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EAN : 9782752909855
176 pages
Phébus (02/01/2014)
3.73/5   28 notes
Résumé :
« Je suis une vieille qui vacille, titubante et méchante, tordue par la douleur, sans doute. Je ne sourcille pas, je bouge à peine. Hébétée, j’ai comme un premier pied dans la tombe. Je distribue çà et là des sourires perdus et las, parfois mes traits tendus deviennent cruels, il faut dire que je suis invivable depuis la maladie d’Henri et l’on peut bien me comprendre. La souffrance et la mort qui rôdent dans la maison depuis un an m’ont rendue toujours plus morne e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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" Je suis une vieille qui vacille, titubante et méchante, tordue par la douleur , sans doute, hébétée, j'ai comme un pied dans la tombe...."ainsi débute " Les conversations", le récit touchant, délicat, bouleversant d'une vie: Magda: âgée de 90 ans, entourée des "endeuillés"comme elle les appelle est submergée par une colére, une rage sourde plus que par la peine au retour de l'enterrement de son mari Henri. Elle regarde ses amis et sa famille avec dureté et éprouve le besoin de s'isoler .....pourquoi?
Les souvenirs l'assaillent, en particulier celui de Prune, son amie d'enfance, un prénom " doux et léger", en réalité Prune s'appelait "Sarah Jeanne". S'ouvre alors le grand livre de son enfance qui ressuscite ses frères et ses soeurs, sa mére, son pére,surtout, un avocat plein de fantaisie , Prune et Magda habitaient le même immeuble, elles se rendaient à la même école, le papa dePrune, Albert était professeur à l'université.....une enfance heureuse et protégée dans le Paris des années trente.....Comme une obsession, le récit intérieur émerge, les souvenirs affluent et se bousculent, un long monologue bien maîtrisé : les deux familles réunies, la musique, les ballades dans Paris, la joie devivre et l'insouciance, les incompréhensions et les déconvenues parfois....Magda interpelle les différents protagonistes ce qui donne du dynamisme au récit . Bientôt la complicité et la légèreté vont se heurter aux bouleversements de l'histoire, le front populaire d'abord , puis la guerre et l'occupation.
Mais que signifient ces reproches à l'adresse de son mari défunt Henri qui ponctuent la reconstitution de l'histoire familiale:" Henri jeta les fondements d'un pacte officieux et implacable dont nous ne parlerions jamais, sa famille assassinée et toutes les histoires semblables ne souffriraient qu'une mémoire sans voix , il valait mieux le silence encore et toujours, et presser le temps, l'exhorter à chasser vite les grandes blessures, à les repousser loin des mots inutiles "......
Pourquoi le pére de Magda, image omniprésente, si proche, si attentif, choisit- il de se murer dans le silence aprés la guerre?
Que s'est - il passé que Magda n'ait jamais su ou compris?
Sur quels secrets , sur quels non- dits, a t- elle dû construire sa vie?
L'auteure distille une savante tension et si tout est trés finement dit,le dénouement sera implacable et la fin surprenante.....
Un beau livre tendu , à l'écriture originale, une vraie sensibilté pour créer des personnages et leur donner vie, un ouvrage sur le secret , sur le poids ou le rejet des traumatismes issus de cette histoire, sur ceux , qui, adultes ou adolescents ont vécu cette tragédie, il n'y a pas de pathos dans ce contexte historique même si l'horreur et l'obscurité entretenues par le secret créent une béance, un mal être, un " jamais dit"....
Un premier roman fort et attachant pétri d'émotions à l'aide d'une narration originale pour aborder le contexte historique," la revue de presse " réalisée par Magda et ses " grands tours de guerre" avec son pére à la recherche des maisons des écrivains célébres dans Paris: Molière, Musset, Hugo,Balzac.....
Un ouvrage lu dans la cadre du prix historique " Jeand'heurs"spécifique à mon département natal.
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C'est l'histoire d'une vie, touchante, bouleversante, émouvante... je manque de qualificatifs en "ante" pour décrire la belle rencontre que je viens de vivre.

Le jour de l'enterrement de son mari, Magda s'isole de la foule des endeuillés qui se presse auprès d'elle pour se plonger dans ses souvenirs. Depuis sa plus tendre enfance et sa rencontre avec Prune, elle va remonter sous nos yeux le fil de sa vie.

Au premier abord, la narration peut sembler déstabilisante, Magda s'adressant tour à tour à son amie, son mari ou encore juste au lecteur, parfois changeant d'interlocuteur au sein même d'un paragraphe. Ce roman se lit comme une pensée, on devient Magda qui se remémore sa vie, on vit ses digressions, on entend ses pensées...

