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EAN : 9782070392926
176 pages
Gallimard (02/06/1995)
3.57/5   28 notes
Résumé :
Parce qu'elle est belle ; parce que, dès ses dix-huit ans, elle a retenu la leçon d'énergie que lui a donnée Rome avec ses statues et ses arcs de triomphe ; parce qu'elle affronte avec décision les coups de foudre de l'amour et de l'amitié ; parce que, chez elle, la grandeur d'âme va de pair avec la bonne humeur; parce qu'elle vole volontiers au secours de sa dizaine de copropriétaires, Lucrezia, gardienne d'immeuble, va, très vite, faire de cet immeuble son royaume... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

N°161
Juillet 1993



LA TERRASSE DE LUCREZIAFélicien Marceau – Éditions Gallimard.


Décidément, j'ai une préférence marquée, parmi tout ce qui se publie actuellement pour les écrivains qui ont de l'humour, surtout quand celui-ci est sensible dans les mots, dans l'ordonnance du propos, bref dans le style.
Quand un roman est composé de phrases qu'il a plaisir à lire pour la simple raison qu'il les trouve belles, qu'elles sonnent juste et qu'elles sont frappées au coin du bon sens, c'est que le lecteur y trouve son agrément, que l'intérêt l'a accompagné dans chaque ligne de sa démarche de lecture.
Des phrases où les choses sont suggérées plutôt qu'elles ne sont dites, avec cette fantaisie savamment instillée dans les mots dont le choix lui-même et un ravissement, des phrases dont on ne découvre la réelle musicalité qu'en les lisant à haute voix, des phrases enfin qui font dire que leur auteur sert notre belle langue française par le seul usage correct qu'il en fait. Dès lors la lecture devient un moment d'exception…

Lucrezia « était une de ces femmes dont on dirait que leur seule présence suffit à combler le présent, dont on dirait qu'elles n'ont aucun besoin de souvenirs et qu'elles les ont, une fois pour toutes jetés dans un puits. » C'est que cette femme jeune et belle qui arrive comme gardienne d'un immeuble cossu de la banlieue de Rome va, par sa seule existence, son seul sourire, révolutionner les habitudes de ce microcosme où, d'ordinaire, la coutume voulait que les copropriétaires n'échangeassent entre eux que des politesses convenues et des attitudes mondaines …Mieux, elle va les faire se rencontrer, exister les uns par rapport aux autres, bref, servir de catalyseur à la vie intérieure de cette vieille bâtisse qui sans elle aurait été morne, sans joie, sans âme.
Au long de ce roman dont l'histoire va durer une vingtaine d'années et verra Lucrezia s'imposer, tirer parti avec quelque impertinence de toutes les circonstances et finalement établir elle-même ses propres enfants, Félicien Marceau note pour son lecteur des remarques personnelles sur la vie romaine. Rome « est une ville qui n'intimide pas » selon lui, et c'est dans ce décor qu'il va faire évoluer Lucrézia et son inextinguible appétit de liberté.
En fait, il flotte autour de cette femme un halo d'amour, d'amitié, d' indépendance…

Ce serait sans doute assez pour que lecteur y trouve son plaisir mais l'auteur ajoute nombre d'appoggiatures et de maximes en forme d'apophtegmes du genre «  L'esprit humain est si roué qu'il lui arrive de faire d'une interdiction une liberté et d'une impossibilité un moyen de défense. » « Il naviguait avec bonheur entre ces deux plaisirs, celui de frôler la tentation et celui de savoir que cela n'irait pas plus loin. » Autant de remarques qui prennent leur vie dans le regard mi-amusé mi-sérieux de quelqu'un qui s'est beaucoup penché sur la condition humaine, ses travers, ses hypocrisies, ses fantasmes…

Dans ce livre Félicien Marceau évoque « la mauvaise passe que connaissent tous les écrivains, les journées entières où rien ne vient, où on n'écrit pas une phrase, une réplique sans en voir la lourdeur et la niaiserie. »
Je n'ai pas assisté, bien sûr, à la naissance de ce roman, je n'en ai été que le lecteur attentif et passionné mais je gage que lors de sa conception l'auteur, n'a pas connu pareille période néfaste.

© Hervé GAUTIER.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le roman n'a pas eu tellement de lecteurs, il m'a plus tout de même fait passer de bons moments.
L'ambiance de Rome.
Lucrezia devient gardienne d'immeuble, qui à son tour devient son univers. Les copropriétaires sont devenus ses amis, tout le monde l'apprécie. Une belle ambiance d'entre-aide, d'amitiés et d'humour.
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A Rome, l'influence salutaire d'une concierge sur les colocataires d'un immeuble chic. Les épouses sont un peu jalouses mais les maris la protègent et appuient ses projets. Tout réussit à cette femme dynamique, joyeuse, positive, débrouillarde, opportuniste, charmante aussi. Un roman agréable, léger, fin, amusant, bien écrit, d'une grande fluidité.

