ses connaissances avec des questions vrai/faux sur le site internet dédié à la série. Il peut également aller vérifier les dates et les faits s'il éprouve des doutes. Thierry Démarez réalise des dessins de type descriptifs et détaillés, et il investit également beaucoup de temps et d'énergie pour donner à voir une reconstitution historique de qualité. le lecteur peut donc admirer les rues et les bâtiments de Rome, de plain-pied, mais également lors de vues aériennes. Il pénètre avec les personnages dans plusieurs bâtiments, des demeures privées et des bâtiments publics comme La Curie ou le sanctuaire de Jupiter. Il observe les vêtements des hommes et des femmes dans les rues, ainsi que le mobilier dans les bâtiments. Les auteurs n'adoptent pas une narration démonstrative, et si le lecteur n'y prête pas attention, il peut passer à côté de certains détails de la reconstitution, par exemple les tombeaux bordant l'un des voies sortant de Rome (en page 16).

Le lecteur bénéficie donc d'une reconstitution historique dans laquelle il peut avoir confiance, que ce soit pour ce qui lui est montré au travers des dessins, ou pour les éléments implicites du fonctionnement de république romaine et de ses institutions. Il lui est donné à voir aussi bien des scènes intimistes en intérieur que des scènes de foule impressionnante, comme celle à l'occasion de l'intronisation d'Auguste, ou celle dans laquelle Alix se rend au marché pour aller consulter un animalier. Il observe bien sûr la scène de l'orgie lors de la fête organisée par Claudia Pulchra et il est épaté par Rome vue du ciel, comme s'il volait avec les aigles. Malgré la température peu élevée de l'eau, il ne refuserait pas de se baigner avec Agrippa. L'artiste utilise un trait très fin pour détourer les formes, ce qui lui permet de rentrer dans un fort niveau de détails, sans donner l'impression de surcharger les cases. Il complète les formes détourées par la mise en couleurs, de type naturaliste, en apportant des informations sur l'ambiance et l'intensité lumineuse, les ombres portées, et le relief de chaque surface en jouant sur les nuances.

En prenant du recul, le lecteur se rend compte du travail impressionnant réalisé par Thierry Démarez : chaque case étant porteuse d'information visuelle, que ce soit pour les plans larges ou pour les cadrages plus serrés sur les personnages. L'artiste donne vie à de nombreux personnages, principaux comme figurants, tous avec des visages qui les rendent immédiatement reconnaissables, et quelques différences morphologiques qui ne se limitent pas à la coupe et à la couleur de cheveux. Il utilise une direction d'acteurs, elle aussi naturaliste, sans qu'ils ne donnent l'impression d'être statiques du fait de postures différentes, de ce qu'ils sont en train de faire, ou de la mise en oeuvre d'un plan de prises de vue élaboré pendant les scènes de dialogues, montrant l'environnement dans lequel se tiennent les personnages, leurs gestes, proscrivant l'enfilade de cases avec uniquement des têtes en train de parler. le lecteur peut finir par éprouver l'impression de se tenir aux côtés des personnages, des individus crédibles, au comportement cohérent avec la situation donnée, sans accès direct à leurs pensées.

Afin de capter l'attention du lecteur dès la première page, la scénariste a choisi de débuter son récit par un meurtre en le rendant très mystérieux, sans montrer comment il a été commis. Cette première page sert à accrocher le lecteur et elle montre également comment l'auteure a choisi de représenter l'intervention des dieux. Il n'y a pas de raillerie vis-à-vis des pratiques cultuelles de l'époque, mais il n'y a pas non plus de phénomènes surnaturels, avec incarnation des dieux. Les croyances de l'époque sont respectées et font sens au regard de l'expérience quotidienne de la réalité par les individus, et de leurs connaissances. Les prêtres professent leur foi dans les dieux, et accomplissent les rites de dévotion avec respect. Les laïques se conforment aux rites, sans que la nature de leur foi soit abordée. L'intrigue de ce tome prend la forme d'une enquête sur le meurtre ouvrant le récit, puis sur un deuxième perpétré avec la même méthode. Alix Graccus est désigné par l'empereur pour démasquer le coupable, non pas dans un souci de police, mais pour désamorcer les rumeurs. L'enquête est conduite de manière réaliste, un indice à la fois trouvé par des méthodes très pragmatiques reposant sur du bon sens. Il n'y a pas de phase de déduction brillante ou de révélation mystique. À la rigueur, le lecteur peut tiquer sur une coïncidence un peu pratique quand Titus et Khephren se retrouvent au mauvais endroit, au mauvais moment.

