L'intégrale des nouvelles de Katherine Mansfield est un livre doux et cruel en même temps.
Il décrit avec minutie de petits événements sans importance, qui, par l'impact qu'ils ont sur les personnages, prennent une ampleur formidable. Ces événements relèvent presque du détail, mais donnent de petits coûts de griffe dans la personnalité des personnages, amènent une certaine détresse dont on sent qu'ils s'en souviendront. Ils donnent l'impression qu'ils auront perdu un peu de confiance en eux, sans trop savoir pourquoi.
Parfois, Katherine Mansfield décrit le quotidien d'un couple et on sait que la complicité de ce couple va se déliter doucement sans qu'ils en prennent conscience.
Parfois elle décrit une scénette entre des petites filles, et on a presqu'envie de pleurer avec celle qui subit.
Elle parle de fleurs fanées, de robes déchirées, d'un sourire un peu moqueur, de petits chagrins sans importance, mais l'accumulation construit ses personnages et font ce qu'ils deviennent.
C'est fantastique de sensibilité !
Le seul tout petit bémol : comme souvent, dans les intégrales d'un auteur, on met même ce que l'auteur n'aurait pas publié... Donc ici, il y a toute une série de nouvelles inachevées, horriblement frustrantes à lire. C'est inhumain de faire un truc pareil ! Mais ça se comprend par le fait que tous ces débuts d'histoire sont vraiment bien écrits aussi et qu'ils méritaient leur place quelque part...
Bref, une écriture sensible, vraiment fine, digne d'Edith Wharton et Henry James.
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D'abord lues à reculons, car étudiées à la fac, ces nouvelles ne m'inspiraient qu'un ennui profond, parce que j'attendais l'action, sans lire les mots et les non-dits, sans lire les émotions. J'étais sans doute trop jeune.
Jusqu'au jour où j'ai lu celle qui s'intitule "La maison de poupée". Ca a été un coup de foudre entre elle et moi.
Dans ses nouvelles, Catherine Mansfield raconte la vie, ses espoirs et déceptions, la cruauté, la nature, la nature humaine...elle parle de tout et n'a parfois l'air de parler de rien jusqu'à une phrase, une chute qui vous touche et vous fait comprendre de quoi on parle vraiment.
Certaines ne m'inspirent toujours rien, et c'est logique vu le nombre de nouvelles contenues dans ce recueil, mais d'autres m'émeuvent et me transportent réellement.
A découvrir et, je vous le souhaite, en commençant par celle qui vous touchera l'âme.
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En cours en permanence. Livre de chevet
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RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :
« Je ne parle pas français », in Katherine Mansfield, félicité, traduit de l'anglais par J.-G. Delamain, préface de Louis Gillet, Paris, Stock, 1932, p. 57.