Rien à ajouter par rapport à la critique exhaustive de Herve-Lionel.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
* Gros entrepreneur, infatigable constructeur d’autoroutes, M. Maresca, de notoriété publique, était l’amant en titre d’une assez époustouflante actrice de cinéma, situation que Mme Maresca bénissait, vu son peu de goût pour l’étreinte, même conjugale (dès le premier trimestre de son mariage, elle avait demandé à son confesseur s’il ne pouvait pas lui obtenir un billet d’exemption), vu aussi, et surtout, que l’impossibilité de divorcer où se trouvaient alors les Italiens (ou l’extrême complication de l’entreprise) lui assurait de toute façon la pérennité de son mari et, partant, de son statut d’épouse.

* Au fond, entre sa femme qui lui apportait la paix du foyer, trésor inestimable, et sa maîtresse qui, outre la gloriole, ne lui dispensait que des plaisirs physiques dont il ne fallait pas exagérer l’agrément, qui préférait-il ? Ou, pour aller plus avant dans sa réflexion, acculé à choisir, pour qui aurait-il opté ? Allons, allons, la réponse allait de soi, rien d’ailleurs dans tout cela n’apparaissant à M. Maresca comme une raison pour ne pas garder les deux.
Il n’empêche que, ignorant les heureuses dispositions de son mari, Mme Maresca avait senti passer le vent du boulet. Du jour au lendemain, elle s’imposa un régime de fer, abolit pour toujours les babas au rhum, engagea masseur et maigrit de douze kilos en six mois. Les sociologues ne se sont peut-être pas assez penchés sur cette corrélation entre l’impossibilité de divorcer et l’obésité, entre le divorce et le retour à la minceur.

* En revanche, ce même soir, l’excellent Oreste réussit encore à épater tant Lucrezia que les enfants en leur apprenant que, dans un escalier, le monsieur devait toujours passer avant la dame, soit, en descendant pour pouvoir la rattraper en cas de trébuchement, péripétie fréquente chez les femmes du monde (c’est à un écrivain français, Octave Feuillet, sauf erreur, qu’on doit ce constat saisissant : la chute des honnêtes femmes est souvent d’une rapidité qui stupéfie), soit, en montant, pour n’être pas soupçonné de lorgner les jambes de la dame ou le roulis de ses hanches. « Ce n’est pourtant pas bien intéressant, un derrière », dit Alberto, révélant ainsi qu’à treize ans le petit homme en lui ne s’était pas encore éveillé.
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Sur quoi, cette année-là, en 1970, en Italie s'entend, fut votée la loi autorisant le divorce. Si, pour des raisons évidentes, cette nouveauté fit le bonheur d'un tas de gens, en revanche elle sema la consternation non seulement chez tous ceux qui, pour des raisons de doctrine ou autres, tenaient à l'indissolubilité du mariage mais aussi chez tous ces maris qui, tel M. Maresca, s'accommodaient on ne peut mieux de vivre entre une épouse jusque là bien empêchée de brandir la menace du divorce et une maîtresse bien empêchée de l'exiger pour se faire épouser, en y ajoutant, bien entendu, toutes les épouses qui pouvaient se trouver dans une situation parallèle, prises entre un amant qu'elles ne tenaient pas du tout à rejoindre et un mari, mieux nanti, qu'elles ne tenaient pas du tout à quitter. Comme quoi l'esprit humain est si roué qu'il lui arrive de faire d'une interdiction une liberté et d'une impossibilité un moyen de défense.
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En regardant l'immeuble, une terrasse. Personne n'y allait jamais, sauf Lucrezia qui avait pis l'habitude, par les belles journées, vers les cinq heures, d'y porter la petite Isabella. Elle la disposait à l'ombre des eucalyptus, dont l'odeur, on le sait, passe pour bénéfique.
Puis, assise sur une des quatre marches, les mains près de ses pieds nus, elle regardait droit devant elle. A quoi pensait-elle ? Allez savoir.
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Il naviguait avec bonheur entre ces deux plaisirs, celui de frôler la tentation et celui de savoir que cela n’irait pas plus loin
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L’esprit humain est si roué qu’il lui arrive de faire d’une interdiction une liberté et d’une impossibilité un moyen de défense
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