Je me suis prise de passion pour
Katherine Mansfield.
Ses écrits me touchent singulièrement.
Après avoir lu deux recueils de nouvelles "La garden party" et "félicité", j'ai entrepris la lecture de son
journal composé de notes, de commentaires de lectures, d'ébauches de nouvelles, de
lettres non expédiées ; le tout reproduit et mis en forme par son mari
John Middleton Murry qui l'a accompagnée dans son travail de 1912 jusqu'à sa mort en 1923.
Du fait de son contenu fragmentaire et de son caractère éparpillé, l'accès au
journal n'est pas aisé et certains passages consacrés aux ouvrages qu'elle lit peuvent paraître assez rébarbatifs, mais ce qui est passionnant dans cet ensemble de texte, c'est la compréhension qui nous est offerte du processus de fabrication de ses nouvelles.
Hypersensible, hantée par la mort de son frère et par la sienne qu'elle sait proche,
Katherine Mansfield, dont la vocation d'écrivain éclipse tout le reste, veut aller vite et nous comprenons alors pourquoi elle a choisi le genre littéraire des nouvelles.
Elle explique que sont présentes en elle toutes les histoires qu'elle veut raconter mais qu'elle courre après le temps pour pouvoir les écrire. Plus que des histoires, ce sont des visions ou plutôt comme elle le dit, des entrevisions, nourries d'observations de la vie quotidienne et de souvenirs d'enfance ou de situations rencontrées.
Katherine Mansfield met toute son énergie au service de la littérature qui est pour elle une recherche de la vérité. Son oeuvre est une quête obsédante d' authenticité et d'honnêteté qu'elle vise également dans les rapports humains.
Cette pureté dont parle son mari dans l'introduction du
journal, conjuguée à une sensibilité exacerbée, s'est traduite par des petits joyaux littéraires empreints de poésie et de grâce.
Elle voulait retranscrire la vie de la vie, mais souvent la mort pointe son nez dans ses récits, comme si la maladie se rappelait à elle sans cesse.