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(01/01/1900)
3.74/5   47 notes
Résumé :
Il s'agit d'un court récit se passant dans un sanatorium en montagne. Un riche commerçant y amène son épouse, Gabrielle Klöteryahn, pour un mal bénin, croit-il. Bientôt un lien particulier se tisse entre la femme et Spinell, autre patient du lieu, écrivain peu brillant. Ce lien s'incarne dans de longues conversations entre eux deux et surtout dans un morceau de musique, Tristan et Yseult de Wagner.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Otez à la Montagne magique ses dimensions philosophiques, sociales et politiques, n'en conservez que ses tourments sentimentaux et ses crises identitaires tourmentées–et vous obtenez Tristan. Réfugié dans un sanatorium en montagne, à l'abri dans cet établissement comme le sera plus tard Hans Castorp, le narrateur de l'histoire semble s'inscrire dans une filiation à peine voilée de Thomas Mann lui-même. Detlev Spinell est un écrivain désenchanté, retiré du monde comme le personnage décadent d'A rebours s'était aménagé une cellule monacale loin des siens dans un mélange de mépris esthétique et d'exacerbation synesthésique. Mais lorsque surgit la figure esthétique par excellence, déclinant un nuancier de charmes surtout fantasmés, en la personne de Gabriele Klöterjahn, Spinell se raccorde à l'existence sur un mode dégénéré. Aimer à la manière d'un esthète est une déplorable façon d'être en vie. N'oublions pas de préciser que Gabriele est d'une inconsistance qui ne peut pas satisfaire longtemps les exigences secrètes de son admirateur secret, et qu'elle est l'épouse d'un riche bourgeois que Spinell est également amené à côtoyer à plusieurs reprises. Sentant venir la tragédie d'amour inévitable, Spinell fait revivre le Tristan et Iseult de Wagner sous la voûte exaltée de son crâne, tandis que dépérissent autour de lui les corps maladifs d'hommes et de femmes rompus par la vie. Les premiers ingrédients savoureux de la réflexion qui sera développée dans la Montagne magique sont ici mis au service d'une lutte infernale entre l'esthète Spinell et le bourgeois Klöterjahn, l'un aussi bien ridiculisé que l'autre par un Thomas Mann qui ne savait sans doute pas lui-même de quel côté se positionner.


« Croyez, monsieur, que je vous hais, vous et votre enfant, comme je hais la vie banale, ridicule et cependant triomphante, que vous représentez et qui est l'éternelle antithèse et l'ennemie de la beauté. »


Si l'on comprend ce cri de révolte, cette ambivalence épuisante de celui qui oscille de l'ivresse ascétique au désenchantement du quotidien ; du déchaînement des appétits vitaux au dégoût de leur consommation, il faut écouter Thomas Mann, ironique et mordant même lorsqu'il peine à maintenir les derniers souffles de vie exaspérée de ses personnages.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Une histoire d'amour déroutante! Une nouvelle assurément bien écrite mais l'auteur y met beaucoup de lui-même qu'il semble nous entortiller dans une espèce d'inexistence. La vie lui parait comme une chose inextricable, on le voit dans la première partie qu'il intitule Carnet de l'auteur, ensuite en sous titre Biographie devant le miroir où, dans une tonalité intense et révoltante, il retrace son parcours abstrus et essaie de se convaincre d'avoir une vie plus que normale. Mais, il en découle une insatisfaction propre aux grands créateurs que l'auteur en arrive à nous servir un drôle de Tristan dans le personnage de Spinell, un écrivain raté! Spinell rencontre madame Klöteryahn dans un sanatorium. Il s'éprit profondément de cette femme, ses déclarations d'amour sont à la fois dantesques et délirantes allant jusqu'à adresser une lettre incompréhensible à M Klöteryahn...avec ce Tristan, Yseult lui est tragiquement inaccessible!!!
Quand bien même, l'auteur nous conduit dans son univers sombre, la lecture de cette nouvelle est une bonne détente!
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𝑻𝒓𝒊𝒔𝒕𝒂𝒏 𝒅𝒆 𝑻𝒉𝒐𝒎𝒂𝒔 𝑴𝒂𝒏𝒏
Nouvelle publiée en 1903

Ambiance de montagne dans un sanatorium. Neige, grands arbres.
Intérieur douillet et chaleureux géré par une gouvernante amoureuse en secret du professeur en chef de l'établissement.
Parmi les pensionnaires : Spinell, un écrivain peu connu, en souffrance psychologique et une jeune femme, Gabrielle, d'une grande beauté fragile et effacée, mariée à un rustre bourgeois marchand, occupé par les soubrettes et par ses comptes.
Gabrielle est déposée là par un mari peu scrupuleux qui retournera vite à ses affaires. Elle souffre, dit-on, du larynx, mais tous craignent que ce ne soient les poumons.
L'écrivain s'évertuera à faire refleurir en Gabrielle ses années de jeunesse vierges de toutes corruptions et en particulier celles qui, selon lui, flétrissent les femmes en les transformant en mères et en épouses, les éloignant des préoccupations artistiques et esthétiques au profit du foyer.

