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EAN : 9782743615666
194 pages
Payot et Rivages (01/09/2006)
3.68/5   94 notes
Résumé :
1996. Privatisation de Thomson CSF. Deux grands groupes , Matra allié au Coréen Daewoo et Alcatel, sont en concurrence. Le gouvernement Juppé annonce sa décision : À la surprise générale, ce sera Matra Daewoo. Tollé dans les médias, grèves, manifestations. Deux mois après, le gouvernement revient sur sa décision, sans explication. En 1999, on apprend que le conglomérat Daewoo est en faillite, et que le patron s'est enfui en emportant deux milliards de dollars. Et pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Dominique Manotti signale en préambule "Ceci est un roman.Tout est vérité, tout est mensonge ".
Mais, en fait ce polar retrace des faits réels : la décision d'Alain Juppé ( 1996) de privatiser Thomson, fleuron de l'économie française et à priori de favoriser le rachat par Matra allié à Daewoo..
Alcatel, évincé va contre-attaquer avec des moyens redoutables, des meurtres, des coups fourrés, des manipulations..
Daewoo est installée dans la petite ville de Pondange en Lorraine, elle fabrique des tubes cathodiques pour T.V, et dans cette ancienne Région sidérurgique sinistrée vont s'accumuler des accidents de travail dus à l'insécurité ! Et,
un jour l'usine prend feu, une ouvrière est injustement licenciée, un homme qui a vu les incendiaires est retrouvé " accidentellement " mort ...une grève éclate, les cadres sont séquestrés et rapidement les patrons coréens rentrent chez eux !
Dans cette entreprise de décor : on découvre les abus de biens sociaux, la chasse aux subventions européennes, des opérations financières douteuses, une trésorerie exsangue ou l'assurance incendie n'a pas été payée ! Les cadres ont fui, les ouvriers sont manipulés et des hommes comme Quignard ( ex OAS) intrigue pour reprendre l'entreprise. Charles Mantoya, qui était parti de Pondange depuis 35 ans a été recruté par Valentin ( d'Alcatel ) pour informer et rendre compte de la situation ! Quand le dossier de Daewwoo est complet, il faut le faire passer au Ministère de l'Economie et des Finances avec toutes ses irrégularités , ses super-bénéfices venus de la filiale de Pologne, ses subventions maximales mais... en douceur en le faisant volontairement fuiter pour pouvoir le récupérer le cas échéant !
Dominique Manotti est agrégée d'histoire avec une spécialité sur l'économie du XIX° siècle , c'est aussi une syndicaliste militante engagée qui nous présente un polar noir, très documenté sur le jeu politico-financier et ses dérives dans un style percutant et des analyses acérées sur les luttes des multinationales pour le pouvoir !
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Ce livre est plus qu'un polar, c'est l'implacable jugement des dérives des entreprises multinationales.

S'appuyant sur le fait connu d'une usine incendiée, Dominique Manotti nous plonge par une enquête d'un réalisme digne de journaliste bien informé, dans les dessous glauques du monde de la politique, de l'argent, du pouvoir.
Patrons corrompus, ouvriers manipulés, coteries, conciliabules dans les bureaux feutrés des élus et des grands patrons, hommes de main, compromissions, détournement de subventions, luttes d'intérêt, tout l'échantillonnage de l'actualité au quotidien vient se mettre en place pour dérouler une intrigue complexe mais extrêmement précise, nous laissant spectateur atterré, désabusé, désenchanté sur le bord du chemin.
L'écriture est vive, tranchante comme un rasoir, elle tient en haleine jusqu'au final, alors que paradoxalement, peu de violences dans les faits et de rebondissements spectaculaires
Mais l'angoisse ne vient elle pas justement de la crédibilité des faits, de l'extrême finesse entre la fiction et la réalité, de la simplicité glaciale des événements qui s'enchaînent ?
Tout est là pour générer du dégoût et faire naître un regard de militant.
Peu d'espoir dans un monde de brutes mais au moins le plaisir d'une lecture addictive.
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Ce sixième roman de Dominique Manotti (Rivages, 2006) est précédé d'un avertissement significatif «Ceci est un roman. Tout est vérité, tout est mensonge».
Et de fait l'auteur, avec son expérience d'historienne et de militante syndicale, construit un roman noir d'une efficacité redoutable, à partir de faits réels, la décision par le gouvernement d'Alain Juppé en 1996 de privatiser (brader serait sans doute plus juste) Thomson, un groupe alors encore présent dans l'électronique grand public et de défense, et l'attribution initiale du dossier à Matra allié au coréen Daewoo, mettant ici en scène les manoeuvres du rival Alcatel déterminé par tous les moyens à ne pas se laisser faire.

