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Critique de ChatDuCheshire


Alléluia, je l'ai terminé ! Franchement cette lecture fut un mystère. J'ai failli mettre trois étoiles mais me suis dit que, dans l'absolu, cette impression subjective ne rendait justice ni à l'auteur ni à son entreprise et ce d'autant plus que je ne m'explique pas trop pourquoi j'ai eu tant de difficultés à en poursuivre la lecture et à le terminer.
Le thème est pourtant excellent quoique, évidemment probablement impossible à maîtriser. La démarche, thématique plutôt que chronologique, n'est pas gênante quoique ce livre se révèle ainsi forcément plus impressionniste que véritablement instructif. En ce sens le titre "histoire de la lecture" est probablement un peu prétentieux quoique l'auteur ait veillé à le tempérer en précisant qu'il s'agit d'"une" histoire, la sienne.
Et c'est peut-être là que le bât blesse, le fait qu'il s'agisse de l'histoire de la lecture selon le point de vue très subjectif de l'auteur, qui n'arrête pas de mêler sa propre biographie à celle d'illustres personnages ayant composé cette histoire de la lecture. Le risque est effectivement que l'on se prenne d'antipathie pour l'auteur et c'est un peu ce qui m'est arrivé: son passé de gosse de riche cosmopolite (fils de diplomate ayant eu la bibliothèque de son père - qui n'aimait pas les livres - à sa disposition, lecteur pour Borges devenu aveugle alors qu'il était enfant) ne m'incitait pas à trouver son histoire intéressante du point de vue du thème traité. En devenant un grand lecteur l'auteur n'a fait que suivre avec bonheur son conditionnement social, même si, pour la bonne forme, ses parents semblaient s'inquiéter un peu de son côté "rat de bibliothèque". J'aurais préféré davantage de pages sur la lecture, facteur d'élévation sociale et intellectuelle pour ceux qui ne sont pas nés avec une petite cuillère en argent dans la bouche...
Une autre constatation m'a chagrinée au cours de cette lecture: quoique paru en 1996, ce qui n'est pas si vieux, ce livre a mal vieilli. Il ne fait pratiquement aucune allusion aux énormes bouleversements que la technologie (internet et les réseaux sociaux) a introduits sur l'acte de lire. Certes les réseaux sociaux étaient encore balbutiants à l'époque mais internet s'était déjà très largement démocratisé et le livre est muet sur les effets, notamment pervers, qu'a pu avoir cette technologie, surtout chez les jeunes qui, aujourd'hui et pour un grand nombre d'entre eux (il y a heureusement des exceptions), passent leur temps à écrire des âneries bourrées de fautes d'orthographe et éclatantes d'inculture alors qu'ils ne lisent plus... A cet égard le début de l'un de ses chapitres m'a profondément déprimée, lorsqu'il explique qu'un texte, passablement abscons, de Kafka avait déclenché des discussions passionnées entre ses camarades de lycée. Aujourd'hui la simple idée de lire un tel texte face à une classe d'ados fait courir un frisson de terreur dans le dos tant le chahut est assuré...
Sinon le livre est effectivement très intéressant, en dépit de l'un des premiers chapitres, foireux à mon sens, qui élabore toute une théorie sur le lien "essentiel" à établir entre la vision et la lecture (quid des aveugles de naissance qui lisent tout aussi bien que les autres ?). L'information qui m'a le plus fascinée est que notre manière, que nous trouvons aujourd'hui si naturelle, de lire silencieusement est relativement récente. Dans le passé la lecture se faisait à haute voix et souvent sinon en public du moins en présence d'autres. Et l'auteur de montrer de manière convaincante le caractère subversif - car échappant au contrôle social ou du groupe d'appartenance - de la lecture silencieuse. Les pages concernant l'invention de l'écriture m'ont aussi emplie d'admiration sur le génie du genre humain, lorsqu'il s'occupe à autre chose qu'à s'auto-détruire...
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