Un jour, Spinell la persuade de jouer du piano (instrument qu'elle n'avait plus touché depuis des années) et elle jouera la partition qui se trouve sur le chevalet : 𝑻𝒓𝒊𝒔𝒕𝒂𝒏 𝒆𝒕 𝑰𝒔𝒆𝒖𝒍𝒕 𝒅𝒆 𝑾𝒂𝒈𝒏𝒆𝒓.
L'écrivain s'enflamme alors comme s'était aussi enflammé Aschenbach pour le jeune Tadzio dans 𝑳𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕 à 𝑽𝒆𝒏𝒊𝒔𝒆.

Encore une fois l'opposition de l'action, du travail, de l'amour conjugal, de l'argent, du quotidien prosaique à l'inaction, à la rêverie, à la culture, à l'amour passionnel comme dans 𝑳𝒆 𝒋𝒆𝒖 𝒅𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒓𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒗𝒆𝒓𝒓𝒆 de Hermann Hesse.
Opposition matérialisée par une altercation entre le mari et l'écrivain qui se ridiculisent tour à tour.

La jeune Gabrielle rend son dernier soupir (suppose-t-on, sa mort n'étant pas confirmée) alors qu'elle chantonnait sur son lit, en crachant des flots de sang, l'écrivain se dérobe, tout à son univers dramatique. Se laissera-t-il mourir tel Tristan?
Sa relation fantasmée avec Gabrielle tenait-elle vraiment d'un amour éperdu et impossible?

Toujours est-il que l'ambiance fragile, souffreteuse du sanatorium constrastant avec la force et la vitalité du paysage, le raffinement des décors, la psychologie des personnages, l'opposition de deux mondes et l'éclosion allant jusqu'à l'apothéose mortifère de l'impossible amour d'un Tristan raté et d'une Iseult fallote, deux âmes en peine, égarées et inaccomplies, constituent la trame d'une ambiance toute romantique comme les Allemands en ont la maîtrise.
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Spinell, écrivain au succès médiocre, séjourne dans le sanatorium Einfried quand arrive la jeune Mme Klöteryahn qui souffre des bronches. Immédiatement, l'écrivain est fasciné par la belle créature, au point d'en faire un portrait magnifié que vient entacher sa condition d'épouse et de mère. Spinelle est pris d'un ressentiment terrible envers l'époux qui a, selon lui, souillé la jeune femme. « Croyez, Monsieur, que je vous hais, vous et votre enfant, comme je hais la vie banale, ridicule et cependant triomphante, que vous représentez et qui est l'éternelle antithèse et l'ennemie de la beauté. » (p. 171) Pour Spinell, il n'y a pas que la mort qui sied à la charmante malade.

Cynisme puissance mille ! Spinell m'a fait l'effet d'un vilain génie ou d'un lutin tordu à l'esprit contrefait qui prend plaisir à insuffler des pensées macabres dans l'esprit des créatures fragiles. Très court, ce texte est d'excellente facture !
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Cette nouvelle de 1902 traite de nombreux thèmes qui seront repris plus tard par l'auteur dans "La montagne magique". Tout cela est bien lourd et ne donne pas vraiment envie de se lancer dans l'escalade de la montagne, magique ou pas.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Le dilemme qui s'offre à l'héroïne est de tenter de vivre en étouffant ses dons d'artiste ou "mourir de mLusique".
Très bonne nouvelle que j'ai lu avec grand plaisir.
Un peu courte mais très agréable à lire.
Le style est parfait.
Auteur à suivre
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Le monde regorge de ce que j’appelle le ”type inconscient” : et je ne puis les supporter, tous ces type inconscient ! je ne puis supporter toute cette vie et cette activité vague, ignorante et dénuée d’intelligence, ce monde d’agaçante naïveté qui m’entoure ! une force douloureuse et irrésistible me pousse - autant que mes forces me le permettent - à expliquer, à exprimer et à rendre conscient d’eux mêmes tous les êtres qui m’entourent, - peu m’importe qu’il en résulte avance ou régression, qu’il en émane consolation et soulagement ou qu’il en coûte de la douleur.
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Une certaine sagesse, une hygiène sévère, par exemple, sont nécessaires à plusieurs d’entre nous : se lever tôt, affreusement tôt, prendre un bain froid et se promener dans la neige. Cela nous donne une satisfaction d’une heure. A vous parler franchement, je resterais dans mon lit jusque dans l’après-midi, croyez-m’en. Si je me lève tôt, c’est pure hypocrisie.
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Croyez, monsieur, que je vous hais, vous et votre enfant, comme je hais la vie banale, ridicule et cependant triomphante, que vous représentez et qui est l’éternelle antithèse et l’ennemie de la beauté.
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Parmi les grands malades, qui gardent la chambre et ne peuvent se montrer ni à table ni dans le salon de conversation, il en meurt un de temps en temps. Personne ne s’en aperçoit, pas même le voisin de chambre. Dans le silence de la nuit, on procède à l’enlèvement de l’hôte de cire. Et l’activité, qui n’a pas été interrompue, se poursuit dans la maison. C’est le massage, l’électricité, les douces, le bain, la gymnastique, la sudation et l’inhalation, avec tous les perfectionnements modernes…
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Connaissez-vous ce roman dont l'action se déroule toute entière entre les murs d'un sanatorium accroché au flanc d'une montagne ? Lieu qui exerce un tel sortilège sur l'un de ses visiteurs qu'il ne voudra plus en repartir ?
« La montagne magique », de Thomas Mann, c'est à lire au Livre de poche.
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