Du fait d'une narration naturaliste, à la fois sur le plan visuel, à la fois pour l'enquête, le récit se déroule à un rythme posé, sans réels hauts faits ou scène d'action coupant le souffle. Pour autant, le lecteur bénéficie de plusieurs scènes spectaculaires tels le survol de Rome par les aigles, les crucifiés sur le bord de la route, la progression du palanquin d'Alix au milieu de la foule du marché, la scène d'orgie, les cadavres au pied de la statue de Jupiter, etc. Il peut cependant être déconcerté par le rythme très particulier de la narration. Finalement, Alix Graccus progresse de manière très régulière dans son enquête, sans obstacle insurmontable, sans réelle mise en danger. La scénariste fait en sorte que les coupables puissent exposer leur point de vue de manière claire et cohérente. du fait des dessins réalistes, il peut éprouver une impression de manque de tension narrative, tout se déroulant de manière très fluide. Il peut alors s'interroger sur l'intérêt de sa lecture, sur le plaisir qu'elle recèle. Il en revient à la qualité de la reconstitution historique qui lui permet de se projeter à Rome à cette époque, de manière facile pour un résultat plausible. Bien sûr, en 46 planches, les auteurs ne dressent pas un tableau complet de toute la vie quotidienne, sociale et politique, mais ils savent surprendre le lecteur au détour d'une case ou d'un endroit sans se vanter de ce qu'ils sont en train de faire. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver le mécanisme des meurtres un peu trop facile, mais il constate également que la motivation des meurtriers et son mode opératoire découlent de manière organique de sa fonction, de ses valeurs, de l'époque, et du lieu. de ce point de vue, il s'agit bien d'un polar, même si le volet politique reste descriptif plutôt que revendicateur, et que la psychologie des personnages n'est pas mise en avant.

Avec ce premier tome, le lecteur peut s'immerger dans une solide reconstitution de la Rome antique, et retrouver le personnage d'Alix. Il plonge dans une bande dessinée avec une intrigue policière, et des dessins d'un excellent niveau descriptif. le rythme choisi par l'auteure lui permet de prendre le temps d'apprécier le tourisme temporel qui lui est proposé, tout en observant Aix plus âgé à l'oeuvre. En fonction de ses attentes, il peut regretter tel ou tel aspect du récit (rythme, révélation sur les événements des années antérieures, richesse relative du polar), mais il ressort satisfait de cette immersion dans la Rome antique, et curieux de savoir ce qui est arrivé au personnage et ce que le voyage en Égypte leur réserve. 4 étoiles pour un début prometteur, avec une reprise intéressante et originale d'un personnage récurrent déjà établi.
Commenter  J’apprécie          132
Je me rappelle encore m'être rendue à mainte reprise à la bibliothèque - section BDs jeunesse - pour emprunter autant de tomes que possible de la série Alix quand j'étais plus jeune. J'adorais tout ce qui touchait à l'Antiquité donc forcément j'adorais aussi ces BDs. Je me souviens du tout premier tome, celui qui m'a de très loin le plus marquée et qui restera sans doute gravé dans ma mémoire pour encore des années. Bref, Alix, c'était fantastique!

Néanmoins, ça faisait quelques années que je ne m'étais plus repenchée dessus. Et au détour d'un rayon en librairie, que vois-je?! Un nouveau tome d'Alix! Mais pas n'importe quel Alix! J'ai été choquée par le dessin de couverture tellement adulte, tellement pas jeunesse. Et puis, je m'approche, et je vois qu'Alix est devenu Alix senator. le choc! Je me suis donc installée dans un coin de la librairie et ai lu le tome 1: les aigles de sang.

Autant dire que c'est très très différent de ce dont je me rappelle. Déjà, comme je l'ai signalé plus haut, les dessins font beaucoup plus matures et travaillés. Les couleurs sont plus sombres ce qui donne une atmosphère plus sérieuse à la BD. On est très loin des couleurs vives et dynamiques de ses premières aventures. Mais si ce n'était que ça! L'histoire elle aussi a grandi. Elle m'a semblé plus violente, plus dure que les intrigues simplistes d'avant! Sans compter ces révélations absolument traumatisantes pour mon âme d'enfant: Alix est vieux (20 ans de plus quand même!), il est sage, il est sénateur mais surtout, il a eu un fils !! Mais j'étais pas au courant!! Vu le coquin que c'est, on peut être sûr que si un spin-off devait naître pour reconquérir un jeune public, Titus en serait le héros! On apprend également une nouvelle bien triste concernant le pus fidèle compagnon d'Alix que je ne peux cependant pas vous révéler de peur de vous gâcher la surprise.

N'allez surtout pas croire que je n'ai pas adoré ma lecture, car ce n'est pas le cas! le contexte, la ville de Rome, les intrigues politiques, tout me plaît dans cette série. Je me suis simplement sentie déphasée de la retrouver adaptée au nouvel âge des lecteurs qui la dévoraient étant plus jeunes. Et puis j'ai pris un sacré coup de vieux au passage ....
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (340) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages du livre Alix Senator

Qui est le personnage principal de l'histoire ?

Alix
Héraklion
Enak
Kachta

7 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Alix Senator, tome 13 : L'antre du Minotaure de Valérie ManginCréer un quiz sur ce livre

{* *}