Malgré un début un peu en demi-teinte (j'ai eu du mal à accrocher, le délai imparti pour la critique Babelio m'a bien aidé à passer les premières pages !), j'ai été par la suite littéralement happée. La force d'Anna Lisbeth Marek réside à mon sens dans son approche tout en délicatesse de sujets graves. Son roman parle de la guerre, de l'occupation mais pourtant on ne sombre jamais dans le larmoyant. Au fil des pages, on se laisse même envahir par une douce torpeur, comme si finalement la guerre, ce n'était pas si terrible, une simple mauvaise passe... et le réveil n'en est que plus dur ! Finalement Magda, la parisienne née dans les années 20, ça aurait pu être ma propre grand-mère ! En lisant son histoire c'est presque la mienne que je découvre, la vie dans le Paris occupé que les livres d'Histoire si souvent oublient, le lent abandon de la France face à l'occupant… Et vivre ces évènements au travers des yeux des deux adolescentes leur donne du relief, c'est la grande Histoire qui rejoint les petites.

Une chose est sûre, je relirais ce livre. Une deuxième lecture me parait aujourd'hui indispensable pour saisir certains détails que j'ai à peine entrevus.

Merci Babelio pour cette belle découverte !
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Aujourd'hui, Magda ce sont les funérailles de ton mari et tu découvres en même temps ces deux lettres.
Tu peux enfin faire venir de ta mémoire l'image de Prune et laisser affluer tous les souvenirs que tes proches ont forcé à te faire oublier en imposant le silence.

Dans le Paris des années 1930, toi et Sarah Jeanne appelée Prune, vous êtes deux enfants liés par une amitié très forte. Ce qui vous unit encore plus, ce sont les conversations que vous tenez toutes les deux : vous parlez librement avec vos mots d'enfants sur ce qui vous séduit (le ciel rouge de Blanche) ou vous intrigue chez les adultes.
Vous êtes pourtant très différentes. Prune a le tempérament frondeur et lucide épaulée par des parents qui lui parlent ouvertement : Prune a les yeux ouverts sur le monde.
Toi, Magda tu es plutôt discrète et docile car chez toi, tes parents te protègent des évènements extérieurs. Tu ne connais que les paroles réconfortantes de ta mère et les anedoctes de ton père sur son travail.
Inévitablement, l'amitié entre vous devenues adolescentes est cabossée quand la France entre en guerre, puis connaît l'Occupation.
A ce moment, Prune s'engage dans les associations de secours et de soutien aux familles juives réfugiées et se fait une nouvelle amie Ruth.
Prune prend ton manque d'intérêt pour de l'indifférence. Alors, tu lui avoues ton ignorance puis aides à ton tour vos camarades en rédigeant des articles de presse. Votre amitié n'est plus celle de l'enfance insouciante. Elle est à l'épreuve des pires dangers quand Prune et ses parents doivent fuir à leur tour.

Aujourd'hui, Magda, tu es vieille mais tu as compris beaucoup de choses.
Maintenant, tu sais en parler.
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Lecture très plaisante.
Le récit est très bien écrit, l'intrigue finement construite ,le dénouement réserve bien des surprises au lecteur.Ce livre est un bijou.
L'auteure dit avec beaucoup de pudeur une histoire fort douloureuse: une vieille dame Magda découvre lors du décès de son mari Henri que celui-ci était détenteur de deux lettres. Magda et Henri dont les parents étaient des Juifs polonais se rencontrent en 1948. Après les obsèques d'Henri, alors que les endeuillés sont encore chez elle, La colère de Magda explose ,son mari lui a volé des mots , ceux de sa mère et ceux de Blanche.
Ses souvenirs affluent et elle apostrophe son défunt mari.
Magda raconte ses souvenirs d'enfance avec Prune, fille de Blanche,du même âge qu'elle , du même immeuble qu'elle, leurs parents liés, les deux familles partageant des vacances.
Puis il y a le déménagement de la famille de Magda plus près du cabinet d'avocats de son père. Magda et Prune se voient moins alors.En 1936 , Prune rejoint un groupe de scouts israélites tandis que Magda se consacre à ses études au lycée.
1939, l'exode pour la famille de Magda.Les mesures antisemites inquiètent Prune . Jacques le père de Magda met au point un plan pour que la famille de Prune puisse rejoindre l'Espagne. Ce plan est-il aussi infaillible qu'il le croit?Est-il au courant de tout??
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Magda Verneuil, vieille dame de quatre-vingt dix ans, trône dans son fauteuil au milieu du salon de son très bourgeois appartement parisien. Autour d'elle, les « endeuillés », comme elle dit, circulent lentement, prononcent des mots de consolation qu'elle entend au loin, perdue dans des souvenirs anciens. Elle vient d'enterrer Henri, son mari, dont on devine qu'elle a quelques griefs à son encontre. Distant, vaguement méprisant à son égard (douce mais si insignifiante Magda, selon lui), l'a-t-il rendu heureuse ?