«Ne vous découragez pas, mon cher Pierre. Entrez dans le monde enchanté des marchands de canons. Comme disait la marquise du Deffand : il n'y a que le premier pas qui coûte.»

Le roman démarre au coeur de l'usine Daewoo dans une petite ville de Lorraine appelée Pondange, où l'emploi industriel est déjà quasiment mort. Daewoo y produit des tubes cathodiques pour téléviseurs, et rien ne semble tourner rond sur ce site : problèmes de sécurité dramatiques et multiplication des accidents du travail, abus de biens sociaux des cadres coréens, chasse sans scrupules aux subventions européennes et opérations financières suspectes, trésorerie tellement serrée que l'assurance incendie a été résiliée. Les tensions s'accumulent, jusqu'au déclenchement d'une grève à l'issue dramatique, l'incendie de l'usine et le décès suspect d'un ouvrier.

Grande admiratrice de James Ellroy, Dominique Manotti assemble un puzzle saisissant et nerveux, une fiction qui souligne les liens entre crime et argent, l'impuissance ou la corruption des services de police, l'opacité des décisions publiques, et les prises de décisions d'hommes de pouvoir uniquement guidés par leur propre ambition. Il faut aussi souligner la présence – et ce n'est pas si fréquent – d'un très beau personnage féminin, celui de Rolande l'ouvrière courageuse et respectée de tous et prête ici à saisir aussi sa chance.
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Une fois de plus, j'ai été impressionné par ce roman signé Dominique Manotti. Toujours prompte à dénoncer les dérives de notre société, elle nous entraine ici dans le combat que se livrèrent fin des années 90 les groupes Alcatel & Matra pour le contrôle de Thomson. A première vue, le sujet n'a rien de passionnant sauf si peut être on s'intéresse à l'économie.
Pourtant, au fur et à mesure des pages, on est captivé par cette histoire. Ce combat sans merci que se livrent les protagonistes pour arriver à leur fin. Rien ne nous est épargné : Meurtres, corruption, chantage..... Peut importe l'être humain qui n'est ici que quantité négligeable, par rapport aux ambitions des uns et des autres. PASSIONANT
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Encore un roman sur les méandres des affaires politico-financières porté par l'écriture sèche et le sens du rythme de Dominique Manotti.
Autour de la faillite du groupe coréen Daewoo et de ces conséquences en termes d'emploi pour une usine en Lorraine, Manotti décrit autant le quotidien des ouvriers que les magouilles des dirigeants, les manoeuvres entre multinationales qui sont capables de tout, et les petits enjeux politiques. L'argent et le pouvoir restent les moteurs universels, qui aboutissent autant à l'incendie d'une usine qu'à la circulation effrénée de l'argent sale.
Ce roman se lit d'une traite, en ayant l'impression de lire un quasi documentaire tellement le rendu est proche de ce qui a pu arriver. Bien peu d'auteurs savent comme Manotti construire un polar aussi précis autour la réalité économique de notre époque.
Des années après sa publication ce livre demeure une référence.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je me souviens de ce que me disait souvent mon père : "Mon cher enfant, il ne faut pas tuer, parce que celui qui tue finit par voler, et celui qui vole finit par mentir, et mentir, c'est vraiment très vilain." Nous sommes dans une très vilaine histoire.
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On va entrer là où nous ne sommes pas à notre place, envahir leur espace, bloquer nos patrons en chair et en os, les bousculer, les enfermer avec nous, leur parler d'égal à égal.Au moins pour un temps.On touche à l'ordre social. Au moins pour un temps. Alors chaque pas compte, on se souviendra de chaque pas.
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J'ai une impression très étrange. L'usine n'est pas une usine, c'est un décor. Quignard n'est pas un patron social, c'est un escroc. Vous, vous n'êtes pas journaliste, et pour l'instant, je ne vous demande pas qui vous êtes. Et moi, je ne suis plus une ouvrière.
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A quoi il s'attendait, le grand patron, en nous envoyant fouiller dans les poubelles ? Q'on lui rapporte des fleurs séchées ?
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Entrez dans le monde des marchands de canon : il n’y a que le premier pas qui compte.
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Vidéo de Dominique Manotti
C'est l'histoire d'un golden boy qui a vu dans la folie du monde de la finance des années 1980 l'opportunité de construire un système d'arnaque à grande échelle. C'est aussi l'histoire d'un escroc rattrapé par la justice, qui a fini ses jours dans un pénitencier de Caroline du Nord ce mercredi 14 avril. C'est en somme l'histoire d'un véritable personnage de roman. Comment Bernard Madoff est-il devenu un symbole des dérives du capitalisme financier moderne ?
Guillaume Erner reçoit Dominique Manotti, écrivaine, ancienne professeure de l'histoire économique du XIXe siècle et auteure de l'ouvrage “Le rêve de Madoff” paru en 2013 aux éditions Allia.
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