Les souvenirs d'enfance affluent, l'amitié quasi fusionnelle avec Prune Lewall, (en fait nommée Sarah-Jeanne), sa presque soeur, ces moments où, très sérieusement, les deux fillettes se faisaient la conversation, comme les grands ! D'ailleurs, elles vivent une enfance très évoluée, intellectuelle, artistique, traitées avec considération par leurs parents. Enfin, surtout Prune, Magda est depuis toujours, si douce, si effacée ! Tout de même, elle partage des moments précieux avec son père, discussions de grandes personnes et promenades littéraires dans Paris, quelques années avant la guerre.

Ils ont du mérite (de la chance aussi!) à vivre ensuite sans trop de difficulté dans ce Paris occupé où les bottes martèlent comme autant de menaces. Pourtant un jour, Prune, petite juive passionnée et ardente, se fait plus rare, engagée dans les « EI » (Éclaireurs et éclaireuses israélites), les conversations entre les parents de jeunes filles se font plus vives (mais pourquoi s'enferment-ils pour discuter très fort?). Les réunions entre amis se raréfient. Jusqu'au jour où les Verneuil accueille les Lewall afin de les aider à fuir le nazisme et les rafles. Et l'horreur se produit. Avec ses conséquences inattendues : pourquoi le père de Magda s'enferme-t-il dans un silence épais et définitif ?

Magda, douce mais clairvoyante et persévérante, Prune, coeur enflammé et militant, Blanche Lewall, longiligne pianiste tout en douceur et en mélancolie comme une Ophélia moderne, les portraits de femmes dominent le roman. Des secrets du passé vont resurgir entre les mains de la vieille dame, secrets qui expliquent tout, tout ce que le lecteur n'a pas pu saisir malgré une lecture attentive.

Terrible contexte de guerre, de violence, de dénonciations, de petites et grandes misères. Beau travail sur le souvenir, les années d'enfance, l'adolescence et ses exigences, l'engagement. Un livre bien écrit, qui charme – au sens magique du terme – par la virtuosité de ses évocations. Un livre qui amuse aussi parfois, le temps d'une facétie. A relire, doucement.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
"Pas de prénom , alors pas de douleur,pas de tristesse, plus d'histoire.
Il valait mieux le silence encore et toujours, et presser le temps, l'exhorter à chasser vite les grandes blessures, à les repousser loin des mots inutiles, toutes ces années auprès de toi Henri, ce silence dans la figure, les morts qui crachent leur silence et leurs plaintes muettes qui jamais ne cessent.....les morts qui m'ont secouée dans tous les sens en riant de me voir tomber.....épouvantée....."
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Mais pourquoi, Henri, ne pas m'avoir laissée te raconter, les allers et venues entre nos deux étages, les rires qui fusaient dans l'immeuble et les escaliers, nos parents et puis toute cette gaieté, les jeux de petites filles, les rêves de princesse, main dans la main et contre tous, et toute la force que nous puisions dans les livres, dans nos conversations qui ne s'arrêtaient jamais?

Pourquoi, Henri, ne pas m'avoir laissée te raconter? Que gagne t on à museler les êtres, à faire semblant de les aimer?
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Les années passèrent ainsi, doucement, et je me plaisais toujours autant à faire connaître à ces enfants l'amour de la musique qui m'avait habitée si tôt; j'aimais les grands yeux ronds écarquillés de mes élèves, j'aimais les voir écouter et admirer, un peu incrédules parfois, puis se plonger timidement dans la musique, et se laisser subjuguer par elle. On disait que j'étais un bon professeur, les élèves, les parents, les collègues étaient unanimes, et c'était une indicible victoire. Ces atmosphères de salles de classe et d'école étaient les miennes depuis toujours, jamais je n'aurais pu espérer mieux, et c'était du reste le seul univers qui m'offrait un abri, ma place n'était nulle part ailleurs, qu'aurais-je bien pu faire d'autre ma chère Prune, oui c'est bien quelque chose comme cela que tu m'aurais dit, ma pauvre Magda, toi et tes cahiers, toi et tes professeurs, toi et tes leçons apprises et réapprises par coeur, qu'aurais-tu bien pu faire d'autre?, et nous aurions ri de tout cela, de ma manière si prévisible d'être et tu m'aurais lancé un clin d'oeil entendu.
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P67 : « tu avais décidé qu'il fallait désormais que que nos conversations soient plus documentées. Tu avais souligné ce mot avec une certaine délectation. » (et les fillettes se documenteront sur les ciels en peinture, peuvent-ils être rouges comme ceux de Blanche?)
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Et toujours, il arrive un moment où l'on sait que l'on est obligé de chasser le souvenirs et de porter un avenir, quel qu'il soit, un avenir avec des choses à accomplir et quelques espoirs, une vie à mettre sur pied.
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